La liquidité d'une banque s'apprécie d'une
manière générale par des actifs aisément
mobilisables.
Il s'agit des actifs facilement transformables sans perte de
valeur, ni coûts de transaction. L'actif le plus liquide étant
reconnu être la monnaie, peut-on lier la surliquidité à une
abondance du stock de monnaie dans l'économie ?
Cette question ne gênerait en rien les
économistes classiques, du fait de la neutralité de la monnaie
sur l'activité réelle. Mais du côté des
monétaristes, la question serait d'une grande importance, car la monnaie
est au centre des fluctuations économiques. Outre cette
12 Revue de la Stabilité Financière de
la Banque de France,No11,2008.
Réalisé par OUONOGO Souleymane 12
ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA SURLIQUIDITE BANCAIRE DANS
L'UEMOA
appréhension de la liquidité par les
agrégats monétaires, la liquidité d'une économie
s'apprécie également au moyen des éléments de
l'actif du bilan d'une banque.
La prise en compte de la stabilité
macroéconomique et financière dans les situations d'excès
de liquidité induit nécessairement une interdépendance
entre la liquidité du marché et celle
des banques (Valla et al, 2006). Cette
interdépendance dans les économies en développement ne
s'explique que par l'interconnexion des marchés financiers et l'intense
mouvement des capitaux.
Par définition, la liquidité d'une banque est
sa capacité à faire face à ses obligations de
trésorerie suivant leur échéance (Valla et al,
2006). La littérature bancaire propose deux
façons de définir la liquidité bancaire.
Au sens strict, la liquidité bancaire est la liquidité
nécessaire pour satisfaire les demandes de retraits de fonds à
court terme émanant des contreparties ou pour couvrir leurs
opérations. Au sens large, la liquidité bancaire est beaucoup
plus proche de la liquidité de marché.
C'est la capacité d'une banque à liquider un
actif non monétaire dans le cadre d'une action en
dernier ressort afin de lever des fonds en monnaie banque
centrale (VALLA et al, 2006). Ces auteurs proposent les indicateurs de
liquidité bancaire basée sur les actifs des bilans bancaires.
Comme principaux indicateurs, on note : la gestion de la
trésorerie et opérations interbancaires, titres acquis dans le
cadre des opérations de prise de pension, titres de transaction, titre
d'investissement auxquels on ajoute les engagements de refinancement hors
bilan. A cette définition de la liquidité bancaire basée
sur les actifs des bilans bancaires, l'on peut ajouter celle donnée par
Poole (1968) et Baltensperger (1980).
Le modèle de gestion des réserves bancaires de
Poole (1968) et Baltensperger (1980), qui a fait l'objet de nombreuses
applications aussi bien dans les économies développées
qu'en
développement, est fondé sur une définition
de la liquidité basée sur les réserves et les
dépôts
des banques. En effet, dans le cadre de leur activité
d'intermédiation, les banques sont tenues de procéder à
des ajustements de leurs portefeuilles aussi bien sur le marché
monétaire
qu'auprès de la banque centrale. Ces ajustements
s'expliquent aussi bien par d'éventuels
retraits inopinés des agents que par le respect des
normes réglementaires. La liquidité bancaire est donc une
composante des actifs des banques. Pour simplifier, certains auteurs
apprécient
cette liquidité à travers le comportement des
réserves libres des banques (réserves - réserves
obligatoires). Ces derniers sont constitués des encaisses, des
dépôts des banques en comptes courants ainsi que des placements
à la banque centrale.
Outre ces définitions purement comptables de la
liquidité bancaire, certaines études ont proposé une
définition de la liquidité fondée sur les agrégats
monétaires (Gouteron et Szpiro,
Réalisé par OUONOGO Souleymane 13
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L'UEMOA
2005 ;Bruggeman, 2007). Gouteron et Szpiro (2005)
définissent la liquidité bancaire à partir de trois
indicateurs. Comme premier indicateur, ils proposent le ratio monnaie sur P11B
nominal qui s'explique à partir de l'équation quantitative de la
monnaie. Le deuxième indicateur est le ratio crédit sur P11B
nominal et le troisième indicateur étant l'évolution du
taux d'intérêt.
Cette dernière définition de la
liquidité basée sur les agrégats monétaires est
d'une portée beaucoup plus générale, car elle ne permet
pas directement de mesurer la capacité d'une banque ou de tout le
système bancaire à faire face à ses engagements à
très court terme. Une mesure beaucoup plus explicite permet de mettre en
évidence les indicateurs de la liquidité bancaire.
Afin de mieux cerner les éléments qui rentrent
dans la définition de la liquidité bancaire, Valla et
al. (2006) proposent un indicateur de la liquidité basé sur
les flux nominaux et idiosyncratiques.
Ces flux bruts de liquidité sont
élaborés par agrégation des variations positives et
négatives des encours des éléments d'actifs (gestion de la
trésorerie et opérations interbancaires, titres acquis dans le
cadre d'opérations de pension, titres de transaction, titres
d'investissement et les engagements de refinancement hors bilan) du bilan de
chaque banque. Les flux nominaux de la liquidité bancaire sont la somme
des taux de croissance de la liquidité de chaque banque par rapport
à zéro, pondérés par les parts de marché.
Les flux idiosyncratiques sont la somme des taux de croissance de la
liquidité de chaque banque par rapport à la tendance du secteur
(Valla et al., 2006). L'indicateur privilégié dans ce
calcul est le taux de croissance de la liquidité bancaire qui est le
rapport de la variation de la liquidité sur la moyenne entre deux
périodes.
Cette mesure de la liquidité bancaire qui porte
exclusivement sur les éléments d'actifs du bilan de la banque est
critiquable en ce sens qu'elle ne prend pas en compte les
éléments du passif de la banque. En effet, malgré
l'intensification des mouvements de capitaux, la gestion de liquidité au
sein d'une banque ne se limite pas seulement aux seules opérations
d'acquisitions et de cessions d'actifs en vue de satisfaire les exigences de
rentabilité et de financement de l'économie, mais elle consiste
également à assurer l'exigibilité des dépôts
collectés. Dans un contexte d'économie à marchés
financiers embryonnaires, comme celle de l'UEMOA, la mesure de la
liquidité bancaire basée sur les actifs des bilans bancaires ne
permettrait pas de mieux apprécier la liquidité du système
bancaire.
Pour pallier aux exigences de rentabilité et de
contraintes réglementaires, certains auteurs ont proposé une
mesure de la liquidité fondée sur la gestion des réserves
bancaires (Poole,
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L'UEMOA
1968 ;Baltensperger, 1980). La liquidité de la banque
est appréciée par rapport au niveau des réserves
obligatoires. Les réserves bancaires sont donc la somme des
réserves non empruntées, c'est-à-dire les réserves
officielles des banques auxquelles on ajoute les dépôts nets et
les flux de placement et de refinancement sur le marché monétaire
(Poole, 1968). Pour satisfaire les exigences réglementaires de
constitution des réserves obligatoires, les réserves de la banque
devraient au moins être égales aux réserves obligatoires.
Cette mesure de la liquidité n'établissant pas une liaison
directe avec les instruments de la politique monétaire, certains auteurs
ont proposé une mesure de la liquidité fondée sur les
agrégats monétaires.
L'équation quantitative de la monnaie met en
évidence une liaison entre la quantité de monnaie en circulation
dans l'économie et le niveau générale des prix. Cette
liaison théorique fait penser à une forte corrélation
entre liquidité et inflation. Les ratios monnaie (masse monétaire
au sens large) et crédit sur PIB (Produit Intérieur Brut) sont
donc les indicateurs de la liquidité. Cette mesure de la
liquidité est vue sous l'angle macroéconomie avec prise en compte
des instruments de la politique monétaire. La question de la
liquidité n'est véritablement préoccupante que si
l'économie ou le système bancaire est en situation d'excès
de liquidité ou de déficit de liquidité. La situation
d'excès de liquidité est beaucoup plus préoccupante pour
les autorités monétaires, car elle est incompatible à long
terme avec l'objectif de stabilité des prix (Gouteron et Szpiro, 2005).
Mais la principale difficulté est la mesure de l'excès de
liquidité qui ne fait pas l'unanimité entre les auteurs qui se
sont penchés sur la question.