I.3. Critiques de quelques auteurs sur l'APD
Plusieurs contributions vont accepter l'hypothèse de
rendement croissant du capital et d'un progrès technique
endogène. Elles conditionnent l'efficacité de l'aide à la
bonne gouvernance et aux institutions saines. Les pays aidés doivent
alors avoir de bonnes institutions pour que l'aide améliore le
bien-être de leurs populations. D'une manière
générale, les nouvelles approches insistent sur les
problèmes d'appropriation, de sélectivité, de la bonne
gouvernance
19
et de durabilité de l'aide, aussi bien à
l'échelle locale qu'au niveau des politiques nationales27.
I.4. Efficacité de l'Aide en termes de
réduction de la pauvreté
Longtemps le débat sur l'efficacité de l'aide
s'est toujours focalisé sur son impact sur la croissance. De plus en
plus la relation entre l'aide et la réduction de la pauvreté
revêt une grande importance.
Pour comprendre l'effet de l'aide sur la réduction de
la pauvreté, certains auteurs ont évoqué son impact sur la
croissance économique Selon eux, si l'aide contribue à la
croissance et que la croissance contribue à la réduction de la
pauvreté, alors l'aide permet de lutter contre la pauvreté.
Cependant, ce raisonnement repose sur l'hypothèse que l'aide n'a pas
d'effet direct sur la pauvreté et que son effet passe essentiellement
par la croissance. Cette approche est remise en cause par les résultats
d'un certain nombre d'études, qui soulignent un effet direct de l'aide
sur des indicateurs de développement humain, ou encore un effet indirect
qui passe par d'autres canaux que celui de la croissance.
Ainsi par exemple, BURNSIDE et DOLLAR28 analysent
l'effet de l'aide sur la baisse de la mortalité infantile, un indicateur
de bien-être des populations très fortement corrélé
aux niveaux de pauvreté et dont les données sont disponibles pour
de nombreux pays. Leur étude économétrique suggère
que dans un bon environnement de politiques économiques, l'aide permet
de réduire la mortalité infantile.
GOMANEET29et al. mettent en évidence une
influence positive de l'aide sur l'indicateur de développement humain et
sur la réduction de la mortalité infantile, effet qui passe par
le financement de dépenses publiques favorables aux plus pauvres. Il
faut toutefois rappeler que des résultats
27 SVENSSON, BURNSIDE et DOLLAR, KAUFMANN, Op cit.
28 BURNSIDE C.et D. DOLLAR, (2000),
«Aid, Policies and Growth », American Economic Review,
90(4), 847-68.
29 GOMANEET K., S. GIRMA, O. MORRISSEY (2003),
«Searching for Aid Thresholds Effects; Aid, Growth and the Welfare of
the Poor», CREDIT Working Paper, University of Nottingham
20
sensiblement différents ont été mis en
évidence par MOSLEY et al. Et BOONE30 ces auteurs
suggèrent au contraire que la contribution marginale de l'aide à
la réduction de la mortalité infantile est plus importante dans
un mauvais environnement de politiques économiques et leurs analyses
économétriques suggèrent l'absence d'effet de l'aide sur
la mortalité infantile. Enfin, KOSACK31 souligne que l'aide
n'a d'effet sur l'indicateur de développement humain que dans les
régimes démocratiques.
En définitive, l'on retient de ce qui
précède que les auteurs s'accordent dans une moindre mesure sur
l'impact positif de l'aide sur la réduction de la pauvreté,
même si cela n'est pas direct et exige qu'il y ait une bonne
gouvernance.
I.4.1. Aide et la géographie dans la lutte contre
la pauvreté
COLLIER et DOLLAR développent un modèle
d'allocation d'aide dont l'objectif est de maximiser la réduction de la
pauvreté. Leur modèle se fonde sur deux idées : (i) l'aide
a un effet positif sur la croissance dans les pays ayant mis en place de bonnes
politiques économiques ; et (ii) la croissance entraîne une
réduction de la pauvreté. Le coeur de leur analyse réside
alors dans l'idée suivante : « pour maximiser la réduction
de la pauvreté, l'aide devrait être allouée aux pays ayant
de graves problèmes de pauvreté et de bonnes politiques
économiques ».
L'allocation géographique de l'aide qui permet de
maximiser la réduction de la pauvreté est identifiée par
les auteurs en égalisant, pour tous les pays receveurs, le nombre de
personnes sortant de la pauvreté grâce à un dollar
supplémentaire d'aide. Pour procéder à cet exercice de
maximisation de la réduction de la pauvreté par l'allocation
d'aide, Collier et Dollar ont mesuré d'une part l'effet marginal de
l'aide sur la croissance et d'autre part l'effet de la croissance sur la
réduction de la pauvreté.
30 MOSLEY, P; HUDSON, J; HORREL, S. (1987),
Aid, the public sector and the market in less developed countries,
Economic Journal, vol. 97, pp.616-646 Notes et Documents N°6, Paris,
France, 157 pp
31 BOONE P. (1996), «Politics and the
Effectiveness of Foreign Aid», European Economic Review 40.
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