Le journal télévisé en lingala facile, copie ou innovation (cas de la RTLJ en RDC )( Télécharger le fichier original )par Valentin BOKALANGANYA Université de Lubumbashi RDC - Graduat 2011 |
CHAPITRE TROISIEME : ANALYSE CRITIQUE DES JOURNAUX EN LINGALA FACILEDans ce chapitre, notre étude est axée sur l'analyse critique et comparative des journaux télévisés en lingala facile en ce qui concerne la présentation, aussi l'analyse du processus informationnel de ces journaux. III.1. ANALYSE CRITIQUES DES JTLFLes JTLF ont été sans doute conçus et présentés. Mais comment ont-ils été conçu et présentés ? Au niveau de la conception La conception d'une émission repose sur le titre et la philosophie même de celle-ci qui doivent avoir un rapport constant. Par la simple lecture du titre, on peut facilement comprendre le contenu ou la philosophie. Les JTLF souffrent d'une incohérence criante entre le titre et certains termes lingala. Au niveau de la présentation La présentation d'un journal constitue la phase ultime de l'équipe rédactionnelle car c'est elle qui sacre tout le travail acharné des journalistes. La présentation des JTLF est, à première vue, prise à la légère. Ceci est remarquable tout d'abord par l'entame qui caractérise une certaine impolitesse et un non-respect des téléspectateurs. Ensuite au niveau de la désannonce où le présentateur se métamorphose en un griot ou un donneur de morale. III.1.1. SELECTION DES FAITSCette phase est très importante parce qu'elle constitue le point de départ du processus informationnel et recommande au journaliste d'être éveillé en le mettant face à l'événement. A ce niveau, la RTLJ s'est fixée des critères de choix. Mais quel sens accorde-t-on à chacun de ces critères ? Nous avons : L'actualité Il est recommandé au journaliste d'informer le plus rapidement possible. La RTLJ avec son JTLF néglige ce critère. Bien souvent, les textes informationnels procurés par la rédaction française souffrent d'un décalage par rapport à la date exacte. C'est ainsi que l'on constate plus souvent des discours au passé, l'emploi de l'adverbe de temps « hier ». C'est seulement avec retard narratif que les informations du JTLF parviennent au public. C'est à ce point que nous nous conviendrons avec FROISSART qui nous dit que « les professionnels des médias doivent employer toute leur intelligence pour donner à ce conception une expression correcte »(17). Le JTLF propose au public des plats réchauffés, c'est-à-dire les informations en différée. La personnalité C'est l'un des critères qui plonge le JTLF dans la démagogie, car le JTLF ne sait pas tenir la distance en ce qui concerne la limite entre la vie publique et la vie privée des autorités du pays. Voilà pourquoi EVERETTE et MERILL soulignent que « la limite entre la vie publique et privée des autorités n'est pas toujours évidente, compte tenu de la position sociale »(18). Ce faisant, le journaliste n'a pas de droit d'informer la population sur la vie privée des autorités sauf pour un intérêt supérieur de la nation. Mais, c'est le contraire dans les JTLF où les présentateurs se permettent de livrer une information sur les activités privées des autorités. 3(*) Il est vrai que l'information c'est aussi la célébrité, mais une célébrité pouvant intéresser la population. Le journaliste peut informer le public sur la conduite des autorités même s'il faut blesser ceux dont le comportement est douteux. Voilà une des manières de parler de la personnalité. Les conflits David BRINKLEY partage cette opinion : « une information, dit-il, c'est un événement inattendu. La tranquillité n'est pas une information »19. Nous sommes sans ignorer que notre pays traverse une période des troubles surtout à l'Est, mais les médias n'en parlent pas suffisamment. S'ils essayent d'en parler, c'est d'une manière superficielle. Bien des faits, ce sont des informations sur les conflits parcellaires, les conflits familiaux, les bagarres qui reviennent dans les JTLF. L'insolite Ce critère de sélection prend de plus en plus de l'ampleur comme jamais auparavant. Jamais, il ne manque des faits insolites dans les éditions du JTLF. Ils sont souvent définis en termes de viol, malformation chez les nouveau-nés, etc. Mais la question que l'on se pose est celle de savoir comment les faits insolites sont-ils traités. Notons que ce critère a permis au JTLF d'être plus suivi par les lushois, car les faits insolites sont très souvent amplifiés. Pour ce qui est du JTLF, on cache uniquement le visage de la victime, le présumé coupable est exposé sans attendre le procès du tribunal. Or, on ne sait jamais si celui-ci pourra être déculpabilisé après jugement. Entre temps, le JTLF a déjà touché à sa dignité. Même cas pour la victime. 3(*) Bien qu'ayant caché le visage, le journaliste donne l'identité de la victime qui peut faciliter la reconnaissance de celle-ci (interview accordée aux membres de la famille, voisins, ...). Cependant, le devoir d'informer n'a des limites que par rapport au respect de personnes, sujet de l'information. La proximité Bernard ROSCHCO déclare que « la loi de la proximité n'est pas nouvelle en journalisme, ce qui est neuf c'est l'affichage explicite de cette notion à des fins promotionnelles » 20. Le JTLF s'accroche beaucoup plus à ce critère dans le but de rassembler un grand public et augmenter aussi son audience. A titre d'exemple, nous citerons : le déguerpissement, vol, ... De ce fait, la population cherchera à suivre le JTLF. Et on se demande alors quel impact pourraient avoir ces informations sur la population. L'essentiel pour le JTLF n'est pas d'informer la population ou d'éveiller leur conscience, mais plutôt gagner la confiance. L'intérêt La RTLJ dit pouvoir mettre l'homme au centre de sa préoccupation en lui présentant ce qui touche son vécu quotidien. En réalité, ce n'est pas sa préoccupation comme elle le prétend. Bien de fois, le JTLF est borné aux problèmes d'eau, d'électricité, de route, d'accidents de circulation. C'est ce qui constitue son centre d'intérêt. Cependant, l'intérêt humain est un fait visant le bien-être mental, physique et même social de l'homme. Le problème qui se pose à ce niveau est que les journalistes du JTLF n'ont pas le temps de créer l'information (provoquer l'événement). 3(*) Ils attendent par contre que l'événement se produise pour enfin en parler, c'est-à-dire ils parlent plus des conséquences survenus que des causes. Les journalistes du JTLF descendent sur le terrain sans aucune préparation, c'est-à-dire qu'ils se mettent en face de l'événement sans déterminer l'angle. Ainsi, on plonge le public dans la monotonie des nouvelles sur le viol, vol, accidents de circulation, etc. * 17 FROISSART, P., La rumeur ou la survivance de l'intemporel dans une société d'information, in R Comm. N° 3, 1995, p. 66. 18 EVERETTE, E. JOHN, C. MERILL, Les médias en question, choix des informations, s.l, s.e, s.d, p. 175. * 19 EVERETTE, E. JOHN, C. MERILL, Op. Cit. p. 167. * 20 ROSCHCO, B. cité par MERILL, Op. Cit, p. 175. |
|