II.2. Facteurs et critiques de la croissance
économique
Dans la littérature économique, la croissance
économique a toujours été appréhendée par
des théories. Cependant, ces théories ne seront utiles que si
elles prennent en compte les facteurs et les critiques liés à la
croissance économique.
II.2.1. Les facteurs de la croissance
économique
Les facteurs de la croissance
économique sont de plusieurs ordres. On a ceux qui prennent en compte
les mouvements économiques et ceux qui prennent en compte les
institutions et l'accumulation du capital.
II.2.1.1. Le processus de destruction
créatrice
Le processus de croissance économique ne se traduit
pas seulement par l'augmentation de la quantité de biens et de services
disponibles mais aussi par leur transformation qualitative ainsi que par celle
du système productif. La croissance économique résulte le
plus souvent d'un processus de destruction créatrice (Aghion et
al., 2011) : certaines activités se développent
rapidement tandis que d'autres stagnent ou déclinent. Au rythme des
innovations, les produits, les méthodes mais aussi les entreprises,
leurs localisations et les qualifications se renouvellent. La destruction
créatrice se traduit par des différentiels de gains de
productivité selon les activités, ce qui modifie la
répartition sectorielle de l'emploi et nécessite une
mobilité géographique et professionnelle des actifs qui ne se
fait pas sans difficultés.
II.2.1.2. Le rôle des institutions et des droits
de propriété
Certaines institutions contribuent à la croissance
économique, celles notamment qui sont « créatrices de
marché » (Rodrik et Subramanian, 2003) puisqu'en leur absence, les
marchés n'existent pas ou fonctionnent très mal. Elles favorisent
alors la croissance économique de long terme en stimulant
l'investissement et l'esprit d'entreprise. Un cadre réglementaire et un
système judiciaire qui permettent le respect des droits de
propriété et offrent un avantage aux inventeurs (par exemple via
le brevet) assurent aux entrepreneurs efficaces qu'ils conserveront leur profit
et les incitent à innover. A l'opposé, certains environnements
institutionnels sont défavorables à la croissance
économique (Levy-Yeyati et Sturzenegger, 2003). Dans les pays en guerre,
instables politiquement, ou encore fortement gangrénés par la
corruption, le cadre institutionnel devient un frein au développement
économique. C'est le cas aussi de pays où l'activité
économique est monopolisée par une minorité au pouvoir qui
détourne les richesses à son profit et qui empêche
l'existence d'un marché concurrentiel.
II.2.1.3. Le rôle central de l'accumulation du
capital
Si le progrès technique est une des
sources essentielles de la croissance économique, l'accumulation du
capital, sous toutes ses formes, contribue à long terme au
progrès technique et participe à l'entretien de la croissance. Se
crée ainsi une dynamique auto-entretenue de croissance : une croissance
endogène. L'investissement productif privé, qui permet
l'accumulation du capital physique et la mise en oeuvre de l'innovation
technologique, modernise le stock de capital, ce qui en élève la
productivité. Les dépenses de recherche et développement
engagées pour innover, considérées comme de
l'investissement immatériel, contribuent aussi à accroître
durablement le potentiel productif. Il peut donc y avoir un décalage
temporel entre les dépenses d'investissements et leurs effets sur la
productivité.
L'accumulation de capital concerne également le
capital humain, c'est-à-dire l'ensemble des savoirs, savoir-faire et,
au-delà, toutes les dispositions du travailleur qui lui donnent une
certaine efficacité dans la production. En accumulant du capital humain,
une économie augmente la capacité des travailleurs à
créer une valeur ajoutée plus élevée et à
innover. Si le rôle de l'éducation est ici fondamental, les effets
des dépenses d'éducation sur la croissance dans les pays
avancés ne sont pas simples à mesurer, la nature de ces
dépenses pouvant avoir un effet sans doute plus important que leur
montant.
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