3.6. Expression de la varroase
3.6.1. Au niveau de l'individu
La varroase s'exprime de plusieurs façons au niveau de
l'individu abeille. Parmi tant d'autre on peut citer :
? Spoliation d'hémolymphe lors de la nutrition
Les femelles adultes de Varroa destructor percent la
cuticule de leur hôte, afin de pouvoir accéder à leur
source de nourriture : l'hémolymphe. Le prélèvement
quotidien d'hémolymphe est estimé à 0,67 ìl
(Bowen-Walker et Gunn, 2001). La nutrition de l'acarien entraîne une
baisse de la quantité globale de protéines de
l'hémolymphe. Chez les nymphes d'ouvrières, elle
s'élève à 27 % lors d'une infestation unique et à
50 % lors d'une infestation double (Amdam et al. 2004).
? Baisse du poids des abeilles infestés
L'infestation entraîne une perte de poids chez les
abeilles adultes. Une étude montre que pour une infestation de 1
à 3 femelles fondatrices la perte de poids moyen est estimée
à 10,33 % chez les jeunes faux-bourdons et 11,09 % chez les
ouvrières à l'émergence. Pour une infestation de 3
à 5 acariens elle est estimée en moyenne à 18,26 % chez
les faux-bourdons et 17,53 % chez les ouvrières (Kotwal et Abrol, 2009).
Les imagos faux-bourdons arrivent à émerger d'alvéoles
renfermant 15 à 20 femelles fondatrices et leurs descendances, mais leur
poids reste très faible et ne pèsent que la moitié du
poids de mâles non parasités (Duay et al. 2003).
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? Déformations morphologiques externes
Environ 8,5 % des ouvrières parasitées à
divers degrés émergent avec des déformations
morphologiques externes comme des ailes atrophiées, un raccourcissement
du corps (seules 1,8 % des ouvrières non parasitées
présentes des déformations morphologiques externes) (Bowen-Walker
et Gunn, 2001)
? Réduction de l'espérance de vie
L'espérance de vie des abeilles diminue lorsque le taux
d'infestation augmente (Ellis et Delaplane, 2009). En république
Allemande, une étude a montré que la durée de vie moyenne
des ouvrières est respectivement 15,6; 9,1; 8,3 semaines pour des
colonies faiblement, moyennement et fortement infestées pour la
période d'étude de mai à septembre (Ritter et al,
1984).
? Altération des fonctions cérébrales de
l'abeille
Le parasitisme diminue la capacité d'apprentissage chez
les butineuses parasitées. Cela influe sur le comportement de vol,
l'orientation, ainsi que le succès de retour à la ruche des
butineuses (Kralj et al. 2006). L'observation de ruches fortement
infestées montre une perte très rapide des butineuses
jusqu'à ce qu'il ne reste plus que la reine accompagnée de
quelques ouvrières (Sakofski, 1990).
? Diminution du potentiel reproducteur des faux-bourdons
La baisse de la capacité de vol et de la production de
spermatozoïdes au cours du parasitisme chez l'abeille male entraine la
baisse du potentiel reproducteur des faux-bourdons. En effet, les faux-bourdons
infestés durant leur développement par une ou deux femelles
adultes produisent respectivement 24 % et 45 % moins de spermatozoïdes de
faible qualité que les témoins (Duay et al. 2002; Del
Cacho et al. 1996).
? Varroa destructor, un vecteur de virus
Les colonies d'abeilles sévèrement
infestées par V. destructor ont un taux de mortalité
très élevé souvent attribuée à l'action
concomitante de virus. Les virus CBPV (Chronic Bee Paralysis Virus - Virus de
la paralysie chronique), BQCV (Black Queen Cell Virus - Virus de la cellule
royale noire), SBV (Sacbrood Bee Virus - Maladie du couvain sacciforme), DWV
(Deformed Wing Virus - Virus des ailes déformées) et autres
sont
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retrouvés chez l'abeille de façon concomitante
à l'infestation parasitaire (Chen et Siede, 2007 ; Martin et al.
1998; Tentcheva et al. 2004).
? Varroa destructor, un vecteur de champignons
Plusieurs champignons ou spores de champignons sont
retrouvés à la surface de Varroa destructor. Parmi eux,
Aspergillus flavus et Ascosphaera apis sont connus comme
pathogènes pour l'abeille. Les spores d'Ascophaera apis sont
responsables de la maladie du couvain plâtré ou
ascosphérose (Ball, 1997).
? Varroa destructor, un vecteur de bactéries
L'acarien Varroa destructor est en mesure de
transporter des spores de Paenibacillus larvae (agent de la loque
américaine) à la surface de son corps (Alippi et al,
1995). Le parasite participerait ainsi à la propagation de la loque
américaine.
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