II.1.2. Les réformes nécessaires à
la mondialisation financière
La réalisation de la mondialisation financière
est dépendante de l'existence d'un environnement favorable ainsi que
d'un ensemble de conditions préalables sans lesquelles cette
dernière peut amener à une instabilité
macroéconomique et à la survenance des crises. Il est donc
nécessaire d'analyser les réformes y afférentes.
II.1.2.1. L'ouverture séquencée du
compte de capital
McKinnon (1973, 1982), Frankel (1982) et Edwards (1984)
préconisent, dans leur démarche de libéralisation
progressive, une ouverture du compte courant, en même temps qu'une
réforme du système financier domestique, c'est-à-dire la
libéralisation financière interne, comme première
étape. La deuxième étape sera la libéralisation du
compte capital puisqu'elle est la plus délicate étant
donné qu'elle nécessite plus de précautions et plus de
prudence. Selon McKinnon (1982), si cet ordre de libéralisation est
inversé, il en résultera un afflux de capitaux massif qui causera
l'appréciation du taux de change réel, et gênera
l'ouverture du compte courant. Hanson (1994), partageant cette idée,
suggère que la stabilité macroéconomique et la
libéralisation financière jusqu'à un degré sont des
conditions nécessaires à une libéralisation des mouvements
de capitaux. Dans le sens opposé à ces idées, des
arguments en faveur d'une ouverture simultanée du compte courant et du
compte de capital ont été avancés par Little et
al. (1970) ; Michaely (1986) et Krueger (1984).
Cependant, comme le précise Schneider (2001),
l'importance d'une restructuration financière est à signaler
avant l'ouverture financière. C'est ce qu'on appelle la
libéralisation ordonnée du compte de capital.
II.1.2.2. La libéralisation ordonnée du
compte de capital
Dornbusch (1998) trouve qu'il manque un élément
structurel dans le débat soulevé par McKinnon (1982) sur l'ordre
de libéralisation du compte courant et du compte de capital. Selon lui,
McKinnon n'a pas évoqué le fait que les deux types d'ouvertures
nécessitent des restructurations qui les devancent et les accompagnent
par la suite une fois qu'elles sont lancées. L'ouverture du compte
courant nécessite une restructuration du secteur industriel alors que la
convertibilité du compte capital nécessite une restructuration du
secteur financier. De son côté, Johnston et al. (1997)
notent que le gradualisme de la libéralisation des comptes de la balance
des paiements est tellement complexe qu'il existe un risque que les
recommandations et les prescriptions à suivre soient trompeuses et ne
mènent pas à l'objectif de stabilité affiché. Ils
s'accordent avec l'idée qu'il ne s'agit pas d'un problème d'ordre
de libéralisation, mais plutôt de toute une série de
réformes à mener simultanément à l'ouverture du
compte courant et du compte capital, afin de garantir la réussite de la
libéralisation financière totale.
Dans le même ordre d'idées, Tarapore (1998)
souligne le besoin d'une approche intégrée pour une
libéralisation du compte capital et une réforme du secteur
financier. Il considère qu'il sera préjudiciable, autant
qu'erroné de distinguer l'approche publique de la
dérégulation du compte capital d'une part, et l'approche de la
régulation et du développement de l'infrastructure
financière d'autre part.
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