INTRODUCTION
Résumé
L'odorologie ou science des odeurs, est une technique
utilisée dans le domaine criminologique pour l'identification
judiciaire. Comme l'ADN, l'odeur humaine serait unique, car
déterminée génétiquement. Elle est composée
d'une combinaison très complexe d'acides, d'alcools, d'aldéhydes
et provient d'une dégradation bactérienne. Des études sur
des jumeaux ont montré que les faux jumeaux ont une odeur
différente, que les vrais jumeaux ne vivant pas ensemble ont aussi une
odeur différente et que ceux qui vivent ensemble n'ont la même
odeur que dans 50 % des cas. L'odeur serait donc plus discriminante que l'ADN,
puisque des vrais jumeaux ont le même. L'odorologie est fondée sur
le fait que chacun de nous laisse derrière lui une trace
odorante.
L'utilisation de cette technique criminalistique dans une
enquête pénale permet d'établir par comparaison entre une
trace d'odeur prélevée sur une scène d'infraction et
l'odeur d'un suspect (ou témoin ou victime), si celui-ci était
sur les lieux ou a été en contact avec une des pièces
à conviction.
Grâce à leur sens olfactif très
développé, les chiens sont capables de percevoir les
mélanges d'odeurs, d'en distinguer et d'en mémoriser les odeurs
composites. S'il ne s'agit pas d'une démonstration scientifique au sens
propre du terme, une longue pratique dans le domaine permet cependant d'obtenir
des résultats significatifs dont la valeur juridique est laissée
à l'appréciation du magistrat. Un tel rapprochement ajouté
à d'autres indices peut avoir valeur de preuve.
Mots clef
technique criminalistique, odeur humaine, trace odorante,
valeur juridique, valeur de preuve, sens olfactif, chiens,
discriminant.
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L'ODORAT
[1] On peut considérer que le système
olfactif consiste en un vaste ensemble de détecteurs; chacun d'entre eux
est chargé de signaler la présence d'une forme moléculaire
particulière, qui peut être présente sur plusieurs
molécules odorantes différentes. Les molécules odorantes,
transportées par l'air, atteignent la muqueuse olfactive et après
avoir traversé une couche de mucus, viennent se lier sur les neurones
olfactifs, extrêmement sensibles. Le système olfactif a le pouvoir
de distinguer les molécules odorantes grâce à un grand
nombre de protéines réceptrices : "l'identification" de l'odeur
sera faite par les différences de structure du couplage aux
molécules odorantes.
Les molécules odorantes ont par ailleurs la
propriété de présenter, à température
ambiante, un grand nombre de conformations différentes qui agissent
comme autant de stimuli distincts. Il existe donc un ensemble de
protéines réceptrices activées pour une même
molécule odorante. Par ailleurs, pour pouvoir analyser cette somme
d'informations, le système olfactif est organisé de façon
particulière : les millions de neurones olfactifs convergent vers
environ un millier de centres "intégrateurs" situés dans le bulbe
olfactif du cerveau ; un neurone olfactif donné n'exprime qu'une seule
protéine réceptrice et tous les neurones qui expriment la
même protéine convergent vers le même centre
intégrateur du bulbe olfactif.
Ainsi, l'odeur d'un composé résulte de
l'ensemble des centres intégrateurs que ce composé peut activer
par l'intermédiaire des différentes conformations de ses
molécules odorantes.
Comme il existe environ un millier de centres
intégrateurs, les possibilités de codage du système sont
immenses : ainsi, si des molécules odorantes impliquent entre 4 et 10
centres intégrateurs, ce sont entre 1010 et 1023 combinaisons qui sont
possibles !
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Brève description du système olfactif
humain
[2] L'olfaction est un sens chimique, le plus ancien et
le plus primitif dans l'évolution des espèces. Des cinq sens,
c'est aussi le plus paradoxal : dominant dans le monde animal, même chez
les mammifères supérieurs, il semble chez l'homme être un
sens marginal, par rapport à ceux de la vision et de l'audition. Le
répertoire des protéines réceptrices est moins riche que
celui des animaux, ainsi que le nombre de neurones détecteurs, ce qui
explique notre moindre sensibilité olfactive. De plus, notre
équipement en protéines réceptrices est dépendant
de facteurs génétiques, ce qui se traduit par une
variabilité du comportement de chacun face aux composés odorants,
tant au niveau du seuil de détection que dans l'appréciation de
la similitude entre des odeurs ou que dans l'évolution de la perception
en fonction de la concentration. Une forte similitude d'odeur entre deux
stimuli reflète très probablement le fait que les canaux
d'information activés sont en grande partie identiques.
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La capacité qu'a notre système olfactif
d'osciller entre une impression globale et une finesse de détection est
une caractéristique intrinsèque. Ce système olfactif est
versatile et peut gérer la nouveauté. De même, de petites
modifications structurelles d'une molécule odorante peuvent induire des
variations importantes dans l'odeur évoquée. Enfin, l'odeur d'un
mélange n'est pas simplement la somme des odeurs de chacun des
composants : le mélange se comporte comme une nouvelle odeur à
part entière.
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Brève description du système olfactif
canin
D'un point de vue purement anatomique, l'intérieur
de la truffe du chien est percé de deux canaux : l'un lui sert seulement
à la respiration, le deuxième permet de sentir et de distinguer
les odeurs. Celui-ci est tapissé d'une fine couche de peau, la muqueuse
; elle mesure environ 130 centimètres carrés, contre 3
cm2 pour l'homme.
Le cerveau du chien, contient un très grand lobe
olfactif, capable de traiter une grande quantité de sensations
olfactives recueillies par le nez. Ce lobe est quatre fois plus grand que celui
de l'homme, même si le cerveau de ce dernier est bien plus
gros.
Les tissus sensoriels qui se trouvent dans la
cavité nasale couvrent aussi une plus grande surface que chez l'humain,
et les récepteurs qui décodent les molécules porteuses
d'odeurs sont beaucoup plus sensibles que celles de l'homme.
Le chien semble capable de discerner, parmi un
mélange d'odeurs, celles qui l'intéressent, et aussi de remonter
jusqu'à la source de ces odeurs. On évalue qu'il est capable de
déceler environ 44 odeurs différentes et ce, à des
concentrations très faibles diluées à un million de
milliardième.
L'épithélium du chien est pourvu de
cellules sensorielles, des cellules olfactives ciliées dont le nombre
est 35 fois supérieur à celui du nez humain, soit une moyenne de
150 millions de cellules réceptrices.
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