Paragraphe 2 : Le nécessaire renforcement
de la promotion de certains ingrédients de socialisme dans la donne
libérale
Le capitalisme qui, en économie cacaoyère,
s'exprime en termes de libéralisme, signifie la recherche
effrénée du profit. A première vue, ce dernier se
présente dans le cadre de cette étude comme une entorse à
l'essor de la cacaoculture et de l'épanouissement du planteur.
Point 1 : Le contexte et les enjeux de cette
nécessité
La gestion libérale de l'économie
cacaoyère a entrainé une série de blocages structurels sur
le plan social et économique. La dégradation permanente du
pouvoir d'achat de l'agriculteur, son déclassement par rapport aux
salaires des centres urbains, ont contribué peu à peu à
dévaloriser le métier de planteur. Comme les autres
régions soumises à la monoculture industrielle, la zone
cacaoyère n'a été considérée par les
planificateurs, que comme un secteur de pur prélèvement
financier. L'économie cacaoyère ignore les conditions globales
d'existence du planteur. Elle ne s'intéresse à sa vie que comme
une force de travail, elle n'est pas orientée vers la modernisation
radicale des campagnes. Dans cette perspective, Jean Marc ELA affirme
que : « le cacao n'a pas induit autre chose qu'une
économie de traite et un déclassement progressif des
paysans ».
D'où la nécessité de son humanisation
dont l'objectif est de remettre le producteur de cacao au centre de son
activité et de le motiver en permanence. Il y va de la survie de
l'activité. Car comment continuer de s'investir dans une activité
qui n'a, apparemment, plus aucun mérite aux yeux d'une
société à qui elle procure pourtant d'importantes et
précieuses ressources financières? Pourquoi continuer de se
sacrifier pour une activité qui ne rapporte rien du tout, sinon pas
grand chose ? C'est dans la réponse à ces questions majeures
que s'apprécie la nécessité de l'humanisation du
capitalisme qui de nos jours, prévaut en économie
cacaoyère, par la convocation et la promotion de certains
ingrédients de socialisme.
Point 2 : Les implications de ce
nécessaire renforcement
Le renforcement de la promotion de certains
ingrédients de socialisme dans la donne libérale incombe de prime
à bord à l'Etat responsable de l'encadrement de tous les autres
acteurs ainsi que la diffusion et la régulation des pratiques salutaires
à l'émancipation d'une gestion durable.
De façon concrète il s'agit pour l'Etat, dans
le sens d'une meilleure et juste redistribution des fruits de leur labeur,
d'accompagner les bassins de production dans la transformation et
l'amélioration de leur cadre de vie, en les dotant d'infrastructures
viables (routes, électricité, adductions d'eau, hôpitaux,
écoles...), éléments satisfacteurs et motivateurs à
la pérennité de culture du cacao. Car, si les populations
ressentent, comme c'est le cas de Ekekom, localité
périphérique de Sa'a, village natale de M. NDONGO ESSOMBA, grand
producteur de cacao devenu par ailleurs Honorable Député ;
que c'est grâce à leurs efforts dans l'activité
cacaoyère qu'ils ont telle ou telle autre infrastructure (route, centre
de santé, établissement scolaires...), elles ne s'en trouveront
que motivées et s'éloigneront de l'idée de l'abandonner un
jour.
Et dans cette impulsion, il est question de faire glisser
les activités d'encadrement et de commercialisation dans la logique de
l'économie sociale et solidaire. Celle-ci regroupe les activités
de coopératives, des mutualités et des associations.
L'éthique en vigueur sur ce plan vise la finalité de service aux
membres et à la collectivité, plutôt que de profit,
l'autonomie de gestion, la démocratisation du processus de
décision, la primauté des personnes et du travail sur le capital
dans la répartition des revenus ; le but ultime étant de
neutraliser l'égocentrisme de certains acteurs afin de mutualiser et de
faciliter le bénéfice des services essentiels (entretien
phytosanitaire, santé...).
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