I.2.2.3. La concurrence
Historiquement, par «microfinance» on entend des
crédits de fonds de roulement pour les micro-entreprises. Sur chaque
continent, les principaux praticiens ont mis au point des méthodologies
de crédit efficaces: prêts de solidarité, crédits de
groupe façon Grameen, banques villageoises et prêts individuels
sont les plus connues. Un grand nombre de projets financés par des
bailleurs de fonds ont essayé de copier ces méthodologies avec
plus ou moins de succès. Ces projets n'ont toutefois pas réussi
à répondre aux besoins financiers des centaines de millions de
clients qui n'ont toujours pas accès à des services financiers
appropriés, qu'ils aient ou non une entreprise performante. Ayant pris
conscience qu'un grand nombre d'IMF ne satisfont pas à la demande
élargie de services financiers, et font face à des taux de
rétention de leur clientèle faibles ainsi qu'à une
concurrence grandissante dans certains marché, les bailleurs de
fonds et les praticiens s'efforcent dorénavant de
mettre au point de nouveaux produits qui répondent à la demande
de leurs clients plutôt que de l'offre (CGAP, 2002).
La concurrence se développe entre les prestataires de
services, et les IMF doivent avant tout améliorer leur
réactivité aux besoins des clients et la diversification de leurs
produits (Nhu-An Tran, 2000). Selon les études
menées par le Ministère des finances et du budget du Madagascar
(MFB, 2012), l'offre pour la finance inclusive n'est pas
statique, la concurrence est de plus vive sur les marchés. Depuis les
dernières années, le secteur de microfinance a assisté
à la venue de plusieurs nouvelles institutions qui ont l'intention
d'offrir une gamme diversifiée de produits microfinanciers, quoique les
premiers marchés couverts par celles-ci aient été celui
des MPME en milieu urbain. Cette concurrence obligera les institutions
existantes à adapter leur offre, leur approche et dans certains cas
à se restructurer.
Comme l'écrivait (Bernd Balkenhol,
2012), l'âge, la concurrence entre les IMFs, répondre
à une mission sociale peuvent conduire les IMF à diversifier
leurs produits.
I.2.2.4. Les risques des
IMF et des clients
Il y a plusieurs façons de satisfaire les besoins en
gestion des risques des clients sans exposer une IMF à des risques
d'assurance significatifs. En plus des polices d'assurance-vie, les IMF peuvent
offrir des produits d'épargne et de prêts d'urgence qui
parviennent à atténuer certains des risques auxquels leurs
clients doivent faire face. Ces produits s'avèrent relativement faciles
à proposer et cadrent avec les activités de base et avec les
capacités de la plupart des IMF. Une option ultérieure pourrait
être la délivrance d'autres produits d'assurance en partenariat
avec un assureur formel (Michael J. MCCORD, 2004). Selon
l'étude menée par (Philippe M Beker, 2010), la
diversification est un effet important qui réduit le risque dans
l'optimisation du portefeuille de l'IMF. Une gamme de produits agricoles
diversifiée et une gestion des risques maîtrisée (Daouda
SAWADOGO, N.D).
Au Bangladesh, le microcrédit a été
associé à l'épargne dès le tout début mais,
durant les années de forte croissance (2003-2007), les produits
d'épargne se sont multipliés, et ont été de plus en
plus utilisés, sous forme de livrets d'épargne libre à
court terme et de plans d'épargne bloqués,
réglementés, à plus long terme. Ils ont joué un
rôle crucial d'instrument de gestion du risque de crédit pour les
clients comme pour les IMF (Greg Chen & Rutherford Stuart,
2013). Selon (l'Agence canadienne de Développement
International,1999) un portefeuille de microfinance peut passer
très rapidement d'une situation saine à une situation
problématique. On a vu, dans le cas d'institutions financées par
l'ACDI, des taux de défaillance bondir de 3 % à 25 % dans une
très brève période. La raison réside souvent dans
la non-diversification du portefeuille comparativement à une banque
commerciale. Un trop grand nombre d'emprunteurs sont frappés par les
mêmes problèmes en même temps.
Les pauvres ayant besoins des produits adaptés
à leur flux de revenu, la multitude de produits proposés par les
IMF, leur permet de financer leur microprojet, de lisser leur consommation dans
le temps et se protéger contre d'éventuels risques financiers en
diversifiant leur source de revenus (Cull et al, 2007) cité par
(Gregory MVOGO & al, ND). Les IMF et leurs membres sont
exposés à des risques dont la gestion permet de lutter contre la
vulnérabilité des membres, de diversifier les moyen de protection
contre les risques, rendre accessible aux populations à faibles revenus
d'autres produits financiers, augmenter la gamme des produits de l'IMF
(Oumar SAVADOGO).
|