Section 2 : La thésaurisation
2.1 Les causes de la thésaurisation
Les causes de la thésaurisation peuvent être
groupées en deux catégories qui sont : les causes
économiques et non économiques.
2.1.1 Les causes économiques
Parmi ces causes, nous avons : la dépréciation
de la monnaie nationale, la dollarisation de l'économie, l'insuffisance
des institutions financières, le niveau élevé du taux
intérêt appliqué par les banques commerciales et la
pauvreté des ménages.
2.1.1.1 La dépréciation de la monnaie nationale
La dépréciation monétaire est la perte de
la valeur de la monnaie locale par rapport à une ou plusieurs autres
devises constatée sur le marché des changes, mais pour notre cas
l'étalon utilisé c'est le dollar américain.
2.1.1.2 La dollarisation de l'économie
La dollarisation des fonctions d'unité de compte et
d'intermédiaire d'échange au Congo a fait que la monnaie locale
soit devenue moins compétitive par rapport au dollar ou à l'euro
et ces derniers soient devenus les plus couramment utilisés comme
monnaie de référence dans la fixation des prix et dans la
signature des contrats.
La dollarisation de la fonction de réserve de valeur a
donc pris la forme la plus rudimentaire, il s'agit d'une simple
thésaurisation des billets en devises dans des coffres privés.
L'effondrement du système bancaire domestique a
poussé le public résident à détenir son
épargne hors des circuits bancaires. Certes, la dollarisation des
dépôts bancaires est très importante, mais elle ne
représente qu'une très faible fraction par rapport à la
masse flottante des devises hors banque.
La figure suivante présente certains signes de
présage de la prolifération de ce phénomène en
République Démocratique du Congo:
? Chronologie de la dollarisation en RDC
36
Makuka ngangu brondone /faseg/Unikin/G3-TFC
2014
Décret monétaire
1887
Indépen- dance : RDC
1960
Ordonnance
Loi N°
594/14/10/66
1966
Dollarisation informelle
Régime de change flottant 1983
1999
Décret N°177
Arrêté Zone monétaires
2000
Dollarisation officielle
Décret Loi
N°004/31/01
2001
Source : KATO-KALE LUTINA, Questions monétaires des pays
en voie de développement, note de cours, FASEG, UNIKIN, 2012-2013.
2.1.1.3 L'insuffisance des institutions financières
Il faut signaler que le nombre d'agences des banques et des
institutions financières ne correspondent pas avec la population
totale.
A ce jour, le système financier congolais est
composé de 20 banques agréées en activité, 147
coopératives d'épargne et de crédit, 19 institutions de
micro finance et 3 coopératives centrales d'épargne et de
crédit qui sont surtout concentrés dans les milieux urbains en
défaveur des milieux ruraux.
2.1.1.4 Le niveau élevé de taux
d'intérêt pratiqué par les institutions
financières
La notion économique parlant de ce
phénomène est bel est bien la notion de taux de base bancaire qui
n'est rien d'autre qu'un taux d'intérêt que les banques demandent
à leurs meilleurs clients ce qui revient à dire que ceux dont le
risque de défaillance est le plus faible26.
Ainsi, à part ce taux de base bancaire nous avons le
taux d'intérêt débiteur et le taux d'intérêt
créditeur pratiqués par les banques qui sont respectivement le
taux demandé par la banque à la clientèle qui emprunte et
le taux versé par la banque pour obtenir des ressources. Les banques
tirent profit ou obtiennent leur marge en faisant la différence entre
ces deux taux.
26Capul, J.Y. op cit.p253
37
Makuka ngangu brondone /faseg/Unikin/G3-TFC
2014
Force est de constater que pour le cas de la RDC cette marge
est très élevée due au niveau élevé de taux
d'intérêt débiteur appliqué par ces dernières
qui a quatre conséquences au niveau de l'économie du pays qui
sont :
- La baisse du niveau de l'épargne d'une économie
;
- Le découragement de l'investissement ;
- Une hausse du taux de change due à l'existence d'un
afflux massif de capitaux à la
recherche de placements rémunérateurs ;
- L'inefficacité de la politique monétaire.
2.1.1.5 La pauvreté des ménages
Il est important de signaler avec probité sans que l'on
puisse faire des doutes que la
pauvreté est un phénomène qui touche la
majorité de la population congolaise. La pauvreté au sens
général c'est l'incapacité pour un individu de satisfaire
un certain nombre de besoins essentiels (alimentation, santé, etc.).
Ainsi, nous pouvons en distinguer deux mesures : la pauvreté
monétaire qui est mesurée à partir du revenu ou de la
consommation d'un individu ou d'un ménage et la pauvreté
d'existence qui est une mesure établie à partir des multiples
dimensions des conditions de vie d'un individu ou d'un ménage.
Aussi il ne faut pas oublier qu'en RD Congo, il y a un nombre
croissant des « Working poors27 »
c'est-à-dire des personnes qui ont un emploi mais qui reçoivent
des rémunérations trop faibles pour vivre décemment, tel
est le cas de la majorité des fonctionnaires.
|