CHAPITRE IV : LE DÉSINTERÊT DES
ADHÉRENTS ET DYSFONCTIONNEMENT DE LA MUFOPRA
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Toute organisation qui se fixe des objectifs a dès le
départ des bonnes intentions. L'objectif étant de réaliser
à terme un satisfecit de ses membres au sein de l'organisation. En
revanche, lorsque celle-ci ne peut la réaliser pour des raisons
quelconques, cela entraine un immobilisme de la structure. Dans ce chapitre, il
est question pour nous de présenter les attentes des mutualistes
à la lumière des obligations de la mutuelle vis-à-vis des
adhérents. Ensuite, nous évoquerons en nous inspirant des
données recueillies sur le terrain pour dire que les
intérêts des membres ne sont pas totalement satisfaits ce qui
entraine enfin une conséquence négative sur le fonctionnement de
l'association à savoir le désintérêt des
adhérents.
IV-1 - DES ATTENTES DES MEMBRES.
A la suite de nos descentes sur le terrain, quelques attentes
ont été formulées par les mutualistes. Après avoir
interrogé les uns et les autres, nous avons constaté que la
totalité des membres soit les 100% de la population d'étude qui
constitue l'échantillon sont parfaitement au courant de l'existence de
la MUFOPRA tel que cela apparait dans le graphique ci-dessus.
Figure 2:Répartition de l'échantillon
d'étude selon la connaissance de l'existence de la
MUFOPRA
En revanche, les mutualistes formulent des doléances qui
sont des attentes ou des voeux qui justifient leur engagement au sein de ladite
association. Un adage bien connu dit
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« pas d'intérêt pas d'action
». Les intérêts des membres de la mutuelle ne sont que
celle de la satisfaction effective de leur sollicitation vis-à-vis de la
MUFOPRA. Autrement dit, Chercher à préserver
l'intérêt général ou l'utilité sociale de la
mutuelle comme le pense Didier Minot dans son ouvrage132 où
il affirme que :
Le concept d'utilité sociale est beaucoup plus
récent et se rapporte principalement à l'activité d'une
entreprise d'économie sociale. En toute logique, l'expression veut dire
utile à la société.
Par ailleurs :
D'emblée, cette expression peut renvoyer à
une interprétation utilitariste. Avec cette approche, une entreprise
privée peut également être utile à la
société. Toute la question est de définir ce qui est
utile, ou nécessaire, à la société.
Bien plus, et allant dans le même sens,
La Charte universelle des droits de l'homme constitue une
référence pour les actions citoyennes car celles-ci participent
à leur respect de multiples manières, en contribuant à la
dignité et à la valeur de la personne humaine, à
l'égalité des droits des hommes et des femmes, au progrès
social, à de meilleures conditions de vie dans une liberté plus
grande, en affirmant le droit à la liberté d'association,
d'opinion et d'expression, les droits économiques, sociaux et culturels.
La Charte énonce aussi des droits à la santé, au
bien-être.... à la protection sociale, à une
éducation qui vise le plein épanouissement de la personne humaine
et favorise la compréhension, la tolérance, l'amitié entre
les peuples et la paix. Elle dispose que toute personne à le droit de
prendre part à la vie culturelle et artistique et de participer au
progrès scientifique. ....
L'utilité sociale des associations ainsi
définie est très proche de leur contribution à
l'intérêt général. Elle peut également
qualifier leur contribution au bien commun, dans la mesure où elle
inclut le développement des « capacitations», la
responsabilité qu'implique la participation au développement
durable, l'entraide, le dialogue, la prise de parole de tous les citoyens. Elle
constitue le fondement d'une possible évaluation de l'utilité
sociale en termes généraux.
Dans notre cadre d'étude, nous avons une mutuelle qui
est dotée d'une activité génératrice de revenues
qui est la cantine de la MUFOPRA où les membres de la mutuelle et les
usagers du service public viennent se restaurer moyennant une modeste somme, ce
qui permet de viabiliser l'association et d'être autonome. Des avis
recueillis auprès des enquêtés, après le
dépouillement des questionnaires et l'analyse de nos entretiens, 70% de
la population échantillon pensent que la mutuelle doit davantage
s'investir dans la consolidation de la solidarité en milieu
professionnel tandis que les autres 30% sont plutôt favorables à
la promotion des activités socio culturelles (voir figure N°2). En
effet, d'après les dispositions relatives à l'objet poursuivi par
la MUFOPRA dans ses statuts, les attentes des membres se formulent en termes de
:
132 Voir son ouvrage intitulé Associations
citoyennes pour demain. Éditions Charles Léopold Mayer,
2013, Dépôt légal août 2013, Essai n°197, ISBN
978-2-84377-175-0Mise en pages: La petite Manufacture, Delphine Mary Conception
graphique: Nicolas Pruvost
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Créer, entretenir et promouvoir les liens de
solidarité et d'entraide entre les membres et leur famille - contribuer
aux frais d'hospitalisation, médicaux, ou pharmaceutiques des membres
-Promouvoir la
pratique des activités sociales, culturelles, et
sportives au MINFOPRA133 .
Cette forme de solidarité rejoint la pensée de
BIRAGO DIOP134 qui affirme qu'il faut : Une
solidarité plus forte que l'amour fraternel, plus tyrannique que l'amour
paternel. Et nous ajouterons plus soucieuse et protectrice que l'amour
maternel. Il est question ici de promouvoir un bien commun au sens des propos
de DIDIER MINOT135 qui cite dans son ouvrage que
:
Depuis quelques années, les notions de bien public,
bien commun, biens communs, bien public mondial ou local sur le devant de la
scène. Le terme de « bien commun » est aujourd'hui
utilisé aussi bien par la gauche que par la droite, avec des
différents sens car chacun y met ses propres valeurs. Mais malgré
ou grâce à ce flou, « le bien commun est devenu un signe de
ralliement des mouvements sociaux à travers la planète « Le
bien commun », affronter la crise de civilisation (économique,
alimentaire, sociale, environnementale).
LUC BOLTANSKI observe que: La poursuite
du bien commun qu'on peut observer sur le terrain vient contredire une
représentation du monde d'après laquelle on pourrait
interpréter les agissements des gens comme s'ils étaient toujours
orientés vers la satisfaction de leurs intérêts
particuliers, le plus général étant l'intérêt
à acquérir du pouvoir.
Cette clé universelle permet non seulement de
réduire toutes les prétentions d'autrui à agir pour le
bien commun en dévoilant les intérêts qui leur seraient
sous-jacents, mais aussi de revendiquer pour soi le droit d'accomplir des
actions qui abandonnent la visée de la justice pour la recherche du
pouvoir et qui, sans le soutien de cette théorie, seraient
immédiatement dénoncées comme cyniques. Cette vision est
commune au marxisme dans sa forme classique, au libéralisme et à
de larges courants des sciences humaines.
Selon JEAN-LOUIS LAVILLE : « Alors
qu'au XIXe siècle les associations visaient à répondre aux
besoins d'un groupe particulier, les actions récentes s'attachent
à répondre à des alités solidaires beaucoup plus
larges : énergies renouvelables, agriculture, commerce équitable,
finances solidaires etc. Ces finalités renouent avec l'inspiration
associationniste et solidariste du XIXe siècle. Elle signifie que
l'association ne répond pas simplement à un intérêt
collectif, mais se détermine à partir d'une contribution plus
large au commun.» Fondamentalement, on peut estimer que les associations
citoyennes travaillent au bien commun dans la mesure où elles
contribuent par leurs actions au respect des droits fondamentaux de la personne
humaine, avec une démarche de solidarité, de démocratie
interne et de responsabilité par rapport au bien commun de
l'humanité . »
La figure N°3 ci-dessous est assez illustrative par
rapport aux attentes ou objectifs poursuivis. Plus concrètement, il
s'agira pour le bureau exécutif (BE) à la suite de certains
entretiens menés avec des personnes ressources et certains autres
membres de la MUFOPRA :
133 Voir statut de la MUFOPRA (Art.2)
134 Birago Diop, dans Ethiopique N°31 « valeurs morales
et structures traditionnelles de la jeunesse ».
135 Voir son ouvrage intitulé Associations
Citoyennes Pour Demain Éditions Charles Léopold Mayer, 2013,
Dépôt légal août 2013, Essai n°197, ISBN
978-2-84377-175-0Mise en pages: La petite Manufacture, Delphine Mary Conception
graphique: Nicolas Pruvost
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D'assurer effectivement au respect de la devise de la MUFOPRA
à savoir Egalité -Action -Solidarité en
toute circonstance dans les limites de ces recommandations
statutaires136 .
Figure 3:Attentes vis à vis de la
MUFOPRA
Répartition des mutualistes selon les attentes
vis-à-vis de la MUFOPRA
Source : notre
enquête
Cependant,à la lumière des attentes
formulées par les mutalistes , nous constatons que les
doléances formulées en direction de l'instance
dirigeante chargée d'examiner les dossiers d'aide ou d'assistance sont
restées sans suite pour la plus part des cas.Interrogés sur la
question,le bureau exécutif fait savoir que : Les
concernés n'agissent pas dans les delais et bien plus souvent il se pose
un problème de finance et de mauvaise foi de certains
mutalistes.137
Cette situation est dérangeante et n'est pas sans
conséquence sur la marche de la mutuelle. IV-2- DE LA FAIBLE
PRISE EN COMPTE DES ATTENTES DES MEMBRES.
De nos différents entretiens faits avec les personnes
ressources, il ressort que les attentes des membres ne sont
pas satisfaites dans la totalité. Le tableau N°6
et la figure N°3 ci-dessus illustrent nos propos à la suite de
notre enquête au sein de la MUFOPRA. En effet,
sur les cent agents publics interrogés, il
ressort que les attentes des mutualistes sont mitigées car 9% seulement
pensent que la mutuelle comble leurs attentes ; 59% affirment
n'avoir jamais bénéficiés des services de
la mutuelle lorsqu'ils posent un problème à
caractère social prévu dans les statuts. Le
reste des 32% des mutualistes sont plus ou moins comblés
vis-à-vis de la mutuelle.
Evoquant la question de l'effectivité
du plan d'action ou de la réalisation des projets
validés par le conseil d'administration au sein de
ladite association, nous constatons
136 Confère nos entretiens avec un responsable du
MINFOPRA
137 Propos du bureau exécutif
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également que son taux
d'exécution est faible tel que indiqué dans la
figure N°5 ci-dessous mentionnés. En observant les
données de la figure N° 5 ci-dessous, 14% des
sociétaires de la MUFOPRA disent que les projets sont
réalisés alors 35% ne sont pas du même avis que les
premiers. Par ailleurs, 51% sont
d'un avis médiocre concernant
l'effectivité de la réalisation des projets de
la MUFOPRA. Ils affirment que les projets sont plus ou moins
réalisés.
Figure 4: Répartition de la population
interrogée selon le dégré de satisfaction
Répartition selon la satisfaction des attentes des
mutualistes vis-vis de la MUFOPRA
Figure 5 : Répartition selon le degré de
réalisation des projets
Source : notre
enquête
A propos du respect de la devise de la MUFOPRA, les
données du terrain montre effectivement qu'elle n'est pas la chose la
mieux partagée par les mutualistes. La faute est rejetée sur le
bureau exécutif qui ne s'active pas profondément pour un strict
minimum afin de mobiliser chacun pour la bonne cause. La figure N°6
ci-dessous est assez illustrative. La lecture des figures nous permet de dire
que 13% sont d'avis que la devise est respectée tandis que 27% disent le
contraire. 31% des mutualistes n'arrivent pas concrètement à se
prononcer sur la question et disent par conséquent qu'il est difficile
de dire que la devise est appliquée
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alors que non loin de là 29% affirment qu'elle est un
peu respectée. A bien observer ledit tableau, on constate qu'en dehors
des 13% des mutualistes qui pensent que la mutuelle respecte sa devise, les
autres mis ensemble soit 87% au total sont pessimistes. Ces données
statistiques nous montrent de toute évidence la situation atone qui
n'est pas sans influence sur la vie de la MUFOPRA de façon
négative. En réalité, lorsqu'on sonde les esprits des
mutualistes sur la raison d'être de la mutuelle, un nombre important
trouve qu'elle n'est pas du tout avantageux ou profitable parce qu'elle freine
la dynamique de groupe de cette association. Une analyse du tableau ci-dessous
ne nous cache pas les sentiments des membres. Voir figure N°7 à
propos des avis sur l'importance de la MUFOPRA.
Figure 6:Avis sur le respect de la devise de la
MUFOPRA
Source : notre
enquête
L'analyse de la figure n°6 ci-dessous nous montre comment
les mutualistes ne bénéficient pas des services de la mutuelle.
Sur les cent enquêtés, 39% seulement disent de façon claire
que l'existence de la mutuelle au MINFOPRA est avantageuse et a sa raison
d'être tandis qu'à travers un petit jeu de mot, et avec pour
objectif d'avoir un résultat fiable, les autres 61% de
l'échantillon sont pessimistes. A la vérité, 37%
déclarent ne pas du tout trouver de l'importance à cette
organisation quand juste à côté, un autre groupe au taux de
24% disent qu'ils ne savent pas du tout son importance. Au total, cela fait 61%
de mutualistes qui ne sont pas d'un avis favorable sur cette association.
Certains le taxent même d'une structure en forme de tonneau de
danaïde qui ne renvoie pas en retour l'ascenseur lorsqu'on sollicite ses
services. Un responsable de haut rang aurait même affirmé que :
La mutuelle leur ai imposé d'office et que les
participations des adhérents sont prélevées directement
à la source dans les primes des travaux spéciaux(PTS) du
personnel MINFOPRA.138
Il faudrait même la suspendre ou qu'on donne a
chacun la liberté d'adhérer ou non car nous sommes en
démocratie et l'engagement associatif est volontaire et non contraignant
comme nous en subissons
138 Notre enquête 2014-15
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malgré qu'on trouve sa nécessité mais
elle ne nous assiste vraiment pas alors même que nous cotisons à
travers nos primes139
affirme un agent contractuel membre de la mutuelle depuis sa
création lors de nos entretiens. Quel est donc son impact
immédiat sur la vie de la mutuelle ?
Figure 7: Avis sur l'importance de la
MUFOPRA
Source : notre
enquête
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