2.4 Les causes de la surliquidité dans
l'UEMOA
Les facteurs permissifs de cette surliquidité bancaire
sont à rechercher d'une part dans les comportements des agents(les
ménages d'une part à travers les préférences pour
l'une ou l'autre des échéances de dépôts, puis les
banques à travers l'effectivité de la fonction de transformation
des échéances). D'autre part le changement de structure en 1994
pourrait déterminer la préférence des ménages pour
les l'un ou l'autre des dépôts. Les figures 5.a et 5.b renseigne
sur le comportement des agents en termes de dépôts bancaires dans
l'UEMOA. Même si les dépôts bancaires ont cru à un
rythme soutenu dans le temps ; la tendance quasi-supérieure des
dépôts à vue qui sou tend cette évolution globale
confirme bien l'hypothèse d'une préférence des agents pour
les dépôts courts. Pire, depuis 1994, les dépôts
à vue totaux y compris les dépôts de l'Etat (figure5.a) et
hors Etat (figure 5.b) ont atteint un niveau supérieur à celui
des dépôts à terme dans l'économie.
Figure 5: Structure par termes des dépôts
dans l'UEMOA
Figure 5.a: Structure par termes des
dépôts (avec publics) dans l'UEMOA
A vue A terme Total
chiffres en milliards de FCFA
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12000 10000 8000 6000 4000 2000
0
|
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1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012
Figure 5.b: Structure par terme des
dépôts(hors publics) dans l'UEMOA
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
chiffres en milliards de de FCFA
A vue A terme Total
1985 1988 1991 1994 1997 2000 2003 2006 2009 2012
Réalisé par OUONOGO Souleymane 33
Source : Réalisées par
l'auteur à partir des données de la BCEAO
Réalisé par OUONOGO Souleymane 34
ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE DANS
L'UEMOA
Ces différentes observations permettent de conclure que
la surliquidité bancaire est imputable à la structure des
dépôts avec des agents à forte préférence
pour des dépôts à vue et forte aversion pour des
dépôts longs. Compte tenu de l'importante part des
dépôts à vue dans la structure des ressources,
l'instabilité des dépôts pourrait être un facteur
explicatif de la surliquidité bancaire. Les causes doivent être
aussi recherchées dans le comportement des banques dans la mise en
oeuvre de la fonction de transformation malgré la nature des ressources
dont elles disposent. Le gap structurel entre les emplois longs
théoriquement autorisés et les emplois longs effectifs constitue
une preuve irréfutable de la faible activité de transformation
des banques dans la zone. Le changement de structure en 1994 peut
également en être une cause car la dévaluation à non
seulement contribuer à l'afflux de capitaux mais a également
changé le comportement des agents économiques à travers le
choix pour les dépôts.
Les causes indirectes de la surliquidité bancaire et du
sous financement de l'économie sont alors plus liées à une
plus grande asymétrie d'information (sélection adverse et
aléa moral) entre les banques et les entreprises emprunteuses, à
une incertitude d'appréciation du risque de défaut des
demandeurs, à l'absence de normes comptables dans les entreprises
généralement informelles ou familiales, au manque de projets
d'investissement bancables puis au dysfonctionnement du système
judiciaire quant à la réalisation des
hypothèques20.
Les mesures correctives du paradoxe de la surliquidité
et du sous-financement de l'économie doivent viser alors ces
différentes causes indirectes pour améliorer sensiblement le taux
de transformation des dépôts bancaires.
Tout au long de ce chapitre, nous avons analysé le
problème de surliquidité dans un contexte de l'UEMOA. En
filigrane, ce présent chapitre a examiné dans un premier temps,
la dynamique du système bancaire de l'Union à travers sa
politique monétaire et son réseau bancaire. La deuxième
partie nous a permis de confirmer l'intuition d'une surliquidité
bancaire dans la zone ainsi que ses origines.
20Il faut cependant relativiser le sous financement
de l'économie qui découle d'une intervention
différenciée des banques suivant l'origine des capitaux.
Lefilleur (2007) montre qu'en Afrique subsaharienne, les banques à
capitaux locaux (avec moins de 30% du marché) contribuent davantage au
financement des entreprises que les banques à capitaux étrangers
(avec plus de 70% du marché dans l'UEMOA en 2004). Il y a donc une
surévaluation du risque de défaut de la part des
dernières.
Réalisé par OUONOGO Souleymane 35
ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE DANS
L'UEMOA
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