1.5.6 Mécanismes
d'adaptation
La sécheresse est un stress abiotique affectant le
rendement d'une plante cultivée et la stabilité de son rendement
suivant les années. L'impact de la sécheresse sur le rendement
dépend à la fois du génotype de la plante, de
l'espèce considérée et des techniques culturales (LAURE et
al., 2010). La sécheresse se manifeste par la combinaison d'une
part, de la restriction de la disponibilité en eau du sol et d'autre
part, de l'augmentation d'une demande évaporatrice.
Pour palier cette contrainte abiotique, les plantes ont
élaboré des «stratégies d'adaptation»
permettant d'assurer leurs physiologies normales. Cette stratégie
d'adaptation est la capacité d'une plante de maintenir ses fonctions
physiologiques, de croître et de maintenir le rendement dans des
conditions stressantes (TURNER, 1997; JONES et al., 1992). Elle est
considérée comme une dynamique dont la résultante est la
«tolérance».
Tolérance: La notion de
«tolérance» reste à définir de
manière consensuelle, dans la mesure où l'appellation des termes
résistance et tolérance à la sécheresse
dépend des auteurs et des domaines d'application. Par exemple les
écologues définissent la tolérance comme la
capacité d'une plante à survivre dans une zone à faible
apport d'eau (LEVITT et al., 1980).
Les agronomes expliquent que la tolérance à la
sécheresse est la capacité d'une plante à croître et
à produire des rendements satisfaisants dans des zones sujettes à
des déficits hydriques épisodiques (TURNER, 1997).
Quant aux physiologistes, la tolérance est une
stratégie permettant à une plante d'assurer ses fonctions
physiologiques malgré la dégradation de son état hydrique.
Par exemple, le maintien de la turgescence lors d'un déficit hydrique
permet de retarder la fermeture des stomates (MOJAYAD et al., 1994),
de maintenir le volume chloroplastique (GUPTA et al., 1987), de
réduire le flétrissement foliaire (JONES et al., 1980)
et de maintenir les fonctions cellulaires indispensables à la survie.
Ces aptitudes permettent aux plantes de tolérer la sécheresse
(LUDLOW et al., 1983).
Du point de vue génétique, la tolérance
est la capacité du potentiel génétique de la plante de
s'exprimer son expression phénotypique dans un environnement stressant.
L'expression de gènes aboutissant à l'accumulation des osmolytes
sont considérés comme les principaux mécanismes de
tolérance au déficit hydrique (RAMANJULU et al., 2002).
Par exemple chez le tournesol, les capacités osmotiques dépendent
de son génotype (CHIMENTI et al., 2002). Selon JONES (1992), la
tolérance peut être classée en deux catégories en se
basant sur le potentiel chimique de la plante: Il s'agit de
l'«évitement», qui correspond à une
augmentation ou le maintien du potentiel hydrique du tissu et la
«tolérance» proprement dite qui est le potentiel
chimique des tissus diminue.
La tolérance est le résultat des
mécanismes physiologiques, biochimiques et moléculaires complexes
permettant aux plantes tolérantes de produire un rendement
satisfaisant.
Ce processus complexe permet de sélectionner des
plantes tolérantes à la sécheresse en fonction de la
disponibilité des moyens des sélectionneurs.
1.5.6.1 Mécanismes phénologiques
Esquive: L'esquive est la première
stratégie des plantes d'éviter la sécheresse. C'est l'un
des types d'adaptation à l'environnement qui permet aux plantes
d'éviter les périodes critiques pour pouvoir produire.
L'esquive permet à la plante d'atténuer les
effets des contraintes hydriques par accomplissement de son cycle de
développement avant l'installation de la sécheresse (BEN NACEUR
et al., 1999; AMIGUES et al., 2006). Par ce système,
de nombreuses variétés ont été créées
pour assurer une production adéquate dans les zones où de poches
de sécheresse interviennent en fin de saison (SUBBARAO, 1995; FUKAI et
al., 1995; TURNER et al., 2001). Les plantes qui esquivent ne
subissent jamais la sécheresse. Dans un programme de sélection et
d'amélioration, l'esquive ne devrait pas être
considérée comme un critère de sélection dans les
zones où il aurait des poches de sécheresses qui interviennent en
début ou en pleine saison culturale. L'esquive ne peut se raisonner
qu'à l'échelle d'exploitation agricole et des systèmes de
culture en utilisant des variétés plus précoces ou
semi-précoces selon les zones agro écologiques.
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