ANALYSE MULTIDIMENSIONNELLE DE LA PAUVRETE PAR APPROCHE
DE L'ANALYSE DE DONNEES
« CAS DE LA VILLE DE KINSHASA »
PAR
KALOMBO MAYOMBO Samuel
kalombosamuel@gmail.com
1. Introduction
La pauvreté est un phénomène qui a
existé depuis toujours. Vraisemblablement, et pour des raisons
démographiques, le nombre de pauvres était relativement plus
faible mais le taux de pauvreté était lui plus
élevé. A travers le monde, les préoccupations des
responsables étaient différentes de ce qu'elles sont
actuellement vis-à-vis de ce phénomène. Elles se
focalisaient beaucoup plus sur les autres aspects du développement et
sur la croissance des agrégats macro-économiques et beaucoup
moins sur la lutte contre la pauvreté. Par la suite, et depuis la fin
des années quatre vingt du siècle précédent, le
problème de la pauvreté a commencé à susciter un
intérêt de plus en plus grand auprès des chercheurs et des
décideurs. Cette récente prise en considération de ce
phénomène s'explique par sa persistance (voire son accentuation)
un peu partout à travers le monde. Par ailleurs, la mise en place de
politiques sociales pour contrer certains effets négatifs des politiques
de stabilisation macro-économique contenues dans les programmes
d'ajustement structurel, que certains pays comme la République
démocratique du Congo ont connus, ont commencé à mobiliser
les politiciens et les économistes du monde entier. Ces politiques
sociales laissent par nature de la place à la lutte contre la
pauvreté. Dans ce sens, et lors de l'Assemblée
Générale de l'Organisation des Nations Unies (ONU),
organisée le 8 septembre 2000, 189 pays ont adopté à
l'unanimité, la réduction de moitié de l'extrême
pauvreté et de la faim entre 1990 et 2015. Cet objectif est aujourd'hui
érigé comme l'axe majeur des Objectifs du Millénaire pour
le Développement (O.M.D.). Réduire de moitié
l'extrême pauvreté, dans n'importe quel pays, nécessite la
mise en place de stratégies de lutte efficaces et bien ciblées.
Ces politiques sont, cependant, conditionnées par une bonne
identification des populations pauvres et leur caractérisation. En
effet, une mauvaise identification de ce sous groupe de la population limite
l'efficacité de toute politique d'allégement de la
pauvreté sous toutes ses formes.
Théoriquement, l'identification des pauvres et la
mesure de la pauvreté semblent être une procédure
séquentielle simple : la sélection des indicateurs de mesure du
bien-être, la définition d'un ou plusieurs seuils de
pauvreté et l'établissement des indices de mesure du degré
de la pauvreté. Toutefois, dans la pratique, l'opération se
révèle très complexe et fait l'objet d'un large
débat entre au moins deux principaux courants de pensée. Le
premier est dit utilitariste et définit comme pauvre tout individu qui a
un revenu (ou une dépense) insuffisant ne lui permettant pas de subvenir
à ses besoins. Cette approche, bien qu'elle mette en valeur une
dimension importante du bien être, ne donne qu'une vision très
incomplète des différents manques dont souffrent les pauvres.
Le second courant est dit non monétaire ou
multidimensionnel. Il est développé et soutenu, surtout ces
dernières années, par les partisans de l'école dite des
besoins de base et ceux de l'école des capacités et des
fonctionnements avec Amartya Sen à sa tête. Ce courant approche la
pauvreté en tenant compte de plusieurs dimensions. Selon lui, les
pauvres ne sont pas seulement ceux qui ont un revenu faible, mais aussi ceux
qui ne peuvent pas satisfaire leurs besoins essentiels relatifs à la
nourriture, au logement, à l'habillement, à la santé,
à l'éducation, ..., etc. Sen, définit même la
pauvreté comme étant un manque de libertés réelles
et formelles, autrement dit, comme un manque de capacités d'être
et de faire. La pauvreté est alors vue comme une privation multiple qui
ne peut pas se réduire au seul manque de ressources
La perspective dans laquelle nous évoluerons dans le
cadre de cette analyse est celle d'une approche multidimensionnelle des
besoins de bases afin de dégager un indice de pauvreté pouvant
exprimer la situation de la RDC. Les données que nous avons
utilisées proviennent de l'enquête 1-2-3 de 2004 et 2005
réalisée par l'institut national de la statistique, INS.
Cette enquête est composée de trois sous
enquêtes intégrées, la phase 1 concerne emploi, la phase 2
qui couvre le secteur informel et la phase 3 qui est relative à la
consommation des ménages. La taille de l'échantillon de
l'enquête 1-2-3 est large, elle est de 72.685 personnes
enquêtées soient 13.215 ménages, pour une taille moyenne du
ménage de 4, 5 personnes. Cette enquête couvre les dix provinces
du pays, en plus de la capitale Kinshasa considérée comme
province et capitale en même temps. Dans la présente étude
nous utiliserons la phase 1 pour l'étude multidimensionnelle de la
pauvreté
L'objectif général est donc d'approcher la
pauvreté en milieu urbain de la ville de Kinshasa de façon
multidimensionnelle. Nous y élaborons une étude de
pauvreté non monétaire, c'est-à-dire selon plusieurs
dimensions. De façon spécifique, à travers ce travail,
nous cherchons à :
Ø faire une analyse descriptive des différentes
dimensions de la pauvreté au niveau des ménages de la ville de
Kinshasa ;
Ø calculer, en utilisant les méthodes
statistiques avancées, à savoir l'analyse des correspondances
multiples (ACM), l'analyse en composantes principales (ACP), un indicateur
composite de la pauvreté (ICP);
Ø calculer un seuil de pauvreté
multidimensionnelle en utilisant les centres mobiles qui est une technique de
classification automatique,
Ø estimer plusieurs indices de pauvreté
multidimensionnelle en utilisant l'indice FGT
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