Chapitre 1 - CONTEXTE DE L'ETUDE
1.1. Etat de la question bois énergie
Le bois-énergie est devenue une problématique
scientifique suite à la crise pétrolière de 1974. A partir
de cette crise, on a engagé dans le monde entier un processus de plus en
plus marqué
de recherche et d'analyse sur l'utilisation de la biomasse
à des fins énergétiques. Plus de la moitié de la
population mondiale a en effet pour unique ou principale source
d'énergie les dendrocombustibles, ou combustibles dérivés
du bois (FAO, 2002).
En Afrique, c'est avec l'avènement de la grande
sécheresse de la fin des années 1960 dans le Sahel que la
pénurie de bois de feu ou de crise de bois énergie est devenue
une préoccupation
scientifique. En effet, c'est suite à un exode rural
massif des dites victimes de la sécheresse que les relations villes
forêts en rapport avec le bois-énergie sont devenus d'un enjeu
majeur ces dernières décennies. Le phénomène
d'urbanisation s'est traduit par une forte demande en bois-énergie
(Ozer, 2004).
En Afrique centrale, notamment dans les pays du bassin du
Congo, pour les mêmes enjeux, les causes sont plutôt liées
à la paupérisation des villages et aux divers conflits
armés qui ont
marqués ces trois dernières décennies.
Depuis la fin des années 1990, la concentration des
populations dans les grandes agglomérations urbaines
est source d'un certain nombre des problèmes sociaux dont les plus
importants essentiellement l'accès à l'eau, l'alimentation et
l'énergie domestique. C'est ainsi que le
bois-énergie est devenu en Afrique centrale un élément
structurant fondamental de l'économie forestière et du bilan
énergétique des ménages (Nash et Luttrell, 2006).
Actuellement, l'une des grandes questions qui se pose en
Afrique centrale est celle de savoir si les ressources et filières de
bois-énergie peuvent s'adapter à l'évolution des besoins
urbains en bois-énergie et trouver une place dans la gestion durable des
forêts du bassin du Congo (FAO, 2010). La réponse à cette
question fait appel à la recherche de l'équilibre entre les trois
piliers de développement durable selon le protocole de Kyoto qui sont :
l'efficacité économique, l'équité sociale et la
préservation des ressources forestières (Nkoua, 2011).
Dans le cas de la République du Congo, c'est vers la
fin des années 1970 qu'une première étude a eu lieu sur la
question de bois énergie, notamment sur le ravitaillement de Brazzaville
en bois de chauffe (Gilbert, 1978). Cette étude fait un état des
lieux des relations villes forêts
Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de
formation. IDR Page 14
en rapport avec le bois-énergie et pose la question de
la disponibilité de la ressource forestière périurbaine.
Mais l'étude de référence est celle réalisée
par Lamouroux et Boundzanga (1994), qui indique que « 90% de la
population des 4 principales villes du Congo (Brazzaville, Pointe-Noire,
Dolisie et Nkayi) utilise le bois de chauffe et le charbon de bois pour
préparer les repas ». L'absence de mise en oeuvre des
recommandations de cette étude réalisée dans le cadre du
plan d'action environnemental du Congo aboutit à une gestion
qualifiée de « drame écologique » dans les
espaces forestiers périurbains de Brazzaville et Nkayi (Boundzanga,
2004).
Dans le contexte de la ville de Pointe-Noire, capitale
économique de la République du Congo, une agglomération
d'un million d'habitants (2010), 96% des ménages utilisent le charbon de
bois et 33% le bois de feu pour préparer leurs repas (Marien, 2006).
C'est ainsi qu'il s'est organisé autour de Pointe-Noire deux
filières d'approvisionnement urbain en bois énergie : la
filière organisée à partir d'espaces de «
forêts naturelles » et celle organisée à partir
d'espaces de « plantations industrielles d'eucalyptus ». La question
majeure actuelle est celle de savoir si les deux filières sont durables
ou pas. La réponse à cette question passe entre autre par la
connaissance des pratiques d'exploitation forestière des producteurs de
bois-énergie et leur impact sur les ressources forestières
exploitées.
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