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Analyse des déterminants de la sur liquidité bancaire dans l'UEMOA.

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par Souleymane OUONOGO
Université d'Abomey-Calavi - Master/PTCI 2014
  

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2.2 Fondements théoriques de la question de surliquidité

La surliquidité n'est pas l'apanage des seuls Etats de l'UEMOA. Il est reconnu dans la littérature que c'est l'une des caractéristiques de toutes les régions du monde (Wyplosz, 2005). L'auteur avance comme raisons la faible distribution des crédits et une prospérité économique relativement faible. La distinction qu'il fait entre liquidité abondante et liquidité excessive montre la complexité de la notion de surliquidité. Afin de mieux cerner le contour de cette notion, nous examinerons les débats théoriques autour de celle-ci.

2.2.1 Surliquidité : une approche par les indicateurs de la liquidité bancaire

La liquidité d'une banque s'apprécie d'une manière générale par des actifs aisément mobilisables.

Il s'agit des actifs facilement transformables sans perte de valeur, ni coûts de transaction. L'actif le plus liquide étant reconnu être la monnaie, peut-on lier la surliquidité à une abondance du stock de monnaie dans l'économie ?

Cette question ne gênerait en rien les économistes classiques, du fait de la neutralité de la monnaie sur l'activité réelle. Mais du côté des monétaristes, la question serait d'une grande importance, car la monnaie est au centre des fluctuations économiques. Outre cette

12 Revue de la Stabilité Financière de la Banque de France,No11,2008.

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appréhension de la liquidité par les agrégats monétaires, la liquidité d'une économie s'apprécie également au moyen des éléments de l'actif du bilan d'une banque.

La prise en compte de la stabilité macroéconomique et financière dans les situations d'excès de liquidité induit nécessairement une interdépendance entre la liquidité du marché et celle

des banques (Valla et al, 2006). Cette interdépendance dans les économies en développement ne s'explique que par l'interconnexion des marchés financiers et l'intense mouvement des capitaux.

Par définition, la liquidité d'une banque est sa capacité à faire face à ses obligations de trésorerie suivant leur échéance (Valla et al, 2006). La littérature bancaire propose deux

façons de définir la liquidité bancaire. Au sens strict, la liquidité bancaire est la liquidité nécessaire pour satisfaire les demandes de retraits de fonds à court terme émanant des contreparties ou pour couvrir leurs opérations. Au sens large, la liquidité bancaire est beaucoup plus proche de la liquidité de marché.

C'est la capacité d'une banque à liquider un actif non monétaire dans le cadre d'une action en

dernier ressort afin de lever des fonds en monnaie banque centrale (VALLA et al, 2006). Ces auteurs proposent les indicateurs de liquidité bancaire basée sur les actifs des bilans bancaires.

Comme principaux indicateurs, on note : la gestion de la trésorerie et opérations interbancaires, titres acquis dans le cadre des opérations de prise de pension, titres de transaction, titre d'investissement auxquels on ajoute les engagements de refinancement hors bilan. A cette définition de la liquidité bancaire basée sur les actifs des bilans bancaires, l'on peut ajouter celle donnée par Poole (1968) et Baltensperger (1980).

Le modèle de gestion des réserves bancaires de Poole (1968) et Baltensperger (1980), qui a fait l'objet de nombreuses applications aussi bien dans les économies développées qu'en

développement, est fondé sur une définition de la liquidité basée sur les réserves et les dépôts

des banques. En effet, dans le cadre de leur activité d'intermédiation, les banques sont tenues de procéder à des ajustements de leurs portefeuilles aussi bien sur le marché monétaire

qu'auprès de la banque centrale. Ces ajustements s'expliquent aussi bien par d'éventuels

retraits inopinés des agents que par le respect des normes réglementaires. La liquidité bancaire est donc une composante des actifs des banques. Pour simplifier, certains auteurs apprécient

cette liquidité à travers le comportement des réserves libres des banques (réserves - réserves obligatoires). Ces derniers sont constitués des encaisses, des dépôts des banques en comptes courants ainsi que des placements à la banque centrale.

Outre ces définitions purement comptables de la liquidité bancaire, certaines études ont proposé une définition de la liquidité fondée sur les agrégats monétaires (Gouteron et Szpiro,

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2005 ;Bruggeman, 2007). Gouteron et Szpiro (2005) définissent la liquidité bancaire à partir de trois indicateurs. Comme premier indicateur, ils proposent le ratio monnaie sur P11B nominal qui s'explique à partir de l'équation quantitative de la monnaie. Le deuxième indicateur est le ratio crédit sur P11B nominal et le troisième indicateur étant l'évolution du taux d'intérêt.

Cette dernière définition de la liquidité basée sur les agrégats monétaires est d'une portée beaucoup plus générale, car elle ne permet pas directement de mesurer la capacité d'une banque ou de tout le système bancaire à faire face à ses engagements à très court terme. Une mesure beaucoup plus explicite permet de mettre en évidence les indicateurs de la liquidité bancaire.

Afin de mieux cerner les éléments qui rentrent dans la définition de la liquidité bancaire, Valla et al. (2006) proposent un indicateur de la liquidité basé sur les flux nominaux et idiosyncratiques.

Ces flux bruts de liquidité sont élaborés par agrégation des variations positives et négatives des encours des éléments d'actifs (gestion de la trésorerie et opérations interbancaires, titres acquis dans le cadre d'opérations de pension, titres de transaction, titres d'investissement et les engagements de refinancement hors bilan) du bilan de chaque banque. Les flux nominaux de la liquidité bancaire sont la somme des taux de croissance de la liquidité de chaque banque par rapport à zéro, pondérés par les parts de marché. Les flux idiosyncratiques sont la somme des taux de croissance de la liquidité de chaque banque par rapport à la tendance du secteur (Valla et al., 2006). L'indicateur privilégié dans ce calcul est le taux de croissance de la liquidité bancaire qui est le rapport de la variation de la liquidité sur la moyenne entre deux périodes.

Cette mesure de la liquidité bancaire qui porte exclusivement sur les éléments d'actifs du bilan de la banque est critiquable en ce sens qu'elle ne prend pas en compte les éléments du passif de la banque. En effet, malgré l'intensification des mouvements de capitaux, la gestion de liquidité au sein d'une banque ne se limite pas seulement aux seules opérations d'acquisitions et de cessions d'actifs en vue de satisfaire les exigences de rentabilité et de financement de l'économie, mais elle consiste également à assurer l'exigibilité des dépôts collectés. Dans un contexte d'économie à marchés financiers embryonnaires, comme celle de l'UEMOA, la mesure de la liquidité bancaire basée sur les actifs des bilans bancaires ne permettrait pas de mieux apprécier la liquidité du système bancaire.

Pour pallier aux exigences de rentabilité et de contraintes réglementaires, certains auteurs ont proposé une mesure de la liquidité fondée sur la gestion des réserves bancaires (Poole,

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1968 ;Baltensperger, 1980). La liquidité de la banque est appréciée par rapport au niveau des réserves obligatoires. Les réserves bancaires sont donc la somme des réserves non empruntées, c'est-à-dire les réserves officielles des banques auxquelles on ajoute les dépôts nets et les flux de placement et de refinancement sur le marché monétaire (Poole, 1968). Pour satisfaire les exigences réglementaires de constitution des réserves obligatoires, les réserves de la banque devraient au moins être égales aux réserves obligatoires. Cette mesure de la liquidité n'établissant pas une liaison directe avec les instruments de la politique monétaire, certains auteurs ont proposé une mesure de la liquidité fondée sur les agrégats monétaires.

L'équation quantitative de la monnaie met en évidence une liaison entre la quantité de monnaie en circulation dans l'économie et le niveau générale des prix. Cette liaison théorique fait penser à une forte corrélation entre liquidité et inflation. Les ratios monnaie (masse monétaire au sens large) et crédit sur PIB (Produit Intérieur Brut) sont donc les indicateurs de la liquidité. Cette mesure de la liquidité est vue sous l'angle macroéconomie avec prise en compte des instruments de la politique monétaire. La question de la liquidité n'est véritablement préoccupante que si l'économie ou le système bancaire est en situation d'excès de liquidité ou de déficit de liquidité. La situation d'excès de liquidité est beaucoup plus préoccupante pour les autorités monétaires, car elle est incompatible à long terme avec l'objectif de stabilité des prix (Gouteron et Szpiro, 2005). Mais la principale difficulté est la mesure de l'excès de liquidité qui ne fait pas l'unanimité entre les auteurs qui se sont penchés sur la question.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand