3.5. Dynamique des populations de V. destructor au sein
de la colonie
La dynamique de population de Varroa au sein de la colonie est
directement liée à celle de la colonie d'abeilles. Le nombre
d'acariens augmente habituellement lentement au début de la saison. Des
signes cliniques peuvent être observés à tout moment
pendant la pleine saison, bien que les taux maximum soient
généralement atteints en fin de saison. La population parasitaire
totale augmente au cours de l'année dès qu'il y a présence
de couvain dans la ruche, et donc possibilité pour les fondatrices
V. jacobsoni de se reproduire (Figure 10). Une étude
menée en climat britannique montre que pendant la période de
présence de couvain, 60 à 70 % de la population totale d'acariens
est présente dans le couvain operculé (Martin, 1998).
Figure 10. Modélisation du niveau d'infestation
par l'acarien V. jacobsoni des abeilles adultes et du couvain au cours
d'une année (Martin, 1998a).
(Infestation level = niveau d'infestation, adultbee =
abeille adulte, sealedbrood = couvain operculé, month =
mois)
Noireterre (2011) propose un modèle
mathématique, validé par de nombreuses études sur le
terrain, qui permet d'évaluer la croissance de la population du parasite
au cours de l'année. Elle est pratiquement exponentielle et on
considère qu'elle augmente d'un facteur 0,021 par jour lorsque la
colonie élève du couvain. Le modèle donnant la population
de varroas à un jour donné selon Noireterre (2011) est le
suivant:
Nombre de varroas à l'arrêt de
l'élevage = (Nombre de varroa initial) ×
1,021X
X= Nbre de jours de l'année avec le
couvain
|
29
Ainsi à la sortie d'hivernage, une colonie
parasitée par 50 Varroas, connaitra 1100 Varroas en juin et
2000 Varroas avant la fin du mois d'août, moment où la
population d'abeilles décline. Il en résulte une pression
parasitaire maximale sur la colonie, le couvain est alors fortement
parasité. On parle de période critique (Figure 11). Les abeilles
d'hiver seront nettement affaiblies et la colonie s'effondrera brutalement
à la fin de l'hiver car elle ne sera pas capable d'élever la
nouvelle génération (Noireterre, 2011).
Figure 11. Modélisation de la dynamique de
population de Varroa destructor au cours d'une année
(Noireterre, 2011)
En été, par des phénomènes de
pillage des ruches malades, de dérive des ouvrières, de passage
de faux-bourdons et de visite de ruches abandonnées, les Varroas
qui ré-infestent les ruches, ont été estimés
par certaines études à prés de 70 par semaine (contre 5 au
printemps) (Fernandez et Coineau, 2002). Avec cette modélisation, il est
estimé qu'en l'absence de traitement, 10 Varroas aboutiraient
à une population de 1000 individus en deux ans (Martin, 1998).
De ce fait, on comprend l'importance de la mise en oeuvre d'un
dépistage et traitement réguliers contre Varroa pour
contrôler sa reproduction et gérer les ré-infestations.
Par ailleurs plusieurs auteurs s'accordent à
considérer qu'à partir du moment où le taux d'infestation
atteint 2000 parasites, le risque d'effondrement de la colonie est important.
Ce taux est nommé seuil de tolérance ou seuil de dommage
économique. Une
30
colonie qui possède 500 varroas à la sortie
d'hivernage atteint ce seuil dès le mois de mai et la population atteint
rapidement 6000 Varroas pendant l'été.
Concernant la lutte contre Varroa, les
recommandations sont donc d'obtenir un seuil maximal de 50 varroas par colonie
avant hivernage. Pour que la colonie redémarre correctement au printemps
suivant, les abeilles d'hiver doivent être correctement
développées et aptes à élever du couvain. Il est
donc important que le traitement acaricide, permettant de réduire
l'infestation au seuil de 50 varroas, soit réalisé en août
avant l'élevage du couvain d'abeilles d'hiver. Ainsi, la charge
parasitaire sera faible, et les abeilles d'hiver ne présenteront pas de
modifications morphologiques qui auraient été imputables au
parasitisme des larves au cours de leur développement (Noireterre,
2011).
|