1.2.3.
URBANISATION ET HABITAT
1.2.3.1 Processus
d'urbanisation
Le Cameroun connaît une urbanisation rapide
marquée par une croissance spatiale accélérée et
anarchique. D'après le Bucrep (2010) l'effectif de la population urbaine
a été multiplié par 3,9 entre 1976 et 2005. En 1976, par
exemple, la population urbaine était estimée à 2 184
142 habitants alors qu'en 2005, elle s'élevait à
8 514 936 habitants.
Cette urbanisation n'est malheureusement pas suivie selon le
MINDUH (2006) par une offre proportionnelle en équipements et
infrastructures. La crise économique ayant frappée le pays
dans les années 80 a freiné considérablement les
développements notables enregistrés en matière d'habitat.
Le constat aujourd'hui demeure assez préoccupant ; qu'il s'agisse du
logement, des infrastructures et des équipements.
En matière de logement, il apparaît
qu'à ce jour, environ 70% de la population urbaine vit dans des
quartiers sous structurés et/ou lotis de manière anarchique. On
estime à 600.000 unités le déficit actuel en logement
(MINDUH, 2006).
A Douala, la consommation de l'espace est très
élevée. Selon la CUD (2007), elle s'évalue annuellement
à environ 1000 hectares. Cette occupation de l'espace se fait comme dans
de nombreuses villes de l'Afrique au Sud du Sahara, de manière
incontrôlée, en raison, d'une part, du rythme élevé
de la croissance urbaine, de la précarité des tenures
foncières et de la carence de l'offre de parcelles viabilisées et
adaptées aux capacités contributives des ménages pauvres.
L'urbanisation a commencé par la densification des quartiers centraux,
par la suite avec la croissance démographique de la population elle
s'est poursuivie par la poussée des ménages les plus
démunis dans les zones périphériques qui se sont
installés sans respect des règles d'urbanisation favorisant ainsi
la prolifération des quartiers à habitats spontanés. La
CUD en 2006 estimait à 72% la proportion d'habitat précaire dans
la ville de Douala.
Le PNUD (2004), pense que l'urbanisation rapide et
incontrôlée de la ville de Douala présente de nombreux
inconvénients dont:
- Une occupation anarchique et spontanée de
l'espace ;
- Une extension rapide du périmètre
urbain ;
- L'occupation des zones non aedificandi ;
- L'absence d'espaces vert et de loisirs ;
- L'enclavement de plusieurs quartiers ;
- La promiscuité dans les quartiers populaires
1.2.3.2. Typologie de l'habitat
L'habitat dans les grandes villes Africaines peut être
classé selon le processus de peuplement des différents
quartiers. Selon Mougoué cité par Josa (2002), nous pouvons
distinguer sept types d'habitats :
· Habitat de haut standing de type colonial : Il
est situé dans les plateaux et les lignes de crête car il
répondait au désir des colons de se trouver à l'abri des
basses zones, où prévaut beaucoup de moustiques, sources de
maladies. Aujourd'hui ils sont encore habités par la population
d'origine européenne, ainsi que les cadres de l'administration, la
diplomatie étrangère, la bourgeoisie africaine et d'autres
groupes de populations aisées.
· Habitat de haut standing de type pavillonnaire :
c'est l'habitat qui caractérise les quartiers crées pour
héberger la nouvelle oligarchie africaine (hauts cadres de
l'administration, hommes d'affaires, etc.). Ils sont construits dans les
parcelles de grandes surfaces qui font remarquer facilement le statut
économique de leurs résidents.
· Habitat non structuré dense : La plupart
de la population des villes africaines habite dans ce type de tissu. Il s'est
formé spontanément à partir de l'immigration rurale des
années soixante et soixante-dix. Cependant, on ne devrait pas parler
d'habitat dense, à cause du fait qu'en comparaison aux tissus d'autres
régions du monde il ne l'est pas. C'est un habitat plutôt
massifié du fait qu'il n'y pas d'édification en hauteur et dont
les infrastructures et services urbains par habitant sont très
réduites. Ce type d'habitat occupe les pires lieux pour édifier
(zones inondables, de fortes pentes, etc.).
· Habitat non structuré péri-urbain
: Cet habitat occupe de manière irrégulière les zones
semi-rurales de la périphérie de la ville. Il est en phase de
densification et ses caractéristiques sont semblables à ceux des
quartiers non structurés denses du centre de la ville pendant le
processus d'urbanisation. C'est un habitat qui peut avoir aussi des
problèmes de massification dans un prochain processus de peuplement, et
avec l'aggravante d'être très loin du centre de la ville.
· Habitat planifié de moyen standing :
sous le nom de programmes « sociaux », les États Africains ont
souvent essayé de mettre en place un habitat planifiée pour les
classes moyennes. Normalement, ces quartiers sont placés dans la zone
périurbaine sur les voies de communication, et spontanément les
espaces laissés par les blocs urbanisés se remplissent d'habitat
précaire. De nos jours, ce qui caractérise ces quartiers c'est
l'abandon des infrastructures et services urbains et la paupérisation
des populations du fait que la crise économique a affecté surtout
les classes moyennes.
· Habitat mixte commercial - résidentiel :
C'est le tissu linéaire qui se forme sur le bord des rues principales
où a lieu la plupart des activités économiques
informelles. Cet habitat se caractérise par l'existence de beaucoup de
services tertiaires de moyenne-basse qualité (stations de service, bars,
hôtels, garages, boutiques,...). L'habitat mixte cache à son
arrière les quartiers non structurés où les routes
n'arrivent pas. Malgré le fait que sur les rues se concentrent plus
d'infrastructures, les problèmes sanitaires sont aussi graves car c'est
ici que se trouvent les seuls bacs de ramassage d'ordures.
· Zones industrielles : Les zones industrielles se
trouvent surtout dans les villes portuaires. D'habitude elles sont
constituées d'usines de capital étranger qui fabriquent des
produits pour la consommation locale (savons, boisons, etc.). Les installations
de traitement des matières premières pour l'exportation
(pétrole, bois,...) sont aussi très courantes dans ces villes.
L'impact environnemental des zones industrielles n'est pas normalement
contrôlé.
Une classification de la ville de Douala a été
faite par le PNUD (2004) du point de vue du tissu urbain en :
- Quartiers résidentiels : Bonanjo, Bonapriso, les
lotissements de Douala Nord (Makepé, Bonamoussadi) ;
- Quartiers mixtes (résidentiels et populaires) :
Akwa, Bali, Deido, Ndogbong, Koumassi, Bonamikano, Bonassama,
Bonambappè ;
- Quartiers populaires à habitats denses et
spontanés : Bépanda, Nkololoun, New Bell, Newton aéroport,
Bilongué, Mambanda, Ndokoti, Ndogsimbi etc.
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