Section II. Les théories de la croissance et ses
déterminants
Les théories explicatives de la croissance sont
relativement récentes dans l'histoire de la pensée
économique. Ces théories ont conduit à mettre en avant le
rôle primordial du progrès technique dans la croissance. Sur le
long terme, seul le progrès technique est capable de rendre plus
productive une économie (et donc de lui permettre de produire plus,
c'est-à-dire d'avoir de la croissance). Toutefois, ces théories
expliquent mal d'où provient ce progrès, et en particulier en
quoi il est lié au fonctionnement de l'économie. C'est dans cette
optique que bon nombre d'économistes ont donnée leur vision de la
croissance.
II.1. L'innovation à l'origine de la croissance
économique : J. Schumpeter
A partir des travaux sur les cycles économiques de
KONDRATIEFF, Joseph SCHUMPETER67 a développé
la première théorie de la croissance sur une longue
période. Il pensait que l'innovation portée par les entrepreneurs
constituait la force motrice de la croissance. Il développa en
particulier l'importance de l'entrepreneur dans Théorie de
l'évolution économique en 1913.
Pour SCHUMPETER, les innovations apparaissent par «
grappes », ce qui explique la cyclicité de la croissance
économique. Par exemple, SCHUMPETER retient les transformations du
textile et l'introduction de la machine à vapeur pour expliquer le
développement des années 1798-1815 ou le chemin de fer et la
métallurgie pour l'expansion de la période 1848-1873.
De façon générale il retient trois types
de cycle économiques pour expliquer les variations de la croissance :
67 Joseph SCHUMPETER, née dans une
famille de la Bourgeoisie Autrichienne. Avec Keynes, il fut le monstre
sacré de l'économie du XXe siècle. Il a pourtant peu
écrit dans le domaine de la théorie économique mais
chacune de ses oeuvres traçait un profond sillon. Il entreprend en
premier lieu une analyse sur les cycles économiques en reprenant une
hypothèse testée par KONDRATIEF et, en deuxième lieu, il
analyse le rôle de l'entrepreneur. Il note que celui-ci ne se contente
pas de prendre des risques, mais il précipite aussi des pans entiers de
l'activité économiques dans le déclin.
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- Les cycles longs ou cycles KONDRATIEFF, d'une durée
de cinquante ans ; - Les cycles intermédiaires ou cycles Juglar, d'une
durée de dix ans environ ;
- Les cycles courts ou cycles KITCHIN, d'une durée de
quarante mois environ.
Il introduisit enfin le concept de « destruction
créatrice » pour décrire le processus par lequel une
économie voit se substituer à un modèle productif ancien
un nouveau modèle fondé sur des innovations. Il écrit
ainsi:
« L'impulsion fondamentale qui met et maintient en
mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de
consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les
nouveaux marchés, les nouveaux types d'organisation industrielle, tous
éléments créés par l'initiative capitaliste.
L'ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le
développement des organisations productives, depuis l'atelier artisanal
et la manufacture jusqu'aux entreprises amalgamées telles que l'U.S.
Steel, constituent d'autres exemples du même processus de mutation
industrielle, si l'on ne passe cette expression biologique - qui
révolutionne incessamment de l'intérieur la structure
économique, en détruisant continuellement ses
éléments vieillis et en créant continuellement des
éléments neufs. Ce processus de Destruction Créatrice
constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c'est en elle que
consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise
capitaliste doit, bon gré mal gré, s'y adapter. »68
68 Joseph SCHUMPETER, (1939), Theoretical,
Historical and Statistical Analysis of capitalism process, éd.
Porcupine Press, p.158
69 DOMAR and HARROD, «Growht Model»,
In Brian Snowdon and Haward R. vane, An Encyclopedia of Macroeconomics,
p.316
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