Le développement durable et l'aviation civile camerounaise: l'implication de la société Aéroports du Cameroun (ADC ) S. A.( Télécharger le fichier original )par Victorine Ghislaine NZINO MUNONGO Université de Yaoundé 2 - Master en stratégie, défense, sécurité, gestion des conflits et des catastrophes 0000 |
INTRODUCTION GENERALEIssue de l'approfondissement du concept « éco-développement », le concept de développement durable remonte aux années 1970. Les débuts de sa concrétisation sont apparus lors de la Conférence mondiale de l'environnement à Stockholm en juin 1972. C'est ainsi qu'en 1987, la Commission mondiale sur l'environnement et le développement dont Madame Gro-Harlem Brundtland est la présidente5(*), présente et publie le rapport intitulé « Notre avenir à tous ». Ce rapport met en exergue la nécessité d'adopter un développement qui respecte simultanément les finalités sociale, économique et de prudence écologique6(*). C'est dans ce même esprit qu'en septembre 2000, 147 chefs d'Etat et de gouvernement et 189 pays se sont engagés dans la déclaration du millénaire « à faire du droit au développement une réalité pour tous et à mettre l'humanité entière à l'abri du besoin ». Il s'agit de stimuler une croissance économique durable qui accorde une place d'honneur aux pauvres et aux droits de l'homme. D'où l'énoncé des huit Objectifs du Millénaire pour le Développement qui concordent avec l'article 55 de la Charte des Nations Unies qui affirme qu' « en vue de créer les conditions de stabilité et de bien être nécessaires pour assurer entre les Nations des rapports pacifiques et amicaux fondés sur le respect du principe de l'égalité des droits des peuples et de leurs droits à disposer d'eux-mêmes, les Nations Unies devaient notamment favoriser le relèvement des niveaux de vie, le plein emploi et des conditions de progrès et de développement dans l'ordre économique et social » c'est dans le cadre de la mise en oeuvre de ces objectifs que fut mis en place le Programme des Nations Unies pour le Développement7(*). Les autorités camerounaises ont porté une attention particulière à la mise en oeuvre de ces Objectifs du Millénaire pour le Développement au niveau national lors de l'élaboration du DSRP I en 1993. En 2008, avec l'élaboration du DSCE, l'évaluation des objectifs 1 et 7 démontre les efforts que doivent encore fournir l'Etat du Cameroun pour atteindre les buts fixés. Selon l'Objectif du Millénaire pour le Développement 1, il est question d' « éliminer l'extrême pauvreté et la faim en réduisant de moitié le nombre de camerounais vivant au-dessous du seuil de pauvreté et qui souffrent de la faim ». le rapport d'évaluation de 2008 énonce que « de 2001 - 2007, la proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté national est restée quasiment stable, passant de 40,2% à 39,9% tandis que pour la même période, l'indice d'écart de la pauvreté est passé de 12,8% à 12,3% [...] l'objectif à atteindre à l'horizon 2015, [...] 25,1% [...] semblent compromis au regard des évolutions constatées [...] et de l'aggravation de la conjoncture économique mondiale ». Quant à l'Objectif du Millénaire pour le développement 7, il s'agit d' « assurer un environnement durable [...] en intégrant les principes de développement durable dans les politiques nationales et inverser la tendance actuelle de la perdition des ressources environnementales ». L'évaluation de la mise en oeuvre de cet objectif énonce que « [...] de nombreux efforts doivent être déployés pour la mise en oeuvre d'une stratégie basée sur les principes de développement durable »8(*). La mise en oeuvre du développement durable est encouragée à tous les niveaux de la société. C'est ainsi que ce dernier est aussi présent dans tous les champs de vie de l'entreprise. L'entreprise étant selon le concept socio-économique, un « groupe humain dont le but est la vente de sa production »9(*), une entreprise qui intègre le développement durable à sa stratégie et son fonctionnement se fixe pour objectif d'assurer un développement maintenu dans le temps, respectueux d'un système de valeurs sociétales et environnementales dans une logique de progrès continu, tout en impliquant des acteurs internes et externes à l'entreprise10(*). La Société ADC S.A. figure parmi les acteurs prioritaires qui permettront d'atteindre les objectifs de développement fixés. L'enjeu est de faire du Cameroun « un carrefour des échanges en Afrique Centrale tout en prenant en considération le contexte de crise économique internationale » 11(*). C'est ainsi que plusieurs travaux sont envisagés dans le sous-secteur aéroportuaire tels que la réhabilitation des aéroports et la conformité de ces derniers aux normes internationales. Selon les analystes, si ces projets sont menés à terme, la croissance dans ce secteur devrait se situer en moyenne annuelle à 1% entre 2009 - 2010 et a 6% entre 2012 - 202012(*). « Le système des transports devra se fonder sur les atouts indéniables du pays afin de contribuer à la croissance économique et à la lutte contre la pauvreté »13(*). C'est dans cet état d'esprit que le gouvernement camerounais a investit plus de huit cent cinquante milliards de francs CFA dans le secteur de l'aviation civile14(*) : quatre cent milliards pour la construction de trois aéroports internationaux et d'une dizaine d'aérodromes secondaires, près de trois cent milliards pour l'acquisition du matériel volant et environ 1,5 milliard de frais de formation ou de spécialisation des personnels techniques. Dans un tel contexte, une question submerge : quelle est donc l'implication de la société Aéroports du Cameroun S.A. dans le développement durable camerounais ? Pour répondre à cette préoccupation, l'élaboration de cette étude se fera sur la base de différents outils d'analyse qui permettront de produire un travail qui répond aux exigences académiques. Les méthodes d'analyse employées sont la méthode fonctionnelle et la méthode juridique. L'emploi de la méthode fonctionnelle permettra d'énoncer la fonction des institutions ciblées dans cette étude au sein de la société camerounaise. Il est question d'établir la réalité de l'interdépendance des institutions camerounaises, qu'elles soient formelles ou informelles. Quant à la méthode juridique, il est question d'établir une analyse basée sur les textes juridiques régulant le secteur des transports. La collecte des données s'est faite en deux temps, consultation des acteurs directement ou indirectement impliqués dans le secteur aéroportuaire et la consultation des documents qui ont fait de l'aviation civile camerounaise leur centre d'intérêt. Avant d'aborder le sujet, il serait nécessaire de planter le décor de l'analyse en faisant mention du contexte (I) tout en examinant l'intérêt du sujet qui répondra à la question qui est celle de l'implication de la Société ADC S.A. dans la mise en oeuvre du développement durable au Cameroun(II). * 5 Premier ministre norvégienne à l'époque. * 6 Bernard Louis Balthazard, le développement durable face à la puissance publique, l'Harmattan, décembre 2001, P.26. * 7 « L'ONU à l' origine des Objectifs du Millénaire pour le Développement », Http//stoppauvrete2015.keepwebuilder.com/stoppauvrete2015/index.php/fr/ONU_et_OMD.html. (Consulté le 16 - 06 - 2011). * 8 DSCE Cameroun 2008, pp 32 - 33. * 9 «Entreprise», Microsoft ®Etudes 2008 [DVD] Microsoft Corporation 2007. * 10Adepia, «le développement durable ou éco-efficience», Revue technique Apave N°304, octobre/nov. /déc. 2003, P. 31. * 11 DSCE Cameroun 2008, P.15. * 12 DSCE Cameroun 2008, P.15. * 13 DSCE Cameroun 2008, P.15. * 14 Ignatus Sama Sama, «Des avancées à perpétrer», CCAA, journal interne de l'Autorité Aéronautique, N°003 juillet 2010, P.5. |
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