PARTIE II - METHODOLOGIE
1. La population étudiée : Les jeunes
mahorais et comoriens 101
1.1. Mahorais ou Comoriens ? 101
1.2. Les jeunes participants à l'étude
102
1.2.1. Les jeunes Mahoro-Comoriens interrogés
1.2.2. Les autres participants : éléments de
comparaison et de cadrage
1.3. Le contexte relationnel, facteur de limitation des biais
103
2. Les outils d'étude empirique
105
2.1. Un premier questionnaire, guide d'entretien 105
2.2. Des entretiens semi-directifs 105
2.3. Pages personnelles de réseau social (facebook) :
amis, iconographie, langages 107
3. Les thèmes d'étude 108
4. Modalités d'enquête de terrain
108
Annexes à la partie méthodologique : 109
1. Le questionnaire
2. Le guide d'entretien
12
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
PARTIE III - ETUDE DE TERRAIN
Chapitre 1- LES JEUNES MAHORO-COMORIENS à LA
REUNION
1. Les mobiles de la migration 113
2. Sentiments d'appartenance et identité
115 2.1. Identité et sentiment d'appartenance :
plutôt mahorais ou comorien que créole 115
2.2. Des origines souvent plurielles, mais unicité
d'identité 116
2.3. Mahorais, comorien : des cultures et des pratiques
distinctes 117
3. Ressenti des relations avec les créoles
réunionnais 120
3.1. Ressenti de la perception des Mahorais et Comoriens
par les créoles 120
3.2. Perception des attentes envers les jeunes
mahorais-comoriens 122
3.3. Différence identitaire affichée par les
adultes plus que par les jeunes 123
3.4. Attentes des jeunes mahorais-comoriens 124
3.5. Attentes perçues des adultes
mahorais-comoriens 125
4. Un mode de vie duel, entre créole et
traditionnel 126
4.1. Intégration-repli identitaire : une
alternative combinatoire 126
4.2. Les réseaux affinitaires de proximité
126
4.3. Les associations et pratiques de loisirs 128
4.4. Des traditions toujours importantes 129
4.5. Pratique religieuse : un Islam non porteur de
discriminations 130
4.6. Un respect des traditions annoncé comme choisi
et non subi 130
5. Pratiques et usages linguistiques
131
5.1. Des pratiques adaptatives, différenciées
selon la situation 131
5.2. Le créole, première langue de
communication affinitaire 131
5.3. La langue d'origine à l'épreuve de
l'environnement 132
5.4. Les autres pratiques linguistiques 134
13
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
6. L'avenir par l'école 135
6.1. L'école facteur d'intégration 135
6.2. Les projets d'avenir : d'abord réussir des
études 135
6.3. Des projets localisés : retour aux sources ou
migration secondaire plutôt
qu'enracinement 136
6.4. Une décision autonome 138
7. Les relations familiales à la
Réunion 139
7.1. Des familles étendues, très
présentes, garantes de la tradition 139
7.2. Les femmes dans l'immigration 139
7.3. Endogamie et amitiés identitaires 140
7.4. Entre conformité et conformation 141
7.5. Une créolisation non obligée, (donc)
partielle 142
7.6. Des migrants plutôt que des immigrants ? 143
14
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Chapitre 2 - LES JEUNES MAHORO-COMORIENS et les
COMMUNICATIONS (télécommunications, TIC)
1. Maintenir les relations avec le pays ou la culture
d'origine 146
1.1. Les télécommunications 146
1.1.1. Le téléphone fixe
1.1.2. Le téléphone portable
1.1.3. Les communications numériques
1.2. Les autres moyens de maintien de la communication
149
1.3. Les déplacements 149
2. Les pratiques médiatiques
150
2.1. Information et distraction : priorité à la
télévision 150
2.2. Les autres médias : sous-utilisation 151
2.2.1. Sous-consommation de radio
2.2.2. Pas de presse quotidienne, peu ou pas de presse
magazine
2.2.3. Affichages communautaires : événementiels,
discrets et peu fréquents
2.3. Des usages médiatiques spécifiques 153
3. Les usages des TIC par les jeunes mahoro-comoriens
155
3.1. Les appartenances complémentaires 155
3.2. Le téléphone portable 156
3.3. Internet 157
3.3.1. Des modes de connexion multiples
3.3.2. Les réseaux sociaux virtuels 3.3.3. La
messagerie sur Internet 3.3.4. Les jeux en réseau
3.3.5. Sites identitaires, pas diasporiques
3.3.6. Utilisateurs, pas interacteurs
15
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Conclusions 164
Bibliographie 168
Annexes de terrain 176
1. Tableau des participants 177
2. Questionnaires complétés par les
participants 178
3. Notes de transcription des entretiens avec les participants
206
16
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Note méthodologique
préliminaire
De nombreux travaux ont été consacrés aux
phénomènes de migration et à la place des immigrés
dans la société française, plus rares sont ceux qui
traitent plus précisément des populations migrantes
subsahariennes, notamment comoriennes et mahoraises.
Les recherches portant sur l'immigration de ces
dernières populations sont peu nombreuses ; ce qui nous a conduit
à exploiter des sources statistiques, particulièrement INSEE et
INED, mais aussi parfois journalistiques, particulièrement quand le
rédacteur est universitaire.
Face à la rareté des publications
académiques en ce qui concerne l'accueil et l'intégration des
migrants mahorais dans l'environnement réunionnais, nous avons
également du avoir recours aux travaux officiels réalisés
par des organismes dépendant de la Région Réunion, le
Centre de ressources de la Cohésion sociale et urbaine de la
Réunion (CR-CSUR) pour la formation des acteurs sociaux ; ainsi que le
Conseil économique, social et environnemental régional de la
Réunion (CESER) dont les publications servent de repère aux
décideurs locaux. Il est clair que ces rapports ont pour la
présente recherche une valeur de constat et de témoignage plus
que d'analyse.
17
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
Préambule :
Mayotte et les Comores : un archipel, deux
pays
1. L'Union des Comores
1.1. La géographie
« L'archipel des Comores est constitué de
quatre îles situées à l'entrée du canal du
Mozambique, au nord-ouest de Madagascar. Les îles de Grande-Comore,
Mohéli et Anjouan appartiennent à l'Union des Comores, alors que
Mayotte a choisi en 1975 de rester française. Elle est depuis le 31 mars
2011 le 101ème département français. »
Ministère des Affaires étrangères, 2011
La capitale des Comores, Moroni, se trouve sur la plus grande
des îles, Grande-Comore, aux pieds du Karthala, volcan actif culminant
à 2361m d'altitude.
Les informations proposées par le Ministère des
Affaires Etrangères français indiquent que l'Union des Comores,
indépendante depuis 1975 entretient d'excellentes relations avec la
France. La question de la souveraineté de Mayotte est toutefois un sujet
de dissension.
Près de la moitié des citoyens comoriens
résident en France ainsi que de très nombreux binationaux, entre
150.000 et 300.000 au total, selon les estimations. Les deux pays
coopèrent dans de nombreux domaines et au sein d'instances
internationales, en Afrique et dans l'Océan Indien. La France est aussi
le premier partenaire économique et commercial des Comores.
1.2. L'histoire des Comores
Les premiers groupes de peuplement des Comores remontent au
6ème siècle. « Il s'agissait probablement de peuples
Bantous en provenance d'Afrique continentale. Les premières
communautés musulmanes, des marchands arabo-persans, seraient
arrivées dans les îles autour du 9ème siècle. A
partir de cette période, les Comores sont surnommées «
îles des sultans batailleurs » en raison des nombreuses disputes qui
déchirèrent l'archipel jusqu'à son passage
18
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
sous protectorat français, en 1841 pour Mayotte et
1866 pour Anjouan, Grande Comore et Mohéli. » Ministère
des Affaires étrangères, 2011
« Depuis leur indépendance, en 1975,
les Comores ont vécu une trentaine de coups d'Etat et plusieurs
crises indépendantistes. » Ministère des Affaires
étrangères, 2011. Mohéli et Anjouan connaissant des
mouvements sécessionnistes qui se traduisent par des tensions entre les
îles.
Les mouvements indépendantistes que connaissent les
îles des Comores ne se limitent pas à Mayotte, que l'Union des
Comores réclame en son sein par voie diplomatique ainsi qu'au sein des
instances internationales. En effet Mohéli et Anjouan connaissent
également des tentations sécessionnistes qui ont mené
à une révision constitutionnelle en décembre 2001.
Celle-ci réaffirme son allégeance islamique, mais aussi la
garantie de l'égalité des droits entre les îles et pour
tous les citoyens « sans distinction de sexe, d'origine, de race, de
religion ou de croyance » et l'exercice des libertés fondamentales
(expression, réunion, syndicalisation...) (Site de la Présidence
des Comores). Par ailleurs pour réaffirmer le fédéralisme
et diminuer les tensions inter-îles, une présidence tournante a
été instituée entre les îles, chacune assurant
à son tour la direction de l'Union.
1.3. Les langues des Comores
« Les habitants du pays s'expriment, dans une
proportion de 96,8 %, en comorien (appelé officiellement le shikomor),
une langue de la famille bantoue. Selon les îles, le comorien
présente plusieurs variantes dialectales et l'intercompréhension
demeure relativement facile entre celles-ci. On distingue quatre
variétés linguistiques: le grand-comorien ou shingazidja
(à la Grande-Comore), le mohélien ou shimwali (à
Mohéli) et l'anjouanais ou shindzuani (à Anjouan). »
(LECLERC, Jacques, 2009)
« Le français est la langue officielle et
celle des relations extérieures, mais l'arabe classique constitue la
«langue religieuse». On compte moins de 2000 locuteurs ayant le
français comme langue maternelle, environ 700 locuteurs s'exprimant en
malgache et environ 3000 locuteurs du swahili. En fait, le statut de l'arabe
tient plus du symbole que de la réalité, car on ne compte aucun
locuteur dont l'arabe serait langue maternelle. » (LECLERC, Jacques,
2009)
19
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
1.4. Aspects sociaux
Le pays est encore parfois appelé République
Fédérale Islamique des Comores, 98% de ses habitants pratiquent
un islam sunnite.
Le taux d'alphabétisation n'est que de 55,8 % (PNUD
estimation 2008), le taux de scolarisation secondaire de 35.7%, avec des
inégalités marquées entre garçons et filles, entre
villes et campagnes. La scolarisation maternelle est assurée par
l'école coranique, au domicile d'un dignitaire religieux qui enseigne de
manière autonome. Les taux d'échec sont élevés
à tous les niveaux de formation (Site officiel de l'Union des Comores,
mai 2012), ce qui explique le besoin d'expatriation estudiantine ressenti par
de nombreux jeunes comoriens.
1.5. L'économie Comorienne
La situation économique des Comores est
précaire. « Le pays est structurellement dépendant des
financements extérieurs, principalement les transferts (20% du PIB) des
quelque 200.000 immigrés comoriens résidant majoritairement en
France, et par l'aide des bailleurs » Ministère des Affaires
étrangères, 2011
Avec un PIB par habitant de 820 $ en 2010 (estimation Banque
Mondiale) et un Indice de Développement Humain qui la place
132ème sur 177 pays (Programme des Nations Unies pour le
Développement - PNUD 2010), la République des Comores fait partie
des PMA (Pays les Moins Avancés), avec 45% de la population vivant en
dessous du seuil de pauvreté. 40% de la population active est
occupée dans le secteur primaire (agriculture, pêche
principalement), et 12 % seulement dans l'industrie. Ministère des
Affaires étrangères, 2011
20
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2. Mayotte, l'île aux parfums,
101ème département
français
2.1. La géographie
Petit archipel d'origine volcanique, Mayotte forme la partie
orientale de l'archipel des Comores. Mayotte se trouve à environ 1500
kms de La Réunion, 8 000 kms de la Métropole et 400 kms de la
Tanzanie. (Ministère de l'Outre-Mer)
« Mayotte comprend deux îles principales d'une
superficie de 374 km2, séparées par un bras de mer de 2kms et une
trentaine de petits îlots parsemés dans l'un des plus vastes
lagons coralliens du monde (plus de 1 500 km2). »
2.2. L'histoire de Mayotte
Elle est très liée à celle des autres
îles de l'Archipel, protectorat, puis colonie française «
La rupture entre Mayotte et le reste des Comores s'effectue pour la
première fois au cours des années 1957-1958. » « Le 14
mai 1958, l'Assemblée territoriale vote une motion demandant le
transfert de la capitale de Dzaoudzi à Moroni. »
(Ministère de l'Outre-Mer).
L'Assemblée territoriale des Comores choisit alors le
statut de TOM (Territoire français d'Outre-Mer) alors qu'à
Mayotte, un peu plus de 80 % des électeurs ont exprimé leur
préférence pour le statut de DOM (Département
français d'Outre-Mer). (Ministère de l'Outre-Mer).
En décembre 1974, un référendum est
organisé à la demande des habitants sur l'indépendance des
îles des Comores. Le décompte des votes révèle que
Mayotte est la seule des quatre îles des Comores à exprimer sa
préférence pour le maintien dans la Nation française, avec
63,8 % des suffrages. » (Ministère de l'Outre-Mer). Un
référendum de confirmation est alors organisé (loi du 31
décembre 1975) pour appeler à se prononcer sur le fait que
Mayotte demeure française ou rejoigne le nouvel Etat comorien.
(Ministère de l'Outre-Mer).
Le désir de maintien dans la Nation française
est confirmé avec 99,4 % des voix. Par la loi du 24 décembre 1976
Mayotte est dotée du statut provisoire de « collectivité
territoriale » de la République française. (Ministère
de l'Outre-Mer).
21
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
La population de Mayotte est encore consultée le 2
juillet 2000 sur l'avenir institutionnel de son île. 72,94 % des
électeurs se sont prononcés en faveur de l'accession de Mayotte
au statut de "Collectivité Départementale" (Ministère de
l'Outre-Mer).
La Loi du 11 juillet 2001 indique que ce nouveau statut doit
permettre à Mayotte d'adopter une organisation juridique,
économique et sociale qui se rapproche « le plus possible du
droit commun et qui sera adaptée à l'évolution de la
société mahoraise. » (Ministère de l'Outre-Mer).
Des dispositions en faveur du développement économique et social
de l'île sont incluses dans la loi.
La loi organique du 21 février 2007 relative à
l'Outre-Mer modifie largement le statut de Mayotte, et ouvre la porte à
sa transformation en département d'Outre-Mer. Suivant la
possibilité qui lui en était donnée, le 18 avril 2008, le
conseil général de Mayotte a voté à
l'unanimité une résolution demandant que Mayotte soit soumise au
statut de département et région d'Outre-Mer. (Ministère de
l'Outre-Mer). Un référendum a été organisé
à Mayotte en mars 2009 sur cette question, et a obtenu un vote de
confirmation de 95,2% selon la préfecture.
La collectivité départementale de Mayotte est
ainsi devenue le 31 mars 2011 le cent-unième département de
France et son cinquième département d'outre-mer.
2.3. Les langues de Mayotte
À Mayotte, les habitants Mahorais et Comoriens,
respectivement 59.4% et 11.9% de la population, parlent le mahorais,
appelé shimaoré, soit un total de 71,3 % de locuteurs. Pour les
Comoriens, le shimaoré est une langue seconde, puisqu'ils pratiquent les
autres variétés linguistiques comoriennes. (LECLERC, Jacques,
2009)
« Dans plusieurs villages on parle le kibushi, une
langue malgache (de la famille austronésienne) proche du sakalava
parlé à l'île de Madagascar » ces derniers
représentent 22.5% des habitants. (LECLERC, Jacques, 2009)
Le français n'est pas la langue la plus parlée
à Mayotte, « on estime qu'aujourd'hui environ 60 % des
insulaires maîtrisent le français comme langue seconde. Il
n'existerait aucun Mahorais unilingue francophone » cette situation
ne concernerait que les métropolitains résidant sur l'île.
(LECLERC, Jacques, 2009)
22
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
2.4. La démographie
« En 35 ans, la population de Mayotte a
été multipliée par 5, pour atteindre 186 452 habitants
(recensement au 31 juillet 2007). La densité moyenne sur l'archipel
s'élève à 511 habitants au km2 contre 112 pour
la France métropolitaine. Depuis les années 1950, la croissance
démographique de Mayotte a été portée par une
natalité très élevée, et par une immigration
provenant pour l'essentiel des îles voisines. Malgré le
ralentissement constaté depuis 1997, lié à la baisse du
taux de fécondité, près de 53 % de la population avait
moins de 20 ans en 2002, pourcentage le plus élevé de tous les
territoires français. » (Ministère de l'Outre-Mer)
« Mayotte connaît une forte immigration
clandestine en provenance principalement des Comores et particulièrement
d'Anjouan (la plus proche, à 115 kms) » (Ministère de
l'Outre-Mer). Les drames sont fréquents lors de ces traversées
sur des barques surchargées et mal adaptées à la
navigation hauturière (les kwassa-kwassa). « Le gouvernement a
renforcé son dispositif de lutte contre l'immigration clandestine
(radars de surveillance). 13 329 reconduites d'étrangers ont ainsi
été mises en oeuvre en 2008. » (Ministère de
l'Outre-Mer). Il est ainsi très difficile de connaître
précisément le nombre réel d'habitants de Mayotte,
étant donnée la présence importante d'immigrants
clandestins comoriens.
2.5. La société mahoraise, Islam et
traditions
La société mahoraise traditionnelle fonctionne
sur les principes de la prééminence du groupe sur l'individu, de
la matrilinéarité (filiation définie dans la lignée
maternelle) et de la matrilocalité (résidence de la famille chez
la mère). La culture mahoraise s'appuie sur une tradition orale
riche.
95% des Mahorais sont d'obédience musulmane et de rite
sunnite. La religion occupe une place majeure dans l'organisation de la
société.
Les enfants fréquentent l'école coranique,
généralement tôt le matin, avant l'école
laïque. L'Académie met progressivement en place les moyens
d'accueil des enfants en maternelle, gage d'une meilleure acquisition du
français.(INSEE 2010)
Le droit coutumier inspiré du droit musulman et des
coutumes africaines et malgaches s'applique aux Mahorais qui choisissent de le
conserver. Il comporte des règles particulières : polygamie,
possibilité de répudiation de la femme par le mari,
inégalités des sexes en matière de droit
23
Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
successoral, etc. Ils peuvent également opter pour le
statut civil de droit commun français. Cependant, la grande
majorité de la population méconnaît son propre statut.
2.6. L'économie mahoraise
En 2005 (données INSEE), le PIB par habitant de Mayotte
était de 5200 euros par habitant, à comparer avec les 650 EUR des
Comores et les 15475 EUR de la Réunion. Le dernier département
français est aussi le moins riche. Mais le différentiel de revenu
avec les autres îles de l'Archipel explique l'attraction que l'île
aux parfums exerce sur les habitants des îles voisines. De la même
manière, la Réunion attire les mahorais pour sa différence
de richesse apparente et de prestations sociales.
Le secteur public reste le premier pourvoyeur d'emplois, mais
les entreprises privées se développent et contribuent à la
diminution du chômage, malgré une pression démographique
encore forte. L'agriculture, principalement de subsistance occupe près
d'un tiers des ménages, ainsi que la pêche, surtout
destinée à l'autoconsommation.
Les principales exportations sont ainsi
réalisées dans les produits agricoles ou dérivés,
l'essentiel de la valeur ajoutée (VA) produite (donc la principale
contribution au PIB) étant réalisée par le secteur du
commerce. (INSEE 2010).
Le taux de chômage global est de 26.4% frappant deux
fois plus les femmes que les hommes, et particulièrement important chez
les jeunes (41.5% des 15-25 ans) et les étrangers (33.9%).
Le chômage diminue avec le niveau de diplômes,
passant de 32.6% pour les non diplômés à 14.2% pour les
bacheliers et 4.6% pour les diplômés du supérieur.
(Données 2007 - INSEE 2010).
L'offre de formations supérieures se développe
à Mayotte, mais reste insuffisante, ce qui explique une partie de
l'émigration vers la Réunion, où l'offre est proche de
celle de la Métropole. Par contre, le nombre d'élèves
mahorais émigrés pour suivre des études secondaires
diminue régulièrement avec le renforcement des capacités
d'accueil locales. (INSEE 2010)
La Réunion apparaît pour de nombreux Mahorais et
Comoriens comme l'ouverture vers une vie meilleure, pour eux comme pour leurs
enfants, par rapport aux conditions de vie et aux perspectives
d'évolution moins favorables, en termes éducatifs et
professionnels, qu'ils connaissent dans leurs îles d'origine.
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Les jeunes mahorais et comoriens à la Réunion :
Stratégies d'adaptation et moyens de communication
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