Conclusion
Le thème que j'ai choisi m'aura permis de mener ce
travail avec une grande énergie par le fait qu'il m'intéressait
pleinement et que je souhaitais l'approfondir depuis ma deuxième
année de formation. Malgré quelques difficultés, je suis
parvenue à mener ce travail comme je le voulais et y intégrer
beaucoup d'idées bien que, le sujet étant vaste, j'ai parfois
dû me limiter.
A travers ce travail j'ai pu répondre à mon
questionnement de départ. Tout d'abord par la réalisation de
recherches qui m'ont permis de mieux analyser mes deux situations de
départ. A travers ces recherches j'ai pu approfondir mes connaissances
sur les mécanismes du stress et sur la souffrance au travail qui
m'était presque inconnue à ce jour. Ensuite, j'ai eu la chance de
pouvoir aller interroger plusieurs infirmiers. Ces infirmiers ont abordé
des sujets qui ne m'étaient pas nouveaux puisque j'avais pu les
souligner à travers mon expérience sur le terrain mais aussi
parce qu'ils correspondaient aux recherches menées
précédemment. Mes recherches conceptuelles et mon enquête
exploratoire m'auront donc permis de répondre à ma
problématique et de valider mon hypothèse de recherche.
Finalement, ce travail m'aura été très
enrichissant sur plusieurs points de vue. D'un point de vue personnel, ce
travail m'aura été très profitable notamment grâce
aux personnes que j'ai pu rencontrer mais il m'aura surtout appris à
avoir l'esprit plus ouvert et à travailler ma curiosité. D'un
point de vue professionnel, ce travail m'aura permis de me rendre compte que le
métier d'infirmier comporte des risques et qu'il est important de les
connaître afin de mieux les appréhender en tant que future
infirmière.
Si je devais poursuivre ce travail j'élargirais mes
recherches au bien-être au travail. Comme ont pu m'apprendre mes
recherches, la qualité de vie au travail semble être essentielle
à une bonne réalisation des tâches mais surtout à la
mise en place d'une relation soignant-soigné de qualité.
Au final, ce travail est à l'image de mes trois
années de formation : intense mais surtout très enrichissant.
Annexes
I. Grille d'entretien
Quel âge avez-vous ?
Depuis quand êtes-vous diplômé infirmier ?
Depuis quand travaillez-vous dans ce service ?
1. Rencontrez-vous des situations de stress dans votre
service ? - Si oui, à quels moments ? A quelle fréquence
?
2. Face à une situation de stress, comment
réagissez-vous ?
- Face à une situation de stress, diriez-vous que vous
savez gérer votre stress et le canaliser ?
3. Vous est-il déjà arrivé de
ressentir des émotions face à une situation de stress
?
- Si oui, quelle était cette situation ?
4. Diriez-vous que le stress que vous pouvez ressentir
au travail peut avoir un impact sur votre relation avec les patients
?
- Donnez-moi des exemples.
5. Comment vous sentez-vous à la suite d'une
journée où vous avez-eu à vivre de nombreux
évènements stressants ?
6. Si je vous parle de souffrance au travail, que cela
vous évoque-t-il ? - Qu'est-ce que pour vous la souffrance au
travail ?
- Donnez-moi des exemples.
7. Vous est-il déjà arrivé de
ressentir de la souffrance au travail ? - Vous êtes-vous
déjà senti à cours de ressources face à
certaines
situations ?
- Pouvez-vous me donner un exemple de situation ?
C'est pas particulièrement fréquent. Je dirais,
peut être euh, une fois par semaine.
II. Entretien
Entretien n°1
Quel âge avez-vous ?
J'ai 25 ans.
Depuis quand êtes-vous diplômé
infirmier ?
Je suis diplômé depuis le mois de juillet 2014
donc ça fait un petit peu plus d'un an et demi que je travaille en tant
qu'infirmier.
Depuis quand travaillez-vous dans ce service
?
Depuis janvier 2015 donc ça va bientôt faire un an
et demi.
1. Rencontrez-vous des situations de stress dans votre
service ?
Euh oui, euh mais du coup est-ce que je dois te dire les
différents types de stress ? Est-ce que tu veux que je décrive
les différents euh ? Bah déjà un stress, euh, lié
par exemple aux situations d'urgences mais qui est un petit peu propre au
métier. C'est-à-dire que quand il y a un enjeu particulier pour
la vie du patient on est forcément stressé, mais je pense que
c'est vrai pour beaucoup de personnes et, euh, dans tous les services.
Et après, euh, en lien souvent la plupart du temps avec
la charge de travail. Quand je sais que j'ai une charge de travail qui est trop
importante, enfin, que j'estime moi trop important, euh, pour moi sur un poste,
euh, il m'arrive d'être stressé parce que peur d'oublier quelque
chose, de passer à côté de quelque chose, du fait d'avoir,
à mon sens, une charge de travail trop élevée par rapport
à ce que moi je peux donner sur un poste.
- Si oui, à quels moments ? A quelle
fréquence ?
2. Face à une situation de stress, comment
réagissez-vous ?
Je vais décrire en fonction des situations. Quand il
s'agit d'une situation d'urgence, ben c'est un petit peu aléatoire.
C'est-à-dire que euh, c'est euh, on fait ce qu'on peut pour
maîtriser la situation, ça fonctionne, ça fonctionne pas
toujours. L'objectif c'est par exemple de, ben euh de, récupérer
la santé de quelqu'un qui s'arrête et du coup on fait de son
mieux, on gère de son mieux. Je pense que c'est un petit peu
dépendant aussi, euh, des personnes qui m'entourent, est-ce que je suis
avec un binôme, qui, que ce soit infirmier ou soignant qui maitrise la
situation comme moi, qui, qui me rassure et souvent c'est aussi lié au
médecin qui est avec nous. C'est-à-dire qu'on peut avoir des
situations d'urgences où on est avec un médecin qui, de mon point
de vue hein, est pour moi calme et dirige un petit peu un soin d'urgences ou de
réanimation où il est calme, où il est détendu. Moi
ça me met dans une position où du coup il ne me communique pas
son stress et j'arrive à me maîtriser.
Au contraire si je suis avec quelqu'un qui me presse et qui
attend de moi de la rapidité et euh, un petit trop ou qui hausse le ton,
qui parle fort, qui me donne beaucoup d'ordres en même temps, là
ça me met en stress.
Comment est-ce que je le gère ? Dans ce genre de
situations d'urgences je n'ai pas trop le temps de réfléchir donc
c'est un petit peu instinctif et je crois que ça dépend de la
situation, je fais de mon mieux. Je priorise comme je peux. Et puis
après on délègue aussi hein ! Dans une situation
d'urgences le mieux c'est d'être par exemple deux infirmiers un
aide-soignant et de pouvoir compter sur son binôme pour pouvoir
gérer le, son temps et les soins.
Après euh, comme est-ce que je gère une
situation de stress quand il s'agit de la charge de travail, ce que j'appelle
une surcharge, je dirais que euh, je fais les choses les unes après les
autres en priorisant, je fais de mon mieux. Si je dépasse le temps
imparti soit je passe à la relève et voilà, là je
prends un peu de recul et je me dis que de toute façon je ne peux pas
être à cinq endroits en même temps. Donc je me pose trois
petites minutes pour essayer de m'organiser, par exemple je prends un papier,
je discute avec mon binôme et voilà je lui dis « voilà
ce qu'on peut faire et dans tel ordre, comment est-ce qu'on peut se diviser
le
travail » et là, ben de toute façon je
prends du recul et je me dis « y'à pas à stresser, chaque
chose en son temps, je ne peux pas ... » Voilà, je m'organise.
3. Vous est-il déjà arrivé de
ressentir des émotions face à une situation de stress
?
Ah oui, évidemment ! Encore une fois euh, quelles
émotions je peux ressentir ... Je dirais, parfois, euh, un petit peu de
peur. Parce que, bah je reviens encore une fois sur cette situation d'urgences
ou de réanimation euh. Euh forcément il y un enjeu donc je
ressens un petit peu de peur ... Et encore ... Je pense que ça,
honnêtement, ça, ça s'atténue avec le temps parce
que forcément avec le temps tu revis ces situations que tu gères
de mieux en mieux, puisque tu te formes. On a des formations euh, au sein de
l'établissement, on se forme aussi entre nous euh, j'ai des
collègues plus expérimentés qui m'expliquent leur
façon de faire. J'ai aussi été formé, par exemple,
aux différents appareils qu'on peut trouver au sein des soins intensifs
cardio, cardiologiques, du coup que j'arrive plus facilement à utiliser
sur une situation d'urgences. En étant formé, et ben je diminue
mon stress et je diminue ma peur au fur et à mesure que les situations
se reproduisent.
Et après, euh, qu'est-ce que je ressens comme
émotions ... Non je dirais peut-être un petit peu
d'anxiété euh, ouais quand il y a trop de travail, j'aimerais
pouvoir me diviser et parfois c'est pas possible. Mais c'est principalement les
émotions que je ressens ... Après euh, je prends du recul et je
te dis euh, je sais que je peux pas être à différents
endroits au même moment donc euh, voilà.
4. Diriez-vous que le stress que vous pouvez
ressentir au travail peut avoir un impact sur votre relation avec les patients
?
Ça c'est évident. C'est-à-dire que, bah
par exemple, dans l'émotion dans laquelle je me situe parfois je peux
être aussi un petit peu, euh, je reviens sur la question
précédente euh, en colère, dans le sens où je me
sens peut être pas compris parfois ... Quand j'explique que j'ai trop de
travail et qu'honnêtement, j'ai pas forcément d'aide
supplémentaire, on me rajoute pas forcément un collègue
pour pouvoir m'aider. Peut-être que parfois je suis en colère
parce que je me sens incompris et du coup euh, tu peux me répéter
la question ?
Donc oui complétement dans le sens où, bah si
j'ai peur ou si j'ai, je suis en colère. Encore que si j'ai peur
j'arrive à, euh je pense, à le gérer en, encore une fois,
en prenant un peu de recul, en me disant, comment je peux gérer euh ...
J'estime qu'il y a une solution à mon problème et du coup comment
est-ce que je peux gérer cette situation. Un petit peu en
arrière, je regarde cette situation et je me dis voilà comme je
vais faire ...
Maintenant, euh, quand, j'ai l'impression d'être
interpellé dix fois dans une après-midi, dans une matinée,
que je suis constamment perturbé dans mon travail et que je dois
répondre à chacun des intervenants, chacune des personnes qui
gravitent autour de moi, les médecins, les infirmiers, les
aides-soignants, la diététicienne, machin, ... Quand j'ai
l'impression d'être constamment perturbé, oui parfois j'ai
peut-être moins de patience et je suis peut-être, euh, plus
directif, euh, peut-être moins sympathique avec les patients. Euh il peut
m'arriver, je sais pas, d'être plus sec dans la façon de parler
avec mes collègues, mes patients ...
5. Comment vous sentez-vous à la suite d'une
journée où vous avez-eu à vivre de nombreux
évènements stressants ?
Fatigué, énervé, pas compris. Euh, du
coup, j'ai la chance d'avoir des collègues euh, enfin, on
s'écoute beaucoup. Du coup, je me sens compris par d'autres personnes
mais pas forcément pas les personnes les plus concernées. Par
exemple, ma direction, quand j'explique à ma cadre que j'ai le sentiment
d'avoir besoin, euh, d'un coup de main mais que l'effectif ne le permet pas. Ou
je sais pas, on a un quota de patients par personne mais j'estime que
même que le nombre de patient que j'ai me donne trop de travail. Je me
sens pas compris par ma chef au, comment dire, au moment où elle me
répond de façon négative du coup justement je suis peut
être déçu ou en colère, ou incompris ou je trouve
que la situation est injuste. Et euh, bah oui, parfois je sors du boulot, je
suis parfois pas satisfait de mon travail, j'en ai tellement fait qu'il
m'arrive de me poser la question alors que, la plupart du temps pas du tout,
est-ce que j'ai rempli toutes mes missions, est-ce que j'ai rien oublié,
est-ce que je suis pas passé à côté d'une
surveillance, à côté d'un problème, euh ... Parce
que j'ai eu l'impression d'avoir
divisé mon cerveau en tellement de portions qu'il
arrive que je me demande si dans l'une des cases je n'ai pas oublié
quelque chose. Et voilà ...
6. Si je vous parle de souffrance au travail, que cela
vous évoque-t-il ?
Bah pas du quotidien, parce que j'estime qu'on devrait pas
souffrir au travail, au contraire. Je pense que pour bien faire son travail on
doit être épanoui dans sa vie personnelle et professionnelle. Le
personnel c'est une chose, donc ça ne regarde que moi, le professionnel,
bah comme je t'ai dit j'ai la chance d'avoir euh, des collègues euh,
à tous les niveaux, avec qui je collabore bien ; les aides-soignants,
les infirmiers, les médecins et d'autres personnes qui gravitent autour.
Et euh, mais, il m'arrive de ne pas me sentir bien dans mon travail et je
dirais que le principal problème c'est la surcharge de travail, parce
que je me sens pas efficace, parce que j'ai fait mes études
d'école d'infirmier avec un idéal : soigner de gens, en prenant
du temps, leur parler, les regarder, écouter, essayer d'analyser leurs
émotions, voilà, prendre du temps. Et j'ai parfois l'impression,
de oui, faire un petit peu euh, d'abattage parce que euh, j'ai beaucoup trop de
travail par rapport à ce que je peux donner.
7. Vous est-il déjà arrivé de
ressentir de la souffrance au travail ?
Ah oui, ça m'arrive pas souvent mais je pense que
ça m'arrive. Et je pense que c'est parce que j'aime mon travail et ce
que je fais et que je suis consciencieux dans ce que je fais et que ça
me tient à coeur.
Et parfois, forcément, je rentre chez moi en me disant
que j'ai pas forcément soigner les gens comme ce que j'imagine soigner
les gens, comme ce que mon idéal me dit. J'aimerais euh, tu vois, en
faisant mes études, j'ai imaginé ce que c'était de soigner
la personne et je me rends compte dans la réalité du travail que
c'est tous les jours pas applicables ou que c'est pas appliqué du tout.
Et donc forcément je suis déçu de ce que je fais.
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