2.3.2 Les dispositifs de lutte contre le
décrochage scolaire en France
En France, il existe une politique de prévention contre
le décrochage scolaire. Chaque instance de l'état, qu'il s'agisse
de la ville, des collectivités territoriales ou de l'éducation
nationale, tente de mobiliser ses ressources afin d'accompagner les jeunes en
échec scolaire. Les différentes missions de lutte contre le
décrochage ont pour tâche de trouver des solutions
d'accompagnement pour des jeunes décrocheurs ou pour ceux qui ont
quitté le système éducatif classique (Blaya, 2010).
Concernant les jeunes du secondaire, qui constituent la population qui fait
l'objet de cette étude, nous présenterons de manière
succincte quelques dispositifs mis en place par l'Etat dans la lutte contre le
décrochage et l'échec scolaire.
? RAR (Réseau d'ambition
réussite)
Ce dispositif est créé en 2006 par l'Education
Nationale (Circulaire no 2006-058). Il a pour objectif de permettre aux
élèves issus de quartiers défavorisés, rencontrant
des difficultés d'apprentissage et ayant un retard de deux ans à
l'entrée du second degré, de pouvoir être
intégrés dans un environnement favorable à la
réussite. Ainsi, par ce dispositif, les risques de rupture sont
atténués entre l'élève en difficulté et
l'établissement scolaire dans lequel il évolue. Cependant, il est
intéressant de constater, qu'un bilan de synthèse du
Ministère de l'Education Nationale daté de juin 2010, stipule que
le public accueilli dans ces dispositifs n'a pas évolué depuis
quatre ans ni dans un sens d'amélioration ni dans un sens de
détérioration.
? RASED (Réseaux d'aides spécialisés
aux élèves en difficulté)
Les RASED, créés en 1990, par le
Ministère de l'Education Nationale, interviennent auprès des
élèves en difficulté sur demande des enseignants. Dans son
manuel sur le décrochage scolaire Catherine Blaya explique que «
les réseaux sont composés de trois types d'intervenants qui
sont
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des enseignants spécialisés dans les
difficultés d'apprentissage ou dans les difficultés d'adaptation
scolaire ou encore par des psychologues scolaires » (Blaya, 2010, p.
126). Le psychologue scolaire effectue un bilan psychologique de
l'élève en concertation avec les parents de celui-ci. L'objectif
de ce bilan est de permettre une analyse des besoins de l'élève
afin de mieux répondre à ses difficultés d'apprentissage.
Dès l'école primaire, l'élève peut
bénéficier de cet accompagnement. Les intervenants des RASED sont
mobiles et se déplacent d'établissements en établissements
ou d'une circonscription à une autre sous l'autorité d'un
inspecteur académique. L'un des soucis majeurs de ce dispositif
réside dans le fait que les accompagnants ou intervenants ne font pas
partie de l'équipe pédagogique in situ. L'aide apportée
par ces derniers ne peut toucher de manière superficielle que certaines
problématiques inhérentes au décrochage ou à
l'échec scolaire des sujets. D'autant plus, je cite « des
moyens insuffisants de postes menacent la pérennité des RASED
alors qu'ils s'inscrivent tout à fait dans une démarche de
prévention précoce préconisée par les mêmes
décideurs qui ne le subventionnent pas suffisamment » (Blaya,
2010, p. 126).
? Les dispositifs relais
Il s'agit de l'un des rares dispositifs, mis en place par deux
ministères : Le Ministère de l'Education Nationale et le
Ministère de la Justice (Protection judiciaire de la jeunesse). Il est
régi par la Circulaire n°2006-129 du 21 août 2006. Le
dispositif existe sous forme de classes, d'ateliers ou d'internats relais et
est destiné exclusivement aux élèves du second
degré. La durée de relais s'étend sur une période
de 12 mois maximum pour ceux qui sont inscrits en classes relais et 16 semaines
pour ceux qui sont en ateliers relais. Ce projet vise les élèves
à problématique de violence, de décrochage et
d'échec scolaire. Leur admission se fait après examen de leur
dossier et en accord avec l'élève concerné et ses parents.
L'objectif principal de ce dispositif est de permettre la réinsertion
sociale et scolaire de ces jeunes à travers une démarche de
rééducation à la citoyenneté. Plusieurs
professionnels interviennent dans le cadre des dispositifs relais tels que des
éducateurs spécialisés, des personnels associatifs, des
animateurs socio culturels, des personnels de la santé et des personnels
de services sociaux (Blaya, 2010). En effet, l'efficacité d'un tel
dispositif ne présente pour l'instant une certaine
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garantie par manque d'infrastructure. Le texte de Loi de base
régissant l'organisation des dispositifs relais stipule que les locaux
de ces derniers doivent être rattachés physiquement et
administrativement aux établissements scolaires afin de garantir un
meilleur suivi des élèves en difficulté. Or, les travaux
réalisés sur ces structures (Blaya, 2003) montrent qu'une
classe-relais peut être implantée dans un magasin
désaffecté à Paris. Depuis sa création en 2006,
7900 élèves ont pu bénéficier de ce dispositif.
Selon les chiffres officiels de 2010 du Ministère de l'Education
Nationale, 77% des bénéficiaires des dispositifs relais
réintègrent leur établissement scolaire d'origine. Les
questions que l'on peut se poser sont les suivantes : Quel est le sort des
bénéficiaires pour qui ce dispositif a été un
échec ? Et pourquoi sur les 60.000 décrocheurs ou
élèves en situation d'échec scolaire, 7900 ont
été admis aux dispositifs relais (Blaya, 2010) ?
? Projets de réussite éducative
(PRE)
Les projets de réussite éducative ont pour but
de promouvoir l'égalité des chances. Ils sont destinés aux
jeunes et familles des zones urbaines sensibles âgés de 2 à
16 ans. Les enfants inscrits dans ce dispositif bénéficient d'un
accompagnement social, scolaire, éducation artistique et culturelle,
soutien à la parentalité, en dehors des heures de cours (Blaya,
2010). Régis par la loi du 18 janvier 2005, les projets de
réussite éducative (PRE) manquent le soutien et pilotage du
gouvernement.
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