3.3. Le mariage chez les
Lega
Chez les lega, le mariage est un acte social qui occupe une
place de choix dans la société. Il est ressenti comme un devoir
à remplir par tout parent envers sa progéniture. Car cet acte
non seulement consacre à cette dernière le statut de
responsable, mais aussi ouvre la voie à une assurance sur la
perpétuation de l'espèce familiale qui constitue le souci majeur
pour les géniteurs. Le célibat est considéré comme
une situation anormale.
Chez les lega comme chez la plupart des peuples de la
République Démocratique du Congo, l'engagement des familles passe
avant celui des individus appelés à s'unir. Le choix d'un futur
conjoint opéré par une famille dans une autre famille s'appuie
sur les critères de moralité et de fécondité.
Il faut noter que la décision finale pour qu'un parent
marie un fils est conditionné par la capacité
avérée de celui-ci à se prendre en charge.
3.3.1. Période
préparatoire
Un membre de famille (généralement le
père ou l'oncle) du jeune homme que l'on veut marier se rend
auprès de la famille ciblée de la jeune fille pour demander la
main de cette dernière. Une fois la demande acceptée, la
période des fiançailles est ouverte.
Le jeune pourra alors à sa guise se rendre au moment
opportun en visite test auprès de la famille de sa fiancée. Cette
visite est désignée sous le
vocable « itendia ». Tout se sera
bien passé si la réception se termine par un repas
comprenant un coq sur pied égorgé à cette occasion.
3.3.2. Le mariage
Les deux familles se fixent un jour pour la
cérémonie de la dot. La nomenclature des biens est
communiqué à la belle famille et comprend obligatoirement
1) Le «Musanga»:monnaie ancestrale constituée
de pièces de coquille d'escargots et d'huitres en forme rectangulaire
ou circulaire percées de trous en leurs milieux et entassées
autour d'un fil passant par ces trous;
2) Des billets de banque en monnaie nationale;
3) Des caprinés (chèvres et/ou moutons sur
pied)
4) Du matériel pour l'agriculture et la chasse:
hâches, machettes, houes, lances, fusil calibre 12...
5) Des habits : pagnes, foulards, pantalons, chemises,
costumes
Suivant la tradition, les Lega se complaisent à
n'établir aucune sorte de «facture» fixant le nombre des
biens énumérés ci-dessus. Les quantités respectives
à fournir constituent un test du dégré d'amour du
fiancé envers sa future conjointe. Ce dégré est traduit
par la hauteur des quantités de ces biens remis à la belle
famille.
Le jour»J» la belle famille se rend auprés de
la famille prétendante pour la cérémonie du mariage
coutumier. Après un bref échange , la famille prétendante
étale et compte les biens. C'est en ce moment que la belle famille
exprime sa satisfaction totale ou partielle sur la valeur de la dot.
Dans ce dernier cas, la famille prétendante
déclare la quantité ou valeur minimale souhaitée pour un
type de bien donné et , généralement, si le
prétendant ne peut immédiatement y rémédier, il
recourt à l'expression: «Isonga muzinga, talikusilaga mu busi
bumozi«. C'est qui veut dire littéralement : «la dot
est comparable à un trou(béant) à remblayer, on ne peut y
parvenir en en jour». Et, littérairement, «la
valeur (significative ) de la dot est telle qu'on ne peut s'en acquiter en une
seule échéance». En effet, au cours de sa vie
professionelle, l'époux est appelé à faire à ses
beaux frères des dons à valoir sur la dot.
Aussitôt après, la belle famille
emballe tous ces biens et rentre chez lui. Il n'y a aucune
cérémonie de rejouissance organisée à cette
occasion. La famille prétendante peut alors fixer le jour de sa
convenance où la belle famille accompagnerait la jeune épouse au
domicile de son mari.
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