Analyse de la filière anacarde au Burkina Faso: état des lieux et perspectives.( Télécharger le fichier original )par Christian KABORE Lund University/TRAPCA - diplome intermédiaire en droit et politique du commerce international 2015 |
2.3.2. Organisation de la transformationOn observe deux types de transformation : la transformation artisanale10(*) et la transformation industrielle. Le tableau n°1 ci-dessous donne certaines caractéristiques des principales unités de transformation au Burkina Faso. Ce tableau montre l'écart entre le potentiel de transformation des entreprises de transformation et leur production réelle. En outre, on observe que la productivité du travail, est relativement faible dans chacune de ces entreprises. Cela pourrait s'expliquer par le faible niveau de mécanisation des unités de transformation et la faible capacité de mobilisation de la matière première. Tableau 1 : Les unités de transformation de la noix de cajou au Burkina Faso en 2012
Source : construit, par l'auteur, à partir des données d'African Cashew Alliance (2012) 2-3-3 Organisation de la commercialisationLe circuit de commercialisation des produits de la filière anacarde se fait par la commercialisation des noix brutes et des amandes. Les acteurs du commerce des noix brutes sont en général les mêmes qui interviennent dans le commerce des noix de karité, du sésame et/ou des céréales. Ils peuvent être classés en trois catégories : les sociétés commerciales, les opérateurs locaux et les acteurs étrangers occasionnels. Les sociétés commerciales sont en général des succursales des sociétés internationales qui se sont installées au Burkina Faso14(*). Elles disposent de grands moyens financiers et logistiques et ont une bonne connaissance du marché international. L'approvisionnement de ces sociétés est réalisé surtout par des grossistes locaux installés dans les zones de production ou dans les grands centres urbains. Les opérateurs locaux sont des commerçants grossistes, des collecteurs et des pisteurs. Les pisteurs, eux-mêmes producteurs, se chargent d'acheter la production des autres producteurs à travers les plantations et les marchés locaux. Ils sont généralement financés par des collecteurs avec qui des relations ont été nouées lors de leurs tournées. Le collecteur renonce ainsi à une partie de sa marge bénéficiaire au profit du pisteur. Les collecteurs à leur tour vendent leurs stocks aux grossistes dont la plupart sont basés à Bobo-Dioulasso, à Banfora et à Orodara. L'activité de ces derniers consiste à exporter les produits à partir des ports d'Abidjan, d'Accra et de Lomé ou à les livrer aux sociétés commerciales. Les acteurs étrangers occasionnels sont composés de deux types : les acheteurs sous-régionaux15(*) qui se rendent sur le territoire burkinabè pour s'approvisionner en vue de compléter leur commande d'une part et les acheteurs occasionnels internationaux d'autre part. Ces derniers, généralement des Indiens, n'appartiennent pas aux sociétés d'exportations déjà présentes. Cependant, ils profitent de leur passage du Burkina Faso vers la Côte d'Ivoire pour s'approvisionner. La vente des amandes blanches conventionnelles se fait par les unités de transformation à travers des ventes directes auprès des clients en Europe, en Asie et en Amérique. Quant aux amandes bio-équitables, elles sont essentiellement orientées vers l'exportation. S'agissant de la vente des amandes grillées, elle se fait par les distributeurs locaux situés pour la plupart dans les centres urbains. Le graphique 1 ci-dessous met en relief deux types de circuit de commercialisation : le circuit normal et le circuit opportuniste. Le circuit normal est celui suivi et reconnu officiellement par les acteurs de la filière. Cependant, il arrive que certains acteurs se démarquent de ce circuit en empruntant le circuit dit opportuniste pour cultiver une mauvaise concurrence ou pour combler un besoin urgent d'argent. Par ailleurs, les marges ne sont pas fonction du prix de l'anacarde. Quels que soient le prix et la qualité du cajou, les rémunérations restent sensiblement les mêmes16(*). Partant d'une base de 100 F CFA/Kg, on obtient au graphique 2 ci-dessous une estimation de la répartition des marges. L'analyse de ce graphique montre que les prix d'achat et de vente évoluent positivement du pisteur au collecteur et au grossiste. Cependant les collecteurs sont les acteurs qui engrangent la marge nette la plus élevée. Graphique 1 : Circuit de commercialisation des produits d'anacarde au Burkina Faso Exportation Transformateurs semi-industriels et industriels Grossistes exportateurs de noix Marché local Collecteurs de noix Animateurs collecteurs Pisteurs Groupements de producteurs de noix Producteurs individuels de noix Source : auteur .................circuit opportuniste circuit normal Source : construit par l'auteur à partir des données de SUTTER (2010) * 10 Les étapes : la fragilisation de la noix, le décorticage qui consiste en l'extraction de l'amande, le dépelliculage et la cuisson assaisonnement * 11 Production que l'on pourrait transformer pour des moyens de transformation disponibles * 12 Production si toutefois les facteurs de production étaient utilisés de manière optimale * 13 Rapport entre la production et le nombre d'employés * 14 Ces sociétés réalisent des ventes directes de l'anacarde en Europe, en Asie et en Amérique * 15 Mali, Guinée, Ghana et Côte d'Ivoire * 16 SUTTER Pierre Luc ; Juillet 2010 |
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