B- UNE ZONE PRESQUE VIDE JOUXTANT LE PAYS
BAMILÉKÉ SURPEUPLÉ
Les départements du Cameroun sont inégalement
peuplés. Parmi ceux qui le sont moins, on cite souvent le Nkam avec
41,143 habitants, tandis que le département du Diamaré en compte
386569. Lorsqu'il s'agit des départements où 1 'émigration
est forte, le Nkam est encore cité à côté du
Ndé. Cette situation montre à quel point le département du
Nkam est sous-peuplé, et se vide progressivement de sa population.
Le Nord du Nkam, qui est le principal foyer de peuplement de
la région, n'a qu'une population clairsemée. Ainsi, pour la
région de Nkondjock, le recensement de 1966/67 dénombre 4164
habitants pour les Diboms 8 , soit une densité de 2 L, 4
habitants/km2; 5,7 pour l'ensemble du département du Nkam,
densité somme toute faible au regard de la densité moyenne du
Cameroun en 1970 (12,2 habitants/km2 ) .
8 Les Diboms et le Mbang sont les principales tribus
autochtones de la région de Nkondjock ; in ORSTOM, Dictionnaire des
villages du Nkam, Yaoundé, 1970
9
Les études réalisées dans le cadre du
projet de colonisation de la région de Nkondjock, fournissent aussi des
densités faibles sur les M'bang (3 habitants/km). Le gouvernement a donc
inscrit dans 1'ordre de ses préoccupations, d'organiser autant que faire
se peut, 1 ' émigration Bamiléké vers une zone
sous-peuplée proche des zones de départ et dans 1aquel1e les
risques de friction avec les populations autochtones sont faibles. Le Nkam est
tout à fait indiqué pour répondre à ces exigences,
mais encore faut-il créer une voie d'accès à
l'intérieur de cette région. Ainsi les immigrants
Bamiléké, désireux de s'installer dans la zone de
1'Opération, ont moins d'une centaine de kilomètres à
franchir. C'est cette proximité qui explique à priori l'imposant
effectif des Bamiléké dans la région. Dans ce transfert de
population de 1'Ouest vers le Nkam, la distance n'est pas un obstacle
d'envergure.
C- UN ORGANISME D'ENCADREMENT DES IMMIGRANTS.
Jusqu'en 1963, la région de Nkondjock est totalement
enclavée ; car aucune route ne la traverse. 11 est décidé,
de créer une route reliant Yabassi à Bafang, et
d'échelonner les zones de repeuplement le long de cette voie.
En 1965 les travaux routiers commencent, puis suit
l'installation des pionniers en 1966. En mettant en exécution ce projet,
1 'objectif du gouvernement est double :
? Résoudre ne serait-ce que partiellement, le
problème aigu de la surpopulation du pays bamiléké, en
installant des agriculteurs provenant de cette région dans le
département sous-peuplé du Nkam, immédiatement voisin.
? Entreprendre grâce à cette colonisation rurale,
le développement du département du Nkam, gui est depuis 50 ans,
économiquement en voie de régression.
C-1. L'arrivée dos premiers immigrants
Dans cette région presque vide d'hommes, convaincre les
premières personnes à s'y installer ne sera pas facile. Pour
faire aboutir cette implantation humaine, le gouvernement a obligé les
gardes civiques chargés de la pacification de la région à
y rester. Ces gardes civiques au nombre de 17(9) tous en tenue et
possédant des armes à feu, doivent d'abord assurer une zone
tampon entre l'Opération et le département du Ndé,
où sévit encore la guérilla. Ces derniers, avec
l'arrivée do 72 autres personnes, se convertissent à
l'agriculture et créent les premiers villages (N'jingang et Ngoman) en
Janvier 1966. En 1970 on compte 1155 recru s dans 11
9 Source : enquête personnelle : parmi ces
gardes civiques il ne reste plus sur place que 6. Les uns ont
déserté par la suite, d'autres sont morts
10
villages. Pour encourager 1'immigration et encadrer les
populations, une société de développement est
créée par le gouvernement camerounais. Ainsi, les pionniers qui
débarquent dans la région ne sont pas des laissés-pour
comptes.
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