4.1.4. Rapport bois-énergie et systèmes de
culture
En forêts naturelles, il y a une très forte
interaction entre le système de culture itinérant sur
brûlis et les activités de production de bois-énergie.
Cette interaction s'inscrit dans le cadre d'un calendrier basé sur les
atouts et les contraintes relatives à la saison sèche et la
saison de pluies comme cela est illustré par le tableau III.
Tableau III : Calendrier des activités des
producteurs de bois-énergie dans la zone d'étude
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Mai
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N°
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Activités
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Mois de l'année
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Jan
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Fév
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Mar
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Avr
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Aoû
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Sep
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Oct
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Nov
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Déc
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Jun
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Jul
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Activités agricoles
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Préparation de terrain
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Plantations
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Entretiens
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Récoltes et ventes
Activités
bois-énergie
Préparation de bois
Montage de fours
Conditionnement et vente
Autres activités
(cueillette,
pêche, chasse, sciage
artisanal de bois, etc.)
NB: Jan: janvier; Fév: février; Mar: mars;
Jun: juin; Jul: juillet; Aoû: août; Sep: septembre;
Oct: octobre; Nov: novembre; Déc:
décembre : mois de la saison
sèche
3
Deux grandes périodes sont distinguées dans
l'année : une saison sèche et une saison de pluies. En saison
sèche, la quasi-totalité des agriculteurs qui préparent
leurs prochaines parcelles de cultures se consacrent également à
la préparation de morceaux de bois et au
montage des fours. Pendant cette période, les
activités de production de bois-énergie priment sur les
activités agricoles. En revanche, pendant la saison de pluies, la
quasi-totalité des agriculteurs consacrent leur temps à la
plantation et aux activités d'entretiens de leurs champs ; seuls les
vrais producteurs de bois-énergie continuent à produire du
charbon et/ou le bois de feu, laissant ainsi les activités agricoles aux
femmes, aux membres du ménages ou éventuellement à la main
d'oeuvre payante. Cette situation se caractérise par la diminution des
effectifs des producteurs de bois-énergie et favorise le plus souvent
une hausse de prix de produits bois- énergie sur le marché
urbain, ce qui est profitable aux charbonniers et bûcherons
plaçant leurs produits pendant cette période, en particulier
pendant les mois de novembre-décembre et avril-mai.
En terme de surfaces exploitées, la figure 5 indique
une diversité des cas regroupés en six (6) catégories de
producteurs de bois-énergie à proportions variables suivant les
lieux de production et les axes d'approvisionnement urbain en
bois-énergie : (i) de 0,5 ha/an (29% en moyenne), (ii) de 0,5 à 1
ha/an (29% en moyenne), de 1 à 1,5 ha/an (29% en moyenne), de 1,5
à 2 ha/an (1%), à partir de 2 ha et plus (10% en moyenne) et ceux
qui ignorent leurs superficies exploitées (2% en moyenne).
moins de 0,5 ha de 0,5 à 1 ha de 1 à 1,5 ha de
1,5 à 2 ha 2 ha et plus Non déterminée
100%
40%
80%
60%
20%
0%
Localités de production de
bois-énergie
Figure 5 : Répartition des producteurs de bois
énergies en fonction des surfaces
forestières exploitées par localité
Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de
formation. IDR Page 38
Il apparaît donc qu'en forêts naturelles, 87% en
moyenne des producteurs de bois-énergie exploitent moins de 1,5 ha/an
contre 11% en moyenne de ceux qui exploitent 1,5 ha/an et plus.
En plantations industrielles d'eucalyptus, les
opérateurs urbains en contrat avec EFC exploitent entre 10 et 25 ha par
chantier, soit 20 à 50 ha/an. Mais les superficies des parcelles
brûlées ou des chablis exploitées pour le
bois-énergie oscillent entre 1 et 1,5 ha par opérateur et par
année.
En ce qui concerne la production de bois-énergie, le
charbon de bois est le produit le plus visé par les producteurs comme
cela est illustré par la figure 6. En effet, 71% en moyenne des
producteurs font le charbon de bois conditionné dans des sacs de 32 kg
et 29% en moyenne le charbon de bois et le bois de feu conditionné sous
forme de stères et de fagots en forêts naturelles et uniquement en
fagots en plantations industrielles d'eucalyptus.
Charbon de bois Charbon de bois + bois de
feu
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100%
40%
90%
80%
60%
50%
30%
20%
70%
10%
0%
Localités de production de
bois-énergie
Figure 6 : Répartition des producteurs de bois
énergies en fonction du type de produit.
Sur l'axe de Brazzaville, la figure 6 indique que les
producteurs de bois-énergie des villages les plus éloignés
de Pointe-Noire sont uniquement consacrés à la production de
charbon de bois (Loemé Nangama et Bilala), de même que les
producteurs des deux villages de l'axe de Cabinda (Fouta et Nzassi).
Tous les charbonniers font recours à la technique
traditionnelle de la meule rectangulairement
parallélépipédique constitué d'un tas de morceaux
de bois de feu sec ou humide bien agencé,
Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de
formation. IDR Page 39
Diahambana Mayala Rommel Mémoire de fin de
formation. IDR Page 40
prenant appui dans un trou de 0,5 m de profondeur en moyenne
et recouvert successivement par les couches de pailles et de terre, le tout
soutenu par un pourtour en piquets de bois.
Lors du montage de meule ou le four, les charbonniers
prévoient un point d'allumage, en bas ou en haut du four, avec des
cheminées pour l'évacuation de la fumée une fois la meule
est allumée. La durée moyenne de production de charbon de bois
par la technique de meule traditionnelle est de 2 mois de travail
réparti comme suit : (i) préparation de bois (deux semaines),
(ii) montage de la meule (deux semaines), (iii) carbonisation (deux semaines),
(iv) défournement et conditionnement (deux semaines). La production
moyenne d'un four de 30 m3 (7 m de long x 3 m de large x 0,5 m de profondeur x
1,5 m de haut) est de 100 sacs de 32 kg, soit 3,2 tonnes de charbon.
Le bois de feu est un produit de second rang aussi bien pour
les agriculteurs que pour les charbonniers. En forêts naturelles, il est
conditionné sous forme de stères (1 m d'espace occupé) ou
éventuellement sous forme de fagots de dimensions très variables.
En plantations, le bois de feu se présente uniquement sous forme de
fagots correspondant à 0,032 stères et pesant 13 kg.
4.1.5. Durées de jachères en
forêts naturelles et de rotations en plantations d'eucalyptus La
figure 7 indique qu'en forêts naturelles, 40% en moyenne des producteurs
de bois-énergie n'observent pas la jachère forestière
parce qu'ils procèdent par la location des espaces qui reviennent aux
terriens une fois leur exploitation terminée au bout de quelques mois
(lorsqu'il s'agit d'une coupe sélective) ou d'un à deux ans (au
moment de la mise en culture de manioc, qui est un aliment de base pour les
populations locales).
En revanche, 60% en moyenne des producteurs de
bois-énergie pratiquent la jachère forestière pour
restaurer la fertilité de leurs espaces forestiers et la moitié
d'entre eux n'attendent que 5 à 10 ans pour revenir sur les espaces
abandonnés, 12% en moyenne observent la durée de jachère
entre 10 et 15 ans, 11% en moyenne à moins de 5 ans et 7% en moyenne
au-delà de 15 ans.
moins de 5 ans de 5 à 10 ans de 10 à 15 ans 15
ans et plus Non observation de la jachère
100%
40%
80%
60%
20%
0%
Localités de production de
bois-énergie
Figure 7 : Avis des producteurs de bois énergie
sur la durabilité des jachères forestières.
En plantations industrielles d'eucalyptus, l'exploitation des
rémanents pour la production de bois-énergie est fonction du plan
de production et d'exploitation du gestionnaire EFC. Ce plan est lui-même
soumis à la durée de rotation de l'eucalyptus fixé
à 7 ans.
Au regard des pratiques d'exploitation des acteurs de
bois-énergie abordés en sus, il apparaît nécessaire
de définir quelques indicateurs de pression de ces pratiques sur les
ressources forestières en particulier en forêts naturelles, objet
de préservation à l'échelle nationale et
internationale.
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