Tourisme et pauvreté à Marrakech: étude de cas de deux quartiers: Douar Belaàąguid et Douar Moulay el Mahdi.( Télécharger le fichier original )par Aicha KNIDIRI Université Cadi Ayyad Marrakech Maroc - faculté des lettres et des sciences humaines - Master 2 tourisme, patrimoine et développement durable 2010 |
Section3 : L'hébergement chez l'habitant et le tourisme alternatif« Cette forme de tourisme alternatif veut faciliter et améliorer les contacts entre touristes et population locale, en s'opposant aux excès du tourisme de masse. Le tourisme «chez l'habitant» peut porter en effet des bénéfices économiques directs et capacités de management aux familles ; il peut favoriser les améliorations aux bâtiments, en évitant des grosses dépenses en infrastructures publiques ; il contribue à éviter la fuite à l'étranger des profits issus du tourisme et les tensions sociales, en favorisant la préservation des traditions locales... En étant de propriété de la communauté résidente ou de ses membres, un plus grand partage des gains à l'échelle locale devrait être assuré, comme d'ailleurs un plus haut taux d'occupation et une majeure demande de biens produits localement. De plus, l'engagement des familles dans le secteur touristique, peut favoriser l'accès à la formation et ensuite à l'acquisition de professionnalismes spécifiques de la part des sujets les plus désavantagés, telles les femmes, que peuvent ainsi devenir des acteurs économiques de premier rang »26(*). D'après cette citation, l'hébergement chez l'habitant est une opportunité à saisir pour la communauté locale. Toutefois, les gens enquêtés sont partagés, mis à part les 16 qui n'ont pas d'opinion, 68 personnes sont pour ce type de tourisme et 66 personnes sont contre (graphe 9).
Selon le tableau 6, les jeunes sont en majorité pour cette forme de tourisme. Parmi les 40 personnes âgées de moins de 30ans, 37 favorables ; alors que les personnes âgées de plus de 46 (43 personnes), 34 parmi eux sont défavorables à ce genre de tourisme. Pour les gens de 30 à 45 ans, qui représentent la majorité avec un nombre de 67, ils sont partagés : 30 d'entre eux sont pour et 29 sont contre. Cela laisse voir la disparité des idées et des points de vue de génération à génération. Les jeunes sont plutôt pour l'ouverture, l'échange et le partage. Alors que, les gens âgés sont plus conservateurs et ont peur d'un contact qui peut toucher à leurs traditions, à leurs cultures et à leurs habitudes ancestrales, contrairement aux jeunes qui sont toujours en quête de nouveaux horizons.
Les gens qui sont pour ce genre de tourisme, se justifient généralement par les profits matériel, culturel et intellectuel qu'il procure. Les retombées seront directement bénéfiques pour eux et non pas pour les tours opérateurs qui "bradent" notre pays et sa culture à 300 euros tout inclus et présente le Maroc comme beau leur semble, cela permettra aux touristes de découvrir le vrai visage du pays et aussi de renforcer la fierté culturelle des habitants qui les accueillent. Ces derniers, affirment qu'en accueillant des touristes chez soi, c'est une manière de s'ouvrir à d'autres cultures, histoires et coutumes. Evidemment, cela ne peut se faire que dans la présence des lois et des réglementations qui garantissent la protection à tous, et aussi, il faut sensibiliser et « convier la population d'accueil à regarder le touriste comme un hôte mais pas forcément comme un modèle. La diversité universelle de l'humain n'implique ni asservissement, ni insolence et encore moins le racisme »27(*). Pour les autres, ce type de tourisme ne peut pas exister car les touristes cherchent à s'amuser et à se reposer, ce que ces gens enquêtés ne peuvent pas assurer à cause de leur logement qu'ils jugent minables, surtout à Douar Moulay El Mahdi. Aussi, ils trouvent que ce n'est pas vraiment très rentable car ses dégâts sur notre culture, très fragile, peuvent être graves. Toutefois, en incluant ce type de tourisme comme une modalité de réponse parmi d'autres, les gens ont privilégie d'autres types de touristes sur ceux qui logent chez l'habitant, qui a été classé parmi les trois derniers avec 33 votes. (Tableau 7)
Sur un nombre total d'observations de 283, le touriste qui a été jugé avec plus de retombées sur la pauvreté, c'est le « touriste conscient des problèmes de la pauvreté et concerné par le développement de la région et qui aimerait y participer » avec 79 votes en justifiant toujours que c'est lui qui pourra avoir des retombées directes sur la pauvreté et le développement local sans l'intervention de plusieurs acteurs. Un travail bien organisé entre lui et la population local est susceptible de diminuer la pauvreté. Puis, il y a le « touriste moyen et aventurier, aimant la culture Marrakechi, qui cherche à s'intégrer en respectant les coutumes et les moeurs locales » avec 56 votes, car en majorité les gens ont tendance à vouloir être respectés et préfèrent ne pas être dérangés dans leur quotidien par des intrus qui ne passent pas discrètement, et même si cela peut sembler contradictoire, c'est pour les mêmes raisons qu'ils ont aussi choisi « Un touriste très riche qui ne sort jamais de son palace » en confirmant que s'il y a une bonne répartition des biens, la population peut bien bénéficier de ces touristes sans être dérangée par leur présence. L'idée est bien claire, les gens sont pour les touristes qui passent discrets. Ensuite, avec un nombre de 37 votes, vient le « touriste dont la préoccupation est d'améliorer le niveau de vie des autochtones et préserver le patrimoine culturel et naturel ». On remarque l'écart flagrant entre cette modalité et la première même si elles convergent vers le même but, améliorer le niveau social des habitants. Mais, les gens se sont sentis plus concernés par la première qui met en valeur la pauvreté précisément. Enfin, les enquêtés ne voient pas d'intérêt dans "les visiteurs des lieux et des populations locales", car les gens ne veulent pas être visités. Les regards indiscrets des touristes les réduisent à des curiosités de cirque. Ils ne sont pas aussi pour "ceux qui cherchent les trois S" (Sea, Sun and Sex). Le Maroc est un pays qui offre par sa culture et sa nature riches et diversifiées d'autres centres d'intérêt.
En définitive, la majorité des gens trouvent que le secteur touristique est un pourvoyeur de devises et créateur d'emplois, donc il peut contribuer à la lutte contre la pauvreté. Les gens veulent bien y être impliqués à condition que le secteur soit plus réglementé et offre des emplois stables, respectables et bien rémunérés. Ils sont pour le tourisme qui passe discret et qui a des retombées effectives sur la pauvreté, soit en y participant directement, soit indirectement, par une vraie implication de l'Etat qui contribuera à une bonne répartition des richesses. En effet, un tourisme de lutte contre la pauvreté est possible reste à savoir la bonne façon d'y parvenir. * 26°/- Mariotti. S, 2004, Développement local et hébergement chez l'habitant, Ile de Gorée - Sénégal, les sommets du tourisme, chamonix mont-blanc. * 27°/ Mimoun .H, 2004, Le tourisme international vu du Sud : essai sur la problématique du tourisme dans les pays en développement, Québec, PU Québec, 228 pages. |
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