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La culture de l'anacarde. Une stratégie adaptative des paysans de la commune de Diossong face à  la dynamique de dégradation des conditions climatiques ( département de Foundiougne).

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par Mamadou NDIAYE
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Master 2 Géographie 2014
  

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I. CADRE THEORIQUE

1. Problématique

Dans le monde 70% des terres arides sont touchées par la désertification et chaque année ce sont dix (10) millions d'hectares de terres arables qui se dégradent. Ce phénomène touche aujourd'hui gravement cent trente (130) millions de personnes dont soixante (70) millions en Afrique. En ce qui concerne les terres émergées, le tiers soit quatre (04) milliards d'hectares est menacé par la désertification (PIERSOTTE, 2005). Quant au continent africain, il concentre 45 % des surfaces désertiques du globe et 50 % des surfaces Sony occupés, soit par les déserts les plus chauds, soit voués à la désertification et d'autres facteurs (CODESRIA ,1992). Aussi le taux de déboisement est de l'ordre de 0.22% dans le monde alors qu'en Afrique ce taux est de 0.78 % (FAO, 2000). Encore environ 37 % des terres en Afrique sont affectées par la sécheresse et la désertification.

En effet, selon Sue WILLIAMS, les deux tiers des terres arides de la planète, qui abritent ses plus grands «greniers », sont sérieusement dégradées. Ce dernier appréhende la désertification non pas comme l'extension des déserts existants, mais comme la dégradation des terres dans des zones arides, semi-arides et subhumides sèches, essentiellement à cause des variations climatiques (comme la sécheresse) et des activités humaines non raisonnées (FAYE, 2011).

En outre, Brabant P. (2009) soutient que la dégradation des terres a considérablement augmenté depuis une soixantaine d'années, au Nord comme au Sud.

Dans la même lancée Lester Brown, (2001) révèle qu'un tiers de toutes les terres cultivées perdent aujourd'hui leurs couches arables plus vite qu'elles n'en gagnent, ce qui amoindrit leur productivité.

Notons aussi qu'au début des années 1970, la succession d'années sèches a eu comme conséquence principale, du fait de la prédominance des cultures sous pluies, une évolution chaotique des productions agricole.

Par ailleurs, La dégradation actuelle de l'environnement ou encore des ressources naturelles constitue un problème préoccupant. L'impact des modifications de l'environnement sur les

populations, sur le fonctionnement des écosystèmes et sur le développement économique et social est devenu une préoccupation majeure (Guéye, 2010).

Ainsi, La dégradation des terres est un grave problème, qui dépasse les frontières nationales, les zones écologiques et les groupes socio-économiques. Elle peut avoir des conséquences catastrophiques pour les habitants des zones arides.

En effet, les zones arides regroupent les populations les plus pauvres de la planète et celles-ci sont particulièrement vulnérables aux effets de la détérioration des sols. Cette dernière en revêt un caractère complexe où se mêlent l'action de la nature et notamment la sécheresse et celle des hommes.

Depuis plus de quatre (4) décennies, les pays du Sahel et le Sénégal en particulier sont confrontés à une dégradation accélérée de leurs ressources naturelles et de leur couverture végétale (Gaye et al. 2000 ; Diagne, 2001 ; Batterbury et al. 2001 ; Hulme, 2001). En plus ,les effets néfastes de la dégradation des terres agricoles dépassent aujourd'hui largement le monde rural et affectent toute l'économie nationale, essentiellement tributaire du secteur rural.

Par ailleurs, la dynamique de la dégradation des conditions climatiques dans la commune de Diossong a eu des effets néfastes sur l'environnement.

Ainsi, les ressources naturelles subissent de plus en plus de fortes pressions liées aux activités humaines qui sont le principal facteur de dégradation de l'Environnement. Les causes les plus cités sont l'agriculture industrielle, les feux de brousse et la pression démographique qui est souvent dénoncée par des experts qui soutiennent que « les populations humaines en essor rapide dégradent l'environnement à un rythme accéléré, notamment dans les pays tropicaux » (Wilson, 1988).

Ces phénomènes qui sont d'ordre climatiques et anthropique sont dûs à la baisse de la formation des milieux secs, arides, semi-arides et désertiques (Mainguet, 1995). Face à cette situation, les populations, les animaux et les végétaux qui y vivent, développent des stratégies d'adaptation.3

Pendant les dernières décennies, dans les régions des savanes il y'avait une grande croissance démographique résultant d'un taux de fécondité élevé (7.6 enfant par femme) et d'une forte baisse

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3 Mainguet M. 1995. L'homme et la sécheresse.

de la mortalité due à l'augmentation des activités sanitaires depuis les années 1980. L'effet immédiat a été l'augmentation des surfaces cultivées et la disparition des jachères, élément clé dans l'équilibre du système agricole traditionnel. Les sols dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, ont une faible fertilité intrinsèque et les éléments nutritifs exportés ne sont pas remplacés de manière adéquate. Cette dynamique a entrainé une dégradation rapide de la fertilité des sols, entrainant une baisse de la productivité agricole (Pourtier, 2001).

D'autres effets s'ajoutent à cela comme la déforestation, qui est due à l'augmentation du besoin du combustible (bois de chauffe, pharmacopée, artisanat...) et le surpâturage dû à l'augmentation croissant du bétail consécutif au progrès de la santé vétérinaire. Une autre cause de la dégradation a été également l'affaiblissement des règles et pratique d'exploitations traditionnelles. Les structures traditionnelles villageoises, qui organisaient autrefois l'utilisation équilibré du terroir se désagrègent aujourd'hui, car cette autorité, n'a pas intégré la nouvelle situation : la croissance démographique, l'introduction de nouvelles techniques et la généralisation de l'économie marchande. Quelques pratiques traditionnelles, comme la culture itinérante et le paillage des champs, ont été également abandonnées car elles entrent en contradiction avec le besoin de l'espace.4

D'autre part, on a conservé quelques pratiques culturales qui appauvrissent le sol, principalement le recours systématique au feu. Au niveau du couvert végétal, on conserve une simplification de l'écosystème (avec la disparition de beaucoup de types d'arbres), la biomasse diminue ainsi que l'enracinement, souvent gêné par les techniques culturales (croûtes de battance et fond de labour).

La couverture du sol est réduite dans le temps (cycle de 4 à 6 mois) et protège mal la surface du sol contre les rayons du soleil (les températures extrêmes augmentent) et contre la battance des pluies (formation de croûtes de battance et d'un fort ruissellement (Pourtier, 2001).

Au niveau du sol, le climat est plus chaud et plus sec sous culture et l'énergie est moins bien amortie que sous forêt :

- La litière est très réduite, sauf en cas de plantes de couvertures ;

- le taux de matière organique, l'activité de la microflore et de méso faune dimunie ;

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4 Pourtier R. 2001. Afrique noire

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- la macroporosité s'effondre au bout de quelques années, la capacité d'infiltration dimunie ; - le sol devient plus compact et accuse les discontinuités spatiales : pellicule de battance et fond de labour.

Dès lors, on comprend que les fuites d'éléments nutritifs s'accélèrent. De ce fait, les apports compensatoires diminuent la fertilité physique et chimique de la terre après des années de cultures intensives.

Avec la dégradation accélérée des sols et des conditions climatiques, les paysans sont confrontés à des problèmes majeurs parmi lesquels :

- la baisse de la pluviométrie pendant des décennies qui ne cesse d'avoir des répercussions

sur le milieu ;

- la baisse des rendements qui conduit à la non satisfaction des besoins alimentaires ;

- la récurrence du problème d'autosuffisance alimentaire ;

- la disparition de certains types de cultures qui ne peuvent germer qu'en milieu humide ;

- l'érosion accélérée due à la faible couverture du sol, qui devient nu et soumis aux forts

vents qui emportent la bonne terre et laisse le sol nu qui devient inapte à la culture.

Bref, le déclin de l'agriculture dans la commune de Diossong résulte de cette situation de découragement des producteurs, à laquelle s'ajoute une pluviométrie irrégulière et déficiente. A cela s'additionne une crise des secteurs, le manque de diversification de la production, la salinisation et le déboisement qui provoquent une dégradation des sols. Face à cette situation, il faut chercher des stratégies pour amoindrir les risques. Ceci exige une innovation ou un changement de stratégie vers d'autres types de cultures. C'est dans ce contexte de crise agricole que naisse la culture de l'anacarde.

Ce mémoire permet de contribuer à une meilleure connaissance de la culture de l'anacarde comme une stratégie adaptative des paysans de la commune de Diossong, face à la dynamique de la dégradation des conditions climatiques puisqu'elle reste jusqu'à présent méconnue. Autrement dit, elle reste encore inconnue et mal maîtrisée par les populations. C'est dans ce cadre que s'inscrit notre thématique de recherche.

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Une étude de ce genre suscite des réflexions autour de plusieurs questions afin de mieux cerner le problème de recherche.

Questions de recherche

Pour mener à bien ce travail nous posons les questions suivantes :

Quels sont les facteurs de la dégradation des sols dans la Commune de Diossong ?

La culture de l'anacarde est-elle une réponse pertinente face aux contraintes liées à la dégradation du milieu ?

Quelles sont les méthodes d'entretiens et de protection qui sont mises en place pour protéger les anacardiers ?

Comment se déroule le système de production des anacardiers ? Comment s'effectue la commercialisation des noix d'anacarde ?

Quelles sont les contraintes et avantages liés à la culture de l'anacarde ?

Quelles sont les perspectives qui s'offrent aux producteurs des noix d'anacarde pour un développement harmonieux ?

1.1. Intérêt, justification du thème et finalité de la recherche

Inscrite dans le cadre de la recherche sur la culture de l'anacarde en tant que réponse des paysans, cette étude trouve son intérêt et justification dans plusieurs raisons.

Face à la vitesse de dégradation des conditions climatiques, il est important de faire une étude pour contribuer à la compréhension de cette destruction des terres dans cette zone. Saisir les facteurs de détérioration des sols serait important dans le but de réduire considérablement ses effets mais aussi pour éviter une situation irréversible et essayer d'analyser les stratégies d'adaptations.

En plus, le choix de ce thème se justifie par le poids économique que pèse cette culture dans l'économie de la commune de Diossong. Le souci est donc de mettre en relief, la dynamique de dégradation des conditions climatiques du milieu et les stratégies d'adaptation des populations, à travers la culture de l'anacarde. En dehors de cela, il est intéressant d'analyser la manière dont les paysans l'entretiennent si nous référons bien sûr aux autres cultures.

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La finalité est de montrer que la dégradation des conditions climatiques dans cette partie du delta du Saloum ne concerne pas seulement les sols mais elle affecte aussi le couvert végétal. Pour ce faire, il faut des mesures ardues en cherchant des stratégies adaptatives pour permettre aux populations de résister à ce phénomène de détérioration.

L'anacardier permet de restaurer la forêt mais aussi de procurer des fruits à la population. Cette double fonction qu'elle joue nous a poussés à mettre l'accent sur cette spéculation pour analyser son avenir sur la zone.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway