CHAP-V. DISCUSSION
L'hypothèse principale de cette étude est que,
dans le contexte de sécurité alimentaire des communautés
rurales du Sud-Kivu, la consommation des aliments traditionnels locaux serait
préservatrice des maladies nutritionnelles. Conformément aux
objectifs présentés ci-haut, cette hypothèse serait
décomposée en cinq hypothèses secondaires
ci-dessous : (i) Les AST consommés diffèrent selon les
peuplades, (ii) Les aliments traditionnels locaux consommés par les
différentes communautés rurales sont d'une haute valeur
nutritive,(iii) Les personnes qui en consomment sont en bon état
sanito-nutritionnel,(iv) Ces aliments répondent à d'autres fins
en plus de leur consommation, par ex. médicaux, additifs,
présentés aux cérémonies coutumières,
etc.,(v) Les qualités organoleptiques, les habitudes alimentaires, la
valeur nutritive, la grande disponibilité, le caractère naturel,
et le moindre coût respectivement sont des facteurs influençant la
consommation des AST.
Les résultats de cette étude ont
confirmés certaines des hypothèses comme cela va être
démontré dans les sections qui suivent :
5.1. Les aliments sauvages
traditionnels consommés par les différentes communautés
diffèrent selon les peuplades
Les résultats de cette étude indiquent que
les enquêtés de la tribu du Bushi (en territoire de Walungu,
Kabare et Kalehe) consomment des AST tels que les champignons sauvages des
différentes catégories, les légumes feuilles, fruits,
le miel, le rat taupier, le rat de Gambie, les crabes, les termites
sexuées ailées, la grenouille, les petits serpents d'eau de
ruisseaux, rivières et certains insectes (les sauterelles, criquets
migrateurs et les criquet-taupes ou criquets des champs) et les oiseaux.Les
répondants Vira (en territoire d'Uvira) consomment en grande
quantité les légumes feuilles, les champignons sauvages, et les
fruits. Enfin la peuplade des Lega consomme plus les insectes
(chenilles/larves et les sauterelles) (82.5%), les champignons sauvages (12%),
les escargots, le crabe, le serpent, la chauve sourie, les animaux de chasse
(gibiers), etc. (annexe-3).
Dans les zones tropicales, il a été
démontré que les communautés rurales consomment
différents aliments sauvages traditionnels. Cependant le taux de
consommation de certaines catégories des aliments varient d'un coin
à un autre. Phanzu (2005) indiquait que 35.7 % de PFNL sont
représentés par le gibier, 21.4 % par les insectes, 21.4 % par
les reptiles, 7.1 % par Oiseaux et par 14.3 % par les autres produits animaux.
Aussi Yeki et al.(1998) rapportait que l'alimentation
des populations à Kinshasa dépendait de l'appartenance
socioculturelle. Ainsi donc, Kazwazwa (2001) avait révélé
que 83% des Kinois consomment des AST et que les produits les plus
consommés, par les Bangala et les populations du Bandundu,
étaient les chenilles et autres insectes, les champignons, les
légumes ainsi que les fruits.
Toirambe (2005) avait montré que parmi les PFNLs,
21 espèces présentaient une importance au niveau national et 45
espèces au niveau local ou provincial. Toirambe(2005) indiqua 45%
d'organes comestibles des fruits sont couramment recherchés et
consommés par la population congolaise, suivis 38% des feuilles qui
sont préparées comme légumes. Dans son enquête sur
les PFNL, Awono et al.(2008), indiqua que Dacryodes edulis un des PFNL
les plus appréciés sur le plan alimentaire. Il se retrouve dans
toutes les régions de la RDC et sa valeur nutritionnelle est
déjàétablie. Dans le régime alimentaire des peuples
foresteries, Dacryodes edulis représente un poids de 31.44%,
suivi par les champignons (18.20%), les chenilles (12.99%) et le fumbwa
(Gnetum) (11.43%).
Le gibier occupe une place centrale dans la vie des
populations rurales de la RDCongo. La viande de chasse est une nourriture de
haute qualité et relativement peu coûteuse que la viande de
l'élevage (Wetshi et al.1987, Wilkie & Carpenter 1999, Fa et
al.2003, Marachto 2002, Toirambe 2002, De Merode et al.2004, Ndona 2004).
Vue les résultats de cette expertise et ceux
trouvés par d'autres chercheurs, il serait important de préciser
ici que les aliments sauvages traditionnels consommés par
différentes communautés jouent un rôle important dans la
nutrition et le maintien de la bonne santé des peuples. De ces AST, ceux
d'origine animale occupe le premier rang. Ceux-ci sont suivis de de ceux
d'origine végétale. Cette situation se justifierait par une
différence liée aux caractéristiques socio-culturelles
des consommateurs comme le témoigne Yeki et al. (1998).
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