Nom : RICHIR
Prénom : Marie-Lise
DE CESF - Session 2015
Mémoire d'initiation à la
recherche
dans le champ professionnel
Titre : Peine de prison, temps de réflexion vers
l'émergence et la concrétisation d'un projet de vie
cohérent
Sommaire
Introduction p.1
Préambule méthodologique p.3
Chapitre 1. La vie derrière les murs p.5
1.1 La prison et sa population hétéroclite p.5
1.1.1 Dates clés de l'histoire des prisons en France
p.5
1.1.2 Quelques chiffres clés p.6
1.1.3 La vie en établissement pénitentiaire p.7
1.1.4 Vivre sa détention au profit de sa
réinsertion
Socioprofessionnelle p.9 1.1.5 Le travail, la formation :
Entre motivation ou besoin
D'occupation p.10
1.2 Les chemins de l'insertion socioprofessionnelle p.12
1.2.1 Les préalables à l'insertion sociale et
professionnelle p.12
1.2.2 L'âge, le métier et la formation p.14
1.2.3 Les liens familiaux : Un point d'ancrage p.14
1.2.4 Les différentes procédures
d'exécutions des peines p.15
1.3 Les moyens humains mobilisables p.18
1.3.1 Les conseillers pénitentiaires d'insertion et de
probation :
Principaux interlocuteurs p.19
1.3.2 Les surveillants pénitentiaires : Priorités
à la sécurité et à
l'insertion p.20
1.3.3 L'éducation : Essentielle dans l'évolution du
projet p.21
1.3.4 Les associations et institutions: Insertion,
formation, soutien p.22
Chapitre 2.Problématique du processus d'insertion
socioprofessionnelle face à un public en
surpopulation dans la carence d'un accompagnement ciblé.
p.25
2.1 Un public dans le besoin d'accompagnement permanent p.25
2.1.1 Un sentiment de solitude p.26
2.1.2 Un sentiment d'impuissance p.27
2.2 Les acteurs de l'insertion socioprofessionnelle: Liens
fragiles dans les
couloirs p.28
2.2.1 Les acteurs de l'intérieur p.28
2.2.2 Les intervenants extérieurs p.29
Chapitre 3.Vers l'émergence d'une hypothèse p.29
3.1 L'hypothèse d'une équipe pluridisciplinaire
p.29
3.2 Pour l'intérêt : des détenus, de
l'administration pénitentiaire p.30
3.3 Travail d'une CESF pour une équipe aux
compétences variées p.30
3.4 Méthodologie d'enquête pour la
vérification de l'hypothèse p.31
Conclusion p.33
Bibliographie Annexes
1
Introduction
D'après la Déclaration des Droits de l'Homme et
du Citoyen de 1789, la liberté, la propriété et la
résistance à l'oppression font partis des droits fondamentaux
dont disposent l'ensemble des citoyens. Nul ne peut en être en principe
privé de ces droits sauf dans le cadre d'une peine d'emprisonnement
prononcée par une juridiction. La privation de ces droits ne dure que le
temps de la sanction pénale.
En effet, l'incarcération ne doit porter atteinte
qu'à la liberté d'aller et venir, cependant la peine de prison
pèse sur de nombreux droits fondamentaux (expression, vie de famille,
droits civiques, intimité, dignité, sexualité,
accès à la santé, à l'éducation et à
la culture ...).
Ainsi, et malgré les propositions et les missions
confiées à l'Administration Pénitentiaire, les conditions
de vie des détenus sont très dures voire inhumaines en raison
d'un manque de moyen humain et financier.
Les conditions de détention fragilisent un peu plus la
population carcérale et rendent difficile la réinsertion tant
professionnelle que sociale. En effet, l'Observatoire National des Prisons
(ONP) constate d'une part, que la peine privative de liberté favorise
l'exclusion, la précarité, et n'est pas adaptée à
la réinsertion professionnelle. Dès lors, le taux de pourcentage
de récidive est en augmentation et par corollaire, les peines
d'emprisonnement pour récidive sont prononcées de plus en plus
(la sanction est doublée en cas de récidive). Ainsi, selon l'ONP,
la prison renforce la marginalisation.
Cependant la prison évolue et l'insertion d'un public
de justice est aujourd'hui bouleversée par de profondes réformes.
La volonté des pouvoirs publics est d'assurer à la fois la
sécurité et de développer l'accompagnement à la
réinsertion des détenus. On assiste donc à la fin de la
peine sanction pour se diriger vers une peine de resocialisation. L'objectif
est d'éviter la récidive.
Dans la mesure où les réformes en cours, les
positions de l'Administration Pénitentiaire et du Ministère de la
Justice mettent l'accent sur la prise en charge du détenu pendant son
incarcération aux fins de la réinsertion sociale et
professionnelle, il est d'actualité de se demander comment s'organise
l'accompagnement des détenus dans les démarches d'insertion
sociale et professionnelle, dans les prisons en France ?
2
Pour aborder cette question, il faut d'une part, comprendre
l'histoire des prisons, son évolution et définir les
priorités de l'Administration Pénitentiaire. Quelques chiffres
vont permettre d'analyser un public hétéroclite et d'en cerner
les problématiques sociales ; D'autre part, appréhender la vie en
établissement pénitentiaire avec ses règles et ses
contraintes.
Ainsi, cette première partie permettra de mieux cerner
le monde carcéral et sa population hétéroclite dont les
chemins vers l'insertion sociale et professionnelle sont différents, ce
qui nécessite des orientations et des axes de travail
individualisés.
Par la suite, mes travaux de recherche tourneront autour des
différents moyens humains au sein des prisons afin de cerner les
services et actions mis en place mais également d'identifier les
institutions et autres associations partenaires à l'administration
pénitentiaire.
Dès lors, nous pourrons nous interroger sur les raisons
de la difficulté de la mise en place d'une réinsertion
socioprofessionnelle et comment organiser l'accès aux sources
d'information disponibles s'offrant aux détenus, avec des moyens humains
présents tout en respectant les restrictions pénales, en
permettant l'optimisation de la mise en place d'une dynamique constructive dans
la création d'un projet de vie cohérent et complet ?
Face à une surpopulation du monde carcéral, les
différents acteurs dans l'insertion sociale et professionnelle sont
débordés. Les détenus se retrouvent dans un sentiment
d'impuissance par le manque de communication, je présuppose qu'en
mettant en place un comité local de suivi constitué d'une
équipe pluridisciplinaire permettrait l'optimisation du panel de
compétences présent en prison, en permettant un suivi
chronologique et régulier pour les détenus dès
l'incarcération.
Préambule méthodologique
1/ Des recherches documentaires pour mieux
appréhender le cadre
Mes recherches ont été faites à l'aide de
plusieurs supports : publications traitant sur les prisons et les missions de
l'Administration Pénitentiaire, législations et publications du
Ministère de la Justice, rapport du Conseil économique et sociale
de 2006, sur « Les conditions de la réinsertion sociale et
professionnelle des détenus en France ». Cette première
phase m'a fait prendre conscience que la pison évolue en fonction de sa
population.
C'est la raison pour laquelle, ma recherche s'est axée
sur la vie en établissement pénitentiaire,
l'incarcération, la cellule, les activités à effectuer
pour mieux appréhender la vie derrière les murs et de
l'accompagnement des détenus.
Cette partie me permet d'approfondir mon enquête en
souhaitant travailler sur les différents chemins de l'insertion sociale
et professionnelle au regard d'un public aux multiples facettes.
J'ai continué ma recherche sur les moyens humains
mobilisables en prison pour permettre l'accompagnement des détenus. J'ai
découvert le SPIP qui est le service pénitentiaire d'insertion et
de probation dont les conseillers ont pour missions d'accompagner les
détenus dans leurs démarches. Ils sont les principaux
interlocuteurs des détenus, d'un niveau bac+2 ces conseillers ont suivi
une formation en école pénitentiaire pour cet emploi. Les
surveillants, formés par l'Ecole Pénitentiaire, ont pour missions
la sécurité et l'insertion des détenus. Pôle emploi,
l'éducation nationale, diverses associations d'insertion de formation ou
d'aide interviennent dans les prisons. Toute cette phase exploratoire m'a
permis de mieux comprendre le fonctionnement et le caractère particulier
du monde carcéral.
2/ L'enquête de terrain : l'outil
indispensable pour se rendre compte de la réalité des
prisons J'ai cherché à comprendre comment
s'organise l'accompagnement des détenus dans leurs démarches.
Travaillant au sein d'une Maison d'arrêt, j'ai demandé
l'autorisation au Directeur de l'établissement pénitentiaire de
pouvoir faire parvenir un questionnaire aux détenus pour qu'ils puissent
me renseigner sur leurs besoins et leurs points de vue sur l'accompagnement
dans les démarches d'insertion sociale et professionnelle auquel ils ont
accès (annexe1). Le questionnaire que j'ai choisi est quantitatif et
qualitatif afin de recevoir des données sur les
besoins et points de vue de chacun. 3
4
J'ai travaillé aux côtés de surveillants
pénitentiaires, j'ai pu m'entretenir sur leur rôle, leurs missions
et ce qu'ils peuvent réellement effectuer en réalité face
à une population de plus en plus nombreuse (annexe2).
Après une demande auprès du directeur du SPIP,
j'ai pu m'entretenir avec une conseillère pénitentiaire
d'insertion et de probation qui m'a fait part de son travail (annexe3), m'a
expliqué le déroulement et l'organisation, les besoins et
règles du système judiciaire mais également de me
préciser les différentes caractéristiques
d'aménagement de peine que les détenus peuvent, sous certaines
conditions, obtenir.
L'échange de mails avec le Conseiller Pôle emploi
a pu permettre de mettre en place des actions et un suivi.
J'ai effectué des entretiens avec des détenus
pour comprendre les ressentis face à un manque d'accompagnement dans
leurs démarches et j'ai souhaité clôturer mes entretiens
avec l'officier ATF, responsable des activités, du travail et de la
formation, dont la grille d'entretien (annexe4) a permis de m'éclairer
sur le fonctionnement de la vie en établissement pénitentiaire
mais également du parcours pour pouvoir bénéficier
d'activités, d'un rendez vous, d'un travail, d'une formation ou autre.
J'ai privilégié la création d'un tableau (annexe5) pour
réunir toutes mes données dans lequel je fais ressortir d'un
côté les moyens humains et actions présentes et de l'autre
les besoins recensés par les détenus et leurs points de vue.
Chapitre 1. La vie derrière les murs
1.1 La prison et sa population
hétéroclite
1.1.1 Dates clés de l'histoire des prisons en
France
L'histoire de la prison en France est aussi l'histoire des
libertés publiques, qui au travers l'évolution et l'acquisition
de droits les personnes incarcérées ont pu voir leurs conditions
s'améliorer. Ce n'est qu'après la seconde guerre mondiale, le
mouvement de la Défense Sociale Nouvelle1 va proposer l'idée que
la peine, pour être efficace, doit être adaptée à la
personnalité de la personne, pour permettre une réinsertion et
non une récidive, une idée exploitée et qui va
évoluer. Dans ce travail de recherche j'ai souhaité expertiser la
vie quotidienne d'un public carcéral qui par sa diversité
regroupe un panel de problématiques les amenant à une insertion
sociale et professionnelle complexe et variée. L'exigence de
réinsertion, et à travers elle, la prévention de la
récidive devient le coeur des missions confiées à
l'administration pénitentiaire, qui est une sous direction du
Ministère de la justice. Cette mission d'insertion2 porte
tant sur l'amélioration des conditions générales de
détention pour favoriser l'accès aux détenus à
l'éducation, à la formation et au travail que sur le renforcement
des dispositifs de préparation à la sortie et de suivi
post-carcéral. En effet, la persistance d'un taux de récidive
élevé dans notre pays a conduit le Conseil Economique et Social
à s'interroger, à la fois, sur les causes de cette situation et
sur les conditions de la réinsertion des détenus en formulant des
propositions permettant de faire une priorité l'accompagnement des
personnes incarcérées.
5
Pour mieux appréhender le monde carcéral, il est
nécessaire d'évoquer les principales avancées dans les
prisons.
Code pénal de 1791 : La prison est un lieu de punition
mais aussi celui de l'amendement du condamné, par le travail et
l'éducation.
1810 : Le Code pénal privilégie le principe de
prison châtiment.
1911 : L'administration pénitentiaire est rattachée
par décret au ministère de la Justice.
Depuis 1795 : date de la loi de création de
l'administration des prisons, elle relevait en effet du ministère de
l'Intérieur.
1/ organisation qui milite pour le droit à la
dignité des détenus
2/ Mission inscrite dans la loi du 22 juin 1987 relative au
service public pénitentiaire
6
1945 : La réforme Amor institue la politique
d'amendement et de reclassement social du condamné. Parmi les 14 points
de cette réforme, on trouve le principe de la modulation des peines et
le principe du travail comme obligation et comme droit.
1959 : Création du sursis avec mise à
l'épreuve.
1975 : Création des centres de détention
orientés vers la réinsertion et le développement des
peines de substitution.
1981 : Abolition de la peine de mort.
1983 : Création de la peine de travail
d'intérêt général. Réforme des droits des
détenus.
1987 : Les missions du service public pénitentiaire
sont précisées. Certaines d'entre elles peuvent être
concédées à des groupes privés.
1994 : Réforme de la prise en charge sanitaire des
détenus.
1999 : Création des services pénitentiaires
d'insertion et de probation (SPIP) regroupant dans une structure unique les
activités liées à la réinsertion.
2002 : Loi d'orientation et de programmation pour la Justice :
sécurisation et humanisation renforcées des établissements
pénitentiaires, 13 200 places de prison vont être construites.
2004 : La loi portant adaptation de la justice aux évolutions de la
criminalité développe les aménagements de peine pour
lutter contre la récidive.
2006-07 : Les nouvelles règles pénitentiaires
européennes, adoptées le 11 janvier 2006 par les 46 États
membres du Conseil de l'Europe, deviennent la charte d'action de
l'administration pénitentiaire.
L'évolution d'une peine sanction vers une peine
réparatrice des problématiques auxquelles font face les personnes
incarcérées mène à l'adoption d'un système
d'accompagnement et d'humanisation des prisons en France.
1.1.2 Quelques chiffres clés
Le Ministère de la justice dispose d'un budget qui
s'élève à 7,98 milliards d'euros en 2015, l'administration
pénitentiaire en est une direction qui gère les
différentes catégories de prison présente sur le
territoire. D'après le rapport trimestriel de janvier 2015, on retrouve
:
? 99 Maisons d'arrêt (avec un taux d'occupation de
130%).
? 25 Centres de détention, orientés vers la
resocialisation des détenus.
? 6 Maisons centrales, axés sur la sécurité
pour accueillir les détenus les plus dangereux.
1/ Source : les chiffres clés de l'administration
pénitentiaire, ministère de la justice, au 1er janvier
2015 7
? 11 Centres de semi-liberté, accueillant les
détenus bénéficiant d'un aménagement de peine.
? 43 Centres pénitentiaires.
? 6 Etablissements pour mineurs.
Au premier janvier 20151, les établissements
pénitentiaires français restent surpeuplés, avec une
capacité de 57 844 places, pour 77 291 personnes
incarcérées (taux d'occupation de 114,6%).
La population pénitentiaire est variée avec un
taux de 21.30% de prévenus et 78.70% de condamnés, parmi eux
96.60% sont des hommes et 3.4% sont des femmes, répartis sur plusieurs
tranches d'âge ce qui représente1:
Moins de 16 ans : 0.10%
16-18 ans : 0.81% 18-21 ans : 6.65% 21-25 ans : 16.73% 25-30 ans
: 20.47% 30-40 ans : 26.90% 40-50 ans : 16.32% 50-60 ans : 8.11% 60 et plus :
3.91%
On constate que 86.8% des peines sont correctionnelles et
13.2% des peines sont criminelles. D»après de rapport du
ministère de la justice pour la prévention de la récidive,
le taux de récidive est passé de 4.8% à 12.1% de 2001
à 2011. Ce rapport indique que le taux de récidive est plus
important pour les personnes n'ayant pas bénéficié d'un
aménagement de peine, des chiffres éloquents qui précisent
que 48% de la population n'ont aucun diplôme, 27% échouent au
bilan de lecture, et parmi les diplômés 80% ont un niveau CAP.
1.1.3 La vie en établissement
pénitentiaire
Les règles pénitentiaires européennes,
adoptées par la France et l'ensemble des États membres
1/ Source : Guide de l'arrivant en établissement
pénitentiaire 8
du Conseil de l'Europe en janvier 2006, constituent un cadre
éthique et une charte d'action pour l'administration
pénitentiaire. Plus nombreuses et plus exhaustives que celles
adoptées en 1987, elles rappellent des principes fondamentaux et des
recommandations pratiques concernant: les conditions de détention, la
santé et l'accès aux soins, le bon ordre, le personnel
pénitentiaire, les inspections et contrôles et le régime de
détention des prévenus et des condamnés.
L'incarcération et la découverte de son nouveau
lieu de vie dans lequel des règles sont à respecter avec un
quotidien rythmé et restreint1.
Dès leur arrivé, les personnes
incarcérées sont pris en charge par le Greffe qui va
délivrer un numéro d'écrou le suivant tout au long de sa
détention, les affaires personnelles sont enregistrées et
déposées dans un coffre à la comptabilité.
Chaque personne est soumise à une fouille, puis une
rencontre avec un responsable de l'administration pénitentiaire permet
de signaler toutes difficultés ou problèmes liés à
la santé, un régime ou blessure. La rencontre avec un conseiller
pénitentiaire d'insertion et de probation (CPIP), a pour objectif
d'aider les personnes placées sous main de justice dans leurs
démarches d'insertion, de contrôler le respect de leurs
obligations imposées par l'autorité judiciaire, d'oeuvrer
à la compréhension de la peine et participer à la
prévention de la récidive. Dès lors, l'entretien avec le
SPIP permet d'évaluer la situation de la personne et de pouvoir
établir son dossier de suivi.
Les personnes sont alors installées au sein d'une
cellule dite « cellule arrivant » dans l'attente de l'attribution
d'une cellule, un règlement intérieur est remis pour informer des
principales règles de vie en détention, des fautes et des
sanctions prévues par le Code de procédure pénale. Il
informe également de la procédure disciplinaire applicable et des
recours possibles. Un guide de l'établissement pénitentiaire est
remis afin d'informer les personnes des différentes possibilités
qui s'offrent à eux, que ce soit pour les activités
proposées, pour l'accès aux différents services
(médical, sport, bibliothèques, rencontre avec les
intervenants...) mais également des différentes démarches
à effectuer pour écrire aux familles, obtenir un parloir, avoir
accès au téléphone, voir son avocat ou effectuer des
achats. L'accès aux différents services ou activités doit
s'effectuer par une demande écrite de la part du détenu, à
remettre à son CPIP ou au chef de détention, qui examinera sa
demande et y apportera une réponse écrite ou une convocation.
L'incarcération rythme et sécurise les personnes
dans un quotidien répétitif les confrontant à un isolement
et des restrictions. Les journées sont rythmées entre sport,
travail, enseignement ou la formation professionnelle ; Les parloirs, le culte
ou autre activité sont proposées par des associations
présentes en prison.
La prison doit répondre, selon le Conseil
économique et Social, a une double logique, punitive d'une part,
puisqu'il s'agit d'accomplir une peine, préventive d'autre part,
puisqu'il s'agit pour la société de se protéger. Au nom
même de la nécessaire protection de la société, il
faut se donner les moyens d'assurer une meilleure réinsertion
socioprofessionnelle des détenus, menant les prisons à avoir une
fonction sociale auprès des personnes incarcérées.
1.1.4 Vivre sa détention au profit de sa
réinsertion socioprofessionnelle
Selon Sophie PINILLA Ramirez1il est important de
préciser que l'intégration ou insertion sociale renvoie à
un processus d'intégration sociale et psychologique d'un individu dans
son propre environnement social et au sein de la société de
manière générale. Dans le domaine pénal et
carcéral, le terme renvoie plus spécifiquement à des
formes d'interventions et des programmes ciblant les détenus afin de
réduire leurs risques de récidive et de les
réinsérer dans la société, pour ce faire la
détention doit permettre aux détenus de pouvoir mettre à
profit cette période pour une insertion socioprofessionnelle
réussie.
Un constat établi par le Conseil économique et
Social2, relate la mission de réinsertion
socioprofessionnelle des détenus qui s'impose à une population
carcérale, très désocialisée, cumulant des
difficultés, qu'elles soient d'ordre sociales ou sanitaires. Il est donc
capital de mettre à profit son temps d'incarcération pour que la
sortie de prison soit anticipée, préparée,
accompagnée en vue de favoriser la réinsertion des personnes
détenues et prévenir ainsi les risques de récidive.
Le service pénitentiaire d'insertion et de probation
est le service chargé d'accompagner les détenus pendant
l'exécution de leur peine, avec l'évaluation et la mise en place
d'un projet défini ils bénéficient d'une prise en charge
individuelle (entretiens) ou collective (programmes de prévention de la
récidive). Les personnels d'insertion et de probation se doivent d'aider
les personnes notamment à:
? préparer leur sortie de prison ;
1/ Avocate à la cour, dans « L'inclusion sociale
et l'insertion socioprofessionnelle des détenus et ex-détenus :
Politique et directives européennes » paru en mars 2014
2/ au cours de la séance du 22 février
2006.
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9
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10
? accéder aux dispositifs d'insertion (Pôle
emploi, missions locales, CAF, mairie, formations, employeur potentiel,
associations extérieures) ;
? rester en contact avec leur famille ;
? accéder aux activités organisées dans
l'établissement.
En collaboration avec des partenaires publics ou associatifs,
l'administration pénitentiaire met en place des dispositifs d'insertion
qu'elle propose aux détenus pour répondre aux missions
confiées par le Ministère de la Justice, dont la priorité
est de lutter contre la récidive par l'accompagnement des détenus
dans leurs démarches d'insertion socioprofessionnelle.
1.1.5 Le travail, la formation : Entre motivation ou besoin
d'occupation
Une période de détention reste un moment
difficile à supporter, il est nécessaire à l'homme de
pouvoir se rendre utile mais l'isolement auquel il fait face reste
délicat et a un impact différent selon la personnalité.
L'administration pénitentiaire doit s'efforcer
d'assurer une activité professionnelle au détenu qui le souhaite.
Le travail procuré à une personne détenue tient compte du
régime pénitentiaire auquel elle est soumise, des besoins de
l'établissement et de la situation locale de l'emploi. Le travail n'est
pas obligatoire, il doit être formulé sur une demande au Chef de
Détention et son CPIP, la direction de la prison est le seul
décisionnaire de l'attribution de l'emploi, la motivation et le
comportement du détenu sont des enjeux importants pour l'obtention d'un
emploi, le poste est ensuite choisi en fonction des capacités de la
personne détenue, de ses perspectives de réinsertion, de sa
situation familiale et de l'indemnisation éventuelle qu'elle doit verser
aux parties civiles.
En effet, le travail est généralement
proposé aux détenus (personnes jugées). Les formes sous
lesquelles l'administration pénitentiaire organise le travail en prison
sont au nombre de trois : - Le régime de concession : l'administration
passe un contrat avec des entreprises à qui elle
procure la main-d'oeuvre pour une production
donnée. - Le régime de Régie Industrielle des
Etablissements Pénitentiaires (R.I.E.P.) : le travail est
accompli sous le contrôle direct de
l'administration - Le régime du service général : il
consiste quant à lui à accomplir des travaux d'entretien à
l'intérieur des locaux de détention.
Le détenu qui travaille en prison peut dépendre
d'une entreprise privée ou directement de son établissement
pénitentiaire, le détenu reçoit sa
rémunération nette sur son compte nominatif, il est
nécessaire de préciser que le Code du travail ne s'applique pas
au travail en détention, ils signent un acte d'engagement et non un
contrat de travail.
Mais comme le dit Sophie SARRE1, les places sont
chères en prison, le travail est l'un des moyens de lutter contre
l'ennemi numéro un du prisonnier, l'ennui. Parce qu'il permet de
bénéficier de remises de peine supplémentaires, parce que
le défraiement qu'il offre permet de cantiner, d'aider peut être
une famille dehors, d'éviter, dedans, de tomber sous le joug des
caïds du lieu ou encore de commencer à indemniser de possibles
victimes. De plaire enfin, au juge d'application des peines, mais cela reste un
parcours de galérien sanctionné par un salaire de sans droits,
mais il ne dit rien du parcours professionnel que le détenu sera capable
d'avoir une fois dehors. L'emploi au dedans et celui une fois sorti
étant sans corrélation, il ne permet pas à une
réelle avancé dans son projet de vie.
Le travail en prison représentant des
rémunérations brutes versées en 2014, de 59 735 540
€, une somme pour 3 894 885 journées travaillées, ce qui
fait une rémunération moyenne journalière de 15.37€
un taux journalier bien faible, mais comme le souligne, Mr N, détenu
travailleur d'un établissement pénitentiaire, même si le
travail ne rapporte pas beaucoup, il permet de s'occuper et d'éviter de
penser. Un réel besoin d'occupation ou besoin de prouver sa motivation :
le travail est essentiel pour le moral des détenus. Selon
l'administration pénitentiaire, en 2014, 23 423 personnes
détenues ont eu en moyenne une activité
rémunérée, ce qui représente un taux d'emploi de
30%. Pourtant, vivre en prison coûte cher et, pour un bon nombre de
condamnés, la rémunération liée à un travail
en détention est la seule ressource possible pour répondre
notamment aux dépenses de cantine. Des formations sont également
présentes en prison, depuis le 1er janvier 2015, l'Etat
transfert des compétences aux régions pour la formation
professionnelle des détenus, le cadre juridique de la formation
professionnelle en détention est défini par plusieurs circulaires
successives (1995-2003-2008) et s'inscrit dans les principes définis
dans la loi pénitentiaire de 2009 et des règles
Européennes que la France applique.
Il est précisé dans le rapport de
l'IGAS2, qu'il est nécessaire de laisser le temps à
l'acculturation réciproque entre les conseils généraux et
l'administration pénitentiaire avec une offre de formation plus
conséquente et orientée vers l'emploi.
Ces actions de formations présentes dans les prisons,
permettent l'accompagnement des détenus dans des formations collectives
ou individuelles afin d'accroitre leurs connaissances
et leurs compétences, en 2014 22 514 personnes
détenus en ont bénéficié, dont :
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11
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1/ Avocate à la cour
2/ Rapport n°2013-124r/IGSJ n°55-13 de
l'inspection générale des affaires sociales
12
? 6033 personnes détenues ayant participé à
une action qualifiante.
? 9855 personnes détenues ayant participé à
une action pré-qualifiante.
? 2 375 personnes détenues ayant participé à
une action de base ou de remise à niveau. ? 4 211 personnes
détenues ayant participé à une action de
préparation à la sortie.
Ce qui représente un total de 3 040 440 heures stagiaires
dont 81% sont rémunérées.
L'exigence de réinsertion, pour prévenir la
récidive est au coeur des missions confiées à
l'administration pénitentiaire, en favorisant le travail et la formation
professionnelle, même si les moyens sont limités ils restent
diversifiés ce qui permet de pouvoir répondre aux missions
confiées.
La réinsertion des détenus étant les
priorités de l'administration pénitentiaire ou de la
région, il est préconisé de continuer à faire
évoluer l'accompagnement des détenus pour lutter contre la
récidive. En ce sens, le rapport du Conseil économique et social
comporte de nombreuses propositions concrètes qui s'articulent autour de
trois orientations majeures :
- Faire de la réinsertion des détenus une
réelle priorité avec des exigences sociales et politiques afin de
briser la chaine des exclusions et de mieux lutter contre la récidive
avec la nécessité de donner un sens à la peine.
- Améliorer les conditions de vie, de formation et de
travail en détention, de renforcer les dispositifs en favorisant la
réinsertion sociale des détenus.
- Renforcer la préparation à la sortie et le suivi
post-carcéral.
1.2 Les chemins de l'insertion socioprofessionnelle
Le mot « insérer » vient du latin «
inserere », signifiant introduire, trouver sa place dans un ensemble.
L'insertion socioprofessionnelle est l'ensemble des rapports de la personne
avec son environnement social.
1.2.1 Les préalables à l'insertion sociale et
professionnelle
Le concept d'insertion est indissociable du concept de
socialisation car pour être inséré, l'être humain
doit intérioriser un ensemble de valeurs, de normes, de règles
communes. Un
13
processus de socialisation permet à l'individu de
trouver sa place dans la société, d'être
inséré socialement. On dénombre deux sortes de
socialisation ; d'abord primaire : l'individu est au sein du cercle familial ;
puis secondaire : l'individu est au coeur de l'espace scolaire, professionnel
et des différents échanges avec autrui.
On retrouve trois catégories qui représentent les
préalables à l'insertion socioprofessionnelle : D'une part, le
suivi médical1qui permet d'offrir aux personnes
détenues, une qualité et une continuité de soins
équivalents à celles dont dispose l'ensemble de la population.
Cette même loi confie aux hôpitaux, les missions de
prévention et de soins des personnes détenues.
Ce suivi médical revête une importance. En effet,
d'après une étude du Ministère de la Santé au moins
un trouble psychiatrique ou une addiction est identifié chez 8 hommes
détenus sur 10, des chiffres préoccupant, surtout que la
circulation de drogues est présente dans les établissements
pénitentiaires. Un rapport de 1996 remis au garde des sceaux souligne
que « l'univers carcéral, lieu de souffrance et d'exclusion,
génère une consommation accrue de produits stupéfiants, y
compris chez les personnes non toxicomanes avant leur incarcération
», même si des antennes toxicomanie sont proposées dans les
prisons, la plupart des détenus qui sortent sevrés, retombent
facilement dans la consommation d'alcool ou de drogue, alors qu'en France seul
un établissement public de santé est destiné à
l'accueil des détenus bien insuffisant.
D'autre part, l'hébergement constitue la seconde
condition pour une bonne insertion mais sans fiche de paye, sans emploi, cela
reste impossible de pouvoir louer un appartement. Ainsi, beaucoup de sortants
sont obligés de passer par des foyers ou autre établissement,
sans autonomie financière comme le dit Mr B.2. Ce
détenu, sans aucun lien familial et sans domicile a
privilégié la semi-liberté pour bénéficier
d'un logement après son travail.
Enfin, la motivation est le troisième
élément essentiel dans l'avancée d'un projet de vie
cohérent. L'état d'esprit, après une incarcération,
est souvent altéré en raison des conditions
d'incarcération et de l'impossibilité de fournir un travail pour
l'ensemble des détenus. Or, la motivation, le travail constitue un
rôle moteur pour obtenir des remises de peines ou des permissions. Par
ailleurs cela permet de lutter contre l'ennui et d'éviter des maladies
psychologiques.
1/ loi de janvier 1994 a confié aux hôpitaux
la mission de soins aux détenus et généralisé leur
affiliation à la sécurité sociale 2/ Détenu de la
Maison d'arrêt de N. ayant bénéficié d'une
semi-liberté pour recherche d'emploi en 2015
14
1.2.2 L'âge, le métier et la formation
Les différentes catégories socio
professionnelles des détenus obligent à recenser le public afin
de mieux les accompagner vers la réinsertion. Il faut tenir compte
notamment de l'âge, du niveau scolaire, de la formation
professionnelle.
A titre d'exemple, 48% de la population carcérale n'a
aucun diplôme, 27% échoue au bilan de lecture. Tant de
différences mènent à des besoins distincts.
On constate également que le taux de récidive
est moins important chez les plus de 26 ans, et que les détenus ayant
déjà exercé une activité manuelle
déclarée ou non souhaitent retrouver ce même emploi.
Cependant, un bon nombre de détenus n'a jamais exercé
d'activité professionnelle. Compte tenu des disparités les
prisons développent des formations professionnelles intra-muros pour
permettre une meilleure insertion à leur sortie. A la Maison
d'arrêt de Nîmes, les formations prioritaires sont portées
sur l'informatique et le nettoyage industriel. Des pré-qualifications
dans les domaines du bâtiment, la restauration, l'hygiène vont
êtres présentes à partir du 1er janvier 2016,
actions financées par la région.
1.2.3 Les liens familiaux : Un point d'ancrage
Le besoin d'accompagnement du détenu varie selon la
situation familiale. En effet, une personne dont la famille à
l'extérieure l'aide et le soutient dans son incarcération, va
pouvoir être aidée au niveau de sa réinsertion. Que ce soit
dans la recherche d'un hébergement, d'un travail ou d'une formation, les
proches vont tout mettre en place et avoir des contacts réguliers avec
le CPIP pour répondre aux conditions de sortie de prison. En
parallèle, des détenus font face à la solitude, sans aucun
soutien extérieur et s'en remettent qu'à eux-mêmes et aux
différents services qui leurs sont proposés. Cependant, avec un
public en surpopulation, les services proposés sont bien faibles face
aux nombreux besoins exprimés. La situation familiale de la personne est
un élément important aussi bien au niveau des services
pénitentiaires que pour le détenu lui-même. Les liens
familiaux sont un point d'ancrage pour l'insertion sociale et le moral de la
personne en détention qui se sent accompagné à
l'extérieur.
Le maintien des liens familiaux, condition fondamentale de la
réinsertion des personnes placées sous main de justice et de la
prévention de la récidive, est une des principales
missions de l'administration pénitentiaire qui l'exerce
en collaboration avec les collectivités territoriales et ses partenaires
(associations, prestataires privés...).
Il s'agit de permettre aux personnes détenues de
conserver leurs rôle et statut au sein de leur famille et aux familles
d'être reçues dans de bonnes conditions lorsqu'elles se rendent
dans les établissements pénitentiaires. L'administration
pénitentiaire met en oeuvre différents dispositifs permettant de
maintenir le lien familial ou amical entre la personne détenue et ses
proches, on y retrouve 1:
· 162 structures d'accueil des familles en attente de
parloir.
· 22 structures d'hébergement de nuit pour
accueillir les familles.
· 65 espaces aménagés pour les enfants dans
les parloirs.
· 73 structures assurent la garde des enfants et 22
accompagnants les enfants aux parloirs.
· 159 associations qui animent les accueils des
enfants
· 85 Unités familiales
Cependant il est nécessaire de préciser que
l'état vétuste de certains établissements
pénitentiaires, ne favorise pas l'accueil des familles, et les parloirs
deviennent vraiment difficiles à supporter. Mr
G.2reçoit sa fille et sa femme une fois par semaine pendant
30 minutes, « Le parloir c'est une grande pièce avec plus de 50
personnes, sans intimité et beaucoup de bruit on est obligé de
parler fort pour s'entendre, c'est un moment que l'on attend avec impatience
mais qui est vécu dans le stress ». A cela s'ajoute-le
contrôle des familles à l'entrée, le passage au scanner
pour vérifier qu'aucun objet ou produits interdits ne
pénètrent. Règles claires et précises de
l'établissement pénitentiaire auxquelles chacun doit
obéir.
1.2.4 Les différentes procédures
d'exécutions des peines.
15
Pour commencer il est important de distinguer les
différentes peines, il existe des peines correctionnelles et des peines
criminelles qui au 1er janvier 20151
représentaient : Peines correctionnelles : 86.8% (52 717)
Durée : moins de 6 mois : 10 429 (19.8%) 6 mois
à 1 an : 11 649 (22.1%)
1/ Sources du rapport annuel de l'administration
pénitentiaire du 1er janvier 2015-07-22 2/ Prévenus
à la maison d'arrêt de N. depuis 14 mois
1
|
an à 3 ans : 17
|
583
|
(33.4%)
|
2
|
ans à 5 ans : 7
|
122
|
(13.5%)
|
|
5 ans et plus : 5 934 (11.3%)
Peines criminelles : 13.2% (8 025)
Durée : 5 à 10 ans : 251 (3.1%) 10 à 20
ans : 5 357 (66.8%) 20 à 30 ans : 1 942 (24.2%) Perpétuité
: 475 (5.9%)
Plusieurs procédures réglementaires existent,
les chemins de l'insertion vont varier en fonction de la procédure
d'exécution de la peine.
Au quatrième semestre 2014, 20 806 libérations
ont été faites et 20.9% des condamnés
écroués ont bénéficié d'un
aménagement de peine, chiffre statistiques de l'administration
pénitentiaire. Il existe plusieurs aménagement de peines ; Pour
commencer la plus courante « La libération en fin de peine, sans
contrainte de justice », celle-ci permet aux personnes de se retrouver
libre totalement. Souvent appliquée au courte peine, cette
libération est vécue comme un choc : se retrouver seul,
désorienté et mal préparé à ce retour,
l'individu a du mal à se réinsérer et le risque de
récidive est important. Rappelons que la taux d'activité de la
population carcérale avant l'incarcération était
inférieur à 58% en 2014. Donc sortir sans emploi c'est un
échec.
« La libération conditionnelle » est une
procédure qui permet aux détenus de pouvoir
bénéficier d'une remise en liberté avant la fin de la
peine. Pour obtenir cette libération les détenus doivent
constituer un projet de vie garantissant une réinsertion certaine. Une
personne en primaire (non récidiviste) peut y prétendre à
la moitié de sa peine tandis qu'un récidiviste peut la demander
au deux tiers de sa peine. Cependant face à une carence dans
l'accompagnement des détenus pour leurs démarches
nécessaires afin de garantir son projet de vie, seul 7 949
détenus ont pu en bénéficier en 2014. Cette
libération fait l'obligation de se rendre aux convocations du JAP (Juge
d'application des peines).
« La semi liberté » est une procédure
permettant aux détenus de travailler, de suivre une formation, suivre un
traitement médical, de rechercher un emploi ou encore contribuer
à la vie de famille et le tout sans surveillance. Placé dans un
centre de semi-liberté le détenu rentre dans sa cellule chaque
soir une fois sa journée terminée. Seuls les détenus ayant
une peine
16
17
1/ Loi du 15 Août 2014 relative à
l'individualisation des peines et renforçant l'efficacité des
sanctions pénales,
inférieure à un an ou restant moins d'un an
d'incarcération peuvent en bénéficier en justifiant d'un
emploi, formation, traitement médical. En France, seuls 11 centres de
semi-liberté sont mis en place. En 2014 seul 1 689 détenus ont pu
en bénéficier.
« La contrainte pénale »1est une
procédure qui s'effectue en milieu ouvert qui s'accompagne d'obligations
et d'interdictions de la personne condamnée, cette procédure vise
à prévenir la récidive. Cette procédure s'applique
aux personnes majeures, auteurs de délits pour lesquels la peine
maximale est inférieure ou égale à 5 ans. Une obligation
de réparer les préjudices causés, interdiction de
rencontrer la victime, obligation de travail ou de formation, se faire soigner
si une injonction de soin a été prononcé,
l'évolution de la personne condamnée fera l'objet d'un suivi
régulier afin d'évaluer et de modifier éventuellement ses
obligations.
« Le placement sous surveillance électronique
» (PSE) est une mesure d'aménagement de peine permettant
d'exécuter une peine d'emprisonnement sans être
incarcéré. Il peut également être
décidé dans le cadre d'une assignation à résidence,
alternative à la détention provisoire, en attendant l'audience de
jugement ou enfin dans le cadre d'une surveillance électronique de fin
de peine (SEFIP). Cette mesure repose sur le principe que la personne s'engage
à rester à son domicile (ou chez quelqu'un qui l'héberge)
à certaines heures fixées par le juge. La personne porte le
bracelet à la cheville. Si elle sort de chez elle en dehors des heures
fixées, un surveillant pénitentiaire est aussitôt averti
par une alarme à distance.
Le PSE permet d'exercer une activité professionnelle,
de suivre un enseignement, une formation professionnelle, un stage ou un emploi
temporaire, de rechercher un emploi, de participer de manière
essentielle à sa vie de famille, de suivre un traitement médical
ou de s'investir dans tout autre projet d'insertion ou de réinsertion de
nature à prévenir les risques de récidive.
Depuis le 1er janvier 2011, les personnes qui n'ont pas pu
bénéficier d'un aménagement de peine sont placées,
sous certaines conditions, en surveillance électronique de fin de peine
(SEFIP), pour les dernières semaines, au maximum les quatre derniers
mois. Les horaires de sortie du domicile sont réduits à 4 heures
par jour maximum afin de permettre une démarche d'insertion (recherche
d'emploi...). En 2014, 10 030 détenus ont bénéficié
de cette mesure.
Seule les personnes détenues condamnées
à une peine d'emprisonnement et ayant un projet sérieux
d'insertion ou de réinsertion peuvent bénéficier d'un
placement sous surveillance électronique (PSE): si leur peine ou le
cumul de peines est inférieur ou égal à deux ans ou un an
si la personne est récidiviste, si la durée de peine restant
à effectuer est inférieure ou égale
18
à deux ans ou un an si la personne est
récidiviste, ou pour préparer une éventuelle
libération conditionnelle
Pour la surveillance électronique de fin de peine, en
bénéficient automatiquement, depuis le 1erjanvier
2011, les personnes détenues n'ayant pas pu bénéficier
d'un aménagement de peine : si la durée ou le cumul de peine
n'excède pas cinq ans, s'il reste 4 mois, ou pour les peines
inférieures à 6 mois, s'il reste les deux tiers de la peine
à effectuer sauf en cas d'incompatibilité entre la
personnalité et la nature de la mesure, de risque de récidive, de
refus de la personne condamnée ou d'impossibilité
matérielle.
Les personnes condamnées dites « libres »
est une personne condamnée par le tribunal à une peine
d'emprisonnement ferme mais qui n'a pas encore commencé à
l'exécuter, elle peut bénéficier d'une mesure de PSE, si
la peine ou le cumul des peines prononcé est inférieur ou
égal à deux ans ou un an si elle est récidiviste.
1.3 Les moyens humains mobilisables
En prison, la présence de nombreux professionnels aux
compétences et aux missions diversifiées accompagnent les
détenus dans leur incarcération.
Mais il est important d'expliquer les missions du juge de
l'application des peines (JAP) qui est un magistrat du siège du tribunal
de grande instance compétent pour fixer les principales modalités
de l'exécution des peines privatives de liberté ou de certaines
peines restrictives de liberté, en orientant et en contrôlant les
conditions de leur application . Son rôle consiste donc à
superviser la manière dont la peine va être appliquée
à une personne condamnée.
Le JAP possède une compétence territoriale qui
s'étend aux établissements pénitentiaires se situant dans
le ressort de son TGI (Tribunal de grande instance), ainsi qu'aux
condamnés en milieu ouvert résidant habituellement dans ce
ressort.
Il est chargé de déterminer les
modalités du traitement pénitentiaire de chaque condamné :
il peut ainsi ordonner, modifier, ajourner ou révoquer les mesures de
sursis avec mise à l'épreuve, de permission de sortie, de
semi-liberté, de libération conditionnelle, etc.
Pour assurer ces diverses missions, le JAP peut
procéder sur l'ensemble du territoire national à des actes
d'enquête, et peut mandater des travailleurs sociaux. Le JAP a
également la possibilité de décerner des mandats (d'amener
ou d'arrêt), afin de s'assurer de la présence d'un condamné
qui ne respecterait pas ses obligations ou serait en fuite.
1/ CPIP à la Maison d'arrêt de N.
Il est assisté dans sa mission par le Service
pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP), et la commission
d'application des peines qu'il préside et dont le Procureur de la
République et le chef d'établissement pénitentiaire sont
membres de droit.
À l'exception de certaines mesures (réduction
de peine et permission de sortie), les décisions du JAP sont rendues
après avis du représentant de l'administration
pénitentiaire et à l'issue d'un débat contradictoire tenu
en chambre du conseil au cours duquel le procureur, le condamné et son
avocat sont entendus.
1.3.1 Les conseillers pénitentiaires d'insertion et de
probation (CPIP): Principaux interlocuteurs.
Les services pénitentiaires d'insertion et de
probation comptent 4 538 personnes, en 2014 répartis sur 103 services,
la mission essentielle du CPIP est la prévention de la récidive,
à travers :
? l'aide à la décision judiciaire et
l'individualisation des peines, ? la prévention de la
récidive,
? l' (ré) insertion des personnes placées sous
main de Justice, ? le suivi et le contrôle de leurs obligations.
Les CPIP évaluent et mettent en place un suivi
adapté pour chaque personne condamnée ou prévenue. Ils
aident à la décision judiciaire et à l'individualisation
des peines, notamment grâce aux aménagements de peine. Ils
accompagnent aussi les personnes détenues à préparer leur
sortie de prison et leur réinsertion sociale. Ils sont les principaux
interlocuteurs du détenu. Attribué dès
l'incarcération, le détenu peut demander des informations ou
rencontrer son CPIP par une demande formulée par courrier. Cependant les
CPIP font face à un accroissement de la population carcérale et
ne peuvent fournir un accompagnement complet, comme me l'explique Mme
G.1, « je rencontre les détenus dès
l'incarcération une évaluation et un bilan sont effectués.
Pendant l'incarcération nombreuses sont les demandes des détenus,
mais je les reçois essentiellement si ils arrivent en fin de peine ou si
des démarches concrètes ont été effectuées
de leur côté, ils sont trop nombreux », mais comment peuvent
faire les détenus pour apporter un projet de vie cohérent quand
toutes les demandes de démarches passent par l'approbation du CPIP qui
accepte de constituer un dossier pour le présenter au
19
JAP, ce qui me semble assez difficile dans des conditions
d'enfermement et de communication limitée voir restreinte.
1.3.2 Les surveillants pénitentiaires : Priorités
à la sécurité et à l'insertion
Les surveillants prennent en charge les personnes
confiées par les autorités judiciaires, en assurent la garde et
la surveillance. C'est eux qui par leur organisation au sein de
l'établissement, rythment le quotidien des détenus entre la
distribution des repas, des cantines, ou les douches, les promenades, les
activités, les courriers.
Au contact quotidien des personnes détenues, les
personnels de surveillance participent à leur réinsertion aux
côtés des services pénitentiaires d'insertion et de
probation (SPIP) et des partenaires, en organisant l'accueil et
l'accompagnement des personnes dans les services demandés. En 2014, la
présence de 26 734 surveillants au service des établissements
pénitentiaires, permet de faire vivre la prison Mais ce nombre reste
bien faible avec du personnel souvent débordé de travail dans des
établissements en surpopulation. Cette situation gène au bon
déroulement des actions, comme Mme R.1 le dit : On n'a pas la
possibilité de s'occuper de notre mission d'insertion comme il le
faudrait. Le manque de personnel ne permet pas de cibler le public comme il le
faudrait. Dès lors, les détenus sont placés directement
dans des formations sans l'avoir voulu ou n'ayant pas la capacité d'y
participer,. Nous recevons une liste de détenus lesquels doivent
descendre dès 8h du matin. Après, nous veillons au bon
déroulement de la journée, mais nous n'avons aucun droit de
regard sur la sélection. Seuls l'officier responsable des
activités et le SPIP sont décisionnaires dans l'obtention d'une
formation ou d'une activité.
De plus, l'officier ATF2., souligne justement que
les plannings des actions ne sont pas communiqués à temps afin
d'organiser le recrutement et de mieux cibler les personnes en se
réunissant avec le SPIP. Mais comme le souligne Mme S.3 dans
le cahier des charges des actions, il est indiqué qu'une information
collective doit être effectuée suivi d'un entretien individuel,
pour mener à un recrutement ciblé par le formateur ou
coordinateur de l'action. Ce qui n'est pas le cas car l'établissement
pénitentiaire veut être le seul à pouvoir recruter les
personnes. En effet, certains détenus ne doivent pas êtres
placées avec d'autres et c'est compliqué à gérer
avec peu de temps et peu de moyens humains. Comme le précise Mr
G.4ayant bénéficié d'une formation informatique
pour obtenir un brevet informatique « Je n'ai pas eu d'information
collective, je n'étais pas au courant un matin le surveillant est venu
me chercher dans ma cellule pour descendre aux activités et il m'a
placé dans une salle
1/ Surveillant à la Maison d'arrêt de N
20
2/ Officier responsable activités, formations et
travail à la Maison d'arrêt de N
3/ Conseillère en économie sociale et
familiale pour une association d'insertion et de formation 4/ Détenus
à la Maison d'arrêt de N.
21
informatique et la formation démarrait, alors que ce
brevet je l'ai déjà obtenu lors d'une formation à
l'extérieure, on est des pions pas plus pour eux ».
1.3.3 L'éducation : Essentielle dans
l'évolution du projet
Plus de la moitié des personnes détenues se
situent au mieux à un niveau de fin d'études primaires et ne
disposent pas de réelle qualification professionnelle. Le taux
d'illettrisme de la population détenue est d'environ de 10,9 %, Il est
supérieur à la moyenne nationale. La formation, qu'elle soit
générale ou professionnelle, constitue l'un des outils essentiels
de la réinsertion.
Une convention est signée le 8 décembre 2011
par le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie
associative et le ministre de la justice et des libertés
réorganisant les conditions d'intervention de l'éducation
nationale dans les établissements pénitentiaires et
redéfinit les modalités de partenariat mises en oeuvre entre les
deux ministères. La présente circulaire précise les
principales orientations. L'enseignement en milieu pénitentiaire doit
être adapté aux caractéristiques propres des publics
concernés, caractérisés par leur
hétérogénéité et l'importance relative des
plus bas niveaux. Il définit comme prioritaires les publics pour
lesquels une obligation d'enseignement est prévue. Il est enfin
structuré, pour chaque personne détenue, par un parcours de
formation individualisé. L'enseignement en milieu pénitentiaire
s'inscrit dans une perspective d'éducation permanente, de poursuite ou
de reprise d'un cursus de formation et de préparation d'un
diplôme. Sa finalité est de permettre à la personne
détenue de se doter des compétences nécessaires pour se
réinsérer dans la vie sociale et professionnelle. La prise en
charge des mineurs et la lutte contre l'illettrisme constituent ses
priorités. Rappelons que 48% des personnes détenues n'ont aucun
diplôme et que 80% ne dépassent pas le niveau CAP, 27%
échouent au bilan de lecture, chez les jeunes détenus de plus de
18 ans, 80 % d'entre eux sont sans diplôme et près de 40 % se
trouvent en échec au bilan lecture.
En 2013, 21,6% de la population carcérale a pu suivre
un encadrement scolaire au sein des prisons. Le code de procédure
pénale, article D.436-2 prévoit que dans tout
établissement, les détenus peuvent recevoir et suivre les cours
par correspondance organisés par les services du ministère de
l'éducation nationale. Cet enseignement à distance offre la
possibilité de suivre des formations particulières non
dispensées dans le cadre de l'unité locale d'enseignement ou en
complément de l'action des unités locales. Au cours de «
l'année scolaire » 2012-2013, 3 697 détenus (majeurs
majoritairement) ont suivi des cours par correspondance, avec
1/ loi pénitentiaire du 24 novembre 2009, en son
article 3 22
l'association AUXILIA, 67%, le Centre national d'enseignement
à distance (CNED), 15 %, et d'autres organismes, 18 %.
Le GENEPI (Groupement étudiant national d'enseignement
aux personnes incarcérées) souhaite favoriser le
décloisonnement des institutions carcérales par la circulation
des savoirs entre les personnes enfermées, ses bénévoles
et la société civile. Cet engagement va de pair avec une
conscience militante des enjeux politiques liés aux différents
lieux d'enfermement. Chaque année, 1 200 bénévoles du
GENEPI écartent les barreaux de la prison pour recréer un lien
entre la société et les personnes incarcérées et
proposer des ateliers socio-éducatifs.
Tout est mis en oeuvre pour permettre aux détenus
d'accéder à un accompagnement dans l'évolution de meurs
savoirs et de leurs compétences pour pallier à l'illettrisme et
de mener les personnes incarcérées à devenir autonome dans
leurs démarches.
1.3.4 Les associations et institutions: Insertion,
formation, soutien
Le développement et la diversification du
réseau partenarial de l'administration pénitentiaire tant au
niveau national, régional que départemental demeure un relai
indispensable pour les services pénitentiaires d'insertion et de
probation (SPIP) dans la mise en oeuvre des politiques d'insertion au profit
des personnes placées sous main de justice.
Au niveau central, l'administration pénitentiaire
accomplit ses missions en complémentarité avec de nombreuses
associations. La contribution des associations au service public
pénitentiaire est d'ailleurs soulignée1: « le
service public pénitentiaire est assuré par l'administration
pénitentiaire sous l'autorité du garde des sceaux, ministre de la
justice, avec le concours des autres services de l'Etat, des
collectivités territoriales, des associations et d'autres personnes
publiques ou privées ». Les associations partenaires interviennent
dans de nombreux domaines auprès des personnes détenues : elles
mettent en place des activités (enseignement, formation, culture,
sport), elles leur apportent une écoute et des relations avec
l'extérieur (visiteur de prison...), elles contribuent à
prévenir les risques à l'éducation pour la santé,
elles les aident à préparer un retour à la vie libre
(logement, accompagnement social...), elles oeuvrent au maintien des liens avec
les familles (accueil et accompagnement de celles-ci, des enfants...), elles
accompagnent les personnes âgées, isolées,
handicapées, hospitalisées, et luttent également contre
toute forme de discrimination. Le travail avec les partenaires associatifs,
comme avec d'autres partenaires publics ou privés, contribue à
élargir le nombre d'opportunités dans le cadre de la
prévention de la récidive et de l'inclusion sociale. Trouver du
travail est primordial afin de se réinsérer dans la
société
23
et l'administration pénitentiaire est partenaire de
Pôle emploi depuis 1993 sur cet aspect de la réinsertion, en 2012,
5 924 sur 18 917 personnes détenues suivies par des conseillers
pôle emploi justice, ont obtenu une solution d'insertion professionnelle
dès leur sortie. En 2014, 18 709 détenus ont été
reçu en entretien et en suivi par un conseiller Pôle emploi, dont
5 044 (27%) ont trouvé une solution d'insertion :
? 954 ont pu bénéficier d'un emploi
? 732 ont intégré une formation professionnelle
? 1 160 ont bénéficié d'une prestation
Pôle emploi
Cependant les chiffres sont éloquent, rappelons qu'en
2014 l'administration pénitentiaire déclare 77 291 personnes
incarcérées pour seulement 145 conseillers pôle emploi, ce
qui est insuffisant et porte à compromettre l'évolution des
démarches d'insertion professionnelle. En effet, les conseillers
pôle emploi ont aptitude pour établir des fiches de prescription,
ou donner accès à des contrats de travail aidés,. Mais le
manque de moyen humain entraine un retard dans les demandes des détenus
ce qui a une incidence sur les dossiers d'aménagements de peine. Mr B.
détenu ayant bénéficié d'une semi liberté
pour recherche de travail à la Maison d'arrêt de N. explique que
ses deux premières demandes ont été refusées car
les possibilités de rendez-vous avec le conseiller pôle emploi
était d'un mois après sa convocation au débat
contradictoire pour sa demande d'aménagement de peine. Du coup il n'a
pas eu la possibilité de rentrer en formation qu'il avait trouvé
lors de sa participation à l'action PPVA (Préparation
professionnelle à la vie active) et à essuyait un refus du JAP
pour la demande d'aménagement de peine. Un échec
démoralisant que les détenus vivent au quotidien.
On peut également retrouver des associations comme :
? A.N.I.T (Association nationale des intervenants en
toxicomanie) qui favorise les échanges et la réflexion sur la
prévention de la toxicomanie en organisant des rencontres et des
colloques, en représentant les intervenants français dans les
rassemblements internationaux. Par le biais des centres de soins
spécialisés pour toxicomanes, elle mène un travail
important avec le milieu pénitentiaire.
·
24
L'A.N.V.P (Association nationale des visiteurs de prison) qui
sont des personnes bénévoles qui se rendent disponibles pour
rencontrer des personnes incarcérées, particulièrement
celles qui sont isolées et leur apporter un réconfort moral, une
écoute des connaissances ou un savoir-faire, voire les aider dans leur
projet de sortie. Ils peuvent intervenir auprès de toutes les personnes
incarcérées, hommes ou femmes, majeurs ou mineurs
condamnés ou prévenus. Les visites se déroulent dans les
parloirs-avocats. Les détenus que les visiteurs sont amenés
à rencontrer leur sont désignés par le service
pénitentiaire d'insertion et probation de l'établissement.
· Le CLIP (Club informatique pénitentiaire),
l'association a pour but d'initier à l'informatique et la formation
à la programmation de personnes incarcérées dans une
perspective de réinsertion, de toute autre personne du monde
pénitentiaire ou non, notamment les publics en difficulté, dans
un souci de toucher le plus large public et d'ouvrir le système
carcéral sur la vie du monde extérieur. Elle participe à
toute action ayant un support avec l'informatique ou la réinsertion de
personnes incarcérées ou ayant été
incarcérées.
· On peut également retrouver la Croix Rouge
Française mobilise ses unité locales en menant des actions de
sensibilisation, formation et soutien technique et en diffusant des outils
méthodologiques.
· Le courrier de Bovet, association fondée en
1950, a pour objectif d'apporter un soutien moral aux personnes
incarcérées, par l'échange de correspondance.
· F.A.R.A.P.E.J (Fédération des
Associations Réflexion-Action-Prison et Justice) qui regroupe des
associations qui développent des activités diverses auprès
des personnes sortant de prison, des personnes incarcérées et de
leurs familles et qui mènent également de nombreuses
interventions auprès des collectivités locales afin de faciliter
la mise en oeuvre des sanctions pénales alternatives à
l'incarcération.
· La Fédération Relais Parents Enfants
développe des outils psychoaffectifs adaptés pour aider au
maintien du lien entre l'enfant et son parent incarcéré afin que
la séparation ne soit pas vécue comme un abandon. L'intervention
des équipes des Relais permet d'animer différents types d'action
: des ateliers d'expression et de parole auprès des mères
détenues, des permanences éducatives, des accompagnements
d'enfants au parloir, des animations d'espaces-enfants en détention et
des permanences éducatives avec des groupes de pères.
25
? Les Associations d'insertion et de formation professionnelle
subventionnées par le Conseil régional, interviennent sur
différents dispositifs, qualifiants, non-qualifiants, d'orientation ou
développement des techniques de recherche d'emploi par le biais de
l'outil informatique.
Un ensemble de professionnels permet un accompagnement complet
des détenus avec des compétences variées. Cependant
l'administration pénitentiaire fait face à une surpopulation qui
entraine un manque de moyen humain pour permettre aux détenus
d'élaborer un projet de vie cohérent et permettre à une
équipe pluridisciplinaire d'être complémentaire. En
adéquation avec les missions de l'administration pénitentiaire,
l'évolution de la peine a permis de prendre conscience des
difficultés et apportent des propositions cohérentes et
variées, pour accompagner les personnes dans leur insertion
socioprofessionnelle en prévention de la récidive qui est au
coeur des priorités du Ministère de la Justice.
Chapitre 2 : En quoi le processus d'insertion socioprofessionnelle est
affecté face à un public en surpopulation dans la carence
d'un accompagnement ciblé ?
|
Dans ce travail de recherche portant sur l'organisation de
l'insertion sociale et professionnelle des détenus en France, l'analyse
du cadre, du public accueilli, des partenaires et du fonctionnement a permis de
faire ressortir des éléments essentiels permettant de mieux
appréhender cet univers carcéral. Cette phase exploratoire a
permis de comprendre l'évolution de la peine de prison, de pouvoir
identifier un public hétéroclite faisant ressortir des
problématiques dans divers champs de la vie quotidienne qui font frein
dans leur insertion sociale et professionnelle, et d'avoir pu approfondir les
chemins essentiels à la création d'un projet de vie
cohérent pour un accompagnement optimal. Le travail m'a amené
à analyser l'administration pénitentiaire et son fonctionnement
et d'avoir pu faire ressortir les moyens humains mobilisables pour
répondre à la mission d'insertion sociale et professionnelle des
détenus, confiée par le Ministère de la justice. Ces axes
de travail m'ont permis de pouvoir identifier un problème de
surpopulation, cependant malgré des chiffres éloquents, les
services et les actions en faveur des détenus présents dans les
prisons sont nombreux et permettent un accompagnement complet dans la
création d'un projet de vie cohérent, malgré tout ce
panel
26
de compétences la surpopulation carcérale
entraine une carence dans l'individualisation de l'accompagnement. D'où
ma problématique « En quoi le processus d'insertion
socioprofessionnelle est affecté face à un public en
surpopulation et la carence d'un accompagnement ciblé ?
»
Dans cette problématique il est nécessaire de
préciser en quoi le sentiment de solitude et d'impuissance
démotive les détenus dans les démarches d'insertion
sociale et professionnelle et d'axer ma recherche sur les intervenants et les
liens dans l'accompagnement.
2.1 Un public dans le besoin d'un accompagnement
2.1.1 Un sentiment de solitude
Les détenus sont souvent en grande difficulté
sociale avant leur incarcération isolement social, problèmes de
santé physique et psychique, problèmes de dépendance aux
substances psychotropes, abus physiques et psychiques, faible niveau de
scolarisation, absence de ressources, problème de logement, etc. Les
effets de l'emprisonnement contribuent souvent à les exacerber et vivent
un sentiment de solitude et d'exclusion de la société.
Avec un enfermement dans une cellule de 9m2, dont
l'attente infernale qui n'en finit pas, derrière une porte toujours
fermée que ce soit pour une visite, une lettre, un parloir, un mandat,
la livraison d'une cantine, de l'avocat qui semble vous avoir oublié,
d'une réponse à une demande qui s'éternise et les renvoie
à leur impuissance, toujours à la merci du bon vouloir des
autres.
Un enfermement lié aux obstacles à la relation
et à la communication : lenteur pour que le courrier soit
acheminé, pour recevoir des nouvelles qu'on attend avec impatience et
qui n'arrivent pas sans qu'on sache pourquoi, l'angoisse de la situation.
Un enfermement moral : l'esprit constamment encombré
par l'affaire qui a conduit la personne détenue en prison et la rend
incapable de parler d'autre chose. Ainsi la conversation tourne autour de
l'affaire avec un besoin intarissable de parler dans l'espoir d'avoir une
oreille attentive qui ne juge pas.
Un enfermement dû à l'identification au crime ou
au délit qui a conduit à la prison. L'étiquette de voleur,
criminel, violeur, pédophile va les suivre pendant toute leur
incarcération et même après. Vous l'entendez ou le lisez
comme moi dans les médias : cette pression de l'opinion publique dans
une démarche sécuritaire poussée à l'extrême,
qui
1/ Formatrice sur une action PPVA (préparation
professionnelle à la vie active), financée par la région,
à la Maison d'arrêt de N. 27
stigmatise les pédophiles et refuse, après qu'il
ait purgé sa peine, qu'il puisse un jour être dehors. Cela
exacerbe leur souffrance.
Un enfermement lié aux comportements déviants,
à l'addictologie ou dû à la fragilité, la
vulnérabilité, la peur de l'autre qui paralyse.
Ces multiples enfermements sont autant d'entraves à la
liberté et causes de réelles séquelles sur la motivation,
comme le dit très justement Mr J. ancien détenu, la prison on y
rentre seul et on est seul pour s'en sortir.
Ces obstacles freinent leur insertion sociale et
professionnelle, malgré une motivation de vouloir sans sortir. Ils sont
souvent confrontés à des échecs dans leurs
démarches qui s'éternisent ou ne trouvent pas de réponses.
Ils se sentent abandonnés dans une spirale ou d'un côté ils
doivent remplir des conditions pour obtenir leur sortie et de l'autre
coté, ils sont impuissants face à une administration qui les
restreint et les pousse à s'isoler un peu plus avec un sentiment de
n'être qu'un numéro parmi tant d'autres.
2.1.2 Un sentiment d'impuissance
La détention est rythmée par des journées
proposant des activités et des actions en faveur des détenus.
Tout est mis en place pour essayer de répondre aux besoins et aux
manques des détenus, le sport, la lecture, le culte mais
également la formation, le travail, l'accompagnement. Cependant les
détenus ne sont pas informés de toutes les possibilités
qui s'offrent à eux. Enfermés dans leur cellule ils savent qu'ils
doivent travailler, essayer de participer à des activités ou
action pour pouvoir plaire au JAP en présentant un dossier exemplaire.
Mais ce raisonnement ne répond pas aux priorités de lutte contre
la récidive. Au contraire les détenus ne le font pas pour
travailler leur projet de vie mais plutôt pour sortir le plus rapidement,
certain détenu participe à des formations qui ne leur sont pas
utiles, de plus le recrutement se fait au bon vouloir de l'officier ATF
(activités, travail, formations), et du CPIP. Mme R.1souligne
que cette action a pour objectif de travailler avec les détenus sur leur
projet professionnel, le public doit être ciblé : ceux arrivant en
fin de peine ou avec possibilité d'aménagement de peine. Il
arrive souvent que ses stagiaires sont des prévenus ou des
détenus en début de peine, « à quoi ça sert de
trouver un emploi ou une formation pour une personne qui sort dans 5 ans ou qui
n'est même pas jugé, l'accompagnement n'est pas le même
», mais également qu'il arrive parfois que les détenus
inscris dans une de ses formations sont absents car le surveillant n'est pas
venu le chercher alors que eux les attendaient. Un profond sentiment
d'impuissance face à une réalité bien loin des
priorités malgré des efforts et la
28
poursuite de propositions, les détenus sont dans
l'incapacité de pouvoir faire évoluer leur projet comme ils le
souhaiteraient. Ce qui engendre l'isolement de ces personnes qui se retrouvent
bloqués face à tant d'obstacles.
2.2 Les acteurs de l'insertion socioprofessionnelle:
Liens fragiles dans les couloirs
L'accompagnement dans les démarches d'insertion sociale
et professionnelle des détenus fait partie des priorités aussi
bien de l'administration pénitentiaire : des CPIP, des surveillants, que
de toutes les associations qui oeuvrent pour l'aide au détenus dans les
démarches de formation, d'insertion. Tous ces acteurs du quotidien
présent en milieu fermé se trouvent souvent confrontés aux
restrictions pénitentiaires (horaires, attente interminable),
empêchant une possibilité d'accroître les liens entre les
acteurs. La surpopulation carcérale entraine une carence
d'accompagnement des détenus, les services pénitentiaires
d'insertion et de probation sont limités pour effectuer un suivi
régulier et optimal et également un manque de temps avec les
autres services ou partenaires pour coordonner l'offre et la demande afin de
mieux cibler les besoins du public et d'apporter un accompagnement concret.
Les intervenants extérieurs ont pour atouts
d'être neutres donc mieux appréciés par les personnes
incarcérées leurs permettant de se libérer l'esprit avec
des activités ludiques et culturelles.
2.2.1 Les acteurs de l'intérieur
Les CPIP et les surveillants pénitentiaires sont les
principaux interlocuteurs du public, cependant les éléments
qu'ils recensent ne sont pas les mêmes, entre les CPIP qui les suivent au
niveau administratif, prise de contact avec les familles pour conserver les
liens familiaux, juridique. Des missions nombreuses qui leurs permettent de
définir certaine caractéristiques des personnes, cependant les
surveillants vivent le quotidien des détenus, dans leurs interrogations,
leurs fragilités ou même la colère qu'ils ont, des
informations essentielles à prendre en compte pour orienter les
personnes.
Le service médical présent est un
complément d'information essentiel également pour aider la
personne selon le profil.
29
2.2.2 Les intervenants de l'extérieur
Un atout majeur pour ces intervenants qu'ils viennent pour
apporter leur soutien et aide aux personnes incarcérées, ce qui
leur permet de pouvoir se libérer de cette vie au cours d'un instant
avec des activités ludiques, culturelles l'offre est intéressante
avec des formations qualifiantes ou non, l'éducation nationale qui
permet des remises à niveau et de préparer les personnes aux
examens (BAC- Brevet), la possibilité de passer son code ou encore
s'initier à l'informatique ou encore être accompagné sur la
construction de son projet de vie avec des actions individuelles ou collectives
;
Beaucoup de professionnels présents mais
également tant de possibilités à faire et à mettre
en place intra-muros, mais les liens restent fragiles entre les intervenants,
ils se croisent dans les couloirs et n'échangent que trop peu pour unir
leurs compétences au profit des détenus.
Malgré une surpopulation carcérale la
présence d'un grand nombre professionnels doit pouvoir permettre de
répondre aux besoins des détenus, car l'offre est
présente, la demande est très nombreuse, mais comment
organiser l'accès aux sources d'information disponibles s'offrant aux
détenus, avec des moyens humains présents tout en respectant les
restrictions pénales, en permettant l'optimisation de la mise en place
d'une dynamique constructive dans la création d'un projet de vie
cohérent et complet ?
Chapitre 3. Vers l'émergence d'une
hypothèse
3.1 L'hypothèse
Je présuppose que depuis plusieurs années
l'objectif de la peine de prison a changé. Maintenant la priorité
est à l'insertion sociale et professionnelle, d'effectuer un
accompagnement individualisé pour lutter contre la récidive. De
nombreuses actions sont présentes sur notre territoire et tout est mis
en oeuvre pour permettre de répondre aux missions confiées, mais
face à une surpopulation carcérale, il est nécessaire
d'organiser et de coordonner tous ces acteurs du quotidien pour optimiser le
panel de compétences qui s'offre aux détenus pour permettre un
accompagnement complet dans leur projet de vie.
Mon hypothèse est alors la suivante : La mise
en place d'un comité de suivi constitué d'une équipe
pluridisciplinaire permettrait l'optimisation du panel de compétences
présent en prison, en permettant un suivi chronologique et
régulier pour les détenus dès
l'incarcération.
La coordination des différents dispositifs mis en place
au sein des prisons pourrait permettre la redéfinition du rôle
propre à chaque intervenant, dans l'objectif d'organiser et
d'améliorer le processus d'accompagnement des détenus dans leurs
démarches d'insertion sociale et professionnelle. Cela permettrait aux
détenus un soutien et une évolution cohérente pour
préparer leur sortie.
Cette coordination d'équipe permettrait la
création d'un comité de suivi qui réunirait les
compétences et réseaux pour favoriser la diffusion de
l'information, tout en respectant le cadre éthique du code
déontologique dont régit l'administration
pénitentiaire1
Au sein d'une telle organisation il serait intéressant
de penser que les compétences d'une CESF permettraient la
création de cette coordination pluridisciplinaire.
3.2 Pour l'intérêt : des détenus,
de l'administration pénitentiaire
La mise en place d'une équipe aux compétences
variées permettrait un réel accompagnement dès
l'incarcération, l'intérêt de cette mise en place est de
pouvoir orienter les personnes incarcérées en les rendant acteurs
dans la construction de leur projet de vie tout en établissant avec lui
une chronologie logique des axes d'orientation avec l'offre présente et
possible. Un soutien leur permettant de planifier leur peine et d'en fixer
leurs objectifs va leurs permettre de se sentir aidés et
accompagnés par des professionnels, dans des démarches bien
souvent difficiles à effectuer selon les personnes.
L'intérêt de cette équipe pour
l'administration pénitentiaire est multiples, d'une part la coordination
et la planification des actions permettraient l'allègement du travail
par le service compétent (officier responsable), effectuer un compte
rendu régulier avec le SPIP pour transmission des éléments
nouveaux ou des priorités, un accompagnement régulier afin de
permettre une insertion sociale et professionnelle stable pour une sortie
réussie, permettrait de faire baisser des taux de récidive qui
est au coeur des missions de l'administration pénitentiaire et par
conséquent faire baisser le taux d'occupation des prisons qui est bien
trop haut.
30
1/ Code de déontologie du service public
pénitentiaire, Décret n° 2010-1711 du 30 décembre
2010
31
3.3 Travail d'une CESF pour une équipe aux
compétences variées
Dans cette équipe une CESF a toutes les
compétences requises pour cet emploi, avec ses missions d'organisation,
de coordination en travaillant sur des projets de développement sociale
du territoire, en s'appuyant sur des démarches de partenariat. La
coordination d'une équipe et de ses actions en analysant et
diagnostiquant les besoins des personnes afin d'apporter une orientation
adéquate au profil.
Son rôle va également de développer un
partenariat avec les possibilités présentes sur la région
pour permettre de mettre en place d'autres actions et d'autres interventions,
permettant de proposer plus d'activités pour répondre à
une forte demande.
Le comité constitué d'un CESF pour coordonner,
d'un juriste pour apporter ses connaissances juridiques, d'un conseiller emploi
pour travailler sur son projet professionnel et d'un CPIP essentiel pour la
transmission des données et d'un surveillant pour l'organisation dans
les étages et la communication aux personnes
incarcérées.
Dans cette action l'intervention de ces professionnels va
permettre d'apporter les informations et l'aide nécessaire au bon
déroulement des démarches tout en travaillant dans une
avancé logique et optimale permettant de mettre à profit ce panel
de compétences pour le public et de pouvoir simplifier et coordonner
l'orientation des personnes pour alléger le travail des CPIP.
3.4 Méthodologie d'enquête pour la
vérification d'hypothèse
Afin de vérifier cette hypothèse, je pourrais
mettre en oeuvre la démarche méthodologique suivante.
Pour commencer je pourrais faire une enquête sur
différents établissements pénitentiaires et leurs sources
de données en mettant en avant les réussites d'insertion
grâce à une prise en charge individualisée dans son
incarcération et la stabilité sociale et professionnelle qui a
suivi.
Secondement je pourrais également élargir mes
recherches en dehors des prisons auprès d'associations qui oeuvrent dans
l'accompagnement des personnes fragilisées socialement grâce
à une coordination de plusieurs compétences, ils permettent
d'aider les personnes dans toutes les démarches nécessaires.
32
Je pourrais également effectuer un questionnaire
d'évaluation des personnes incarcérées, destiné
à faire ressortir leur motivation et s'ils se sentent
accompagnés.
La présence des personnes incarcérées aux
différentes actions qui leurs sont prévues donnera un
élément essentiel pour connaitre leur implication.
L'administration pénitentiaire pourrait évaluer ses
chiffres et données sur le nombre d'aménagements de peine ou la
récidive pour vérifier si l'objectif est atteint.
Pour terminer cette vérification pourra peut être,
être effectuée sur le terrain, à la Maison d'arrêt de
N., proposition effectuée par une association en réponse à
un appel d'offre région, en coordonnant des actions d'orientations,
d'insertions et de pré-qualification.
33
Conclusion
Accompagner les personnes incarcérées dans leurs
démarches d'insertion sociale et professionnelle permet de retrouver
au-delà de leur peine, un soutien face à une situation
difficile.
Actuellement l'administration pénitentiaire se doit de
faire une priorité sur l'application de la mission de réinsertion
des détenus, confiée par le Ministère de la justice, pour
pallier à la récidive qui est en hausse.
Cet accompagnement est soutenu par divers acteurs des
établissements pénitentiaires, avec des partenariats tels que les
associations, l'éducation nationale, pôle emploi et la
région pour la formation, dans ce cadre carcérale régit
par des obligations et des interdictions.
Cependant mon travail de recherche m'a permis
d'appréhender les freins auxquels font face les détenus dans un
quotidien rythmé et dont les possibilités de communication sont
limités voir restreints, mais également repérer les
besoins nécessaires pour avancer dans leur projet d'insertion sociale et
professionnelle. Ce qui m'a amené à découvrir le panel de
compétences présent derrière les murs qui souhaiterait
pouvoir accompagner tout ce public.
La réalisation de ce mémoire m'a permis de me
confronter à la mise en oeuvre d'une démarche d'initiation
à la recherche qui s'appuie sur la collecte et l'analyse de
données documentaires et de terrain. J'ai pu découvrir la place
possible d'une CESF à différents niveaux au sein des prisons,
aussi bien au niveau du repérage, de l'évaluation, du diagnostic
mais également dans l'orientation et la sensibilisation auprès de
ce public qui en a besoin.
J'ai pu concrètement travailler avec le public et tous
les acteurs de ce quotidien, je suis très investie dans cette
expérience pour des personnes fragilisées qui sont dans un besoin
permanent de réponses, rester à leur écoute et
définir les axes de travail avec eux permet de créer un lien et
de pouvoir lever les freins considérés comme « interdits
», j'ai travaillé dans un cadre éthique régit par un
code de déontologie qui m'a permis de pouvoir acquérir de la
maturité dans mon travail.
J'ai pu également mesurer quels sont les impacts d'une
carence d'accompagnement par les établissements pénitentiaires en
manque de moyens humains et de temps pour faire face à une
surpopulation, et envisager une réorganisation permettant de coordonner
tout un panel de compétences au profit des détenus afin de mettre
en place un processus logique et chronologique dans l'accompagnement des
détenus.
BIBLIOGRAPHIE
- « Les conditions de la réinsertion
socioprofessionnelle en France », lors de la séance du 21 et
28-02-2006, de l'avis du Conseil économique et social, rapport
présenté par DONAT DECISIER au nom de la section des affaires
sociales.
- Chiffres clés de juin 2014 de l'administration
pénitentiaire, du Ministère de la justice - Rapport
d'activité de la direction de l'administration pénitentiaire de
2009
- L'aménagement des peines privatives de liberté :
l'exécution de la peine autrement, Collection Travaux et Document
n°79 de Mai 2013.
- Code de déontologie du service public
pénitentiaire, Décret n°2010-1711 du 30/12/10.
- L'enseignement en milieu pénitentiaire, rapport de
l'année 2013 par Isabelle BRYON et Jean-Luc GUYOT.
- Circulaire de la direction de l'administration
pénitentiaire du bulletin officiel du Ministère de la justice, du
14/01/2009.
- Fiche n°73 de la loi pénitentiaire sur les
aménagements de peine. - Guide « Je suis en détention »
de l'administration pénitentiaire.
- Le travail d'insertion des détenus, recherche
sociologique de Mai 2008 par François S., Joël F. et Mickaël
L.
- Chiffres clés de l'administration pénitentiaire
au 01/01/2015, par la DAP.
- La réinsertion des détenus. Quelles perspectives
? par Ingrid DUPUIS, janvier 2012.
- La population carcérale, par Genevlève
Guérin secrétaire général adjoint du Haut
Comité de la Santé Publique, n°44 ADSP septembre 2003.
- La sociologie carcérale : approches et débats
théorique en France de G. CHANTRAINE dans Déviance et
Société, 2000 vol. 24 n°pp 297-318.
- L'insertion professionnelle des sortants de prison par Carole
CERRI juillet 1999. - Sortir de prison sans y retourner de Véronique LE
GOAZIOU philosophe, sociologue. - « La solitude en prison »
témoignage de Martine, aumônier catholique en
prison.
www.assbc.org/bibleenprison
- La réinsertion socioprofessionnelle des détenus :
une préoccupation récente et impérative, du 27/02/2006 sur
:
www.prison-eu-org/spir.php article 7773.
Sites consultés :
www.justice.gouv.fr
www.gouvernement.fr
(réforme pénale et loi TAUBIRA août 2014)
www.viepublique.fr
www.auxilia.fr
www.genepi.fr
www.oip.org.fr
www.anvp.org.fr
Annexe 1.
Questionnaire remis aux détenus
1. Votre âge :
18-25 ans 25-35 ans 35-50 ans plus de 50 ans
2. Quelle était votre situation avant votre
incarcération ?
3. Pour vous qu'est ce que l'insertion sociale et
professionnelle ?
4. Pouvez-vous m'expliquer votre parcours depuis votre
incarcération ?
5. Connaissez-vous les possibilités qui s'offrent
à vous en prison, pour vos démarches de formation, de travail, de
soutien ou d'orientation ?
OUI ou NON
Si oui, lesquelles ?
6. Avez-vous déjà profité de l'une d'elle
?
OUI ou NON
Si oui laquelle ?
Comment cela c'est passé ?
7. Quelles sont les raisons qui vous poussent à
participer aux actions proposées ?
Annexe 2.
Entretien avec un surveillant
1. Quelles sont vos missions et votre rôle dans votre
emploi ?
Nous avons deux rôles principaux la
sécurité de l'établissement pénitentiaire, aussi
bien pour le maintien de l'ordre que pour la protection des détenus et
notre second rôle est l'accompagnement vers l'insertion des
détenus.
2. Quels sont vos connaissances sur les interventions qui ont
lieu ?
Nous sommes informés des formations que lorsque
l'officier ATF nous fait parvenir une liste concernant les noms que l'on doit
faire descendre tel jour, tel heure. Certaines on les connait par habitude mais
je trouve que la diffusion des actions se fait au dernier moment ce qui ne
permet pas une bonne communication.
3. Quelles relations entretenez-vous avec les intervenants ?
Les intervenants arrivent le matin aux activités,
nous on les accueille et on les place dans leur salle ou bureau ou attend les
détenus descendus, on doit veiller à leur sécurité
et les renseigner sur des besoins divers, lorsque c'est terminé on
remonte les détenus et raccompagne les intervenants.
4. Vous êtes les personnes que les détenus voient
le plus souvent, vous les connaissez mais avez-vous le droit d'aider à
la décision dans le recrutement des détenus pour effectuer des
activités ?
Cela va dépendre, l'officier ATF peut être
amené à nous demander notre avis sur le comportement d'un
détenu mais on ne participe pas au recrutement. C'est lui qui
décide avec les CPIP qui émettent leur avis, mais bien souvent
les détenus se plaignent de ne pas pouvoir effectuer ce qu'ils veulent
ou de ne jamais être recruter.
5. Pensez vous que la surpopulation carcérale est un
frein dans l'accompagnement des détenus ?
Oui il est certain, dans nos cellules de 9m2 ils
se trouvent bien souvent de deux à trois détenus, les moyens
humains sont limités et les conditions de travail sont difficiles pour
nous. Un quotidien rythmé qui doit faire face à des
imprévus et nous laisse peu de temps pour développer notre
mission d'aide à l'insertion, mais on essaye de faire ce que l'on
peut.
.
Annexe 3.
Entretien avec un Conseiller pénitentiaire
d'insertion et de probation
1. Quel est votre rôle et vos missions ?
Notre rôle est d'accompagner les détenus
dans toutes leurs démarches dès l'incarcération. Les
démarches juridiques, sociales, professionnelles. On est le principal
interlocuteur dans leurs démarches. On donne notre avis pour les
activités ou le travail proposé, on permet de constituer les
dossiers d'aménagements de peine.
2. En quoi votre suivi est important dans les décisions
?
Nos décisions permettent d'apporter un avis positif
ou négatif sur le profil du détenu auprès du JAP, mais au
sein de la prison nos décisions permettent l'accès à la
formation, au travail et on oriente également les détenus pour un
suivi médical ou un soutien associatif.
3. A quelle fréquence vous recevez les détenus?
On les reçoit une première fois au quartier
des arrivants, après on communique par courrier interne, beaucoup
demandent des rendez vous mais la surpopulation empêche de pouvoir les
recevoir. A l'approche de la date de demande d'aménagement de peine on
les reçoit afin de constituer le dossier, mais les dates et le temps
jouent souvent en leur défaveur.
4. Quelles relations avez-vous avec les intervenants pour
échanger sur le suivi des détenus ?
Les intervenants nous remettent l'attestation de fin de
formation pour que nous puissions les rajouter aux dossiers, mais
au-delà il n'y a pas vraiment d'échanges, sauf pour certain
l'affinité c'est créée depuis des années.
5. Quelles sont les possibilités les
difficultés que vous rencontrez le plus pour pouvoir instruire des
demandes d'aménagement de peine ?
Le suivi pendant l'incarcération est
irrégulier, face à une surpopulation on manque de temps et de
moyen pour construire un projet de vie cohérent, on essaye d'orienter au
mieux les dossiers et envers les partenaires qui sont eux-mêmes
débordés, la tâche semble difficile à
atteindre.
Annexe 4.
Entretien avec Officier ATF
1. Quel est votre rôle et vos missions
Mon rôle est de veiller au bon déroulement des
activités, des formations et du travail en prison, en préparant
les listes des détenus y participant, je reçois leurs demandes et
essaye de répondre au maximum mais pas assez de place pour tout le
monde.
2. Quelle relation entretenez-vous avec les intervenants ?
Ils me font parvenir le planning que je valide, je
prépare leurs autorisations d'entrée et dresse des listes de
détenus pour participer aux actions. Ils me remettent un bilan des
heures des stagiaires ou de travailleurs afin qu'ils puissent être
rémunérés. Principal interlocuteurs des intervenants pour
toutes les demandes.
3. ·Par quel moyen les détenus sont
informés des actions ou activités présentes ?
La communication est difficile les plannings sont souvent
remis au dernier moment mais le bouche à oreilles permet aux
détenus de se tenir informé et il y a le guide de
l'arrivant.
4. Quelle démarche doivent-ils effectuer pour demander
d'accéder à ses services ?
Ils me font parvenir un courrier en interne, bien souvent
c'est noté qu'ils souhaitent participer à n'importe quelle
formation ou travail que je pourrais leur proposer, mais le problème
c'est que je ne connais pas leurs réelles problématiques.
5. Quelles sont les conditions pour pouvoir obtenir un travail
ou bénéficier d'une formation ?
Il ne faut aucun rapport concernant le comportement depuis
l'incarcération, après c'est avec le CPIP qu'on essaye de voir.
C'est souvent dans l'ordre des demandes reçues, une autre condition
s'impose pour la sécurité, certaines personnes ne peuvent pas
être en contact avec d'autre, ce qui rend la tâche plus difficile,
mais il est certain que des fois le public bénéficie d'une
formation qu'il n'a pas forcément besoin et qu'une autre personne aurait
pu avancer.
6. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez le
plus ?
Un manque d'organisation et de temps pour cibler le public au
plus près de ses besoins avec une surpopulation l'offre et la demande
sont très éloignés et beaucoup vont rester avec un
accompagnement restreint voir limité.
Annexe 5.
Tableau des données
Questionnaires des détenus (sur 168
réponses):
1- L'âge
18-25 ans : 27% 25-35 ans : 38% 35-50 ans : 21% plus de 50 :
14%
2- Situation avant incarcération
56% sans activité 7% à leur compte 37% en
activité
3- Qu'est ce que l'insertion sociale et professionnelle :
La grande majorité la définit comme trouver un
travail pour s'insérer dans la société, quelques
réponses ont été d'arrêter de prendre
de la drogue, d'avoir des contacts, de savoir lire ou écrire ou avoir
une famille. Les réponses sont variées mais le travail ressort le
plus.
4-
30%
15%
Travail
2%
18%
35%
Formation hygiène et propreté
Ecole
Parcours depuis l'incarcération :
Le discours le plus retenu est l'attente pour obtenir des
informations, un sentiment d'impuissance face à cet enfermement les
empêchant d'obtenir ce qu'ils ont besoin (voir le CPIP, avoir un parloir,
de faire une formation, de travailler, de s'occuper).
Un sentiment d'être abandonné pour certain, ou un
sentiment de haine pour d'autres, les discours sont variés, permettant
de recenser les obstacles du quotidien des détenus.
5- Connaissance des possibilités en prison
Les réponses permettent de prendre connaissance d'un
manque d'information des possibilités qui leurs sont offertes.
6-
Travail
Formation hygiène et propreté 34
Ecole 58
Informatique 29
AREOS 3
PPVA 5
Citoyenneté 12
Assistante sociale 0
CPIP 100
Visiteurs de prison 0
Pôle emploi 7
VAE 0
Service médical
Soutien aux familles
Culte 88
Bibliothèque 91
Lutte contre addictologie
en %
68
29
0
0
Avez-vous bénéficiez d'une des
possibilités
7-
27%
73%
OUI NON
Si oui, quel en a été le parcours
61% des personnes ayant pu bénéficier d'une des
possibilités pensent que c'est vraiment motivant, les autres le
représentent plutôt contre une occupation ou envie de se faire
bien voir auprès du JAP ; cependant ils soulignent à plusieurs
reprises que on les a pas prévenu avant, qu'un matin on vient les
chercher et on leur dit vous êtes en formation, ils se plaignent de
pouvoir se préparer, d'autres soulignent que les surveillants ne
viennent pas les chercher le matin alors que le cours a lieu. Des personnes
précisent qu'ils ont bénéficié d'une formation
qu'ils avaient déjà mais c'est pour la
rémunération, ou d'autre qui participe à une formation de
préparation à la sortie alors qu'ils n'ont pas encore
été jugé. Tous les discours sont entendus remplis
d'anecdotes.
8- Les raisons pour participer aux actions
20%
23%
3%
24%
22%
8%
Evoluer
Dossier pour le juge Lutter contre l'ennui
Prouver sa motivation
Etre rémunéré
Remises de peines
Entretien Missions Difficultés
Surveillant Sécurité et
réinsertion, bonne Manque de temps,
connaissance du public. De moyens, d'informations.
|
CPIP Conseillers des détenus,
décisionnaires,
accompagnement aux démarches.
|
Surpopulation entrainant : manque de temps et de moyens humains,
pas d'échanges avec les autres intervenants pas de suivi dans
l'évolution.
|
Officier ATF Organise les activités, le
Manque de temps,
travail et la formation, Manque
d'informations, décisionnaire au recrutement. Pas d'information
collective.
|
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