I.1.2.4. Aperçu général sur la
microfinance et la finance islamique
I.1.2.4.1. Finance
islamique
L'appellation « finance islamique » fait
référence à un système financier basé sur la
loi islamique (communément appelée « charia »). Elle
interdit les pratiques considérées comme inéquitables ou
fondées sur l'exploitation. La caractéristique la plus largement
connue de la finance islamique est l'interdiction stricte de donner ou de
recevoir un taux de rendement fixé et prédéterminé
sur les transactions financières.
I.1.2.4.2. Les principes de base du système
financier islamique (Mansour FAYE & Mansour NDIAYE, 2012)
v Le principe de l'interdiction de
l'intérêt (riba)
Il est admis par les jurisconsultes des religions que
l'intérêt ou « riba » prohibé en Islam ne se
limite pas à l'usure mais qu'il inclut les intérêts
payés sur les prêts de toutes sortes quel qu'en soit l'ordre de
grandeur et l'usage auquel ils sont destinés: prêts à la
production ou prêts à la consommation. La Charia proscrit, en
effet, toute prime contractuelle sur le montant d'un prêt de biens
fongibles (dont la monnaie). Elle interdit également le retrait par le
prêteur d'un quelconque avantage de son prêt, sauf si cet avantage
est librement accordé par l'emprunteur après remboursement du
prêt et sans en constituer une condition tacite ou explicite. La
recherche des raisons de la prohibition de l'intérêt a
donné lieu à certaines interprétations, dont on peut
citer:
ï L'intérêt est interdit parce qu'il
constitue une rémunération contractuelle fixe et connue d'avance
;
ï L'intérêt représente la
rémunération du temps qui ne devrait pas faire l'objet
d'échange ;
ï L'intérêt est injuste parce qu'il
correspond à une rémunération garantie du prêteur,
alors que les risques sont totalement assumés par l'emprunteur.
Par ailleurs, l'interdiction de l'intérêt se
fonde sur des textes coraniques et prophétiques d'une part, mais aussi
d'autres textes des livres sacrés des autres religions
révélées à savoir le Christianisme et le
Judaïsme.
v Le principe des trois (P) partage des pertes et
des profits
Les différentes parties-prenantes d'une transaction
financière doivent partager à la fois les pertes et les profits
dans le cadre du projet financé. Le financier et l'emprunteur
s'entendent sur une clé de répartition des gains comme des
pertes.
v Le principe d'interdiction de l'incertitude
(GHAHAR) et la spéculation (MAYSIR)
L'incertitude quant aux termes d'un contrat financier est
bannie, mais pas le risque en tant que tel. En islam, l'incertitude signifie
tout échange à caractère aléatoire ou
possédant un élément vague, Imprécis, ambigu,
incertain, caché ou dépendant d'autre événement.
Par exemple, le prophète a Interdit l'achat d'un animal non né
(dans la matrice de sa mère), la vente du lait dans la mamelle sans
mesure, l'achat de ce qu'a pêché un pêcheur avant sa
pêche. La spéculation est aussi interdite. Il s'agit du fait de
parier sur la réalisation d'un événement en se basant sur
des appréciations subjectives du futur. Par exemple les jeux de hasard,
les contrats dérivés qui sont donc difficilement
envisageables.
v Les secteurs illicites
Aucune transaction financière ne doit être
dirigée vers des secteurs non conformes à la Charia. Par exemple
: les boissons alcoolisées, le tabac, les jeux d'argent, l'industrie
porcine, la pornographie, etc. Pour l'ensemble de ces secteurs, les
activités intermédiaires sont également illicites
(commercialisation, distribution, empaquetage).
v Le principe d'existence d'un actif sous-jacent
Toute transaction commerciale doit être obligatoirement
sous-tendue par un actif tangible identifiable. Ce principe projette la
microfinance islamique dans « l'économie réelle ». Cela
corrobore les grandes théories classiques et néoclassiques qui
veulent que la contrepartie dans l'économie de la masse
monétaire/flux financiers soit les biens et services.
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