1.2- Les effets d'éviction des dépenses
publiques
La littérature économique retient deux types
d'effets d'éviction des investissements publics, à court terme
d'une part et à long terme de l'autre (cf. Carlson et Spencer, 1975). A
court terme, deux sortes d'effets d'éviction sont susceptibles de se
manifester : les effets financiers d'éviction et l'éviction par
le taux de change. Les effets financiers d'éviction peuvent se
manifester selon deux modalités: par les transactions et par les effets
de richesse. Cette dernière modalité, difficilement quantifiable
est soutenue par les monétaristes (cf. B. Friedman, 1978 ou encore M.
Friedman 1972) et est censée se manifester de façon indirecte en
tant qu'effets secondaires des politiques budgétaires et fiscales de
type néo-keynésien. Les effets financiers d'éviction par
les transactions sont facilement quantifiables à partir d'un
modèle IS-LM.
L'éviction par le change exprime le fait que, lorsque
la dépense publique augmente dans une économie ouverte où
la masse monétaire reste constante et où le taux de change
équilibre la Balance de Paiements (B.P.) à chaque période,
la hausse du taux d'intérêt provoquée par l'accroissement
de l'activité économique est à l'origine d'une
appréciation de la monnaie nationale. Cette dernière
décourage alors une partie des exportations. Finalement, l'accroissement
de la dépense publique "évince" une partie de l'investissement
privé et des exportations.
L'effet d'éviction de long terme renvoie à
l'éviction par l'anticipation. Ce cas a été
évoqué par R. Barro (1974) en l'argumentant à partir des
travaux de D. Ricardo. Cette question a, par la suite, fait l'objet de
débats et controverses entre économistes sous la terminologie de
"théorème ricardien d'équivalence". Selon ce
théorème, le financement public par la dette serait
équivalent à un financement par l'impôt parce que le public
va anticiper les hausses d'impôts qui seront nécessaires
ultérieurement pour payer les intérêts de la dette accrue
et pour rembourser le principal. Cette thèse est rejetée par les
post-keynésiens (J. Tobin, 1978 par exemple) et bien d'autres
économistes comme M. Feldstein (1988) qui prend en compte l'incertitude
dans le comportement des individus, ou encore H. G. Brennan et J. M. Buchanan
(1987) qui
KERE Brahim, Auditeur GPE 15 Page 7
Relation entre les Investissements Publics et les IDE : cas de
la Côte d'Ivoire
eux, intègrent dans le modèle l'arbitrage
intertemporel dans les décisions d'offre de travail.
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