Les conséquences de la desinformation médiatique sur la population kinoise( Télécharger le fichier original )par bahati kasindi institut facultaire des sciences de l'information et de la communication - Gradué en journalisme 2014 |
Chapitre 10 SECTION 4 : LA SOURCE DE TOUS LES MAUX4.1. LES AGENCES DE PRESSEAu fil des ans, le poids des agences de presse dans le monde n'a cessé de s'accroitre. Le même mouvement de croissance est aussi observable en République Démocratique du Congo. Il faut savoir que quatre de ces agences mondiales ont tenu le marché, et ont pris sur leurs rivales plusieurs longueurs d'avance il s'agit bien de : United Press international aux Etats-Unis, Reuters en Grande-Bretagne et l'Agence France Presse en France.51(*) Pour nous en République démocratique du Congo c'est l'Agence Congolaise de Presse qui détient le monopole de la couverture nationale qui est loin d'égaler le quatre géant de la presse mondiale. Contrairement à ses consoeurs régionales, mondiales, l'ACP est la seule à disposer d'un statut hybride en République Démocratique du Congo qui fait d'elle plus une agence d'Etat, du moins soumise au pouvoir politique, qu'un organe de presse privé ou étranger. Le monopole de l'ACP, est depuis un temps été écorné par l'avènement de l'internet et de la prolifération des médias étrangers qui ont acquis auprès de nombreux journaux et groupes de presse locaux une réputation suffisante de fournisseur des informations jusqu'à ne plus se soucier de ce que l'Agence Congolaise de Presse propose comme produit. Mais jusque-là cette géante de la presse locale est devenue muette, laissant ainsi l'internetfournir toute sorte de rumeurs anonymes et que pas mal des organes de presse locale diffusent à leur gré. L'internet qui pourrait paraitre comme un média alternatif susceptible de contrer la désinformation est malheureusement vecteur des rumeurs et des propagandes. Pour se faire une idée précise de l'importance de cette agence de l'Etat, il suffit de se remémorer un chiffre : approximativement 70% des informations diffusées en République Démocratique Congo quel que soit le canal utilisé, ont pour source l'internet et les médias étrangers suite à cette fragilisation de l'Agence Congolaise de Presse. Tout le monde est conscient du caractère malsain d'une telle situation. Que l'ACP et les autres sources (internet, administrations, institutions) pour une raison ou une autre décide de donner à une information une importance qu'elle ne mérite pas, et le reste de la presse s'en suivra, victime d'un côté panurge indéniable. A l'inverse, et les exemples ne manquent pas, si l'ACP décide de censurer ou d'occulter, même partiellement, une information importante, celle-ci restera l'apanage de quelques initiés, sans être portée, comme elle aurait dû l'être, à la connaissance du grand public. Dans des cas de figure de cette nature, les journalistes essaient sempiternellement de trouver la même parade. Ils préfèrent comme nous l'avons bien souligné plus haut, ils mettent en avant des critiques venues de bords opposés pour en conclure que leur objectivité ne peut être niée52(*). Admirable hypocrisie destinée à camoufler des dérapages quotidiens. En deux mots, les patrons de presse détiennent la majorité au sein du conseil d'administration53(*). Mais l'Etat est le principal investisseur de l'agence qui lui doit plus de 70%de ses rentrées financières. C'est dire que, dans un cadre habituel ou l'on voit une entreprise quelconque travailler pour ses clients, l'ACP a tendance à privilégier l'intérêt du pouvoir publics. La dérive de cette institution que l'on ne peut nier, à la lumière de nombreux exemples, s'explique sans nul ombre de doute par la présence d'un contre-pouvoir. De ce fait cela s'explique par le fait que la présence des journalistes qui parlent pour le régime en exercice. A l'évidence, de nombreuses erreurs relevées dans les dépêches de l'ACP ne s'inscrivent pas dans une logique de désinformation. Dans la forme, il était effectivement permis de s'interroger sur les répercussions d'un jugement. L'irresponsabilité qui semble servir de seconde carte de presse à un grand nombre de journalistes s'est révélé au grand jour. Comme l'écrit avec pertinence Jean-François Revel dans son livre la connaissance inutile : « Lorsqu'un journaliste vient à être critiqué parce qu'il manque à l'exactitude ou l'honnêteté, la profession rugit en feignant de croire qu'on s'en prend au principe même de la liberté d'expression et qu'on veut museler la presse... Que dirait-on d'un restaurateur qui vendant de la nourriture avariée, s'écrierait pour repousser la critique : " ah! Je vous en prie, laissez-moi remplir ma mission nourricière, ce devoir sacré. Etes-vous donc pour la famine ? ". » Lorsque les informations leur parviennent à l'agence, ils ne mettent pas le temps de tout lire. Ce qui n'est pas normal. * 51 D.TRINQUET, « Une presse sous influence, comment la presse manipule l'opinion », éd. Albin Michel S.A, Paris, 1992 * 52 D. TRINQUET, « Une presse sous influence, comment la presse manipule l'opinion », éd. Albin Michel S.A, Paris, 1992 * 53 Idem |
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