Les rites d'investiture d'un chef coutumier comme espace communicationnel chez les Lega du territoire de Shabunda en RDC( Télécharger le fichier original )par Junior KYANGALUKA LUMPEMPE Université pédagogique nationale de Kinshasa RDC - Graduat 2012 |
1.1.2. Modèles de communicationDe nombreux théoriciens de la communication ont cherché à conceptualiser « le processus de communication ». La liste présentée ci-après ne peut prétendre être exhaustive, tant les modèles sont nombreux et complémentaires. Nous allons seulement nous limiter aux modèles de Shannon et Weaver et de Jakobson. a) Modèle de Shannon et Weaver((*)15) Modèle de Shannon et Weaver Le modèle de Claude Shannon et Weaver désigne un modèle linéaire simple de la communication : cette dernière y est réduite à sa plus simple expression, la transmission d'un message. On peut résumer ce modèle en : « Un émetteur, grâce à un codage, envoie un message à un récepteur qui effectue le décodage dans un contexte perturbé de bruit. » Apparu dans Théorie mathématique de la communication ( 1948), ce schéma sert à deux mathématiciens Claude SHANNON (père entre autres de nombreux concepts informatiques modernes) et Warren Weaver (scientifique versé tant dans la vulgarisation que la direction de grands instituts), à illustrer le travail de mesure de l'information entrepris pendant la Seconde Guerre Mondiale par Claude SHANNON (ce dernier a été embauché par Weaver à l'Office of Scientific Research and Développent pour découvrir, dans le code ennemi, les parties chiffrées du signal au milieu du brouillage). À l'origine, les recherches de SHANNON ne concernent pas la communication, mais bien le renseignement militaire. C'est Weaver qui a "traduit" la notion de brouillage par celle de " bruit", la notion de signal par " message", la notion de codeur par "émetteur", la notion de décodeur par "récepteur"... Jusqu'à la fin de sa vie, Claude SHANNON se défendra contre la reprise du soi-disant modèle pour autre chose que des considérations mathématiques((*)15). Le modèle dit de SHANNON et WEAVER n'a en effet de prétention qu'illustrative. Mais il a souvent été pris au pied de la lettre, révélant alors la forte influence béhavioriste du modèle de Pavlov (stimulus-réponse). Ce modèle, malgré son immense popularité (on le trouve cité souvent comme "le modèle canonique de la communication"), ne s'applique pas à toutes les situations de communication et présente de très nombreux défauts : · et s'il y a plusieurs récepteurs ? · et si le message prend du temps pour leur parvenir ? · et si la réalité décrite n'existe pas ailleurs que chez le premier locuteur ? · et s'il y a plusieurs messages (au besoin contradictoires) qui sont prononcés en même temps? · et s'il y a un lapsus ? · et si sont mis en jeu des moyens de séduction, de menace ou de coercition ? · et si le message comporte des symboles nouveaux ou des jeux de mots ? - Signal Emetteur Canal Codage Décodage Récepteur Message : l'idée Que l'Emetteur veux transmettre l'idée que Veux transmettre l'idée qui Signe envoyé par l'Emetteur Tout moyen de véhiculer le message jusqu'à la cible message media, internet, vendeur La forme donnée par l'émetteur à l'idée à transmettre Bruit des signes qui parasitent le signal envoyé L'interprétation par le récepteur de signaux reçus Les composants du système de schéma Shannon et Weaver((*)16) Ce schéma de SHANNON et WEAVER a pour avantage de mettre en évidence, les facteurs perturbateurs de l'information qui sont appelés « bruits » c'est un modèle qui ne prend pas en compte le coté retro action de l'information. Pour SHANNON, l'information n'est pas l'objet de la transmission. Il s'agit d'une grandeur statique, abstraite qualifiant le message indépendamment de sa signification. b) Modèle de Jakobson((*)17) Cet autre modèle, fondé sur la linguistique, est proposé par Roman Jakobson ( 1896- 1982). Ce linguiste russe développe un point de vue centré non plus sur la transmission d'un message, mais sur le message lui-même, évitant ainsi les dangers d'instrumentalisation technique (voir sur ce point philosophie des réseaux). Canal Emetteur Code Message Contexte Récepteur Il est composé de six facteurs. À chacun de ces facteurs est liée une fonction du message, explicitée par Jakobson. 1. Le destinateur, lié à la fonction expressive du message, 2. Le message, lié à la fonction poétique du message, 3. Le destinataire, lié à la fonction conative du message, 4. Le contexte, l'ensemble des conditions ( économiques, sociales et environnementales principalement) extérieures aux messages et qui influence sa compréhension, lié à la fonction référentielle du message, 5. Le code, symbolisme utilisé pour la transmission du message, lié à la fonction métalinguistique du message, 6. Le contact, liaison physique, psychologique et sociologique entre émetteur et récepteur, lié à la fonction phatique du message. On notera l'apparition ou la réapparition des trois dernières notions ( contexte, code, contact) qui complètent énormément la vision d'ensemble sur ce qu'est une communication. Ces travaux sont à lier à l'impulsion linguistique de Ferdinand de Saussure, conceptuelle de Shannon et Weaver, et philosophique de John L. Austin((*)18). * (15) Claude Edwood Shannon et W Weaver, Théorie mathématique de la communication, Dunod, Paris 1975, P.23 * (15) Claude Edwood SHANNON et W. WEAVER, Op.cit. p.52 * (16) Claude Edwood Shannon et W Weaver, Idem. p.72 * (17) FUASA TOMBISA, Les moyens de communication audio visuelle, cours inédit, ABA, 2010, L1 * (18) LEMA KUSA, Science de la communication, cours inédit, ABA, 2007, G2 |
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