PARTIE II:
Actuellement, la croissance inclusive est devenue un
instrument que beaucoup de pays1 utilisent pour leur politique de
développement. Cette partie s'intéresse premièrement
à l'analyse de l'inclusivité à Madagascar afin de
donner, deuxièmement, quelques suggestions pour renforcer cette
inclusivité au sein du pays.
1 Les pays de l'OCDE, d'Afrique du nord notamment
la Tunisie, le Maroc, l'Algérie, et d'Afrique subsaharienne.
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CHAPITRE I : ANALYSE DE L'INCLUSIVITÉ À
MADAGASCAR
Nous allons principalement nous focaliser pour cette analyse,
sur la croissance, les inégalités et sur l'emploi
premièrement, et deuxièmement sur autres critères de la
croissance inclusive dont la situation de la corruption à Madagascar et
celle des infrastructures.
SECTION I : LA CROISSANCE, LES INÉGALITÉS ET
L'EMPLOI À
MADAGASCAR
Étant donné que la croissance inclusive
s'intéresse non seulement au fait que la croissance soit partagée
certes, mais aussi au taux de celle-ci nous amènent à examiner
les étapes qu'ont traversé la croissance économique de
Madagascar, avant de voir si cette croissance a été
partagée et de quelle manière, égale ou inégale.
I : Présentation de la croissance
économique de Madagascar
Depuis 2009, Madagascar est enlisée dans une crise
d'une longueur inégalée à l'aube de l'histoire du pays et
dont personne ne voit l'issue. D'origine politique, cette crise a
provoqué des conséquences dramatiques dans le domaine
économique du pays.
1 : Le produit intérieur brut (PIB)
En termes de P113 nominal, Madagascar a connu une augmentation
de 2010 à 2014. En effet, le P113 est passé de 18 245 milliards
d'Ariary en 2010 à 25 774,5 milliards d'Ariary en 2014. En terme
réel, il est passé de 600 milliards d'Ariary en 2010 pour
atteindre un niveau de 627 milliards d'Ariary en 2012 et 661 milliards en
2014.
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Tableau no VIII : Variation du FIB en
terme nominal et en terme réel, taux de croissance et taux
d'inflation
Année
|
PIB nominal
|
PIB réel
|
Taux de croissance
|
Taux
d'inflation
|
En milliards d'Ariary
|
En pourcentage
|
2012
|
21 773,6
|
627
|
3,0
|
5,8
|
2013
|
23 397,0
|
642
|
2,3
|
5,8
|
2014
|
25 774,5
|
661
|
3,3
|
6,1
|
Source : INSTAT/DSY et INSTAT/DSM,
Année 2015
Le taux de croissance a augmenté. Bien qu'il ait
été négatif en 2009 ( 4,6%), en 2010 il a
été positif. Il est passé de 0,3% en 2010 à 3,3% en
2014. Le taux d'inflation est passé de 9,2% en 2010, pour baisser au
taux de 5,8% en 2012 et 2013 pour enfin atteindre 6,1% en 2014.
2 : Le PIB par secteur d'activité
D'après les résultats en 2012, la croissance
économique reste faible comparativement à celle d'avant crise,
mais elle s'est améliorée par rapport à celle
d'année précédente. Le taux de croissance du P11B est
passé de 1,5% en 2011 à 3,0% en 2012. La croissance du secteur
primaire est en progression : 1,5% en 2012 contre 0,7% en 2011, suite aux
performances des branches agriculture et élevage malgré une
réduction drastique de l'exploitation sylvicole. Le secteur secondaire
poursuit le chemin de la croissance en enregistrant un taux de 9,3% (contre
3,2% en 2011), propulsé par les performances de production de quelques
branches. Le secteur tertiaire évolue positivement avec une croissance
de 3% contre - 0,3% en 2011. Les branches d'activités liées au
Tourisme et au transport aérien montrent un dynamisme certain suite aux
investissements des opérateurs pour la promotion du secteur.
Les résultats en 2013 montrent que la croissance
économique a connu une régression de 0,6 point en 2013, la
croissance du P11B n'est que de 2,4% si elle était de 3% en 2012. Le
secteur primaire a enregistré une baisse de 6,1% en 2013. Cette
régression est due en grande partie à la diminution
considérable de la production agricole (-12,8%). Par contre, le secteur
secondaire a affiché un taux de croissance de 22,7% en 2013 contre 9,3%
en 2012. Cette progression est essentiellement marquée par la
performance des industries extractives
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(219,2%) avec l'augmentation de la production
d'ilménite et la deuxième année de production de cobalt et
de nickel. Le secteur tertiaire a connu une croissance modérée de
1,3% en 2013 contre 3,0% en 2012. Cette décélération est
due à la baisse remarquable des activités liées au
tourisme.
Le tableau suivant présente l'évolution du taux
de croissance du PIB par secteur d'activité de 2012 à 2014.
Tableau no IX : Évolution du
taux de croissance du FIB par secteur d'activité entre 2012 et 2014 (en
%)
Année
|
2012
|
2013
|
2014
|
Secteur primaire
|
1,5
|
-6,1
|
3,3
|
Secteur secondaire
|
9,3
|
22,7
|
8,7
|
Secteur tertiaire
|
3,0
|
1,3
|
2,3
|
Source : INSTAT/DSY, Année
2015
En 2014, le secteur primaire a affiché un taux de
croissance de 3,3% contre -6,1% en 2013. En effet, la branche de l'Agriculture
a eu de bon résultat avec une hausse de production allant de -12,8%
à 4,5%, notamment celle de la production rizicole (10,2%). De même
pour la branche Elevage et Pêche, elle présente une croissance de
2,8% en 2014 contre 1,4 % en 2013. Cette croissance est expliquée par
l'amélioration de la filière porcine (12,6%) et celle des
volailles (12,7%) mais aussi de certains produits de pêche autres que la
crevette. La branche sylviculture a enregistré une légère
hausse de 0,9 point durant la période considérée, en
raison du maintien des mesures de l'interdiction des exploitations et
exportations des bois précieux.
Le secteur secondaire a présenté un taux de
croissance de 8,5% en 2014 contre 22,7% en 2013. Ce recul s'explique par la
décélération du rythme de croissance des industries
extractives qui fonctionnent presque à pleine capacité de
production. À cet effet, son taux de croissance est passé de
219,2% en 2013 à 25,9% en 2014. Il en est de même pour
l'Agro-industrie, elle présente une croissance de 2,0% en 2014 contre
11,4% en 2013, à cause de la diminution de la performance des
unités sucrières à Namakia et à Ambilobe. En outre,
les activités des Zones Franches Industrielles ont fléchi par
rapport à l'année précédente avec un taux de
croissance de 2,1% en 2014 contre 5,9% en 2013. Ce fléchissement
résulte de la
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poursuite de l'extension des marchés vers l'Asie et
l'Europe, et la réintégration de Madagascar dans l'AGOA au mois
de décembre 2014 qui n'a aucun effet sur les activités
entreprises pendant l'année 2014.
Le secteur tertiaire a connu un taux de croissance de 2,3% en
2014 contre 1,3% en 2013. L'amélioration constatée dans ce
secteur provient de la progression des activités de la branche des
Bâtiments et Travaux Publics (BTP) avec un taux de croissance de 3,1% en
2014 contre -2,2% en 2013, du Commerce (2,9% en 2014 contre -3,4% en 2013), et
de la bonne tenue des activités relatives à des banques (5,3%),
des transports de marchandises (3,4%).
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