1.6. LE CONTRÔLE DU
PALUDISME
La lutte contre cetteendémie se fait suivant deux
approches différentes :
-empêcher l'inoculation du parasite à l'hommeen
éliminant les vecteurs ou en évitant leurs piqûres(lutte
antivectorielle) ;
-bloquer ledéveloppement du parasite dans l'organisme
de l'homme (prise en charge précoce des cas).
L'absence d'un vaccin efficace de nos jours fait de la lutte
antivectorielle la principale méthode préventive contre le
paludisme.
1.6.1. La lutte antivectorielle
La lutte antivectorielle vise principalement à
réduire la transmission et par conséquent l'incidence du
paludisme en agissant sur la population des vecteurs à ses
différents stades de développement.
1.6.1.1. Lutte contre les
stades larvaires
Elle consiste en premier àéliminerles conditions
propices à la vie pré-imaginale : le drainage des marais et
l'utilisation d'huile de naphte pour la destruction des larves sont des mesures
anciennes de lutte antilarvaire (Gentilini et Nozais, 1991). A celles-ci il
faut ajouter l'aménagement et l'assainissement de l'environnement, la
destruction des petits réservoirs d'eau (les pneus de voitures, les
boîtes de conserves, les bouteilles) et les petites flaques d'eau pouvant
servir de gîtes larvaires.
En second lieux, on peut effectuer la lutte biologique qui
passe par l'utilisation des entomopathogènes larvaires tel que
Bacillus thuringiensis H14 et des poissons larvivores tels que
Gambusia affinis en eaux claires et Poecilia reticulata
(guppy) en eaux polluées. En Somalie l'utilisation de
Oreochromis spilurus a donné des résultats encourageants
(Mouchet et al., 2004).
La lutte chimique peut également être
envisagée. Elle présente l'avantage d'être rapide et
efficace mais pourrait avoir des effets secondaires peu
appréciés. Les larvicides sont pour cela utilisés (Walker,
2002).
1.6.1.2. Lutte contre les
adultes
Se protéger contre les piqûres de moustiques sert
non seulement à éviter les nuisances mais également les
infections. Parmi les moyens de lutte, onpeut citer :
Ø Les moustiquairesdont
l'utilisation remonte aux temps des pharaons en Egypte, sur les bords du Nil
(Bruce-Chwatt, 1980b). L'acceptation des moustiquaires par les
populations est liée surtout aux nuisances culicidiennes ;
celles-ci représentent l'élément motivant des populations,
moins sensibles à l'évocation des risques du paludisme (Mouchet
et al., 2004). Les moustiquaires imprégnées sont
aujourd'hui considérées comme un moyen de protection durable,
applicable à large échelle à toutes les tranches
d'âge de la population, avec un succès
épidémiologique confirmé, car utilisées
correctement et maintenues en bon état, elles procurent une protection
totale aux dormeurs.
Ø Les pulvérisations
intradomiciliaires d'insecticidessont très efficaces si
leur utilisation est adéquate. Pendant toute la période
d'éradication du paludisme, les pulvérisations intradomiciliaires
ont été à la base de la lutte antipaludique (Mouchet
et al., 2004).L'efficacité de cette technique dépend du
lieu de repos des vecteurs. En région d'altitude, ces derniers
deviennent très endophiles pour se protéger du froid. Bien que
l'aspect préventif de cette lutte ne soit souvent pas le souci majeur
des populations, elle contribue de façon non négligeable à
la réduction de la transmission du parasite car les insecticides de
contact réduisent non seulement la densité, mais aussi la
longévité des anophèles.
Ø L'utilisation de produits
répulsifs ouinsectifugesqui sont des substances chimiques
visant à repousser les insectes ou à les empêcher
d'attaquer l'homme et les animaux. Ils provoquent chez l'insecte une
altération de la conduite de repérage de l'hôte,
aboutissant à une déviation du vol, l'éloignant de sa
cible(Combemale, 2001). Le choix d'un répulsif est difficile car il
n'existe pas de molécule universellement active pour éloigner les
moustiques. Les répulsifs couramment utilisés sont soitd'origine
naturelle surtout les huiles essentielles, l'essence de citronnelle en Europe,
soit de synthèse avec le diméthylphtalate,
l'éthylexanediol, le diéthyltoluamide (DEET) insectifuge de
référence ou les nouvelles molécules le 35/35,la
pipéridine, le baye repel ou KBR 3023 (Combemale, 2001). Des produits
locaux ont souvent été utilisés : l'huile de palme en
Guinée, la fumée de diverses essences, l'huile essentielle de
Ceylan et de Javacontenant de la Citronella (Mouchet et al.,
2004).
Ø Des techniques du génie
génétique : dispersion de mâles
stériles, modifications génétiques sur les vecteursetc.
sont en cours de perfection ;cependant, les scientifiques craignent
l'impact biologique et environnemental que ces méthodes peuvent avoir
à long terme.
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