3. Mesure multidimensionnelle de la pauvreté :
approche théorique
Dans les analyses et les études sur la mesure de la
pauvreté, comme nous l'avons précisé ci-dessus, plusieurs
approches peuvent être proposées. En effet, par définition,
il semble que plusieurs dimensions doivent être simultanément
retenues. La mesure qui découlerait serait naturellement composite voir
complexe. Certains indicateurs à prendre en considération
apporteraient des informations mieux que d'autres sur ce
phénomène, mais aucun indicateur ne semble être suffisant
à lui seul pour rendre compte de la situation. Ainsi, chacune des
dimensions à identifier devrait être prise en
considération.
3.1. Considérations méthodologiques
Plusieurs arguments, théoriques et pratiques, peuvent
être développés et avancés pour justifier le recours
à des approches multidimensionnelles pour mesurer la pauvreté.
Ainsi, sur le plan théorique, la constatation repose sur le fait que la
pauvreté n'est pas liée à la seule faiblesse du revenu ou
de la dépense de consommation par exemple. Elle est aussi due à
des manques au niveau d'autres dimensions (voir ci-dessus). Chacune de ces
dimensions reflète en effet, et de façon nette, un aspect
particulier du bien être. Pris ensemble, d'une façon ou d'une
autre, toutes ces dimensions illustrent le caractère multidimensionnel
de la pauvreté. Sur le plan pratique, il est généralement
admis, que le seul indicateur basé sur une mesure monétaire
(revenu ou dépense) ne reflète pas le niveau de vie de l'individu
et ne permet aucune comparaison valable, ni dans le temps ni dans l'espace. En
effet, à travers les enquêtes statistiques
généralement exploitées, il n'est pas du tout
évident que les niveaux de ces grandeurs soient convenablement
observés et approchés.
L'approche de la pauvreté ne peut et ne doit donc
être que multidimensionnelle, c'est-à-dire beaucoup plus large et
plus riche que l'approche qui ne serait basée que sur un seul indicateur
(le revenu ou la dépense de consommation). Cependant, l'adoption d'une
approche multidimensionnelle nécessite naturellement l'utilisation de
plusieurs données individuelles sur plusieurs dimensions du bien
être. Cette exigence a alors longtemps découragé les
économistes tout comme les statisticiens à développer des
mesures de la pauvreté qui tiennent compte du caractère
multidimensionnel de ce phénomène.
Par ailleurs, et en plus du problème des
données, sur les plans à la fois théorique et pratique, il
ressort que l'un des problèmes fondamentaux des approches de la
pauvreté est la difficulté, voir l'impossibilité pratique,
de capter simultanément toutes ses facettes. En effet, et à cause
de sa nature complexe et multidimensionnelle, il existerait a priori plus d'une
approche pour mesurer la pauvreté des ménages ou des personnes,
qui sont en général les unités statistiques de
référence des différentes enquêtes. Dans ces
approches, il se pose en effet toujours et très rapidement, comme on
vient de le voir, le problème des dimensions à retenir ainsi que
les indicateurs (binaires ou continues) associés à
intégrer dans toute mesure à proposer. Par la suite, et à
supposer que le problème des dimensions à retenir est
résolu, se pose celui de l'agrégation (ou pas) de ces indicateurs
en un indicateur composite de synthèse en utilisant un système
précis et objectif de pondérations.
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