DEDICACE
A
- Ma chère épouse AVOUZOA
Jacqueline Marlyse, pour tout le
soutien et les sacrifices consentis dans cette oeuvre et
- Au Regretté Professeur Gilbert
TSAFAK, Premier Coordonnateur National de la Chaire UNESCO au
Cameroun, pour son immense oeuvre qui constitue pour nous, une source
d'inspiration et d'admiration.
REMERCIEMENTS
Qu'il nous soit permis de remercier ici en premier lieu,
Le Professeur Louis MAMOZ titulaire
de la Chaire UNESCO des Sciences de l'Education en Afrique centrale ;
Le Recteur de L'Université de Yaoundé
I ;
Le Directeur de l'Ecole Normale Supérieure ;
Le Coordonnateur National de la Chaire UNESCO Antenne de
Yaoundé, Professeur Pierre FONKOUA
Pour tout ce qu'ils ont fait pour permettre et faciliter
l'ouverture de l'Ecole doctorale internationale en Sciences de l'Education au
Cameroun.
Ensuite, nous voulons témoigner notre reconnaissance au
Professeur Pierre Marie NJIALE, notre Encadreur qui
n'a ménagé aucun moyen pour nous introduire définitivement
dans le chemin de la recherche.
Par la même occasion, nous remercions tous les
enseignants de la Chaire UNESCO pour leur disponibilité et leur
dévouement dans l'oeuvre de formation si bien accomplie.
Nous pensons à tous ceux qui nous ont aidé dans
la collecte des informations, notamment à :
- Monsieur ETOUA AZO'O, Inspecteur
Général de Pédagogie, MINEDUB
- Monsieur OWOTSOGO ONGUENE, Chef de
Division de la planification, des projets et de la coopération,
MINEDUB
- Monsieur EKOBENA, Chef de Division
des Affaires Juridiques, MINEDUB
- Monsieur MAMA CHANDINI, Chef de
Service des logements à l'Université de DSCHANG.
- A tous les Inspecteurs d'Arrondissement, les Directeurs
d'écoles, les Enseignants du primaire ainsi que les parents
d'élèves qui nous ont manifesté leur disponibilité.
Qu'ils trouvent ici, l'expression de notre gratitude.
Nous n'oublions pas tous nos camarades et collègues de
promotion qui ont su faire montre de dynamisme et de solidarité dans
l'accomplissement de cette lourde et exaltante tâche. Nous pensons
à notre Délégué OKENE
Richard et à TAZANOU
Irène pour tout le soutien à nous
apporté.
Enfin que tous ceux qui de près ou de loin dont les
noms ne figurent pas ici, trouvent dans ce travail le résultat de leur
soutien.
A toutes et à tous, nous disons une fois de plus
MERCI.
SOMMAIRE
Pages
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
ABREVIATIONS ET SIGLES
vi
LISTE DES TABLEAUX
viii
RESUME
x
ABSTRACT
xii
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE I :
PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
4
I.1. CONTEXTE DE L'ETUDE
6
I. 2. POSITION DU PROBLEME
15
I. 3. OBJECTIFS DE L'ETUDE
17
I. 4. QUESTIONS DE RECHERCHE
18
I. 5. JUSTIFICATION DE L'ETUDE
19
I. 6. DELIMITATION DE L'ETUDE
20
CHAPITRE II :
INSERTION THEORIQUE DU SUJET
4
II. 1. DEFINITION DES CONCEPTS
23
II. 2. LA RECENSION DES ECRITS
32
II. 3. LES THEORIES EXPLICATIVES DU SUJET
44
CHAPITRE
III :
CADRE METHODOLOGIQUE
4
III. 1. TYPE DE RECHERCHE
53
III. 2. POPULATION ET ECHANTILLON DE L'ETUDE
54
III.3. INSTRUMENTS DE MESURE ET COLLECTE DES
DONNEES
55
III. 4. MODELE D'ANALYSE DES DONNEES
58
CHAPITRE IV :
PRESENTATIION DES RESULTATS
4
IV. 1. RESULTATS DE L'ETUDE DOCUMENTAIRE
61
IV. 2. PRESENTATION DES DONNEES DESCRIPTIVES DE
L'ETUDE
66
IV. 3. PRESENTATION DES RESULTATS EN FONCTION DES
QUESTIONS DE RECHERCHE
74
IV.4. PRESENTATION DES DONNEES ISSUES DE
L'ENTREVUE
92
CHAPITRE V :
INTERPRETATION DES RESULTATS
4
V.1. DE LA SUPRESSION DES FRAIS EXIGIBLES A LA
QUALITE DES APPRENTISSAGES
97
V.2. LES ELEMENTS DE LA GRATUITE ET LEUR IMPACT SUR
LA SCOLARISATION A L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
102
V. 3. RECOMMANDATIONS
106
CONCLUSION GENERALE
111
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
115
TABLE DES MATIERES
121
ANNEXE
4
ABREVIATIONS ET SIGLES
APC : Approche par Compétence
APE : Association des Parents
d'Elèves
BAD : Banque Africaine de
Développement
BID : Banque Islamique de
Développement
BM : Banque Mondiale
CAPIEMP : Certificat d'Aptitude
Professionnelle d'Instituteurs de
l'Enseignement Maternel et Primaire
CDMT : Cadre des Dépenses En
Moyen Terme
CEP : Certificat d'Etudes Primaires
CE1 : Cours Elémentaire
Première Année.
CE2 : Cours Elémentaire
Deuxième Année.
CM1 : Cours Moyen Première
Année.
CM2 : Cours Moyen Deuxième
Année.
CNE : Conseil National de
l'Education.
CONFEMEN : Conférence des
Ministres de l'Education ayant le
Français en partage.
CP/CPS : Cours Préparatoire/
Cours Préparatoire Spécial
DDEB : Délégation
Départementale De l'Education de Base.
DSCE : Document de Stratégie de
Croissance et de l'Emploi.
DREB : Délégation
Régionale de l'Education de Base
DSRP : Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté.
ECAM 1 : 1ère
Enquête Camerounaise Auprès des Ménages
ECAM 2 : 2e Enquête
Camerounaise Auprès des Ménages.
ENS : Ecole Normale
Supérieure.
ENIEG : Ecole Normale des Instituteurs
de l'Enseignement Général.
EPT : Education Pour Tous.
FCFA : Franc de la Communauté
financière d'Afrique
FIT : Fast Track Initiative.
FSLC: First school living certificate.
IAEB: Inspection d'arrondissement de
l'éducation de base
MINEDUB : Ministère de
l'Education de Base.
NTIC : Nouvelles technologies de
l'information et de la communication
OMD : Objectifs du Millénaire
pour le Développement.
ONU : Organisation des Nations Unies.
PASEC : Programme d'analyse des
systèmes éducatifs de la Confemen
PIB : Produit intérieur brut.
PPTE : Pays Pauvres et très
Endettés.
RDC : République
Démocratique du Congo
RESEN : Rapport d'Etat du système
éducatif national
ROCARE : Réseau Ouest africain de
recherche en éducation
SIL : Section d'initiation à la
lecture.
TAP : Taux d'achèvement du
primaire
TBS : Taux brut de scolarisation.
TMR : Taux moyen de redoublement.
TNS : Taux net de scolarisation.
UNESCO : Organisation des Nations Unies
pour l'Education la Science
et la Culture.
UNICEF : Fonds des Nations Unies pour
l'Enfance.
ZEP : Zone d'éducation
prioritaire.
LISTE DES TABLEAUX
Pages
Tableau 1 : Récapitulatif des
questions de recherche et leurs indicateurs............ 51
Tableau 2 : Effectifs globaux des
élèves, enseignants, écoles et salles de classe à
l'enseignement primaire au Cameroun......................................61
Tableau 3 : Distribution de la population
scolaire par région au Cameroun..........62
Tableau 4 : Distributions des taux net
de scolarisation et des taux bruts
d'admission par
région...........................................................63
Tableau 5 : Distribution du taux
d'achèvement par sexe et par
région au
Cameroun.............................................................63
Tableau 6 : Répartition des
enseignants du primaire public par sexe et par région
au
Cameroun.....................................................................64
Tableau 7 : Répartition du nombre
d'écoles publiques, salles de classe et
places assises par
région........................................................64
Tableau 8 : Répartition des
ratios élèves/maîtres et élèves/salles de
classe par
région dans l'enseignement
public............................................65
Tableau 9 : Distribution du taux moyen
de redoublement par sous/système
et par classe à l'enseignement primaire
public..............................65
Tableau 10 : Taux de redoublement
à l'école dans le monde...........................66
Tableau 11 : Présentation de la
population d'étude selon le sexe.......................67
Tableau 12 : Présentation de la
population d'étude suivant les régions d'origine...67
Tableau 13 : Répartition des
enseignants suivant leur statut professionnel...........68
Tableau 14 : Répartition des
parents selon leur statut professionnel...................68
Tableau 15 : Répartition des
parents ayant au moins un enfant a l'école
primaire
publique...............................................................69
Tableau 16 : Distribution des scores de
nos sujets enseignants aux 30
items du
questionnaire.........................................................70
Tableau 17 : Distribution des scores de
nos sujets parents d'élèves aux 30
items du
questionnaire.........................................................72
Tableau 18 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités
de l'Item
1.......................................................................74
Tableau 19 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités
de l'Item
6.......................................................................75
Tableau 20 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités
de l'Item
14.....................................................................75
Tableau 21 : Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 1...76
Tableau 22 : Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 2...76
Tableau 23 :Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 4...77
Tableau24 :Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 25..77
Tableau 25 : Evolution des effectifs
d'élèves entre 1996 et2006 modalités de
l'item
3..........................................................................78
Tableau 26 : Répartition de
l'échantillon des enseignants selon les
modalités de l'item
3..........................................................79
Tableau 27 : Répartition de
l'échantillon des enseignants selon les
modalités de l'item
10.........................................................80
Tableau 28 : Répartition de
l'échantillon enseignant selon les modalités
de l'item
18......................................................................80
Tableau 29 : Répartition
l'échantillon des parents selon les modalités
de l'item
21.....................................................................81
Tableau 30 : Résultats
récapitulatifs de l'impact du paquet minimum
sur les apprentissages.
........................................................81
Tableau 31 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités
de l'Item
21.....................................................................82
Tableau 32 :Répartition de
l'échantillon parents suivant les modalités de l'Item 5..83
Tableau 33 :Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 7...83
Tableau 34 :Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de
l'Item
17........................................................................84
Tableau 35 : Résultats
récapitulatifs des items 5, 7, 17, (parents) et 21
(enseignants) en
%............................................................84
Tableau 36 : Répartition de
l'échantillon enseignants suivant les modalités
de l'Item
7.......................................................................86
Tableau 37 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités de
l'Item
12..........................................................................86
Tableau 38 : Répartition de
l'échantillon enseignants suivant les modalités
de l'Item
13......................................................................87
Tableau 39 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités
de l'Item
11......................................................................87
Tableau 40 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités
de l'Item
29.....................................................................88
Tableau 41 : Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item 9...88
Tableau 42 : Répartition de
l'échantillon parent suivants les modalités de
l'Item
26..........................................................................89
Tableau 43 : Résumé des
items 12 et13....................................................90
Tableau 44 : Evolution des effectifs
d'enseignants tous grades confondus..........90
Tableau 45 : plan de contractualisation des
titulaires du CAPIEMP. .................91
RESUME
La présente étude porte sur la gratuité
de l'école primaire et la qualité des apprentissages. Elle s'est
effectuée dans un contexte national et international prônant
l'accès à 100 % de tous les enfants à l'école
primaire au plus tard en 2010.
A la veille de cette échéance, il était
nécessaire pour nous de faire une évaluation de ce qui a
marché et de ce qui reste à faire dans la perspective d'une
contribution à l'amélioration qualitative de l'offre
éducative au Cameroun.
Après avoir fait l'état des lieux de la
question, état des lieux marqué par les dispositifs juridiques et
réglementaires de la problématique de la gratuité, nous
avons formulé une question principale de recherche
déclinée en quatre questions spécifiques. L'objectif
général était d'analyser les mécanismes de
fonctionnement et des effets de la gratuité sur les résultats
scolaires depuis sa mise en application à l'enseignement primaire. Notre
population d'étude était constituée des enseignants, des
parents et des responsables des services centraux et extérieurs du
MINEDUB.
L'exploitation des données descriptives et
documentaires nous a permis de faire une analyse quantitative et qualitative
des résultats. Il ressort de ces résultats que :
- la suppression des frais exigibles a entraîné
une augmentation importante des effectifs d'élèves avec un impact
négatif sur la qualité des apprentissages.
- Le paquet minimum a eu un impact sur la qualité des
apprentissages, mais l'insuffisance quantitative et qualitative et les retards
accusés pour son acquisition compromettent sérieusement la
qualité de l'éducation.
- Les contributions financières des parents ont eu un
impact positif sur la qualité des apprentissages, cependant, elles
constituent une entrave sérieuse à la gratuité de
l'école.
- Enfin, la contractualisation des instituteurs a
également eu un impact positif sur la qualité des apprentissages,
seulement, cet impact n'est pas encore perceptible à cause du mode de
gestion et d'affectation des instituteurs qui n'obéit pas aux exigences
et normes de la gouvernance en matière d'éducation.
Ces résultats nous ont permis de formuler des
recommandations et suggestions à l'endroit des pouvoirs publics, des
responsables d'écoles, des Enseignants, ainsi qu'aux parents
d'élèves pour plus de synergie autour de l'oeuvre
éducative avec en toile de fond l'impératif de la
décentralisation de notre système éducatif. Celle-ci
permettra à coup sûr une meilleure gestion des ressources
éducatives.
ABSTRACT
This research is centred on the
free nature of primary education and the quality of learning. It was conducted
in a national and international scale whose goal is 100% access of children in
primary school by 2010.
At the eve of this objective, we deemed it necessary
to make an evaluation of what have been achieved and what is still left to be
done in order to ameliorate the quality of education offered in Cameroon.
Haven investigated on this nature of this question
backed by judicial rules and regulation in relation to the problem of free
primary education, we formulated a principal research question which leads to
four specific research questions.
The general objective was based on analysing on the
functioning mechanism and the effect of primary education. Our population of
study was made up of teachers, parents and administrative heads of externals
services attached to the ministry of basic education.
The exploration of documents and descriptive data
enabled us to make a qualitative and quantitative analysis out of which the
following points were recorded:
- The cancelling of ignition fees in primary school lead to an
important rise on pupils enrolment thus having a negative impact on the
learning quality.
- Governmental subventions known as «paquet minimum»
had an impact on the learning quality, but, the qualitative and quantitative
insufficiency coupled with lateness in their acquisition seriously compromise
the quality of education.
- Parent's financial conditions had a positive impact on the
quality of learning and thus constitute a serious impediment on the free nature
of primary school.
- Finally, teachers' contractualization equally have a
positive impact on the quality of learning but however, this impact is not yet
felt because of the nature of transfer and management of teachers which does
not obey to governmental policies in the domain of education.
From these results, we formulated suggestions and
recommendations to the government school administrators, teachers and parents
inviting them to a better synergy in the education domain taking into
consideration the decentralisation of our educational system. This
decentralisation will enable a better management of our educational
resources.
INTRODUCTION GENERALE
Les analyses faites à partir des données de la
deuxième enquête sur les ménages au Cameroun
(Gouvernement : 2003) ont permis de dégager les principaux
déterminants de la pauvreté au nombre desquels le niveau
d'instruction du chef de famille. Selon le rapport issu de cette enquête,
« parmi les ménages pauvres, 50% sont sans niveau
d'instruction. » En insistant sur l'importance de
l'éducation le même rapport souligne que « un pauvre
sur deux vit dans un ménage où le chef de famille est sans
instruction primaire ». Ainsi, les populations
enquêtées ont suggéré que les autorités
accordent une plus grande attention et engagent plus de ressources en vue de
l'amélioration de la qualité de l'éducation.
La lecture du rapport d'ECAM2 (2002) laisse présager
qu'il y a un lien apparent entre le niveau d'instruction et la pauvreté.
Ce même rapport établit la relation entre la pauvreté et
le niveau d'instruction en ces termes : « plus le niveau
d'instruction est élevé, plus la chance de saisir les
opportunités, de générer les revenus et de sortir de la
pauvreté augmente ». L'éducation apparaît
donc comme une consommation nationale, mais également, un bien rare.
Le Gouvernement du Cameroun, conscient du rôle et des
enjeux de l'éducation dans la lutte contre la pauvreté, a pris un
certain nombre de mesures visant à atteindre l'universalisation du cycle
primaire pour réaliser au plus tard à l'horizon 2015
l'achèvement universel de six années de scolarisation tout en
améliorant, dans le même sens, la qualité des services
éducatifs offerts.
C'est dans ce contexte qu'on peut comprendre les mesures
gouvernementales prescrivant la suppression des frais exigibles à
l'enseignement primaire public. Il faut signaler que ces frais ont
été frauduleusement introduits en 1996 par le Ministère de
l'éducation nationale en violation des dispositions relatives à
la gratuité de l'école primaire au Cameroun.
Dans un contexte d'ajustement structurel, la volonté
manifeste des pouvoirs publics de rendre l'école primaire gratuite nous
a amené à nous interroger sur l'effectivité de celle-ci.
Cette préoccupation justifie le choix de notre thème de recherche
à savoir « gratuité de l'enseignement primaire et
qualité des apprentissages au Cameroun ». Les enseignants
et les parents d'élèves étant les acteurs de choix dans le
processus des apprentissages, nous avons voulu voir comment ces derniers
perçoivent la problématique de la gratuité en relation
avec la qualité de l'éducation.
Chaque année, l'Etat du Cameroun consacre d'importants
moyens pour construire les salles de classe et assurer leur équipement,
pour la formation et l'intégration des enseignants, ainsi que le
payement des salaires de ces derniers. Tout ceci se fait dans l'optique
d'optimiser l'offre éducative suivant les objectifs du millénaire
en matière d'éducation.
C'est au regard de toutes les actions en faveur de
l'école gratuite que nous nous sommes posé un certain nombre de
questions relatives à la mise en oeuvre effective d'une telle
politique.
Dans sa structuration, le présent travail est
organisé autour de cinq chapitres essentiels. Le premier chapitre
présente la problématique de l'étude, les objectifs de
l'étude ainsi que les questions de recherche qui ont guidé notre
travail. Le deuxième chapitre expose l'approche théorique
où nous avons eu l'opportunité de définir les concepts, de
présenter la revue de la littérature ainsi que les
théories explicatives du sujet.
Le troisième chapitre décrit le cadre
méthodologique notamment la population d'étude, les techniques de
collecte des données et le mode de traitement et d'analyse de ces
dernières. Le quatrième chapitre est consacré à la
présentation et à l'analyse des données documentaires et
descriptives issues de nos investigations. Le cinquième chapitre enfin,
se rapporte à l'interprétation des résultats qui
débouche sur des conclusions et des recommandations.
La présente étude loin d'être le fruit
d'une expérience avérée dans la recherche, dans ce sens
qu'elle comporte sans doute des lacunes liées à la
méthodologie et à l'opérationnalisation de nos instruments
de recherche, au contraire, tente de donner un sens pour nos futures travaux
dans le domaine des sciences de l'éducation.
CHAPITRE I :
PROBLEMATIQUE DE
L'ETUDE
« Pour vous, chers jeunes compatriotes, il n'y
a, je le répète, d'autre voie que d'acquérir la meilleure
qualification possible pour entrer dans la
compétition ».
Biya Paul, message à la jeunesse, le 10
février 2009
Ce chapitre aborde la problématique de l'étude.
Successivement, il présente le contexte, la position du problème,
les objectifs visés et les questions de recherche.
I.1. CONTEXTE DE L'ETUDE
Dans la lutte contre la pauvreté, tous les acteurs au
développement sont unanimes sur le rôle que peut jouer
l'éducation. Il n'est donc plus étonnant de constater que les
pays en développement dans leurs différentes stratégies
pour sortir les populations de la pauvreté placent au centre des
politiques, l'amélioration de l'offre éducative.
Au Cameroun cette amélioration de l'offre
éducative constitue un fait à la fois soutenue par les
organismes internationaux et les politiques nationales.
Au niveau international, l'Assemblée
Générale des Nations Unies a adopté et proclamé le
10 décembre 1948 la déclaration universelle des droits de
l'homme. Cette déclaration précise en son article 26 ce qui
suit : « l'éducation doit être gratuite,
au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire
fondamental. L'enseignement élémentaire est
obligatoire... »
Par ailleurs, la convention relative aux droits de l'enfant
adoptée par l'Assemblée Générale des Nations Unies
le 20 novembre 1989 énonce en son article 28.1a que
« Les Etats parties reconnaissent le droit de
l'enfant à l'éducation, et en particulier, en vue d'assurer
l'exercice de ce droit progressivement et sur la base de
l'égalité de chance, ils rendent l'enseignement obligatoire et
gratuit pour tous. »
Il ressort donc de la législation internationale que la
gratuité et l'obligation de l'enseignement élémentaire
constituent le principal cheval de bataille. Il est également
nécessaire de souligner que le Cameroun a ratifié tous les
accords et conventions internationaux en matière d'éducation
Au niveau national, plusieurs lois ont été
votées relativement à l'obligation et à la gratuité
de l'enseignement primaire. A ce compte, on pourrait citer :
- La loi n°63/cor/5 du 3 juillet 1963 portant
organisation de l'enseignement primaire élémentaire. L'article 1
de ladite loi stipule clairement et sans équivoque que
« l'enseignement primaire est laïc et gratuit. Il est ouvert
à tous sans discrimination de sexe, de confession ou de
race ».
- La loi n°2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et
complétant certaines dispositions de la loi n°96/06 du 18 janvier
1996 portant révision de la constitution du 2 juin 1972, précise
dans son préambule que « l'Etat assure à
l'enfant le droit à l'instruction. L'enseignement primaire est
obligatoire. L'organisation et le contrôle de l'enseignement à
tous les degrés sont des devoirs impérieux de
l'Etat ». On peut cependant regretter que la constitution
même révisée de 2008 n'intègre pas la notion de
gratuité de l'enseignement primaire.
- La loi n°98/004 du 14 avril 1998 sur l'orientation
scolaire au Cameroun stipule en son article 7 que « l'Etat
garantit à tous l'égalité de chance d'accès
à l'éducation sans discrimination de sexe, d'opinion politique et
religieuse, d'origine sociale, culturelle, linguistique ou
géographique. » l'article 9 précise
que « l'enseignement primaire est
obligatoire. »
Outre les législations internationales et nationales,
plusieurs conférences et fora ont été organisés par
les Organisations internationales oeuvrant dans l'éducation pour
réfléchir sur une offre quantitative et qualitative de
l'éducation. Nous revisitons ici la conférence mondiale de
Jomtien et le forum de Dakar.
Convoquée conjointement par les chefs de
secrétariat de l'UNICEF, du PNUD, de l'UNESCO et de la Banque Mondiale,
la conférence mondiale de l'éducation pour tous s'est tenue
à Jomtien en Thaïlande du 5 au 9 mars 1990.
Le consensus réalisé à cette occasion a
relancé le combat mené partout dans le monde pour universaliser
l'enseignement primaire et éliminer l'analphabétisme des adultes.
Il était également question de s'efforcer d'améliorer la
qualité de l'éducation de base et trouver des méthodes
d'un coût/efficacité pour répondre aux besoins
éducatifs fondamentaux de diverses catégories
défavorisées.
Dans la déclaration de Jomtien, l'article 1 souligne
que
«Toute personne, enfant, adolescent ou adulte doit
pouvoir bénéficier d'une formation conçue pour
répondre à ses besoins éducatifs fondamentaux. Ces besoins
concernent aussi bien les outils d'apprentissage essentiels (lecture,
écriture, expression orale, calcul, résolution de
problème) que les contenus éducatifs fondamentaux (connaissances,
aptitudes, valeurs, attitudes) dont l'être humain a besoin pour survivre,
pour développer toutes ses potentialités, pour vivre et
travailler dans la dignité... »
En somme, la conférence a recommandé
d'universaliser l'accès et promouvoir l'équité, de mettre
l'accent sur la réussite de l'apprentissage, d'élargir les moyens
et le champ de l'éducation fondamentale. A la suite de Jomtien, un forum
a été organisé à Dakar pour évaluer les
résolutions prises.
Le forum de Dakar sur l'éducation s'est tenu du 26 au
28 avril 2000 au Sénégal. Les 185 pays qui y participent, partent
d'un constat alarmant. Sur les 113 millions d'enfants qui n'ont jamais
été à l'école dans le monde, 42 millions vivent en
Afrique. Koichiro Matsura (2000) affirme que « nous sommes bien
loin d'une éducation de base pour tous, ce n'est encore qu'un rêve
pour des centaines de millions d'enfants, de femmes et
d'hommes. »
Le sommet de Dakar a mis l'accent sur l'éducation de
base pour tous. Le cadre d'action de Dakar affirme que d'ici 2015, tous les
enfants doivent pouvoir suivre et terminer un cycle d'étude primaire. Il
préconise l'élimination des disparités entre les sexes.
Alors que la déclaration de Jomtien ne mentionne pas la gratuité
de l'école primaire, le cadre de Dakar souligne que d'ici 2015, tous les
enfants devraient pouvoir suivre jusqu'au bout « une
éducation primaire de bonne qualité, gratuite et
obligatoire. »
A la suite de Jomtien et de Dakar, les autorités
camerounaises ont adopté en octobre 2000 et faisant suite au discours
présidentiel annonçant la gratuité de l'école
primaire public, une stratégie sectorielle de l'éducation visant
à élargir l'accès à l'éducation en
corrigeant les disparités entre les filles et les garçons et
à accroître la qualité de l'offre d'éducation de
base.
C'est dans ce contexte qu'un Ministère de l'Education
de Base a été crée le 8 décembre 2004 à la
suite d'un remaniement du gouvernement dans le tout de rendre plus visibles et
lisibles les actions de ce secteur de l'éducation.
Dans le cadre du document de stratégie de
réduction de la pauvreté (DSRP, 2003) confectionné avec
l'aide des Bailleurs de Fonds, qui restent des partenaires
privilégiés du Cameroun et s'inspirant des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) en matière
d'éducation, il est prévu d'assurer une éducation pour
tous, un taux d'accès et d'achèvement à l'école
primaire à 100% à l'horizon 2015.
Au Cameroun, lorsque la déclaration de 2000 sur
l'école gratuite par le Président de la République est
faite, le volet qualité de l'éducation est totalement absent de
tous les discours politiques de l'éducation de base. Il a donc fallu
attendre près de dix ans pour que les séminaires se tiennent
pour réfléchir sur la notion de qualité dans
l'éducation pour tous.
Dans le rapport mondial de suivi de l'éducation pour
tous (2005), l'UNESCO met l'accent sur l'importance de la qualité de
l'éducation. Le rapport souligne que
« La qualité de l'enseignement
dispensé aux élèves et la quantité de ce qu'ils
apprennent peuvent avoir un impact crucial sur la durée de leur
scolarité et sur leur assiduité à l'école. De plus,
la décision des parents d'envoyer ou non leurs enfants à
l'école a des chances de dépendre de l'opinion qu'ils se font de
la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage qui y sont
dispensés ».
On peut donc dire que la qualité de l'éducation
détermine ou influence fortement le maintien ou l'achèvement dans
un cycle d'étude. De ce fait, les parents sont prêts à
ajouter des frais supplémentaires s'ils sont rassurés de la
qualité des apprentissages.
Ainsi, l'UNESCO dans son rapport recommande-t-il de
« faire en sorte que d'ici 2015, tous les
enfants en particulier les filles, les enfants en difficulté et ceux qui
appartiennent à des minorités ethniques, aient la
possibilité d'accéder à un enseignement primaire
obligatoire et gratuit de qualité et de le suivre jusqu'à son
terme ».
Il est donc question ici, d'améliorer sur toutes ses
formes la qualité de l'éducation dans un souci d'excellence, de
façon à obtenir des résultats d'apprentissage reconnus et
quantifiables, notamment en ce qui concerne la lecture, le calcul et les
compétences indispensables dans la vie courante.
La fermeture par les pouvoirs publics à la suite de la
crise économique, des écoles de formation des instituteurs entre
1989 et 1995 a crée un déficit assez énorme en
enseignants. La reprise de la formation dans ces écoles et surtout
l'intégration ou la contractualisation de ces instituteurs s'est faite
dans la douleur. Les maîtres d'écoles formés ont attendu
entre 5 et10 ans voire plus pour se faire recruter dans la fonction publique
camerounaise. Cette longue attente peut s'expliquer par le fait que le Cameroun
était encore sous ajustement structurel au vue des différents
accords avec les Institutions de Breton Wood.
Les recrutements massifs de ces instituteurs ces
dernières années (13000 en 2007 ; 5500 en 2008 ; 5525
en 2009 et 6492 en 2010) ont été possibles grâce à
un accord de partenariat avec la France dans le cadre du contrat
développement désendettement (D) et la Banque mondiale. Dans la
même logique, le Japon a construit plusieurs salles de classes connues
sous le vocable « don japonais ».
Dans le budget d'investissement, l'Etat a entrepris de
construire 2500 salles de classe par an dans le primaire. Les écoles de
formation des instituteurs qui étaient menacées de fermeture pour
manque d'engouement des candidats dû au traitement frustrant des
produits issus de ces écoles, ces dernières ont repris de
l'ampleur depuis la contractualisation massive desdits produits.
Au regard de ce qui précède, il est
indéniable que le gouvernement du Cameroun consacre d'importants moyens
pour améliorer l'offre d'éducation, car plus d'un tiers du budget
national est alloué à l'ensemble des Ministères en charge
de l'Education. Cependant, il est regrettable de constater que
« les aspects quantitatifs de l'éducation aient
mobilisé l'attention des Responsables de la formulation des
politiques », comme le souligne le rapport de l'UNESCO.
Malgré les gros moyens qui sont déployés en faveur de
l'éducation de base, nous constatons que rien n'est réellement
fait pour améliorer la qualité de l'éducation.
C'est sans doute pour toutes ces bonnes intentions que dans
son traditionnel message à la jeunesse, le 10 février 2000, Paul
Biya annonçait à la Nation que « l'enseignement
primaire sera désormais gratuit au Cameroun ». Cette mesure
dès la rentrée scolaire 2000/2001 était officiellement
appliquée dans les écoles primaires publiques de l'ensemble du
territoire camerounais.
Dans un environnement mondial prônant une école
gratuite et de qualité telle que recommandée et soutenue par les
bailleurs de fonds qui en font une conditionnalité pour l'aide au
développement, la décision de revenir à l'école
primaire gratuite est prise au Cameroun sous la pression de l'obligation
d'atteindre le point d'achèvement de l'initiative Pays pauvres
très endettés (IPPTE). Signalons que l'IPPTE est un programme
d'aide économique de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire
International visant à soulager le poids de la dette des pays en
difficulté. Cette aide se fait sous un ensemble de
conditionnalités dites « facilités »
que le pays demandeur doit remplir.
Le fait le plus marquant dans cette décision va
être la suppression des frais d'écolage dans l'enseignement
primaire public. Cette décision n'est pas fortuite. Elle découle
de l'opportunité qu'offre la constitution au Président de la
République.
A ce sujet, le préambule de la loi n°96/06 du 15
janvier 1996 portant révision de la constitution dispose que
« l'Etat assure à l'enfant le droit à
l'instruction. L'enseignement primaire est obligatoire.».
De même, l'article 2 alinéas 1 et 2 de la loi
n° 98/004 du 14 avril 1998 précise que
« l'éducation est une grande priorité nationale.
Elle est assurée par l'Etat. »
On constate cependant que la notion de gratuité n'est
pas une nouveauté même si Ntchamande (2006) pense que
« la gratuité de l'école primaire n'a jamais
été une option politique du gouvernement », on
constate cependant comme nous l'avons vu, qu'elle est inscrite dans la loi
n° 63/cor /5 du 03 juillet 1963 portant organisation de l'enseignement
primaire élémentaire. L'Etat avait-il simplement oublié
cette loi ? Ou faisait-il semblant de l'oublier ? De toutes les
façons, on peut dire que l'Etat a pris ses responsabilités pour
rendre l'école gratuite et accessible à tous. Mais qu'en est-il
réellement ?
L'élaboration de la stratégie sectorielle de
l'éducation a révélé un certain nombre de points
faibles concernant l'enseignement de base en dépit de toutes les mesures
salutaires prises par l'Etat.
Il ressort du Document de stratégie sectorielle de
l'éducation (2006) que l'éducation de base (enseignement
primaire) est loin d'être assurée pour tous les enfants
d'âge scolaire. Le taux de scolarisation dans l'enseignement primaire
reste faible soit 78 % en 2004. Par contre, le taux d'achèvement
avoisine les 60 %. Il existe toujours une inégalité
d'accès à l'école notamment des filles ainsi que les
enfants issus des milieux défavorisés. Les disparités
régionales sont encore importantes tant en ce qui concerne la
localisation des structures d'accueil, des équipements que la
distribution des enseignants. Les taux moyens de redoublement approchent les 30
%. L'efficacité interne reste faible à tous les niveaux
d'enseignement.
« Pire, depuis la suppression des 1500 fcfa, les
Directeurs d'Ecoles, les inspecteurs de l'enseignement primaire et les
Présidents d'APE conditionnent l'inscription des élèves au
versement obligatoire des frais parfois 3 fois supérieurs à ceux
supprimés. Bref, l'école primaire public est abandonnée
aux parents d'élèves », conclut Ntchamande
(2005).
Les conditions d'apprentissage et de travail sont mauvaises.
La faible possession des manuels et autres matériels didactiques
essentiels par les élèves et les enseignants reste
préjudiciable au système éducatif camerounais.
Le ratio maître/élèves est fortement
diversifié. Il existe une forte concentration des enseignants dans les
zones urbaines alors qu'en milieu rural, le manque d'enseignants
qualifiés se pose avec acuité.
Siakeu (2006) analyse les disparités observées
dans la gestion des enseignants en faisant savoir que
« les indemnités qui étaient
auparavant accordées aux enseignants travaillant dans les provinces qui
ne sont pas leur province d'origine ont été supprimées, ce
qui a provoqué un repli graduel des enseignants des régions les
plus éloignées vers les grandes villes et par conséquent,
la fermeture d'école rurale».
Devant une telle situation, les parents les plus pauvres
doivent payer les salaires des enseignants dits vacataires ou temporaires dans
les écoles pour une « qualité d'éducation
inférieure à celle des villes. Dans l'Extrême Nord,
région la plus sinistrée, 61% des enseignants sont
rémunérés par les parents...contre 13% dans le
centre».
Dans les grandes villes, la situation n'est pas très
reluisante même s'il y a un effectif assez élevé
d'enseignants. On observe des classes à effectif pléthorique
parce qu'il n'existe pas de salles de classe en nombre suffisant. A
Yaoundé par exemple ou dans les environs immédiats, il n'est pas
rare de rencontrer de salles où les effectifs avoisinent ou
dépassent 120 élèves. Alors que le ratio institutionnel
souhaité est de 1 maître pour 40 élèves maximum.
Ces disparités sont confirmées par une
étude des coûts et financements du Ministère de l'Education
de Base. Cette étude (2005) révèle que « le
coût par élève supporté par le gouvernement varie de
3567 FCFA dans les écoles primaires de l'extrême nord, à
30000 FCFA dans les écoles urbaines du centre avec une moyenne nationale
de 22409 FCFA.
Cette situation fait que beaucoup d'écoles primaires
publiques en zone rurale manquent toujours d'Enseignants qualifiés.
Quand bien même ces derniers sont affectés, ils s'obstinent
parfois à rester à leur poste de travail à cause des
conditions de vie qu'ils jugent très peu favorables. Comme le souligne
Siakeu (2005) dans son étude du temps d'apprentissage dans les
écoles qu'« à cause de l'absentéisme des
Enseignants, les enfants reçoivent en moyenne les deux tiers de
l'instruction qu'ils sont supposés recevoir. »
Pour les enseignants non qualifiés, nous assistons
à une baisse de niveau des acquisitions à cause de la faiblesse
des méthodes pédagogiques. La rareté des matériels
pédagogiques, notamment les manuels scolaires, menace à la fois
la qualité de l'éducation et l'équité de
l'accès à l'éducation.
I. 2. POSITION DU PROBLEME
La gratuité de l'école comme politique
éducative doit être fondée sur la qualité des
apprentissages. Une éducation de qualité est celle qui minimise
l'échec scolaire à défaut de l'annuler et elle doit
également permettre à l'individu de s'insérer de
manière harmonieuse dans son milieu tout en restant ouverte aux autres
et de s'adapter aux transformations de son environnement.
Dès l'annonce du chef de l'Etat à la jeunesse le
10 février 2000 sur la gratuité de l'enseignement primaire au
Cameroun, un certain nombre de mesures avaient été prises pour
accompagner la gratuité en question. Parmi les mesures phares, nous
avons la suppression des frais exigibles à l'école primaire
publique. Nous rappelons que ces frais s'élevaient à mille cinq
cents (1500frs CFA) avant leur suppression conformément aux dispositions
de l'article 2 (voir arrêté n°20/B1/14-64 du 13 mai 1996 en
annexe). Les parents pouvaient donc inscrire désormais leurs enfants
à l'école sans débourser un sous.
La conséquence immédiate de cette mesure a
été l'augmentation des effectifs des élèves
à l'école avec un taux d'accroissement en valeur absolue de 17,4%
pour l'année scolaire 2000 /2001 selon une étude de Onana
(2005).
Une autre mesure très importante a été
l'introduction du paquet minimum dans le fonctionnement des écoles.
Selon le Ministre de l'Education Nationale (2000), la décision du Chef
de l'Etat « implique la gratuité des écoles
primaires publiques, les charges y relatives incombant à
l'Etat ». (Voir circulaire du 24 juillet 2000 en annexe). Le
paquet minimum dans sa version officielle comble les besoins de l'école
issus de la suppression des frais exigibles.
Fozing (2009) pour sa part, voit dans cette mesure
gouvernementale, une sorte d'improvisation de la gratuité par les
pouvoirs publics. Pour lui en effet, « la gratuité de
l'enseignement primaire public annoncée pour l'année scolaire
2000/2001 au Cameroun est intervenue sans préparation
adéquate. » Pour Fozing, à travers la
gratuité, l'Etat se désengage de ses missions vis-à-vis de
l'école primaire. Il souligne que « la gratuité
dans son application actuelle a contribué à compenser par les
contributions additionnelles des frais d'APE, la diminution du budget de
financement des établissements publics d'enseignement
primaire ».Ntchamande (2005) partage la même vision des
choses lorsqu'il affirme que
« malgré la suppression des frais de
scolarité somme toute modique par le Président de la
République pour répondre aux exigences d'un contexte mondial
prônant une école primaire gratuite « Education pour
tous », la gratuité de l'école primaire n'a jamais
été une option politique du Gouvernement, car elle est
obligatoire certes, mais pas gratuite. »
En dehors de la suppression des frais exigibles et
l'introduction du paquet minimum, l'Etat a également entrepris de
renforcer l'encadrement pédagogique des élèves par la
formation et les recrutements massifs des instituteurs dans la fonction
publique. Comme l'atteste Njiale (2006), « pour accroître
l'accès à l'éducation de base versus la demande, on
devrait renforcer les mesures tendant à la gratuité de
l'enseignement et garantissant le droit à
l'éducation ». Pour Njiale, la condition première
de la gratuité passe par la formation des Enseignants en nombre et
surtout en qualité.
L'Etat dans cette optique, envisage dans sa nouvelle politique
de l'éducation de base, offrir une éducation de qualité
tout en faisant l'accès à tous, une priorité selon les
recommandations de Jomtien et de Dakar.
C'est à la suite de ce qui précède, que
nous avons voulu savoir ce qui a changé en termes d'amélioration
quantitative et qualitative de l'offre éducative, Autrement dit, quelle
est l'effectivité de la gratuité de l'enseignement primaire au
Cameroun et son impact sur la qualité des apprentissages ?
I. 3. OBJECTIFS DE L'ETUDE
La volonté des pouvoirs publics de rendre
l'enseignement primaire gratuit en vue de permettre un accès à
tous, repose sur des bonnes intentions de lutter pour le développement
en améliorant les conditions de vie des populations par
l'éducation. Le but de cette étude, est d'analyser la mise en
oeuvre effective de la gratuité dans l'enseignement primaire au
Cameroun.
Notre ambition est de voir si la gratuité
prônée par le discours officiel est effective. Sinon comment la
rendre effective. Autrement dit, nous voulons étudier les conditions
d'une école véritablement gratuite. Une gratuité qui ne se
limite pas à la suppression des frais d'écolage, mais qui
intègre ou qui prend en compte la dimension de la qualité des
enseignements et des apprentissages et selon les exigences de la charte de la
gratuité.
Il s'agit donc pour nous de démasquer les
réalités occultées par un discours idéologique
visant à faire comprendre à la masse que l'accès à
l'école est aussi simple voire gratuit qu'on puisse le penser.
Car, « très souvent, les choses ne sont pas ce
qu'elles paraissent être ». Comme l'observe Berger
(1973 :40)
Si l'objectif général est l'analyse des
mécanismes de fonctionnement et des effets de la gratuité sur les
résultats scolaires depuis sa mise en application dans l'enseignement
primaire, un certain nombre d'objectifs spécifiques vont nous permettre
de réaliser notre recherche. Il s'agit notamment de :
F Décrire le processus de mise en oeuvre de la
gratuité de la scolarisation à l'enseignement primaire ;
F Cerner la perception des parents et des enseignants en ce
qui concerne la mise en oeuvre de la gratuité et ses effets sur la
qualité des apprentissages ;
F Arriver à une meilleure compréhension de la
mise en oeuvre des éléments de la gratuité de
l'école primaire.
Pour atteindre ces objectifs, des questions de recherche ont
guidé nos investigations.
I. 4. QUESTIONS DE RECHERCHE
Entre le discours officiel
et la réalité des faits, il y a souvent un fossé. Ainsi,
pensons nous que la gratuité prônée par les pouvoirs
publics mérite d'être évaluée à partir d'un
certain nombre de questionnements qui vont guider notre recherche. Nos
questions se déclinent en question principale et en questions
spécifiques de recherche.
I.4.1. Question principale de
recherche
La question principale de
recherche que nous formulons ici constitue le centre d'intérêt de
notre problématique. Elle est formulée ainsi qu'il
suit :
Existe-t-il un lien entre
la suppression des frais exigibles, le paquet minimum, les contributions
financières des parents et le recrutement des enseignants d'une part, et
la qualité des apprentissages d'autre part ?
De cette question
principale de recherche, découlent quatre questions spécifiques
de recherche plus pratiques et plus opérationnelles.
I.4.2. Questions
spécifiques de recherche
Les questions
spécifiques se déclinent de la manière suivante :
1. La suppression des frais exigibles a-t- elle
influencé la qualité des apprentissages ?
2. La remise du paquet minimum a-t-elle eu un impact sur la
qualité des apprentissages ?
3. Les contributions financières des parents
d'élèves influencent-elles la qualité des
apprentissages ?
4. Le recrutement des instituteurs a-t-il une influence sur
la qualité des apprentissages ?
.
I. 5. JUSTIFICATION DE L'ETUDE
L'importance de mener cette recherche peut se situer sur un
double plan : social et institutionnel.
Sur le plan social, les parents sont confrontés
à une difficulté méthodologique et sémantique de la
notion de gratuité. Ils ne savent pas toujours jusqu'où
l'école est gratuite et jusqu'à quelle période elle ne
l'est plus. Comment faire comprendre par exemple aux parents qu'une
éducation de qualité ne saurait être gratuite. Et qu'il y
aurait toujours des frais à payer sous diverses formes malgré le
discours sur la gratuité. C'est donc un travail de prise et
d'éveil de conscience.
Sur le plan institutionnel, on note l'absence d'une
véritable politique nationale axée sur la gratuité. Comme
Fozing l'a souligné, la gratuité est arrivée sans
préparation adéquate. Il s'agit pour nous de jeter les balises
aux décideurs en vue d'une reformulation de la politique de la
gratuité qui doit intégrer le volet qualité de
l'éducation pour atteindre les Objectifs du Millénaire et pour un
Développement durable.
Enfin, une telle étude peut contribuer à
apporter une modeste contribution pour tout chercheur qui voudrait
s'intéresser sur le sujet tant il est vrai que très peu
d'études ont été consacrées à l'étude
des effets de la gratuité de la scolarisation en Afrique en
général, et en particulier, au Cameroun.
I. 6. DELIMITATION DE L'ETUDE
Dans cette partie, nous essayons de fixer les bornes de notre
recherche. Nous pensons donc que la délimitation de notre étude
se situe sur un triple plan conceptuel, chronologique et
géographique.
Sur le plan conceptuel il y a lieu de relever qu'en
général, l'enseignement institutionnel se subdivise en quatre
cycles :
- Le préscolaire (la maternelle)
- Le primaire (l'enseignement primaire)
- Le secondaire (l'enseignement secondaire)
- Le supérieur (l'enseignement supérieur)
Au Cameroun, comme partout dans les pays africain, la
gratuité de l'école ne concerne que l'enseignement de base ou
primaire. Ce qui suppose que le préscolaire, le secondaire ou le
supérieur ne sont pas concernés par la gratuité. Cette
réalité des faits nous amène à axer notre recherche
sur l'enseignement primaire public uniquement C'est sans doute pour cette
raison qu'un ministère de l'éducation de base a
été crée en 2004 dans le but de rendre les actions de cet
ordre d'enseignement plus visibles et plus efficaces.
Sur le plan chronologique, au Cameroun, le discours sur la
gratuité de l'enseignement primaire n'est pas nouveau. En effet comme
nous l'avons souligné plus haut, la loi relative à la
gratuité de l'enseignement primaire a été adoptée
et promulguée en 1963. Cependant, le 10 février 2000, le
Président de la République lors de son traditionnel message
à la jeunesse, déclarait que l'enseignement primaire sera
désormais gratuit. Dès la rentrée scolaire 2000/2001,
cette gratuité a été effective du moins sur le plan
officiel à l'enseignement primaire public. L'enseignement privé
n'étant pas concerné, il est question pour nous de voir comment
cette gratuité s'est opérée depuis l'année scolaire
2000/2001 jusqu'à nos jours.
Sur le plan géographique, notre étude porte sur
la gratuité et la qualité de l'éducation à
l'enseignement primaire. Nous ne souhaitons pas faire l'étude d'une
région ou d'une localité précise. Les
réalités éducatives en matière de gratuité
pouvant être les mêmes d'une localité à une autre
pensons-nous, à des exceptions près.
Cependant, dans l'impossibilité et faute de moyens, de
faire une étude de terrain sur toute l'étendue du territoire,
nous nous limiterons à certaines écoles des zones urbaines et
rurales pour analyser et comprendre les complexités et les variations de
la mise en oeuvre de la politique de la gratuité à l'enseignement
primaire public.
CHAPITRE II :
INSERTION THEORIQUE DU SUJET
« Le système éducatif
institué par Jules Ferry relevait des intentions les plus pures.
L'école gratuite, ouverte à tous au nom de
l'égalité ».
Baehrel et Henderson (1990 : 16)
Ce chapitre est consacré à l'insertion
théorique. Successivement sont ici abordés les aspects
liés à la définition des concepts, à la recension
des écrits et à la présentation des théories
explicatives relatives au sujet.
II. 1. DEFINITION DES CONCEPTS
Tout problème de recherche est saisi à partir
des concepts. Ainsi, les concepts n'ont de sens que dans la puissance qu'on
leur donne. Il apparaît donc important et indispensable de définir
au préalable les notions qui sont utilisées pour éviter
toute ambiguïté ou équivoque.
Parmi les concepts que nous nous proposons de définir,
nous avons : la gratuité, l'enseignement primaire, la
qualité des apprentissages, la perception, l'enseignant, le parent
d'élève.
II. 1. 1. Gratuité
Le substantif gratuité au féminin est
défini par Quillet (1990) comme « le caractère de ce
qui est gratuit ». C'est-à-dire sans y être tenu. On
parle alors d'une leçon gratuite, un enseignement gratuit, ou une
école gratuite où l'accès n'est pas conditionné par
le payement des frais quelconque. On perlera aussi d'une école gratuite
et obligatoire pour favoriser l'accès pour tous. La gratuité est
une condition préalable de l'Education Pour Tous.
Pour IMBS (1971), la gratuité est « le
caractère de ce qui est fait ou donné, ce dont on peut profiter
sans contre partie pécuniaire ». C'est aussi ce qui est
fait ou donné sans contre partie, sans recherche de compensations. Par
exemple, la gratuité absolue des dons de Dieu. La bible dit :
« donnez gratuitement ce que vous avez reçu
gratuitement. »
La gratuité a également un sens péjoratif
dans la mesure où elle renvoie à quelque chose qui manque de
valeur ou d'importance. L'accès gratuit d'une cérémonie
dénote du manque de sérieux et de qualité de cette
cérémonie, car la qualité a toujours un prix. D'où
l'opinion populaire se méfie toujours de ce qui est gratuit.
Au Cameroun, la politique de la gratuité actuelle
concerne uniquement la suppression des frais de scolarié qui
étaient versés par les parents. Ces frais permettaient à
l'établissement scolaire de supporter un certain nombre de charges. Avec
la suppression desdits frais, les pouvoirs publics ont décidé de
supporter les différentes charges conformément à la
circulaire du 24 juillet 2000 portant organisation des modalités
pratiques d'approvisionnement des écoles en matériels didactiques
et pédagogiques. De la notion de paquet minimum en contexte camerounais
découlent deux termes couramment usités dans le milieu scolaire.
Il s'agit du paquet minimum et de la caisse d'avance.
Par paquet minimum, on entend une enveloppe qui contient un
ensemble de matériel didactique et pédagogique qu'on remet
à chaque école publique en début et en milieu
d'année scolaire pour permettre un démarrage effectif et un
fonctionnement normal des activités d'enseignement. En principe, le
contenu du paquet minimum est fait de :
- cahiers de préparation pour maître ;
- boîtes de craie ;
- stylo à billes
- enveloppes, trombones, punaises, chemises
cartonnées ;
- papiers quadrillés ;
- rames de papier (1ère et
2ème frappe) ;
- une boîte de colle ;
- Médicaments de première intervention.
Il faut signaler que l'épaisseur du paquet minimum
varie d'une école à une autre.
La caisse d'avance constitue les crédits que l'Etat
accorde à chaque école pour son fonctionnement. C'est une
espèce de budget de fonctionnement qui est généralement
géré par les Délégués départementaux.
A ce niveau également, l'enveloppement alloué à une
école tient compte des effectifs des élèves et
enseignants. Ces crédits sont calculés en principe à
2 500 Francs CFA/élève.
Les rubriques qui sont concernées par la caisse
d'avance sont :
- le projet d'école ;
- les activités culturelles ;
- la FENASCO ;
- le conseil d'école ;
- la maintenance des équipements ;
- le fonctionnement ;
- les manuels scolaires ;
- les primes de rendement ;
- les activités pratiques ;
- l'assurance ;
En principe, les Directeurs d'école reçoivent la
caisse d'avance en deux tranches, généralement au mois de
novembre et au mois de mai.
La charte de la gratuité
Une charte de la gratuité a été
adoptée par les Organisations Internationales telles que l'UNESCO et
l'UNICEF. Les organisations signataires de la charte de la gratuité ont
arrêté un certain nombre de principes et d'exigences concernant la
gratuité de l'école.
En bref, ces organisations souhaitent la mise en place dans
le cadre scolaire, d'action pédagogique, d'aides et de soutien aux
élèves en difficulté afin de limiter le recours à
l'achat, par les familles de divers matériels de remédiation et
aux cours particuliers. La charte de la gratuité met un accent
particulier sur les points suivants :
- La prise en charge par l'Etat des frais occasionnés
par les stages et périodes de formation en entreprise qui font partie du
contenu obligatoire de la formation.
- La gratuité des inscriptions aux examens et concours
publics.
- Le maintien ou l'accession à la gratuité des
transports scolaires.
II. 1. 2. Enseignement
primaire
Comme nous l'avons évoqué dans la
délimitation conceptuelle, l'enseignement primaire, parfois
appelé enseignement élémentaire, fondamental ou de base,
est le deuxième niveau dans la hiérarchie du système
éducatif. Il vient après le préscolaire et désigne
selon les bulletins de l'UNESCO (1998 : 27)
« des programmes éducatifs qui sont
normalement conçus sur la base des unités ou des projets
destinés à dispenser aux élèves, une bonne
formation de base à la lecture, l'écriture, au calcul ainsi que
des connaissances élémentaires dans d'autres matières
telles que l'histoire, la géographie, les sciences naturelles, les
sciences sociales, les arts plastiques, la musique etc. »
Les matières énumérées par
l'UNESCO servent à développer chez l'élève la
capacité d'obtenir les informations dont il a besoin pour vivre
harmonieusement dans son foyer, sa communauté, son pays etc. ...
La loi de 1963 (voir en annexe) portant organisation de
l'enseignement primaire élémentaire stipule à son article
2 que l'enseignement primaire est donné dans les écoles
primaires élémentaires qui comportent six années
d'étude :
- une section d'initiation,
- une cours préparatoire,
- deux cours élémentaires,
- deux cours moyens.
II. 1. 3. Qualité des
apprentissages
Dans le cadre de cette étude, les concepts
qualité des apprentissages ou qualité de l'éducation ou
qualité de la scolarisation désignent une même
réalité. On peut définir la qualité comme une
« manière d'être, bonne ou mauvaise, de quelque
chose ». Selon le Larousse, la qualité des apprentissages
renvoie à l'état des savoirs issus du processus enseignement
apprentissage dans le cadre scolaire.
La notion de qualité de l'éducation a
été fortement soutenue à Jomtien (1990) et Dakar (2000).
La déclaration de Jomtien a mis l'accent sur le renforcement cognitif
des enfants par l'amélioration de la qualité de leur
éducation de façon à obtenir pour tous, de meilleurs
résultats d'apprentissage « notamment en ce qui concerne
la lecture, l'écriture, le calcul et les compétences
indispensables dans la vie courante ». Le cadre d'action de
Dakar dans la définition de la qualité, a énoncé
les caractéristiques souhaitables des apprenants à savoir des
élèves sains et motivés, des processus,
c'est-à-dire des enseignants compétents utilisant des
pédagogies actives, des contenus aux programmes adaptés et des
systèmes politiques pratiquant la bonne gouvernance et une allocation
équitable des ressources.
En somme, une éducation de bonne qualité exige
entre autre, une bonne formation des enseignants et des programmes
pédagogiques adaptés, des élèves en bonne
santé et disposant des manuels scolaires.
Cette notion implique aussi les produits de l'enseignement qui
sont aussi fonction des processus tels que curriculum réellement mis en
oeuvre, le mode de gestion de la classe, les pratiques pédagogiques,
l'engagement des élèves et du maître.
La qualité des apprentissages peut également se
mesurer à l'aide d'un certain nombre d'indicateurs dont nous nous
proposons de définir ici.
Taux brut de scolarisation
Cet indicateur mesure, pour un niveau d'étude
donnée, la population d'élèves scolarisés par
rapport à la population scolarisable de cette tranche d'âge. Par
exemple, dans le primaire, ce taux est égal au nombre
d'élèves du primaire, multiplié par 100 et divisé
par la population de six à onze ans (dans le système
francophone).
Taux net de scolarisation
C'est le rapport entre le nombre total d'élèves
en âge d'être dans le système scolaire et l'effectif total
de la population scolarisable de la même tranche d'âge.
Taux d'achèvement
C'est la proportion de la classe d'âge qui accède
à un âge quelconque à la dernière année du
cycle. On l'estime par le taux d'accès en dernière année
du cycle.
Taux de rétention
Pour un cycle d'étude, il est égal au
pourcentage des élèves d'une classe d'âge qui ayant
été inscrits en première année du cycle au cours
d'une année scolaire donnée sont parvenus finalement
jusqu'à la dernière année de ce cycle.
Taux moyen de redoublement
Il s'agit du rapport du nombre des redoublements d'une
année sur l'effectif total des inscrits de l'année
précédent.
Taux d'encadrement
Pour une école primaire, il s'agit du rapport du nombre
d'élèves de l'école à son nombre d'enseignants. Il
peut être calculé pour un groupe d'écoles et plus largement
pour toutes les écoles d'une circonscription administrative.
II. 1. 4. Perception
En psychologie générale, la perception est un
ensemble des mécanismes et des processus par lesquels l'organisme prend
connaissance du monde et de son environnement sur la base des informations
élaborées par les sens. La perception a essentiellement une
fonction cognitive d'interprétation des informations sensorielles. C'est
également une manière de saisir les choses dans le but de
connaître la réalité.
Les constitutionnalistes (1972) affirment que les stimuli, les
contextes et les expériences stockées en mémoire
déterminent la nature de nos perception plutôt que la tendance du
cerveau aux organismes. Pour le cas de notre étude, on peut dire que la
perception de la gratuité dépend également de plusieurs
variables qui sont en rapport avec l'expérience, le milieu ou la
connaissance du sujet perçu. Autrement dit, les enseignants et les
parents d'élèves perçoivent la gratuité de
l'école en fonction du degré de connaissance qu'ils ont de
celle-ci ou en fonction du milieu dans lequel s'opère cette
gratuité. Par exemple, la suppression des frais exigibles dans les
écoles est pour certain, synonyme de la gratuité. Par contre,
ceux qui savent que la gratuité ne devrait pas s'arrêter à
la seule suppression des frais exigibles, remettent facilement en question la
gratuité de l'école dans le contexte camerounais. Ainsi, un
parent d'élève de la ville et celui de la campagne ont-ils la
même conception (perception) de la gratuité ?
En somme, la perception apparaît comme la source de la
connaissance. La sensation résulte d'un contact entre un objet et un
sens. La perception quant à elle, désigne ce qui se passe dans
l'esprit lorsqu'il est en contact avec le monde qui l'environne. Selon Arnaud
(1972), la perception apparaît comme le point de contact entre le monde
et l'homme, entre la conscience et les choses, entre le sujet et l'objet selon.
Le scientifique par exemple, ne perçoit pas le même monde que
l'homme de la rue. La perception suppose une relation entre le sujet et quelque
chose d'extérieur. Dans la vie courante nous faisons confiance à
nos perceptions de sorte que nous nous comportons comme si sans perception,
nulle connaissance scientifique ne serait possible. Il est donc question de
voir dans le cadre de cette recherche, comment les enseignants et les parents
d'élève saisissent ou conçoivent la gratuité de
l'école primaire publique.
II. 1. 5. Enseignant
Un enseignant est toute personne chargée de faire
acquérir le savoir aux élèves dans le cadre d'un
établissement scolaire. Les enseignants qui nous intéressent ici
sont ceux de l'enseignement primaire public. Ils sont composés
d'instituteurs aux statuts variés à savoir les fonctionnaires,
les contractuels, les vacataires et les maîtres des parents.
Les fonctionnaires sont des instituteurs qui ont
été formés dans les écoles normales d'instituteurs
et qui sont directement intégrés dans la fonction publique.
Les contractuels sont des instituteurs formés qui sont
recrutés dans le cadre du contrat entre l'Etat camerounais et un
programme de financement français dit Contrat Développement
Désendettement (D) qui a une durée de cinq ans.
Les vacataires sont ceux des instituteurs formés et
recrutés au niveau des délégations départementales
et financés soit par le budget de l'Etat, soit par les fonds PPTE. Avec
les grandes opérations de contractualisation engagées par l'Etat,
cette catégorie d'enseignants est appelée à
disparaître au fil des années à venir
Les maîtres des parents sont des enseignants
recrutés et pris directement en charge par les APE des écoles et
dont le traitement salarial est dérisoire et instable. Ils sont
recrutés parmi les instituteurs formés et non formés.
Notons également que à côté des maîtres des
parents, il y a aussi des maîtres communaux qui restent à la
charge des communes et dont le traitement n'est pas différent de celui
des maîtres des parents.
II. 1. 6. Parent
d'élève
Un parent d'élève est toute personne qui a en
charge un enfant à l'école. Il peut être le père
légitime ou non. Les caractéristiques d'un parent
d'élève repose sur ses responsabilités vis-à-vis de
l'enfant. Pour cela, il a des obligations envers son enfant et envers
l'école. Un parent responsable doit fournir du matériel scolaire
à son enfant. Il s'agit de lui acheter les fournitures et les manuels
scolaires, assurer son alimentation, sa sécurité et son
encadrement sanitaire. Envers l'école, le parent participe aux charges
liées au bon fonctionnement de celle-ci dans le cadre de l'APE. Il doit
suivre l'évolution des acquisitions des apprentissages de son enfant par
une étroite collaboration avec l'équipe éducative.
II. 2. LA RECENSION DES ECRITS
Cette partie aborde l'analyse des écrits
relatifs à la problématique de notre étude. Elle s'attache
à présenter les travaux de certains auteurs qui ont abordé
d'une manière ou d'une autre la question de la gratuité de
l'école ou de la qualité de l'éducation.
II. 2. 1. Les travaux sur la
gratuite de la scolarisation
La gratuité de l'enseignement primaire remonte à
une époque lointaine. Elle a toujours été au centre des
réflexions philosophiques et politiques. Il ne faudrait donc pas penser
qu'elle est marquée par la déclaration des droits de l'homme
(1948) moins encore par la conférence de Jomtien (1990) ou le forum de
Dakar (2000) pour ne pas citer la loi de 1963 ou la décision
présidentielle de 2000 pour le cas du Cameroun.
Parlant de la gratuité de l'école, Platon et
Jules Ferry en ont fait une préoccupation particulière.
II.2.1.1. La thèse de Platon
Les positions de Platon sur l'instruction publique gratuite et
obligatoire sont présentées par Palmèro (1958) dans
l'ouvrage Histoire des institutions et des doctrines pédagogiques
par les textes.
Pour Platon, l'instruction publique doit être gratuite
et obligatoire. Il procède par une démonstration logique. En
effet, l'éducation selon lui, vise à apporter à la
jeunesse ce qui est beau, noble, bon et vrai. En même temps, elle doit
écarter de cette jeunesse ce qui est laid, indigne, mauvais et faux.
Platon pense que « l'instruction scolaire ne doit pas être
soumise aux caprices du père et abandonnée si celui-ci s'y
refuse ». Selon lui, tout enfant selon ses facultés doit
recevoir une instruction obligatoire dans la mesure où il est d'abord le
fils de sa patrie avant d'être celui de ses parents. L'Etat doit donc
organiser l'évolution des aptitudes de chacun et veiller à la
mobilité sociale de tous. La mission principale de l'Etat étant
le bien-être de tous, il revient donc à celui-ci de prendre en
charge l'éducation de tous les enfants pour l'équilibre de la
société.
Comme on le voit, Platon place l'Etat comme acteur principal
et essentiel de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui
«l'éducation pour tous ». Il est du devoir de l'Etat de
tout mettre en oeuvre pour assurer l'éducation de tous les enfants. La
patrie étant supérieure à la famille, il serait imprudent
et maladroit d'abandonner l'éducation des enfants à une tierce
personne ou en faire une affaire des parents. C'est un devoir de l'Etat. A ce
titre, l'école publique doit être gratuite et obligatoire pour
favoriser l'accès et le bien de tous pour un fonctionnement harmonieux
de la cité.
On peut cependant reprocher à Platon d'avoir favoriser
la naissance des classes sociales dans la société en pensant que
celle-ci devrait être composée pour son bon fonctionnement, de
philosophes qui gouvernent, des guerriers qui défendent la cause du pays
et des ouvriers qui produisent les biens et services. Chaque enfant ne devant
alors recevoir qu'une éducation qui tient compte de ses aptitudes
à devenir philosophe, guerrier ou ouvrier.
II.2.1.2. Les lois de Jules Ferry
En France à la fin du 19ème
siècle, les grandes lois sur l'enseignement primaire
sont adoptées par les chambres sur proposition et avec le soutien de
Jules Ferry, Ministre de l'Education Nationale (1881). La loi sur l'obligation
scolaire et la laïcité de l'enseignement primaire a
été adoptée le 28 mars 1882. L'article premier stipule que
« il ne sera plus perçu de rétribution scolaire dans
les écoles primaires laïques, ni dans les écoles d'asile
publiques, le prix de pension dans les écoles normales est
supprimé. »
En fait, avant les lois de Ferry, le système
éducatif était fortement influencé par les positions de
l'église. Ainsi, les programmes scolaires avaient une forte dose de la
doctrine religieuse avec les implications qu'une telle situation pouvait
entraîner. L'Etat devant être laïc et impartial, cette
laïcité devant ressortir dans le système éducatif et
pour que tout le monde puisse bénéficier d'une éducation,
il fallait rendre celle-ci gratuite et obligatoire. Les lois de Jules Ferry
sont considérées comme un moment historique très capital
dans les politiques de Etats en matière de gratuité.
De ce qui précède, la question qui se pose est
de savoir si après plus d'un siècle des lois de Jules Ferry,
l'école a épousé tous les contours de la gratuité
partout dans le monde ? Baehrel et Henderson (1990 :16) dans
changer l'école, un pari possible, pensent que
« le système éducatif institué par Jules
Ferry relevait des intentions les plus pures. L'école ouverte à
tous au nom de l'égalité. » Si Jules Ferry a le
mérite d'avoir constitutionnellement fait de l'école gratuite,
obligatoire et laïque une nécessité, il n'a cependant pas
abordé les aspects qualificatifs de l'éducation à donner
aux enfants.
Que disent les études contemporaines sur la
qualité de l'éducation ?
II.2.2. Les recherches actuelles
sur la qualité de l'enseignement
L'abondante littérature sur l'éducation et le
système éducatif a peu ou très peu abordé la
dimension qualitative de l'éducation. Dans son rapport de suivi de l'EPT
en 2005, l'UNESCO consacre tout un chapitre sur « comprendre ce
qu'est la qualité de l'éducation. » Il ressort de
ce rapport jusqu'en 2000, beaucoup d'études n'étaient pas faites
en matière de qualité de l'éducation. Certains
traités internationaux, en spécifiant la nécessité
de dispenser une éducation aux droits de l'homme, à la
santé, au sport ou aux questions de genre ont abordé la
qualité de l'éducation. Ils n'ont cependant, comme le souligne le
rapport de l'UNESCO (2005), « rien dit des performances qu'on
pouvait et devait attendre des systèmes éducatifs quant à
cet objectif. » Le constat est que en mettant l'accent sur
l'éducation universelle, les acteurs au développement se sont
focalisés sur les aspects quantitatifs de la politique
d'éducation. Et pourtant, comme l'indique le rapport de l'UNESCO,
« il semble très probable que la réalisation de la
participation universelle à l'éducation dépendra
fondamentalement de la qualité de
l'éducation. »
Il est donc urgent de mettre un accent sur la qualité,
ce d'autant plus que la qualité de ce que les élèves
apprennent peut avoir un impact crucial sur la durée de leur
scolarité et sur leur assiduité à l'école.
La déclaration de Jomtien En 1990 et surtout le cadre
d'action de Dakar en 2000 ont reconnu que la qualité de
l'éducation est un déterminant primordial de la
réalisation de l'éducation pour tous. Ainsi, le deuxième
des six objectifs énoncés à Dakar engage les pays à
assurer un enseignement primaire de qualité. Cette qualité doit
être améliorée sous tous ses aspects de façon
à obtenir pour tous de meilleurs résultats d'apprentissage
« notamment en ce qui concerne la lecture, l'éducation, le
calcul et les compétences indispensables dans la vie
courante. »
Le cadre d'action de Dakar a déclaré que
l'accès à une éducation de qualité était un
droit de chaque enfant. Sa définition élargie de la
qualité a énoncé les caractéristiques souhaitables
des apprenants à savoir des élèves sains et
motivés, des processus c'est-à-dire des Enseignants
compétents utilisant des pédagogies actives, des contenus aux
programmes adaptés et des systèmes politiques pratiquant la bonne
gouvernance et une allocation équitable des ressources.
Par ailleurs, le développement cognitif est
identifié comme un objectif majeur de tous les systèmes
éducatifs. Le degré de réussite des systèmes dans
la réalisation de cet objectif est un indicateur de leur qualité
d'une part, d'autre part, le développement créatif et affectif
des apprenants de soutenir les objectifs de paix, de citoyenneté et de
sécurité, de promouvoir l'égalité et de transmettre
les valeurs culturelles universelles et locales aux générations
futures.
En somme la nécessité d'une éducation de
qualité s'impose dans un système qui se veut efficace. On
pourrait dire que la qualité de l'éducation détermine le
choix de celle-ci. En d'autres termes, l'hypothèse centrale serait
donc : la décision des parents d'envoyer leurs enfants à
l'école dépend plus de l'opinion qu'ils se font de la
qualité des apprentissages que de la gratuité de
celle-ci.
En dehors de Platon et Jules ferry, il existe une
littérature aussi abondante que variée sur l'éducation.
Plusieurs auteurs ont mené des réflexions et des recherches en la
matière. Nous retenons et présentons ici les travaux des auteurs
qui semblent plus proches de notre étude.
II.2.3. Les travaux connexes sur
l'éducation
Plusieurs travaux en rapport avec la gratuité de la
scolarisation ou la qualité de
l'éducation ont été effectués par d'autres auteurs
contemporains. Nous présentons ici ceux d'Ivan Illich, de Mvesso,
Lessard et Meirieu et de Fonkoua.
Dans son oeuvre Une société sans
école, Ivan Illich (1971) décrit le rôle
néfaste de l'école dans la société. Selon cet
auteur, l'institution école est le vecteur des plus grands maux dont
souffre la société d'aujourd'hui. Ces maux sont la concurrence
déloyale, l'aliénation et la dépersonnalisation de
l'homme. Dans l'un des paragraphes de son livre intitulé
« La phénoménologie de
l'école » (1971 : 1), il présente
l'école tour à tour comme le jeu rituel de la religion du monde
nouveau, le mythe des valeurs conditionnées ou le mythe du
progrès éternel.
En effet, l'école est la plus grande industrie qui
soit. Elle fabrique des produits qu'elle emballe et les vend obligatoirement
aux consommateurs que sont les élèves sans leur avis. Il souligne
que les programmes scolaires sont comme des drogues. Vous n'avez qu'à
goûter le premier paquet en suivant le mode d'emploi qui se termine par
l'injonction de passer au suivant. C'est une vraie religion qui a ses mythes et
ses mystères.
Illich propose l'abolition pure et simple du système
école. Il propose ce qu'il appelle
« les réseaux du savoir». Dans
sa thèse, il déclare que : « si l'on veut
cesser de dépendre des écoles, ce n'est pas en envahissant les
ressources dans un nouveau système destiné à faire
apprendre que l'on y parviendra. Ce qu'il faut plutôt faire, c'est
créer de nouveaux rapports entre l'homme et ce qui l'entoure, qui soit
source d'éducation ».
Il est clair que l'auteur pose les bases des nouveaux canaux
d'éducation dont les caractéristiques sont les suivantes :
- Donner accès à tous aux ressources existantes
et ce, à n'importe quelle époque de leur existence ;
- Permettre au porteur d'idées nouvelles et à
ceux qui veulent affronter l'opinion publique de se faire entendre.
Le monde que façonne Illich dans son oeuvre nous semble
chimérique. Ses idées sont celles d'un révolutionnaire
utopiste et anarchiste. Si nous convenons avec l'auteur que les programmes
scolaires ne cadrent pas très souvent avec les réalités de
l'environnement, force est de reconnaître qu'une société
« sans école » dans notre temps, où une
éducation se passerait dans les fameux réseaux, on ne sait sur
quelle base, est inimaginable dans la forme et dans le fond.
Mvesso n'est pas du même avis qu'Illich. Il pense que
l'école doit garder sa place dans la société malgré
tout.
Dans son oeuvre, L'école malgré tout,
Mvesso (1998) présente un tableau pas très reluisant de
l'école en Afrique. L'école à l'aube de son entrée
en Afrique avait pour mission avouée la civilisation des peuples
primitifs. Mais derrière cette façade, l'école
était aussi un puissant instrument de conquête et de domestication
des peuples colonisés. Elle a contribué à détruire
les cultures africaines et à dépersonnaliser ses populations.
En effet, les politiques africaines ont mis au point
l'école du « comment », qui est la copie
conforme du modèle laissé par le colonisateur. C'est l'univers de
l'éducation de surface, où les individus labellisés
sortent de l'usine école sans
« arêtes » personnelles.
L'auteur propose que l'on substitue cette école du
« comment » par une école du
« pourquoi » si l'Afrique veut donner un sens
à son histoire. Ce sens se situe à l'interface de deux exigences
qu'il faut impérativement concilier à savoir, la revalorisation
des cultures africaines authentiques et l'ouverture à la
modernité. Repenser l'école africaine, c'est répondre
à la question du pourquoi l'école ? Et la seule
réponse possible est « retrouver la dignité perdue,
prendre la place à part entière dans le concert des
Nations ».
Cependant, même si l'analyse et la perception de
l'école en Afrique de Mvesso sont pertinentes, elles restent
néanmoins abstraites, philosophiques, il n'y a pas de propositions
concrètes sur le plan pédagogique, sur les programmes et leurs
contenus, ceci tenant compte des cultures africaines. Lessard et Meirieu vont
approfondir la réflexion.
Dans leur ouvrage, L'obligation des résultats en
éducation, Lessard et Meirieu (2005) présentent la
nécessité d'une réforme en profondeur du système
scolaire. Meirieu dans son article « l'école entre la
pression consumériste et l'irresponsabilité
sociale » nous décrit l'école comme un vaste
marché où tout le monde trouve son compte. Il dit à
propos, « le marché scolaire est déjà
là. C'est par exemple le marché de construction scolaire, celui
des manuels scolaires, du soutien scolaire. C'est aussi le marché des
filières, des langues, des établissements scolaires ...
marché dans lequel les enseignants se trouvent particulièrement
à l'aise quand il s'agit des intérêts de leurs
progénitures ». Devant cette situation, les parents
exercent une pression sur l'école en terme de résultats de leurs
enfants ils exigent les bons résultats. L'auteur souligne que
« la pression consumériste amène à
céder à l'inquiétude des parents, pour fournir toujours ce
que les parents demandent ».
Après avoir fait l'autopsie des maux qui minent
l'école, Meirieu arrive à distinguer
« l'école service » de
« l'école institution »
En effet, l'école service « c'est
l'école telle qu'elle a été fondée dans le
prolongement de la demande familiale ».
Historiquement, l'école service est née avant
l'école institution. L'école était au service des parents
qui voulaient en faire un outil pour la promotion de leurs enfants. A
l'opposé, « l'école institution » a
été proclamée par Jules Ferry (1881) qui affirme que
« Seule l'école a le droit d'éduquer »,
dans ce sens que l'école c'est la raison et la famille c'est la
superstition et la religion. Par conséquent, l'école ne peut pas
être un service dans la société et que sa qualité ne
peut pas être jugée à la satisfaction des usagers. Ainsi,
la qualité d'une école ne saurait se mesurer à la
satisfaction des élèves et des parents, « mais
à sa capacité à promouvoir les valeurs qu'elle affiche et
qu'elle cherche à incarner ». Tout comme la
qualité d'une justice ne se mesure pas à la satisfaction des
justiciables, ou la qualité d'une armée à la satisfaction
des militaires, l'école ne saurait être à la satisfaction
des parents.
L'école reste un bien commun pour Meirieu. Pour cela,
il faut résister à la montée de
« l'école marché » du primaire au
supérieur. Pour y parvenir, il propose une pédagogie
« du monde commun » fondée sur dix
principes :
1. Contre une pédagogie bancaire, promouvoir une
pédagogie du sens c'est-à-dire une pédagogie qui s'attache
à dégager des savoirs qui font sens pour les élèves
et non pas simplement qui sont utiles pour celui qui les approprie ;
2. Contre une pédagogie du produit, développer
une pédagogie de processus ;
3. Contre une pédagogie des règlements
arbitraires, pour une pédagogie de la construction de la loi ;
4. Contre une pédagogie de la sujétion, pour une
pédagogie de la construction progressive de l'objet ;
5. Contre une pédagogie de rapport de force parents-
professeurs et pour une pédagogie de la complémentarité
des rôles : les parents c'est la filiation ; l'école
c'est l'instruction ;
6. Contre une pédagogie des parents usagers et pour une
pédagogie des parents citoyens ;
7. Contre une pédagogie de la concurrence et pour une
pédagogie du recours ;
8. Contre une pédagogie du palmarès, pour une
pédagogie de l'évolution plurielle et
négociée ;
9. Contre une pédagogie libérale, pour une
pédagogie de qualité.
10. Contre une pédagogie de l'isolement dans le confort
et pour une pédagogie de la solidarité active ;
Au demeurant, les travaux de Meirieu interpellent tous les
acteurs à une réflexion et un dialogue entre les
décideurs, les praticiens et chercheurs autour d'un des enjeux les plus
importants de l'éducation actuelle à savoir l'obligation des
résultats.
Lessard et Meirieu se sont intéressés aux
système éducatifs de l'occident et particulièrement de la
France, qu'en est-il de l'Afrique ? Pierre Fonkoua prend position.
Dans une publication récente, Fonkoua (2006), dans
quels futurs pour l'éducation en Afrique ? fait une
autopsie sans complaisance de la crise de l'éducation en Afrique, crise
marquée du sceau des vicissitudes et des conjonctures historiques tels
que l'esclavage, la colonisation et le néocolonialisme, l'auteur aboutit
au constat que la domination des puissances européennes a
entraîné le découpage arbitraire des états nations
de l'Afrique. La religion et les langues occidentales ont également
participé à l'émiettement du continent. Dans cette
situation de misère permanente, l'auteur se demande bien
« quelle politique d'éducation pour
l'Afrique ? » Il suggère un ensemble de propositions
stratégiques.
Il préconise d'abord que les décideurs tiennent
en compte des spécificités de l'Afrique qui se trouvent dans la
diversité culturelle, ethnique et linguistique. La réforme des
programmes scolaires devra donc tenir compte de cette diversité pour
aboutir à une éducation multiethnique gage du progrès et
de la cohésion sociale. Il précise à cet effet qu'
« il est urgent que chaque pays africain mette sur pied une
politique d'éducation à la pluriethnicité pouvant poser
les fondations d'une éducation durable pour une Afrique
unie » (2006 : 39). Fonkoua insiste sur la
nécessité d'une « veuille prospective en
matière d'éducation ». Il s'agit d'avoir une
vision futuriste pour mieux anticiper sur les événements. Il
préconise également une planification stratégique des
systèmes éducatifs africains pour y arriver. La
décentralisation du système éducatif est incontournable
dans la mesure où elle permet de prendre en compte tous les acteurs de
l'éducation dans la formulation des politiques éducatives dans ce
sens qu'elle permet et garantit la « rationalité,
l'efficacité, la concurrence saine » (2006 : 73).
Par ailleurs, les Etats devront mobiliser les ressources
humaines et financières importantes ? Ces ressources permettent de
former des cadres ou spécialistes en éducation, la formation des
enseignants et leur gestion doivent être efficaces. Un meilleur
traitement des Enseignants doit stimuler ces derniers à améliorer
le rendement. Une gestion et une planification des établissements
doivent permettre un bon quadrillage des dépenses. L'accès aux
nouvelles technologies de l'information et la communication doit être
vulgarisé en vue de favoriser des formations à distance. Une
refonte des contenus des programmes doit tenir compte de l'éducation
à l'environnement pour aboutir à une éducation de
qualité gage de la formation réussie des africains.
II. 2. 4. La gratuité de
l'enseignement primaire en R.D.C
La gratuité de l'enseignement primaire en R.D.C est une
étude qui a été réalisée par Kandolo P.F
(2007). Kandolo est avocat au Barreau de Lubumbashi en R.D.C. L'étude a
été menée en vue de l'obtention du diplôme
universitaire de 3ème cycle en droit de l'homme. Il s'agit
d'une étude faite sous l'angle juridique. L'objectif de l'auteur est de
montrer que l'éducation est un droit inaliénable qui fait partie
des chartes et organisations internationales en matières des droits de
l'homme et de l'enfant. Il rappelle que la gratuité a été
instituée en R.D.C en 2006 dans un contexte international prônant
la gratuité et l'obligation de l'école fondamentale pour
permettre l'accès à tous. L'article 43 alinéas 4 de la
constitution congolaise du 18 février 2006 stipule que
« l'enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les
établissements publics. »
L'auteur constate que la R.D.C accuse un retard
considérable dans la politique de la gratuité, car celle-ci ne
concerne que l'enseignement primaire, elle exclue la maternelle, le secondaire,
l'université et tout le secteur privé. Une note circulaire du 21
juin 2007 du Ministère congolais de l'enseignement primaire supprime
certains frais scolaires pour rendre effective la gratuité, il s'agit
notamment :
1. des frais d'inscription de réinscription ou de
confirmation d'inscription ;
2. des frais d'admission en classe supérieure ;
3. des frais d'évaluation interne ;
4. des frais de motivation des enseignants ;
5. des frais de transport des enseignants ;
6. des frais de contrôle des dossiers des
finalistes ;
7. des frais de suivi de la passation des épreuves de
fin de cycle.
D'après la circulaire en question, la gratuité
ne concerne pas tous les frais. Le taux de minerval est fixé par exemple
à 100 francs congolais. Les frais d'assurance scolaire 100 francs
congolais par élève et par an. Les frais administratifs (frais
des pièces scolaires, les frais techniques et autres comme avocat,
écusson, journal de classe, communication, promo scolaire ...)
s'élèvent à 200 francs congolais par an et par
élève. Les frais d'internat sont à fixer par le
comité sous- provincial, précise la circulaire.
En somme, « les membres de direction, le corps
enseignant et même les parents d'élèves des écoles
congolaises trouvent utopique et même un rêve la position
gouvernementale. » En effet, comment concevrait-on la
gratuité dans une situation où « l'Etat n'a pas de
moyens pour payer les enseignants ? » Se demande Kandolo.
Pour des parents interrogés, ceux-ci affirment qu'il existe encore des
frais exigibles qui dépendent d'une école à une autre.
« Les frais d'inscription, sous des dénominations
diverses, destinées à couvrir des dépenses de
fonctionnement, de motivation des enseignants continuent à faire
surface, » conclut-il.
II. 3. LES THEORIES EXPLICATIVES
DU SUJET
Nous entendons par théorie un schéma explicatif
ou un cadre de référence qui apporte une compréhension
à des phénomènes identiques. Pour notre étude, nous
retiendrons quatre théories qui sont plus proches de notre
problématique. Il s'agit de la théorie humaniste de
l'école qui met en exergue l'idée de l'éducation pour tous
et par conséquent sa gratuité pour tous pour son accomplissement.
La théorie de la reproduction affirme que c'est une illusion de penser
que tout le monde peut accéder à l'école
indifféremment des considérations socio-économique. En
fin, nous allons aborder les théories de la pédagogie de la
maîtrise de bloom et de l'approche par compétence de Rey qui
par leur nature mettent un accent sur la qualité de
l'éducation.
II. 3. 1. La théorie
humaniste de la l'éducation
Cette théorie est fondée sur les idées
selon lesquelles la nature humaine est fondamentalement bonne. Chaque individu
est unique, tous les êtres humains sont nés égaux et les
inégalités qui surviennent ensuite sont le produit des
circonstances.
Emile Durkheim, un des défenseurs de cette
théorie pense que l'éducation est ce par quoi l'individu devient
un être social. En citant Kant (1989 : 42), il précise que
« le but de l'éducation est de développer dans
chaque individu toute la perfection dont il est perfectible ».
Dans le même sens, James Mill toujours cité par Durkheim (1989)
affirme que « l'éducation a pour but de faire de
l'individu un instrument de bonheur pour lui-même et pour ses
semblables. » Sans éducation, l'individu ne peut
acquérir le statut d'homme. « L'homme, en effet, n'est
homme que parce qu'il vit en société »
(op.cit).
Durkheim dans Education et sociologie (1989 : 51) pense
que
« chaque société,
considérée à un moment déterminé de son
développement, à un système d'éducation qui
s'impose aux individus ». Chaque société se fixe un
certain idéal de l'homme, de ce qu'il doit être du point de vue
intellectuel, physique et moral. La société ne peut vivre que
s'il existe entre ses membres une suffisante homogénéité
en fixant à l'avance dans l'âme de l'enfant des appartements
fondamentaux qu'exige la vie collective ».
Il résulte de ce qui précède que
l'éducation consiste en une socialisation méthodique de la jeune
génération. Cette socialisation s'opère dès la
naissance, au sein de la famille certes, mais c'est à l'école
qu'elle est systématisée et opérationnalisée de
sorte que celle-ci devienne le lieu central de continuité sociale
lorsqu'il s'agit de la transmission des valeurs, des normes et des savoirs.
D'autres auteurs ont également abordé la
théorie humanisante de l'école. Il s'agit notamment de John Dewey
(1990 : 16) qui, dans Démocratie et éducation,
essaye de montrer le rôle capital que joue l'école dans la
société. Il souligne que
« L'école est en premier lieu une
institution sociale. L'éducation étant un processus social,
l'école est simplement cette forme communautaire dans laquelle
sont concentrés tous les moyens d'action qui seront les plus efficaces
pour amener l'enfant à tirer profit des biens hérités de
la race et à employer ses propres capacités à des fins
sociales ».
Pour les auteurs de la théorie humaniste,
l'école a une fonction sociale très importante. Elle favorise
l'égalité des chances pour tous en apportant des corrections aux
inégalités sociales existantes. L'école reste donc
à la base de la mobilité sociale. Cette école
d'après ces théories doit être gratuite pour permettre
à tous d'y accéder et de pouvoir bénéficier de
toutes les vertus qu'elle y incarne.
- La qualité dans la tradition
humaniste
La notion de qualité de l'éducation est au
centre des préoccupations de la théorie humaniste. Elle met un
accent sur les programmes d'enseignement. Ainsi, les programmes d'enseignement
standardisés, prescrits, définis ou contrôlé de
l'extérieur doivent être « bannis » selon
l'expression du rapport de l'UNESCO (2005) car ils sont
considérés comme « nuisant » aux
possibilités pour les apprenants, de construire leurs propres
interprétation et, pour les programmes d'éducation, de rester
à l'écoute des situations et des besoins individuels des
apprenants. Le rôle de l'évaluation est de donner aux apprenants
des informations et des avis sur la qualité de leur apprentissage
individuel. Ici, l'autoévaluation et l'évaluation par les pairs
sont bienvenues en tant que moyens de favoriser une prise de conscience plus
profonde de l'apprentissage.
Le rôle de l'enseignant est davantage celui d'un
facilitateur que celui d'un instructeur.
II. 3. 2. Théorie de la
reproduction
La théorie de la reproduction est riche aussi bien en
idées qu'en auteurs qui la défendent. En effet, la théorie
de la reproduction postule que l'école n'est pas, comme le
prétend le discours officiel, cette institution juste et neutre dans ses
règles, ses épreuves, son mode de transmission de connaissances
ou son fonctionnement tout court. Parmi les auteurs les plus en vue de cette
théorie, nous retenons Bourdieu et Passeron, Berthelot, Mbala Owono.
La question fondamentale qui guide les analyses de ces
sociologues de l'éducation est : qui réussit et qui
échoue à l'école ?
Bourdieu et Passeron (1971 : 31) sont catégoriques
lorsqu'ils précisent que « le système
d'enseignement contribue de manière irremplaçable à
perpétuer la structure des rapports de classe et de même coup
à la légitimer. » Autrement dit, la
société étant fondée sur la base des classes,
l'école étant le reflet de la société, elle
comporte également des inégalités, des injustices et des
tares qui minent la société. L'école n'est pas une
institution neutre, elle crée et accentue les inégalités
sociales. L'école est considérée dans ici, comme un
instrument de sélection sociale où les riches seuls pourront
toujours avoir la possibilité d'envoyer leurs enfants à
l'école pour recevoir une éducation de qualité, alors que
les pauvres verront leurs enfants exclus du circuit scolaire. La
réussite et même l'inscription à l'école
apparaissent alors déterminées par l'appartenance à une
classe. Mbala Owono (1986), dans une étude réalisée au
Cameroun sur les facteurs de réussite scolaire au secondaire a
confirmé l'hypothèse selon laquelle la réussite au
secondaire est déterminée par l'origine sociale des
élèves. Les enfants qui réussissent sont ceux qui sont
issus des familles aisées.
En somme, contrairement au discours officiel qui proclame
l'égalité des chances et la mobilité sociale à
l'école, et pour notre étude de la gratuité,
l'école semble ne pas fonctionner sur des logiques des apparences. Dans
notre cas, la gratuité de l'école primaire semble fonctionner sur
la base de l'école productrice des inégalités. Autrement
dit, qui inscrit l'enfant à l'école publique et qui inscrit
son enfant à l'école privée ? En clair, les
parents auront toujours à débourser des sommes d'argent pour
l'éducation de leurs enfants soit pour payer les enseignants dits
maîtres des parents dans le cadre des A.P.E.E, soit pour payer des
uniformes ou des fournitures scolaires, soit alors pour participer à la
construction des salles de classe qui n'existent toujours pas et surtout en
zone rurale.
La théorie de la reproduction défend la
thèse selon laquelle la gratuité reste une illusion. C'est un
piège pour les pauvres, car la qualité de l'éducation a un
prix. « Il faut dénoncer cette tromperie pas
très morale, pas très honnête qui consiste à faire
croire que tous sont égaux devant la formation initiale. Pays de droits
de l'homme oblige », soulignent Baehrel et Henderson (op.cit)
II. 3. 3. Approche par
compétence
Si les théories humanistes et de la reproduction posent
la problématique de la gratuité, l'approche par compétence
soulève la nécessité d'une éducation de
qualité. Dans le cadre de notre étude, nous nous inspirons des
thèses de Bernard Rey et al (2006) dans leur ouvrage Les
compétences à l'école.
Les auteurs pensent qu'une révolution doit
s'opérer à l'institution scolaire dans le processus enseignement
apprentissage. L'école ne doit plus être le seul lieu
d'acquisition des savoirs, elle doit avoir un objectif plus large. Et comme le
soulignent les auteurs : « faire apprendre des
compétences, telle semble être désormais la mission de
l'école. »
Définissant la compétence, ils pensent que
celle-ci « est le fait de savoir accomplir efficacement une
tâche, c'est-à-dire une action ayant un but ».
Dans notre contexte, les méthodes d'enseignement ont
évolué. Nous sommes passés de la vieille approche
pédagogique à l'approche par compétence en passant par la
nouvelle approche pédagogique. L'approche par compétence
apparaît donc comme la méthode par excellence dans ce sens qu'elle
évite la parcellisation des tâches et la perte de sens aux yeux
des élèves. Elle incite à l'apprentissage en situation
active. Elle redonne de la finalité et du sens aux savoirs scolaires.
Elle contribue à faire de l'apprentissage une transformation en
profondeur du sujet apprenant. Elle peut contribuer à réduire la
sélectivité scolaire et la culture de l'échec tout en
préservant la qualité de l'éducation.
Les défenseurs de cette approche distinguent trois
degrés de compétence :
- Les compétences du premier degré qui
consistent à savoir exécuter une action en réponse
à un signal préétabli après entraînement. Il
s'agit des compétences élémentaires.
- Les compétences du second degré qui consistent
à savoir choisir, parmi les procédures qu'on connaît, celle
qui convient à une situation ou à une tâche non connue.
Elles sont aussi appelées compétences élémentaires
avec interprétation de la situation.
- Les compétences du troisième degré qui
consistent à savoir, parmi les procédures qu'on connaît,
choisir et combiner celles qui conviennent à une situation ou à
une tâche non connue et complexe. Elles sont aussi appelées des
compétences complexes.
L'approche par compétences se fonde sur un
référentiel officiel qui définit les types de
compétence à acquérir. Cependant, comme le notent les
auteurs « La notion de compétence ne chasse pas les
savoirs ; elle est là pour rappeler qu'un savoir est avant tout une
pratique intellectuelle. Ce qu'elle exclut, ce sont des savoirs
morts. »
II. 3. 4. Modèle de
maîtrise
Le modèle de maîtrise que nous traitons ici est
celui de Bloom présenté par Franc Morandi (1997) dans
Modèles et méthodes en pédagogie.
Le modèle de maîtrise de Bloom aussi
appelé pédagogie de la maîtrise, met en scène et
finalise la liaison objectif action éducative. En effet, Bloom pense que
dans les conditions appropriées d'enseignement, presque tous les
élèves (95 %) peuvent maîtriser la matière, et ceci
jusqu'à la fin de la scolarité obligatoire (enseignement
primaire). Il dit à propos : « ce sont les conditions
du système d'enseignement qui deviennent des paramètres
pédagogiques que l'on doit adopter à la réalisation des
objectifs ». Pour Bloom, il n'existe pas d'élèves
doués pour les études. « Certains
élèves maîtrise la matière en peu de temps alors que
d'autres sont plus lents ». Quand on parvient à disposer
du temps et de l'aide dont les élèves lents ont besoin, ceux-ci
réussissent à atteindre le même rendement que les plus
rapides. Les élèves lents se révèlent capables de
comprendre des idées complexes et abstraites, d'appliquer les
idées à de nouveaux problèmes.
La pédagogie de la maîtrise propose qu'on accorde
les conditions d'étude aux élèves en fonction de leur
aptitude. Autrement dit, le facteur temps doit être primordial dans
l'acquisition des savoirs dans ce sens que tous les élèves n'ont
toujours pas les mêmes facultés de compréhension. Certains
sont rapides et d'autres lents. L'enseignant doit donc tenir compte de tous ces
paramètres pour que certains élèves ne se sentent pas
disqualifiés par l'échec. Cette pédagogie vise justement
à faire disparaître l'échec en assurant un rendement de
qualité pour tous les élèves.
Dans notre contexte, une telle pédagogie est à
encourager surtout dans le cadre des promotions collectives qui sont
déjà en vigueur à l'enseignement de base. Les promotions
collectives visent à réduire significativement les échecs
scolaires.
Le tableau 1 ci-dessous nous permet de faire
la récapitulation des questions de recherche ainsi que leurs
indicateurs.
Tableau 1 : Récapitulatif des questions de
recherche et leurs indicateurs
Question principale de recherche :
Existe-t-il un lien entre la suppression des frais exigibles, le
paquet minimum, les contributions des parents et le recrutement des enseignants
d'une part, et la qualité des apprentissages d'autre part ?
N°
|
Questions de recherche
|
Indicateurs
|
Modalité
|
Items
|
1
|
La suppression des frais exigibles a-t-elle influencé la
qualité des apprentissages ?
|
-Accès de tous à l'école
-Taux de fréquentation
-Acquisition des manuels scolaires par les
élèves
-Matériels didactiques pour enseignants.
|
-tout à fait pas d'accord
- pas d'accord
-plutôt d'accord
- tout à fait d'accord
|
E1, E6, E14 E17,
P1, P2, P4 P25,
|
2
|
La remise du paquet minimum a-t-elle un impact sur la
qualité des apprentissages ?
|
-Contenu du paquet minimum
-Fréquence de distribution du paquet minimum
-Résultats scolaires
*Taux de réussite
*Taux d'achèvement
*Taux de couverture
|
Idem
|
E3, E10,
E18, E21,
|
3
|
Les contributions financières des parents
influencent-elles la qualité des apprentissages ?
|
-Contributions effectives des parents
-Réalisations de l'APE.
-Prise en charge des maîtres des parents par les A.P.E..
|
Idem
|
E21,
P5, P7,
P17,
|
4
|
Le recrutement des instituteurs a-t-il une influence sur la
qualité des apprentissages ?
|
-Nombre d'instituteurs contractualisés
-Gestion et affectation des instituteurs
-Ratio maître/élèves
-Méthodes pédagogiques en vigueur
-Pratique de l'A.P.E.E.
|
Idem
|
E7, E12, E13, E11
P9, P26. P29
|
NB : P =
questionnaire pour Parent ; E = questionnaire pour
Enseignant
CHAPITRE III :
CADRE
METHODOLOGIQUE
Cette partie de l'étude est consacrée à
la description et présentation de la méthodologie
utilisée. Tout travail de recherche trouve sa valeur et la pertinence
scientifique dans la méthode que le chercheur utilise pour expliquer la
réalité des faits. Parlant de la méthode, Grawitz
(1990 :384) précise qu'elle « est constituée de
l'ensemble des opérations intellectuelles pour lesquelles une discipline
cherche à atteindre des vérités qu'elle poursuit, les
démontre, les vérifie ». Elle poursuit en disant que
« la méthode dicte toujours les façons concrètes
d'envisager ou d'organiser la recherche ». Ainsi, aucun crédit
n'est accordé à un travail de recherche si la méthode de
recherche et les instruments de mesure ne sont pas clairement définis au
départ. Pour ce faire, notre étude emploie une méthode
claire, s'appuie sur une population d'étude précise, utilise des
techniques d'enquêtes spécifiques et rigoureuses.
Pour toutes ces bonnes raisons, notre étude se propose
de recourir à un ensemble de techniques de recherche parmi lesquelles,
la recherche documentaire dans un premier temps, ensuite, l'observation
directe, et enfin, les entretiens et les questionnaires confectionnés
nous permettrons de faire une analyse qualitative et quantitative des
données recueillies.
III. 1. TYPE DE RECHERCHE
Aucune recherche en science en générale et en
sciences de l'éducation en particulier, n'est faite ex nihilo. Toute
recherche s'appuie sur les travaux précédents en rapport avec le
thème de la recherche. C'est pour cette raison que Rouveyran
(1987 :47) recommande que : « le chercheur
doit faire un inventaire raisonné détaillé et critique de
l'ensemble des documents traitant du sujet à titre principal, secondaire
et même accessoire ».
Pour notre étude, nous avons eu recours à une
recherche exploratoire auprès des acteurs concernés en vue de
recueillir leur opinion sur notre objet d'étude.
En outre, la recherche documentaire nous a permis de faire
l'analyse qualitative des données. Ces données sont issues des
documents de référence (DRAFT, DSRP) du Ministère de
l'Education de Base, des rapports de l'UNESCO et des études
réalisées par le programme d'analyse des systèmes
éducatifs de la confemen (PASEC).
En somme, nous avons effectué une recherche mixte qui
combine les approches qualitative et quantitative. Notre recherche s'inscrit
pour cela dans une triangulation s'appuyant sur les documents, l'entrevue et le
questionnaire.
III. 2. POPULATION ET ECHANTILLON
DE L'ETUDE
La population d'étude ou population parente est
l'ensemble des acteurs qui constituent le champ d'investigation du chercheur.
C'est l'ensemble des personnes que le chercheur doit consulter pour avoir des
informations sur ce qu'il se propose d'étudier. Pour notre étude
il s'agit des enseignants et des parents d'élèves pour ce qui est
de leur perception de la gratuité et ses effets sur la qualité
des apprentissages
Les enseignants du primaire et les parents
d'élèves ne sont pas les seules personnes consultées.
Nous avons étendu nos enquêtes auprès des responsables des
services centraux et déconcentrés du Ministère de
l'Education de Base. Toutes ces personnalités vont nous aider à
comprendre la définition et la mise en oeuvre de la gratuité
scolaire au niveau institutionnel. Par la suite, nous allons nous entretenir
avec certains directeurs d'école publique pour voir le degré
d'application de la politique de la gratuité et son impact sur les
apprentissages.
En somme, notre population d'étude est
constituée de l'ensemble des enseignants, des parents, des responsables
des services centraux et extérieurs du Ministère de l'Education
de Base.
Parlant de l'échantillon, celui-ci permet de saisir la
totalité des sujets concernés par l'étude à partir
d'un petit groupe de ces sujets. Ce petit groupe doit être
représentatif de la population globale. A propos, Antoine
(1969 :203-204) affirme que
« l'échantillonnage consiste à
présenter un nombre limité d'éléments d'un ensemble
d'une façon telle que l'on puisse, à partir de l'observation ou
de l'analyse de ces éléments, porter un jugement sur la
totalité de l'ensemble ».
Notre étude n'étant pas régionale ou
locale, mais nationale, nous avons passé nos différents
questionnaires aux enseignants et aux parents de tous horizons sans
discrimination. Pour cela, nous avons choisi un échantillon
représentatif de deux cents (200) enseignants et de deux cents (200)
parents d'élève résidents dans le territoire
camerounais.
III.3. INSTRUMENTS DE MESURE ET
COLLECTE DES DONNEES
S'agissant des instruments de mesure, nous nous sommes servi
d'un questionnaire de type Likert, de l'observation et de l'entrevue.
Avant de mener une bonne enquête, il est
nécessaire de procéder à une vérification empirique
du questionnaire pour s'assurer qu'il est bien applicable aux sujets
enquêtés. La pré enquête encore appelée
pré test s'avère un exercice qui permet de tester la
validité d'un questionnaire, la pertinence du sujet abordé
à travers les objectifs que l'on désire atteindre. C'est pour
toutes ces raisons que nous avons fait un questionnaire servant de
prétest au départ.
Ainsi, le prétest avait toutes sortes d'items
(questions fermées, semi fermées, ouvertes ...) l'exploitation
d'un tel questionnaire s'avérait très difficile et surtout, les
sujets manifestaient un stress au seul contact de ce questionnaire. Certains
sujets nous donnaient des rendez-vous qu'ils n'honoraient pas. Bref, ce
questionnaire nous prenait plus de temps.
Compte tenu de ces difficultés, nous avons finalement
confectionné des questionnaires sur la base de l'échelle de
Likert pour ce qui est des données quantitatives.
Par contre, nous avons procédé à
l'observation participante au moment des inscriptions à l'école
primaire lors de la rentrée scolaire 2009 /2010. Cette technique
d'enquête nous a permis de se rendre à l'évidence des faits
en ce qui concerne l'effectivité et surtout l'opérationnalisation
de la gratuité de l'école primaire publique.
La collecte des données proprement dite s'est
opérée au mois de septembre 2009, cette période
étant le début de la nouvelle année scolaire au Cameroun,
l'occasion était indiquée pour rencontrer les parents
d'élèves, les enseignants ainsi que les différents
Responsables des services centraux et extérieurs du Ministère de
l'Education de Base
Nous avons conçu deux questionnaires : un
questionnaire pour parents d'élève et un autre pour enseignants
du primaire. Nos deux questionnaires ont été faits sur le
modèle de l'échelle de Likert.
En effet, une échelle de Likert est un questionnaire
psychologique permettant de qualifier les attitudes. Elle est composée
d'une série d'affirmations auxquelles l'enquêté doit
indiquer son degré d'accord ou de désaccord.
Les items d'un tel questionnaire sont
sélectionnés à l'avance en fonction de leur qualité
et leur pertinence sur les attitudes ou opinions à mesurer.
Nous avions fait des questionnaires avec des items comprenant
quatre valeurs de réponses possibles. Il s'agit de :
- Tout à fait pas d'accord
- Pas d'accord
- Plutôt d'accord
- Tout à fait d'accord
Les questionnaires pour enseignant et pour parent
d'élève compte chacun 30 items.
Pour la passation des questionnaires, nous avons utiliser la
méthode du choix au hasard et la méthode du choix
raisonné.
Pour la méthode du choix au hasard, il est question
pour nous de saisir deux cents parents d'élève et deux cents
enseignants du primaire sans distinction de sexe, âge ou région.
Pour la méthode du choix raisonné, nous avons
essayé autant que possible de faire en sorte que les instituteurs
enquêtés soient issus des différentes grandes composantes
sociologiques du pays. Autrement dit, on a évité d'avoir à
faire aux sujets d'une même région ou d'une même zone. Nous
ferons en sorte que nos enquêtés soient des instituteurs et des
parents des villes et des campagnes, du Nord au Sud et de l'Est à
l'Ouest dans la passation des questionnaires.
Notre étude n'étant pas régionale ou
locale mais nationale, nous avions passé nos différents
questionnaires aux enseignants de tout bord et sans discrimination dans le
cadre de l'enseignement primaire public ainsi qu'aux parents
d'élève qui ont en principe inscrit leurs enfants ou non à
l'école publique.
L'entrevue s'est faite sur la base d'un protocole d'entretien.
L'objectif était de sélectionner à l'avance la
catégorie des individus à soumettre à notre guide. Nous
reviendrons en détails dans le cadre de la présentation des
données qualitatives.
III. 4. MODELE D'ANALYSE DES
DONNEES
Pour le traitement et l'analyse des données nous avons
eu recours à l'analyse qualitative, à l'outil de la statistique
descriptive. L'outil de la statistique inférentielle aurait pu nous
permettre d'établir des corrélations entre les variables
notamment dans la vérification des hypothèses à l'aide du
Ki deux. Cependant, les désagréments que nous avons connus lors
du dépouillement et du traitement informatique des données ne
nous ont plus permis de recourir à cette technique comme
prévu.
III. 4. 1. L'analyse qualitative
des données
L'analyse des données qualitatives dont nous nous
sommes proposé de faire dans cette étude nous est
présentée par Michael Huberman et Miles (1991). En effet, la
force de ce genre d'analyse est de rendre compte de la réalité
scientifique non plus par des chiffres, mais par des mots. Il s'agit donc
d'apprécier, de juger ou d'émettre des opinions. Comme le
soulignent les auteurs, les « chercheurs qualitatifs
considèrent encore l'analyse comme un art et mettent l'accent sur une
approche intuitive. » Dans l'analyse qualitative, le chercheur
ne se contente plus de décrire les phénomènes, mais essaye
de comprendre et d'expliquer à partir d'une approche logique les
phénomènes.
Dans le cadre de notre étude, nous nous servirons des
informations issues de l'exploitation documentaire ou l'analyse de contenu en
rapport avec le Ministère de l'Education de Base, des organismes
internationaux en matière d'éducation et des organisations
scientifiques reconnues pour en faire une analyse qualitative.
Dans le même ordre d'idées, nous avons eu recours
à des personnes ressources pour des entretiens et en faire
également une analyse qualitative des informations que nous avons
reçues sur notre sujet d'étude.
III. 4. 2. L'analyse quantitative
des données
Pour faire l'analyse quantitative des données, nous
avons eu recours à l'outil de la statistique descriptive. Cette
technique nous a permis d'avoir des pourcentages sur la base des données
brutes issues de nos enquêtes de terrain.
A ce niveau, il a été question pour nous,
à partir des données quantitatives issues de l'exploitation
documentaire et de nos questionnaires, de dégager les fréquences
absolues et les fréquences relatives. Le but visé ici etant de
comparer la valeur relative en pourcentage que représente chaque
modalité par rapport à l'effectif total de
l'échantillon.
CHAPITRE IV :
PRESENTATIION DES RESULTATS
La présentation des résultats nous permet de
faire une étude documentaire ou une analyse de contenu à partir
des données issues du Ministère de l'Education de Base et
d'autres organisations internationales réputées en matière
de recherche en éducation à l'instar de la CONFEMEN et du PASEC.
Par la suite, nous allons présenter les résultats issus de nos
propres enquêtes pour aboutir à la vérification de nos
hypothèses.
IV. 1. RESULTATS DE L'ETUDE
DOCUMENTAIRE
Les résultats de l'étude documentaire nous
permettent de saisir et de maîtriser la carte scolaire en termes
d'effectifs d'enseignants, d'élèves, salles de classe et tables
bancs. Les mêmes résultats nous permettent d'avoir les indicateurs
pertinents de la qualité du système éducatif à
l'enseignement primaire au Cameroun
Tableau 2 : Effectifs globaux des
élèves, enseignants, écoles et salles de classe à
l'enseignement primaire au Cameroun
Sous système Ordre
|
Francophone
|
Anglophone
|
Ensemble
|
Public
|
Privé
|
Pu + Pr
|
Elèves
|
G + F
|
2 504 433
|
615 924
|
2 430 020
|
690 337
|
3 120 357
|
F
|
1 131 992
|
299 632
|
1 099 437
|
322 187
|
1 421 624
|
Enseignants
|
H + F
|
45 746
|
25 849
|
50 712
|
22 115
|
72 827
|
F
|
15 140
|
11 834
|
20 287
|
10 465
|
30 752
|
Ecoles
|
9 801
|
2 704
|
9 000
|
3 505
|
12 505
|
Salles de classe
|
49 662
|
14 838
|
44 865
|
19 635
|
64 500
|
Source : MINEDUB, année scolaire
2006/2007
Il ressort du tableau 2 que le Cameroun comptait en
2007 ; 3 120 357 élèves avec 2 430 020
élèves dans le secteur public. Toujours dans le secteur public,
le nombre total d'enseignants s'élève à 50 712,
tandis que 9 000 écoles publiques et 44 865 salles de classe
fonctionnent normalement dans ce secteur.
Tableau 3 : Distribution de la population
scolaire par région au Cameroun
Région
|
Population scolarisable
|
Population scolarisée
|
Taux brut de scolarisation
%
|
G+F
|
F
|
G+F
|
F
|
G
|
F
|
G+F
|
IPS
|
Adama.
|
147 438
|
70 903
|
148 009
|
62 974
|
111,11
|
88,82
|
100,39
|
0,8
|
Centre
|
474 689
|
226 722
|
546 441
|
267 251
|
112,59
|
117,88
|
115,12
|
1,05
|
Est
|
153 592
|
73 733
|
160 918
|
74 069
|
108,75
|
100,46
|
104,77
|
0,92
|
Extrême-Nord
|
525 047
|
254 796
|
501 356
|
198 366
|
112,11
|
77,85
|
95,49
|
0,69
|
Littoral
|
385 669
|
180 999
|
316 300
|
155 429
|
78,6
|
85,87
|
82,01
|
1,09
|
Nord
|
285 558
|
130 502
|
281 859
|
109 776
|
117,02
|
79,26
|
98,7
|
0,68
|
Nord-Ouest
|
358 097
|
178 884
|
363 930
|
174 766
|
105,55
|
97,7
|
101,63
|
0,93
|
Ouest
|
387 339
|
196 696
|
458 083
|
22 111
|
124,3
|
112,81
|
118,26
|
0,9
|
Sud
|
107 547
|
51 120
|
113 930
|
54 705
|
104,96
|
107,01
|
105,94
|
1,02
|
Sud-Ouest
|
239 763
|
113 252
|
229 531
|
113 177
|
91,97
|
99,93
|
95,73
|
1,03
|
Total
|
3 064 739
|
1 477 607
|
3 120 357
|
1 232 624
|
106,94
|
96,37
|
101,81
|
0,9
|
Source : MINEDUB, 2007
Du tableau 3, on peut observer les disparités dans les
régions du Cameroun. Nous avons une forte concentration de la population
scolaire dans les régions du Centre (115 %) et de l'Ouest (118 %). Les
régions du septentrion (Nord, Extrême-Nord et Adamaoua) ont un
taux brut de scolarisation qui est inférieur au taux moyen qui est de
l'ordre de 101,81. L'indice de parité basé sur le sexe est
également important dans cette région du pays. Il existe une
inégalité d'accès entre les garçons et les filles
à l'école dans cette partie du pays.
Tableau 4 : Distributions des taux net de
scolarisation et des taux bruts d'admission par région
Régions
|
Taux net de scolarisation %
|
Taux brut d'admission %
|
G
|
F
|
G+F
|
IPS
|
G
|
F
|
G+F
|
IPS
|
Adamaoua
|
83,46
|
68,93
|
76,47
|
0,83
|
116,92
|
95,88
|
106,67
|
0,82
|
Centre
|
87,33
|
92,15
|
89,63
|
1,06
|
105,02
|
107,87
|
106,40
|
1,03
|
Est
|
81,74
|
77,46
|
79,68
|
0,95
|
109,33
|
105,16
|
107,30
|
0,96
|
Extrême-Nord
|
91,36
|
65,11
|
78,62
|
0,71
|
109,05
|
79,87
|
94,72
|
0,73
|
Littoral
|
61,64
|
67,86
|
64,56
|
1,10
|
70,26
|
74,61
|
72,32
|
1,06
|
Nord
|
80,53
|
66,23
|
73,59
|
0,82
|
104,26
|
80,01
|
92,36
|
0,77
|
Nord-Ouest
|
79,61
|
74,64
|
77,13
|
0,94
|
71,84
|
65,88
|
68,84
|
0,92
|
Ouest
|
81,34
|
79,51
|
80,41
|
0,98
|
86,05
|
77,40
|
81,65
|
0,90
|
Sud
|
80,17
|
83,51
|
81,76
|
1,04
|
96,47
|
96,72
|
97,55
|
1,02
|
Sud-Ouest
|
75,22
|
81,87
|
78,36
|
1,09
|
79,16
|
85,45
|
82,16
|
1,08
|
Total
|
80,76
|
75,44
|
78,18
|
0,93
|
93,25
|
84,09
|
88,76
|
0,90
|
Source : MINEDUB/carte scolaire 2007
D'une façon globale, le taux net de scolarisation est
égal à 78% alors que celui d'admission est de 88%. Les
disparités restent observables entre les régions et notamment
dans le Littoral où le taux net de scolarisation est de 64 % alors que
dans le Centre il est à 89%.
Tableau 5 : Distribution
du taux d'achèvement par sexe et par région au
Cameroun
Régions
|
Taux d'achèvement %
|
Garçons
|
Filles
|
G+F
|
IPS
|
Adamaoua
|
73,00
|
46,91
|
59,88
|
0,64
|
Centre
|
84,34
|
86,21
|
85,27
|
1,02
|
Est
|
64,25
|
50,20
|
57,36
|
0,78
|
Extrême-Nord
|
58,08
|
26,70
|
42,47
|
0,46
|
Littoral
|
76,48
|
77,44
|
76,96
|
1,01
|
Nord
|
76,32
|
34,71
|
56,05
|
0,45
|
Nord-Ouest
|
114,70
|
114,10
|
114,40
|
0,99
|
Ouest
|
85,60
|
84,29
|
84,94
|
0,98
|
Sud
|
71,88
|
68,99
|
70,48
|
0,96
|
Sud-Ouest
|
97,55
|
90,27
|
93,86
|
0,93
|
Total
|
80,83
|
69,68
|
75,28
|
0,86
|
Source : MINEDUB/Bucrep carte scolaire
2007
Selon le tableau 5, le taux d'achèvement moyen à
l'enseignement primaire public est de 75 %. Il est très
élevé dans les régions anglophones (Nord-Ouest = 114,4 et
Sud-Ouest = 93,86). Alors qu'il reste très faible à l'Est (57 %)
dans l'Adamaoua (59 %) dans l'Extrême-Nord (42,47 % et au Nord (56)
Tableau 6 : Répartition des
enseignants du primaire public par sexe et par région au
Cameroun
Régions
|
Adama
|
Centre
|
Est
|
Extrême-Nord
|
Littoral
|
Nord
|
Nord-Ouest
|
Ouest
|
Sud
|
Sud-Ouest
|
Total
|
H+F
|
1969
|
11009
|
2923
|
6150
|
3940
|
3851
|
5499
|
7719
|
3863
|
3789
|
50712
|
F
|
566
|
5976
|
1097
|
591
|
2016
|
589
|
2431
|
3470
|
1619
|
1932
|
20287
|
%
|
3,88
|
21,70
|
5,76
|
12,12
|
7,76
|
7,59
|
10,84
|
15,22
|
7,61
|
7,47
|
100
|
Source : MINEDUB
Pour 40 % de femmes et 60 % d'hommes comme enseignants, on
note une très faible représentation des femmes enseignantes dans
les trois régions du Nord et une très grande concentration des
enseignants dans la région du Centre (21,70) et de l'Ouest (15,22). Les
régions de l'Adamaoua (3,88 %) et de l'Est apparaissent comme les plus
sinistrées en besoins d'enseignants.
Tableau 7 : Répartition du nombre
d'écoles publiques, salles de classe et places assises par
région
Régions
|
Adam
|
Centre
|
Est
|
Extrême-Nord
|
Littoral
|
Nord
|
Nord-Ouest
|
Ouest
|
Sud
|
Sud-Ouest
|
Total
|
Ecoles
|
512
|
1601
|
617
|
1398
|
632
|
722
|
722
|
1154
|
693
|
737
|
8788
|
Salles de classe
|
1900
|
8231
|
2570
|
5990
|
3858
|
3181
|
3581
|
7101
|
2986
|
3970
|
43368
|
Places assises
|
77676
|
359230
|
95536
|
163820
|
154293
|
105488
|
105488
|
307300
|
97659
|
131437
|
1597927
|
Source : MINEDUB
On peut relever à la suite du tableau 7
qu'il existe également des disparités en ce qui concerne les
écoles. Très peu d'écoles publiques sont construites dans
l'Adamaoua, à l'Est et au Littoral. L'Extrême-Nord qui est la
région la plus peuplée du Cameroun n'a pas le plus grand nombre
d'écoles primaires publiques.
Tableau 8 :
Répartition des ratios élèves/maîtres et
élèves/salles de classe par région dans l'enseignement
public
Régions
|
Adama.
|
Centre
|
Est
|
Extrême-Nord
|
Littoral
|
Nord
|
Nord-Ouest
|
Ouest
|
Sud
|
Sud-Ouest
|
Ratio élèves / maître
|
67
|
36
|
49
|
74
|
39
|
68
|
45
|
48
|
26
|
44
|
Ratio élèves / salles
|
69
|
49
|
55
|
76
|
39
|
82
|
49
|
52
|
34
|
42
|
Source : MINEDUB
Comme on peut le constater à la lecture du tableau 8,
le ratio élèves/maître est très élevé
dans les régions du Nord Cameroun. Dans l'Adamaoua, il est de 67,
à l'Extrême-Nord il est plus élevé qu'ailleurs soit
74 et au Nord, il est de 68 Il en est de même pour le ratio
élèves/salles de classe avec 82 élèves en moyenne
par salle dans le Nord, 76 dans l'Extrême-Nord, et 69 dans l'Adamaoua.
Dans les régions du centre, du littoral, et du sud, le ratio est en
deçà de 40. un enseignant pour 40 élèves
étant le ratio normal.
Tableau 9 : Distribution du taux moyen de
redoublement par sous/système et par classe à l'enseignement
primaire public.
Classes
Sous-système
|
Sil (1)
|
C.P (2)
|
C.E.1 (3)
|
C.E.2 (4)
|
C.M.I (5)
|
C.M.II (6)
|
Total
|
Francophone
|
33,10%
|
22,26%
|
27,60%
|
24,70%
|
24,70%
|
24,30%
|
26,40%
|
Anglophone
|
21,60%
|
18,00%
|
18,10%
|
20,20%
|
27,20%
|
14,20%
|
19,40%
|
source : MINEDUB
A la suite du tableau 9, le taux moyen de redoublement dans le
sous-système francophone est de 26,40 % alors qu'il est de 19,40 dans le
sous-système anglophone. La section d'initiation au langage (Sil)
enregistre le taux de redoublement le plus élevé soit 33,10 %
dans le sous-système francophone alors que la classe 5 (C.M.I)
enregistre 27 % dans le sous-système anglophone.
En somme, le taux de redoublement reste encore très
élevé dans le système éducatif camerounais
comparativement aux pays développés. Cette situation remet
fortement en cause la qualité et l'efficacité du système
éducatif à l'enseignement primaire au Cameroun.
Tableau 10 : Taux de redoublement à
l'école dans le monde.
Ensembles
|
Pourcentages
|
Monde
|
5,2 %
|
Pays en développement
|
7,4 %
|
Afrique Subsaharienne
|
17,9 %
|
Amérique Latine et Caraïbes
|
5,9 %
|
Asie centrale
|
0,3 %
|
Asie du Sud et de l'Ouest
|
6,5 %
|
Etats arabes
|
7,1 %
|
Europe centrale et orientale
|
1,1 %
|
Cameroun
|
25 %
|
Source : UNESCO
Au regard du taux moyen du redoublement dans le monde, celui
du Cameroun s'avère catastrophique à l'enseignement primaire. Il
est même très au dessus des pays d'Afrique Subsaharienne. Le
système éducatif camerounais apparaît comme fondé
sur l'échec.
IV. 2. PRESENTATION DES DONNEES
DESCRIPTIVES DE L'ETUDE
Les résultats que nous nous proposons de
présenter ici concernent essentiellement les données
collectées à partir de nos deux questionnaires consacrés
aux enseignants du primaire et aux parents d'élève.
IV-2. 1. Identification des
enquêtes
Certains paramètres
comme le sexe, l'âge, la région d'origine ou le statut
socioprofessionnel vont nous permettre de faire l'identification de no
enquêtés.
Tableau 11 : Présentation de la
population d'étude selon le sexe
Sexe
Sujets
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Enseignants
|
70
|
130
|
200
|
Parents
|
90
|
110
|
200
|
Total
|
160
|
240
|
400
|
L'échantillon de la population d'étude regroupe
des enseignants et des parents d'élèves. Il est composé de
70 enseignants (35 %) et de 130 enseignantes (65 %). Les parents
d'élèves quant à eux sont composés de 90 hommes (45
%) et 110 femmes soit 55 %. Il ressort que les femmes sont majoritaires dans
l'échantillon global. Cette réalité peut s'expliquer par
le fait que les femmes seraient plus dispoS2ES à répondre
spontanément à un questionnaire par rapport aux hommes qui
préfèrent des rendez-vous.
Tableau 12 : Présentation de la
population d'étude suivant les régions d'origine
Région
Sujets
|
AD
|
CE
|
ES
|
EN
|
LT
|
NO
|
NW
|
OU
|
SU
|
SW
|
T
|
Enseignants
|
10
|
110
|
05
|
10
|
05
|
05
|
01
|
40
|
20
|
01
|
200
|
Parents
|
05
|
60
|
05
|
10
|
08
|
10
|
02
|
80
|
18
|
02
|
200
|
La répartition des enquêtés couvre
l'ensemble du territoire national. Cependant, les régions du Centre et
de l'Ouest présentent le plus grand des effectifs des sujets soit
respectivement 42,5 % et 30 % de l'échantillon enseignants et parents.
La très faible représentativité des régions du
Nord-Ouest et du Sud-Ouest s'explique par le fait que notre questionnaire n'a
pas été traduit en anglais. La plus part des sujets
rencontrés issus de ces régions souhaitaient répondre dans
la version anglaise.
Tableau 13 : Répartition des
enseignants suivant leur statut professionnel.
Enseignants
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Fonctionnaires
|
118
|
59
|
Contractuels
|
53
|
26,5
|
Maîtres des parents
|
29
|
14,5
|
Vacataires
|
00
|
00
|
Total
|
200
|
100
|
L'échantillon des enseignants est fait en
majorité des fonctionnaires (59 %). Ils sont également les plus
anciens au poste. Les contractuels constituent des instituteurs qui ont
été récemment pris en charge par l'Etat dans le cadre du
contrat dit désendettement développement (D) avec l'aide de la
Banque Mondiale. Les maîtres des parents sont faiblement
représentés à cause de l'opération de
contractualisation en cours. Faut-il rappeler que dans le cadre de cette
opération, les maîtres des parents sont prioritaires et ont un
quota bien précis. Les vacataires communément appelés IVAC
(Instituteur Vacataire) n'existent plus dans le registre des enseignants du
primaire. Après être recensés, ils ont été
tous contractualisés en 2007 soit 13 000 au total lors de la
première vague des contractualisations.
Tableau 14 : Répartition des parents
selon leur statut professionnel.
Parents
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Ayant un emploi
|
123
|
61,15
|
Sans emploi
|
77
|
38,50
|
Total
|
200
|
200
|
Les parents classés dans le registre « ayant
un emploi » sont ceux qui exercent une activité permanente et
ayant un revenu stable. Ils se comptent parmi les fonctionnaires, les
travailleurs, les commerçants.
« Les Sans emploi » sont des parents qui
vivent dans la précarité. Ils exercent soient les petits
métiers soit l'agriculture avec des revenus médiocres. Les deux
catégories des parents n'appréhendent pas le
phénomène de la gratuité de la même façon.
Les premiers n'y voient pas la qualité dans l'éducation gratuite.
Ils pensent même que la gratuité est une histoire des pauvres. Les
seconds, peut-être n'ayant pas de choix, adhèrent facilement
à l'idée de la gratuité de l'école.
Tableau 15 : Répartition des
parents ayant au moins un enfant a l'école primaire publique
Parents
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Ayant au moins 01 enfant
|
134
|
67
|
Sans enfant
|
66
|
33
|
Total
|
200
|
100
|
Parmi les parents qui ont répondu à notre
questionnaire, 67 % ont au moins un enfant à l'école primaire
publique. 33 % n'ont pas d'enfants à l'école publique, la plupart
ayant des enfants à l'école privée.
A la suite des deux précédents tableaux, on
peut dire qu'il existe un lien entre les parents qui ont un enfant à
l'école primaire publique et leur statut professionnel. Autrement dit,
les parents qui n'ont pas un emploi stable sollicitent plus une inscription de
leurs enfants à l'école publique par rapport aux parents qui ont
une situation professionnelle plus stable. Ces derniers sont plus portés
vers l'enseignement privé qui pour eux garantit la qualité des
apprentissages.
Tableau 16 : Distribution des scores de nos
sujets enseignants aux 30 items du questionnaire.
ITEMS
|
Tout à fait
pas d'accord
|
Pas d'accord
|
Plutôt d'accord
|
Tout à fait d'accord
|
n
|
%
|
n
|
%
|
n
|
%
|
n
|
%
|
1. Avec la gratuité de l'école, tous les enfants
sont accueillis à l'école primaire publique
|
17
|
8,5
|
48
|
24
|
24
|
12
|
111
|
55,5
|
2. La gratuité de l'école a diminué les
dépenses des parents
|
29
|
14,5
|
75
|
37,5
|
27
|
13,5
|
69
|
34,5
|
3. Depuis la gratuité de l'école, le paquet minimum
est distribué régulièrement aux écoles primaires
|
38
|
19
|
63
|
31,5
|
36
|
18
|
63
|
31,5
|
4. Avec la gratuité, les élèves issus des
parents pauvres ont la même formation que ceux issus des milieux
favorisés
|
29
|
14,5
|
51
|
25,5
|
39
|
19,5
|
81
|
40,5
|
5. En général, avec la gratuité, les
enseignants accordent à tous les élèves la même
attention à l'école publique
|
17
|
8,5
|
24
|
12
|
36
|
18
|
123
|
61,5
|
6. Les effectifs des élèves dans les salles de
classe ont augmenté avec la gratuité de l'école
primaire
|
29
|
14,5
|
30
|
15
|
42
|
21
|
99
|
49,5
|
7. Le nombre d'enseignants a augmenté depuis la
gratuité de l'école primaire au Cameroun
|
50
|
25
|
72
|
36
|
30
|
15
|
48
|
24
|
8. Plusieurs salles de classe ont été construites
depuis la gratuité de l'école au Cameroun
|
35
|
17,5
|
54
|
27
|
39
|
19,5
|
72
|
36
|
9. Avec la gratuité, le système des promotions
collectives est encouragé et soutenu par l'Etat
|
08
|
4
|
18
|
9
|
51
|
25,5
|
123
|
61,5
|
10. Les conditions de travail des enseignants se sont
améliorées depuis la gratuité de l'école
|
78
|
39
|
87
|
43,5
|
32
|
16
|
09
|
4,5
|
11. La formation des enseignants est axée sur l'approche
par compétence depuis la gratuité de l'école
|
27
|
13,5
|
14
|
7
|
42
|
21
|
117
|
58,5
|
12. Le processus de contractualisation des enseignants s'est
intensifié depuis la gratuité de l'école primaire
|
10
|
5
|
16
|
8
|
42
|
21
|
132
|
66
|
13. Le mode de gestion et d'affectation des enseignants est
devenu rationnel avec la gratuité de l'école
|
44
|
22
|
90
|
45
|
33
|
16,5
|
33
|
16,5
|
14. La gratuité de l'école a favorisé
l'accès de toutes les filles à l'école primaire
publique
|
11
|
5,5
|
45
|
22,5
|
39
|
19,5
|
105
|
52,5
|
15. Le niveau des acquisitions scolaires des élèves
s'est amélioré avec la gratuité de l'école
publique
|
59
|
29,5
|
69
|
34,5
|
48
|
24
|
24
|
12
|
16. La gratuité de l'école a rendu facultatives les
contributions financières des parents à l'APE
|
26
|
13
|
42
|
21
|
51
|
25,5
|
81
|
40,5
|
17. A la suite de la gratuité, les manuels scolaires sont
régulièrement distribués aux élèves
|
89
|
44,5
|
102
|
51
|
09
|
4,5
|
00
|
00
|
18. La remise aux enseignants du matériel didactique est
effective et régulière depuis la gratuité de
l'école
|
42
|
21
|
77
|
36,5
|
39
|
19,5
|
42
|
21
|
19. Depuis la gratuité de l'école, les enseignants
sont devenus plus compétents dans leur travail
|
54
|
27
|
86
|
43
|
30
|
15
|
30
|
15
|
20. Avec la gratuité les enseignants accordent à
tous les élèves les mêmes chances de réussite
|
17
|
8,5
|
18
|
9
|
42
|
21
|
123
|
61,5
|
21. Les contributions de l'APE aux besoins de l'école
restent nécessaires malgré la gratuité de
l'école
|
08
|
4
|
06
|
3
|
45
|
22,5
|
141
|
70,5
|
22. Avec la gratuité, les redoublements des
élèves ont diminué dans les écoles primaires
publiques
|
22
|
11
|
40
|
20
|
51
|
25,5
|
87
|
43,5
|
23. L'entretien des infrastructures scolaires s'est
amélioré avec la gratuité de l'école
|
38
|
19
|
105
|
52,5
|
24
|
12
|
33
|
16,5
|
24. Les primes de rendement des enseignants sont
régulièrement payées depuis la gratuité de
l'école
|
56
|
23
|
96
|
48
|
27
|
13,5
|
21
|
10,5
|
25. La gratuité de l'école constitue une mesure de
lutte contre les inégalités sociales
|
17
|
8,5
|
15
|
7,5
|
36
|
18
|
132
|
66
|
26. L'engagement de l'Etat à rendre l'école
primaire gratuite est une réalité palpable au Cameroun
|
29
|
14,5
|
69
|
34,5
|
27
|
13,5
|
75
|
37,5
|
27. La gratuité de l'école primaire est un droit
de l'enfant au Cameroun
|
11
|
5,5
|
21
|
14,5
|
33
|
16,5
|
135
|
67,5
|
28. Avec la gratuité, la gestion des ressources humaines
et financières s'est améliorée dans les écoles
|
57
|
28,5
|
78
|
39
|
26
|
13
|
39
|
19,5
|
29. Au Cameroun, des dispositifs pédagogiques ont
été pris pour accompagner la gratuité de l'école
primaire
|
39
|
19,5
|
45
|
22,5
|
54
|
27
|
62
|
31
|
30. Avec la gratuité, l'Etat se soucie davantage de la
qualité des enseignements à l'école primaire
|
15
|
7,5
|
45
|
22,5
|
60
|
30
|
80
|
40
|
Tableau 17 : Distribution des scores de
nos sujets parents d'élèves aux 30 items du
questionnaire.
ITEMS
|
Tout à fait
pas d'accord
|
Pas d'accord
|
Plutôt d'accord
|
Tout à fait d'accord
|
n
|
%
|
n
|
%
|
n
|
%
|
n
|
%
|
1. La suppression des frais exigibles à l'école
primaire publique a favorisé l'accès de tous les
élèves à l'école
|
50
|
25
|
78
|
39
|
39
|
19,5
|
33
|
16,5
|
2. Avec la suppression des frais exigibles, les charges des
parents ont diminué à l'école
|
62
|
31
|
87
|
43,5
|
24
|
12
|
27
|
13,5
|
3. Depuis la gratuité de l'école publique, les
dépenses des parents sont réduites
|
50
|
25
|
93
|
46,5
|
18
|
9
|
39
|
12,5
|
4. La suppression des frais exigibles a favorisé l'achat
des manuels scolaires aux élèves
|
56
|
28
|
111
|
55,5
|
09
|
4,5
|
24
|
12
|
5. La gratuité de l'école a rendu facultatives les
contributions financières à l'A.P.E.
|
77
|
38,5
|
72
|
36
|
15
|
7,5
|
36
|
18
|
6. Les frais de reprographie exigés à
l'école ne constituent pas une entrave à la gratuité
|
68
|
34
|
72
|
36
|
30
|
15
|
30
|
15
|
7. Malgré la gratuité, les contributions des
parents aux charges de l'école restent une nécessité
|
08
|
4
|
36
|
18
|
57
|
28,5
|
30
|
15
|
8. Depuis la gratuité, les effectifs des
élèves dans les salles de classe ont augmenté
|
29
|
14,5
|
66
|
33
|
54
|
27
|
51
|
25,5
|
9. Le nombre d'enseignants a augmenté depuis la
gratuité
|
47
|
23,5
|
99
|
49,5
|
30
|
15
|
24
|
12
|
10. La gratuité de l'école a favorisé la
construction de plusieurs salles de classe
|
48
|
24
|
123
|
61,5
|
27
|
13,5
|
02
|
1
|
11. Avec la gratuité, le système des promotions
collectives est encouragé et soutenu par l'Etat
|
48
|
24
|
51
|
25,5
|
48
|
24
|
53
|
26,5
|
12. Les conditions de travail des enseignants se sont
améliorées depuis la gratuité de l'école
|
75
|
37,5
|
114
|
57
|
11
|
5,5
|
00
|
00
|
13. Les résultats aux examens sont meilleurs depuis la
gratuité de l'école
|
72
|
36
|
111
|
55,5
|
16
|
8
|
01
|
0,5
|
14. Depuis la gratuité, les enseignants sont plus
compétents dans l'encadrement des élèves
|
72
|
36
|
108
|
54
|
18
|
9
|
02
|
1
|
15. Depuis la gratuité, les parents participent plus aux
activités de l'école
|
36
|
18
|
87
|
43,5
|
63
|
31,5
|
14
|
7
|
16. L'implication des parents à la gestion de
l'école est effective depuis la gratuité de l'école
|
51
|
25,5
|
90
|
45
|
45
|
22,5
|
14
|
7
|
17. La participation financière des parents aux charges de
l'école a diminué avec la gratuité
|
54
|
27
|
93
|
46,5
|
24
|
12
|
29
|
14,5
|
18. L'engagement de l'Etat à rendre l'école
gratuite est une réalité au Cameroun
|
54
|
27
|
93
|
46,5
|
36
|
18
|
17
|
8,5
|
19. Depuis la gratuité, les élèves qui
proviennent des milieux défavorisés obtiennent les mêmes
résultats que ceux issus des milieux plus favorisés
|
81
|
40,5
|
93
|
46,5
|
24
|
12
|
04
|
2
|
20. Avec la gratuité, le système des promotions
collectives doit être encouragé à l'école
primaire
|
48
|
24
|
84
|
42
|
42
|
21
|
26
|
13
|
21. Avec la gratuité, la qualité des enseignements
s'est améliorée
|
57
|
28,5
|
120
|
60
|
15
|
7,5
|
08
|
4
|
22. Avec la gratuité tous les élèves doivent
réussir à l'école pour garantir l'équité et
l'égalité des chances
|
32
|
16
|
60
|
30
|
45
|
22,5
|
63
|
31,5
|
23. La gratuité de l'école constitue une mesure de
lutte contre les inégalités sociales
|
14
|
7
|
18
|
9
|
69
|
34,5
|
99
|
49,5
|
24. A travers la gratuité, l'Etat se désengage de
plus en plus des charges de l'école
|
51
|
25,5
|
57
|
28,5
|
51
|
25,5
|
41
|
40,5
|
25. A la suite de la gratuité, les manuels scolaires sont
régulièrement distribués aux élèves
|
102
|
51
|
97
|
48,5
|
01
|
0,5
|
00
|
00
|
26. Le niveau des acquisitions scolaires des élèves
s'est amélioré avec la gratuité de l'école
|
74
|
37
|
111
|
55,5
|
15
|
7,5
|
00
|
00
|
27. La gratuité de l'école primaire est un droit de
l'enfant au Cameroun
|
08
|
4
|
33
|
16,5
|
66
|
33
|
93
|
46,5
|
28. Avec la gratuité, la gestion des ressources humaines
et financières s'est améliorée dans les écoles
primaires au Cameroun
|
66
|
33
|
114
|
57
|
12
|
6
|
08
|
4
|
29. Au Cameroun, des dispositifs pédagogiques ont
été pris par l'Etat pour accompagner la gratuité de
l'école primaire
|
36
|
18
|
78
|
39
|
57
|
28,5
|
29
|
14,5
|
30. Avec la gratuité, l'Etat se soucie davantage de la
qualité des enseignements à l'école primaire
|
63
|
31,5
|
72
|
36
|
33
|
16,5
|
32
|
16
|
IV. 3. PRESENTATION DES RESULTATS
EN FONCTION DES QUESTIONS DE RECHERCHE
C'est dans cette section de l'étude que nous allons
essayer de trouver des éléments de réponse à nos
différentes questions de recherche.
IV.3.1. Question de
recherche n° 1
Rappel : La suppression des frais
exigibles a-t-elle influencé la qualité des
apprentissages ?
Pour répondre à cette question, nous allons nous
appuyer sur les items 1, 6, 14 du questionnaire parents et des items 1, 2, 4
et 25 du questionnaire enseignants. Nous allons également nous servir de
l'évolution des effectifs des élèves et de la
qualité des apprentissages dans l'enseignement public avant et
après la suppression des frais exigibles. Notre but à ce niveau
étant de savoir si l'évolution des effectifs a
entraîné positivement ou négativement les
apprentissages.
Tableau 18 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item
1.
Item 1 : Avec la gratuité de
l'école, tous les enfants sont accueillis à l'école
primaire publique.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
17
|
8,5
|
Pas d'accord
|
48
|
24
|
Plutôt d'accord
|
24
|
12
|
Tout à fait d'accord
|
111
|
55,5
|
Total
|
200
|
100
|
Les résultats obtenus à l'issue de l'Item 1
montrent que plus de 65 % des enseignants sont d'accord que tous les enfants
sont accueillis à l'école primaire publique depuis la
gratuité.
Tableau 19 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item
6
Item 6 : Les effectifs des
élèves dans les salles de classe ont augmenté avec la
gratuité de l'école primaire.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
29
|
14,5
|
Pas d'accord
|
30
|
15
|
Plutôt d'accord
|
42
|
21
|
Tout à fait d'accord
|
99
|
49,5
|
Total
|
200
|
100
|
Tous les enfants étant accueillis à
l'école avec la gratuité de celle-ci, plus de 70 % des
enseignants confirment que les effectifs dans les salles de classe ont
augmenté.
Tableau 20 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item
14
Item 14 : La gratuité a
favorisé l'accès de toutes les filles à l'école
primaire publique.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
11
|
5,5
|
Pas d'accord
|
45
|
22,5
|
Plutôt d'accord
|
39
|
19,5
|
Tout à fait d'accord
|
105
|
52,5
|
Total
|
200
|
100
|
Les résultats de l'item 14 vont dans le même
sens que les autres concernant l'accès de tous à l'école.
Ainsi, plus de 70 % des enseignants du primaire public manifestent leur accord
quant à l'accès de toutes les filles à l'école
même si la nuance mérite d'être mentionnée entre les
filles qui sont accueillies et celles qui y vont effectivement. Ceci
étant, que pensent les parents ?
Tableau 21 : Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item
1.
Item 1 : La suppression des frais
exigibles à l'école a favorisé l'accès de tous les
élèves à l'école publique.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
50
|
25
|
Pas d'accord
|
78
|
39
|
Plutôt d'accord
|
39
|
19,5
|
Tout à fait d'accord
|
33
|
16,5
|
Total
|
200
|
100
|
Contrairement aux enseignants, les parents
d'élèves ne manifestent pas leur accord concernant l'accès
de tous les élèves à l'école. 64 % des parents
pensent que la suppression des frais exigibles n'a pas favorisé
l'accès de tous les élèves à l'école.
Tableau 22 : Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item
2.
Item 2 : Avec la suppression des frais
exigibles, les charges des parents ont diminué à
l'école.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
62
|
31
|
Pas d'accord
|
87
|
43,5
|
Plutôt d'accord
|
24
|
12
|
Tout à fait d'accord
|
27
|
13,5
|
Total
|
200
|
100
|
La suppression des frais exigibles était
supposée réduire les charges des parents. 75 % de ces parents
estiment que cette mesure n'a pas eu d'effet positif sur leur bourse au
contraire, d'autres charges se sont ajoutées à l'exemple des
frais de reprographie où 70 % des parents pensent que ces derniers
constituent un obstacle palpable à la supposée gratuité de
l'école.
Tableau 23 : Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item
4
Item 4 : La suppression des frais
exigibles a favorisé l'achat des manuels scolaires aux
élèves.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
56
|
28
|
Pas d'accord
|
111
|
55,5
|
Plutôt d'accord
|
09
|
4,5
|
Tout à fait d'accord
|
24
|
12
|
Total
|
200
|
100
|
Tableau 24 : Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item
25
Item 25 : À la suite de la
gratuité, les manuels scolaires sont régulièrement
distribués aux élèves.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
102
|
51
|
Pas d'accord
|
97
|
48,5
|
Plutôt d'accord
|
01
|
0,5
|
Tout à fait d'accord
|
00
|
00
|
Total
|
200
|
100
|
Au regard des résultats obtenus dans les deux tableaux
précédents, il ressort que plus de 80 % des parents pensent que
la suppression des frais exigibles n'a pas favorisé l'achat des manuels
scolaires à leur niveau. Dans le même sens, la
quasi-totalité des parents affirment que l'Etat ne donne pas les manuels
scolaires aux élèves pour garantir le principe de la
gratuité de l'école tout en préservant la qualité
de celle-ci. On peut dire d'après les parents que la suppression des
frais exigibles à l'école primaire publique n'améliore pas
leurs dépenses en termes d'acquisition des manuels scolaires d'une part,
et d'autre part, l'Etat n'assume pas ses engagements du moins en ce qui
concerne l'achat des manuels scolaires aux élèves.
Tableau 25 : Evolution des effectifs
d'élèves entre 1996 et2006
Année
|
Effectifs privés
|
Effectifs publics
|
1996
|
1443652
|
431221
|
2000
|
16107000
|
626383
|
2004
|
2222051
|
684481
|
2006
|
2430020
|
690337
|
Le tableau des effectifs dans le public nous montre clairement
que les effectifs ont considérablement augmenté avec la
gratuité soit 17% en valeur absolue.
D'autre part, la qualité des apprentissages ne s'est
pas améliorée durant la même période. En effet,
d'après les résultats du rapport PASEC (2007) sur le défi
de la scolarisation universelle au Cameroun, sur une évolution des
scores moyens sur 100 par matière, on constate que le niveau a
baissé de manière significative en français et en
mathématique entre 1996 et 2005. En français, la baisse va de 59
à 46 alors qu'en mathématiques, le niveau chute de 50 à
46. Cette situation semble-t-il, est due à l'entrée à
l'école d'un plus grand nombre de fils de pauvres. En fait, les
effectifs ont augmenté et la qualité des apprentissages n'a pas
suivi.
En conclusion, la suppression des frais exigibles influence
(négativement) la qualité des apprentissages.
IV.3.2. Question de
recherche n° 2
Rappel : la remise du paquet minimum
a-t-il eu un impact sur la qualité des apprentissages ?
Pour répondre à cette question, nous allons
utiliser le questionnaire enseignant en exploitant des items 3, 10, 18, nous
allons exploiter uniquement l'item 21 du questionnaire parent.
Tableau 26 : Répartition de
l'échantillon des enseignants selon les modalités de l'item
3
Item 3 : Depuis la gratuité de
l'école, le paquet minimum est distribué
régulièrement aux écoles primaires.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
38
|
19
|
Pas d'accord
|
63
|
31,5
|
Plutôt d'accord
|
36
|
18
|
Tout à fait d'accord
|
63
|
31,5
|
Total
|
200
|
100
|
D'après les résultats de l'item 3
destiné aux enseignants, les avis de ces derniers sont partagés.
On pourrait dire que 50 % adhèrent à la régularité
du paquet minimum alors que les autres 50 % ne manifestent pas leur accord.
Tableau 27 : Répartition de
l'échantillon des enseignants selon les modalités de l'item
10
Item 10 : Les conditions de travail des
enseignants se sont améliorées depuis la gratuité de
l'école.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
72
|
36
|
Pas d'accord
|
87
|
43,5
|
Plutôt d'accord
|
32
|
16
|
Tout à fait d'accord
|
09
|
4,5
|
Total
|
200
|
100
|
Près de 80 % d'enseignants rencontrés pensent
que leurs conditions de travail ne se sont pas améliorées. Cet
item est lié à l'acquisition et à la satisfaction du
paquet minimum. Ce dernier n'a donc pas contribué à
améliorer les conditions de travail depuis la suppression des frais
exigibles.
Tableau 28 : Répartition de
l'échantillon enseignant selon les modalités de l'item
18
Item 18 : La remise aux enseignants du
matériel didactique est effective et régulière.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
42
|
21
|
Pas d'accord
|
77
|
38,5
|
Plutôt d'accord
|
39
|
19,5
|
Tout à fait d'accord
|
42
|
21
|
Total
|
200
|
100
|
A la lecture du tableau 28, près de 60 % des
enseignants ne manifestent pas leur accord quant à l'effectivité
et à la régularité du matériel didactique à
eux remis.
Tableau 29 : Répartition
l'échantillon des parents selon les modalités de l'item
21.
Item 21 : Avec la gratuité, la
qualité des enseignements s'est améliorée.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
57
|
28,5
|
Pas d'accord
|
120
|
60
|
Plutôt d'accord
|
15
|
7,5
|
Tout à fait d'accord
|
08
|
4
|
Total
|
200
|
100
|
Il ressort du tableau 29 que plus de 85 % des parents pensent
que la gratuité n'a pas amélioré la qualité des
enseignements. Ce constat des parents est logique dans la mesure où le
paquet minimum ne donne pas satisfaction aux enseignants en termes de
matériel didactique et de manuels scolaires adéquats.
Tableau 30 : Résultats
récapitulatifs de l'impact du paquet minimum sur les
apprentissages.
Modalités
Items
|
Tout à fait pas d'accord
|
Pas d'accord
|
Plutôt d'accord
|
Tout à fait d'accord
|
Régularité du paquet minimum %
|
19
|
31,5
|
18
|
31,5
|
Possession du matériel didactique %
|
21
|
38,5
|
19,5
|
21
|
Conditions de travail améliorées
%
|
21
|
43
|
16
|
4,5
|
L'impact du paquet minimum est observé à partir
de la régularité évidente dans sa distribution, de la
possession effective du matériel didactique par les enseignants. Tout
ceci doit aboutir à l'amélioration des conditions de travail des
enseignants.
Parlant justement de l'amélioration des conditions de
travail des enseignants, ces derniers (80%) pensent que le paquet minimum n'a
pas amélioré les apprentissages à cause des retards
récurrents dans le processus d'acquisition de celui-ci et surtout son
contenu qui ne répond pas toujours aux besoins réels de
l'école. Les parents, soit 85% pensent également que la
gratuité n'a pas amélioré la qualité des
apprentissages.
En conclusion, le paquet minimum a un impact négatif
sur la qualité des apprentissages à cause des retards
observés pour son acquisition et de son contenu en quantité et en
qualité reste insuffisant par rapport aux besoins de l'école.
IV.3.3. Question de recherche
n°3
Rappel : les contributions
financières des parents ont-elles une influence sur la qualité
des apprentissages ?
Pour répondre à la question, nous allons
exploiter les scores des items 5, 7, et 17 pour le questionnaire des parents et
l'item 21 pour le questionnaire enseignants.
Tableau 31 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item
21
Item 21 : Les contributions de l'A.P.E.
aux besoins de l'école restent nécessaires malgré la
gratuité.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
08
|
4
|
Pas d'accord
|
06
|
3
|
Plutôt d'accord
|
45
|
22,5
|
Tout à fait d'accord
|
141
|
70,5
|
Total
|
200
|
100
|
Il ressort du tableau 31 que 7 % seulement des enseignants ne
sont pas d'accord avec les contributions des parents dans le cadre de la
politique de la gratuité. Par contre, 93 % pensent que les contributions
des parents dans le cadre de l'A.P.E. restent nécessaires pour assurer
la qualité des apprentissages à l'école primaire. Que
pensent les parents eux-mêmes ?
Tableau 32 : Répartition de
l'échantillon parents suivant les modalités de l'Item
5
Item 5 : La gratuité de
l'école a rendu facultatives les contributions financières
à l'A.P.E.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
77
|
38,5
|
Pas d'accord
|
72
|
36
|
Plutôt d'accord
|
15
|
7,5
|
Tout à fait d'accord
|
36
|
18
|
Total
|
200
|
100
|
On note que 75 % des parents environ pensent que la
gratuité de l'école n'a pas rendu facultative leurs contributions
à l'A.P.E. 15 % sont favorables au caractère facultatif des
contributions financière d'après le principe de la
gratuité scolaire.
Tableau 33 : Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item
7
Item 7 : Malgré la
gratuité, les contributions des parents aux charges de l'école
restent une nécessité.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
08
|
4
|
Pas d'accord
|
36
|
18
|
Plutôt d'accord
|
57
|
28,5
|
Tout à fait d'accord
|
99
|
49,5
|
Total
|
200
|
100
|
A la suite du tableau 32, 78 % des parents estiment que leurs
contributions sont nécessaires malgré la gratuité de
l'école alors que 22 % seulement des parents ne voient pas la
nécessité de ces contributions dans la mesure où l'Etat a
pris des engagements à rendre l'école gratuite et accessible
à tous. Mais la réalité des faits amène les parents
à s'y impliquer.
Tableau 34 : Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item
17
Item 17 : La participation
financière des parents aux charges de l'école a diminué
avec la gratuité.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
54
|
27
|
Pas d'accord
|
93
|
46,5
|
Plutôt d'accord
|
24
|
12
|
Tout à fait d'accord
|
29
|
14,5
|
Total
|
200
|
100
|
La gratuité de l'école visait entre autre, la
réduction des dépenses financières des parents aux charges
de l'école. Cependant, plus de 73 % de ces parents pensent que la
participation financière aux charges de l'école n'a pas
diminué avec la gratuité, contre environ 26 % qui estiment qu'il
y a eu un impact positif du fait de la gratuité.
Tableau 35 : Résultats
récapitulatifs des items 5, 7, 17, (parents) et 21 (enseignants) en
%
Modalités
Items
|
Tout à fait pas d'accord
|
Pas d'accord
|
Plutôt d'accord
|
Tout à fait d'accord
|
P5 le caractère facultatif des
contributions à l'APE
|
38,5
|
36
|
7,5
|
18
|
P7 les contributions des parents sont une
nécessité
|
4
|
18
|
28,5
|
49
|
P17 la participation des parents a
diminué
|
27
|
46,5
|
12
|
14,5
|
E21 les contributions des parents sont une
nécessité
|
4
|
3
|
22,5
|
70,5
|
Les parents et les enseignants sont unanimes que les
contributions financières des parents restent une
nécessité et même incontournables au bon fonctionnement des
écoles.
La gratuité n'a pas rendu facultatives les
contributions des parents. Elle n'a non plus diminué les charges des
parents. Autrement dit, la gratuité n'a pas eu d'impact réel en
ce qui concerne la diminution des dépenses, au contraire elle engage les
parents plus qu'avant à s'impliquer davantage aux affaires de
l'école dans l'optique d'une meilleure prise en charge des besoins de
l'école.
En conclusion, les contributions financières des
parents ont un impact réel sur la qualité des apprentissages.
Ceci est d'autant vrai dans la mesure où les APE sont régies par
des textes officiels, même si l'illusion du caractère facultatif
des frais à verser continue d'être entretenue par les pouvoirs
publics. Et pourtant les frais d'APE sont considérés comme des
fonds publics si l'on considère que leur détournement ou
divertissement fait souvent l'objet des poursuites judiciaires.
IV. 3. 4. Question de recherche
n°4
Rappel : La contractualisation des
instituteurs a-t-elle une influence significative sur la qualité des
apprentissages ?
Pour répondre à cette préoccupation, nous
nous référons aux items 7, 12 et 13 du questionnaire enseignant.
Nous allons également utiliser les données chiffrées
relatives au plan de contractualisation des instituteurs mis en marche par
l'Etat pour déboucher sur l'impact de cette opération sur la
qualité des apprentissages.
Tableau 36 : Répartition de
l'échantillon enseignants suivant les modalités de l'Item
7
Item 7 : Le nombre d'enseignants a
augmenté depuis la gratuité de l'école primaire au
Cameroun.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
50
|
25
|
Pas d'accord
|
72
|
36
|
Plutôt d'accord
|
30
|
15
|
Tout à fait d'accord
|
48
|
24
|
Total
|
200
|
100
|
La majorité des enseignants soit 61 % ne manifestent
pas leur accord concernant l'augmentation du nombre d'enseignants. 39 %
d'enseignants estiment que le nombre a augmenté.
Tableau 37 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item
12
Item 12 : Le processus de
contractualisation s'est intensifié avec la gratuité.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
10
|
5
|
Pas d'accord
|
16
|
8
|
Plutôt d'accord
|
42
|
21
|
Tout à fait d'accord
|
132
|
66
|
Total
|
200
|
100
|
Ici, les enseignants sont presque unanimes que le processus de
contractualisation s'est intensifié avec la gratuité de
l'école (87 %) car, faut-il le rappeler, c'est une vaste
opération qui vise à contractualiser au bout de cinq ans plus de
38 000 instituteurs titulaires du CAPIEMP.
Tableau 38 : Répartition de
l'échantillon enseignants suivant les modalités de l'Item
13
Item 13 : Le mode de gestion et
d'affectation des enseignants est devenu rationnel avec la gratuité de
l'école.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
44
|
22
|
Pas d'accord
|
90
|
45
|
Plutôt d'accord
|
33
|
16,5
|
Tout à fait d'accord
|
33
|
16,5
|
Total
|
200
|
100
|
Les résultats du tableau 38 indiquent que les
enseignants (67 %) ne sont pas d'accord avec le mode de gestion et
d'affectation des instituteurs actuellement en cours au Cameroun. On peut se
poser des questions à ce sujet : quels sont les critères qui
président l'affectation des instituteurs ? Qui enseigne en zone
rurale et qui enseigne en zone urbaine ? Les opinions à ce niveau
sont contradictoires.
Tableau 39 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item
11
Item 11 : La formation des enseignants
est axée sur l'approche par compétence depuis la gratuité.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
27
|
13,5
|
Pas d'accord
|
14
|
7
|
Plutôt d'accord
|
42
|
21
|
Tout à fait d'accord
|
117
|
58,5
|
Total
|
200
|
100
|
Les résultats du tableau 39 montrent que 80 % des
enseignants avouent avoir reçu une formation axée sur l'approche
par compétence contre 20 % environ. La réalité des faits
nous amène à se demander si les enseignants sont animés
par un certain orgueil vis-à-vis d'un concept dont certain disposent
encore des connaissances approximatives, du moins si on se réfère
au programme de formation en vigueur dans les écoles de formation des
instituteurs.
Tableau 40 : Répartition de
l'échantillon enseignant suivant les modalités de l'Item
29
Item 29 : Au Cameroun, des dispositifs
pédagogiques ont été pris pour accompagner la
gratuité de l'école primaire.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
39
|
19,5
|
Pas d'accord
|
45
|
22,5
|
Plutôt d'accord
|
54
|
27
|
Tout à fait d'accord
|
62
|
31
|
Total
|
200
|
100
|
A ce niveau, les enseignants adhèrent à
l'idée selon laquelle des dispositifs pédagogiques ont
été pris pour accompagner la gratuité. Leur accord se
fonde sur des journées pédagogiques ou autres activités
allant dans le même sens. On peut également noter une sorte de
mécanisme de défense qui ne voudrait pas qu'on soit
soupçonné d'enseignant n'ayant pas des compétences ou des
qualifications requises et nécessaires même si au fond, ce n'est
pas toujours le cas.
Tableau 41 : Répartition de
l'échantillon parent suivant les modalités de l'Item
9
Item 9 : Le nombre d'enseignants a
augmenté depuis la gratuité.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
47
|
23,5
|
Pas d'accord
|
99
|
49,5
|
Plutôt d'accord
|
30
|
15
|
Tout à fait d'accord
|
24
|
12
|
Total
|
200
|
100
|
A la suite du tableau 40, 73 % des parents ne sont pas
d'accord que le nombre d'enseignants ait augmenté. 27 % sont en faveur
de cette augmentation. Cette situation peut s'expliquer par le fait que
plusieurs écoles sont encore sans enseignants. Malgré l'effort de
l'Etat dans le cadre de la contractualisation, il s'avère que la gestion
de ces enseignants n'est pas équitable entre les zones rurales et
urbaines.
Tableau 42 : Répartition de
l'échantillon parent suivants les modalités de l'Item
26
Item 26 : Le niveau des acquisitions
scolaires des élèves s'est amélioré avec la
gratuité de l'école.
Modalités
|
Effectifs
|
Fréquence (%)
|
Tout à fait pas d'accord
|
74
|
37
|
Pas d'accord
|
111
|
55,5
|
Plutôt d'accord
|
15
|
7,5
|
Tout à fait d'accord
|
00
|
00
|
Total
|
200
|
100
|
Concernant les acquisitions scolaires qui ne sont pas
seulement en terme des résultats, mais aussi en termes de
l'appropriation des savoirs ou en termes de compétences, les parents
soit 92,5 % pensent que la gratuité n'a pas amélioré les
acquisitions scolaires des élèves. On peut observer qu'aucun
parent n'a choisi la modalité tout à fait d'accord.
A la suite de la présentation de ces données, il
apparaît clairement que les enseignants et les parents ne partagent
toujours pas le même point de vue en ce qui concerne la perception de la
gratuité. Les enseignants semblent plus en faveur des effets de la
gratuité alors que les parents n'y voient toujours pas dans ces effets
la manifestation de la gratuité.
Tableau N° 43 : Résumé des
items 12 et13.
Modalités
Items
|
Tout à fait pas d'accord
|
Pas d'accord
|
Plutôt d'accord
|
Tout à fait d'accord
|
Le processus de contractualisation s'est
intensifié avec la gratuité
|
5
|
8
|
21
|
66
|
Le mode de gestion et d'affectation des enseignants est
devenu rationnel
|
22
|
45
|
16,5
|
16,5
|
A la lecture du tableau 43, 87% des enseignants affirment que
le processus de contractualisation s'est intensifié avec la
gratuité. Cependant, 80% des mêmes enseignants expriment un
désaccord concernant le mode de gestion et d'affectation des
enseignants. C'est sans doute cette mauvaise gestion des affectations qui fait
que 73% des parents manifestent leur désaccord quant à
l'augmentation du nombre d'enseignants depuis la gratuité.
Au-delà des opinions, quels sont les faits ?
Tableau 44 : Evolution des effectifs d'enseignants
tous grades confondus.
Années
Enseignants
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
Fonctionnaires
|
11612
|
14033
|
13754
|
13475
|
13196
|
12916
|
Contractuels Cat. 8
|
1078
|
14578
|
19878
|
25378
|
31178
|
38278
|
I. A.
|
3882
|
3544
|
3432
|
3319
|
3206
|
3094
|
Maîtres des parents
|
12000
|
9000
|
7000
|
5000
|
3000
|
|
I.V.A.C
|
10300
|
|
|
|
|
|
Total
|
38872
|
41715
|
44464
|
47476
|
|
|
Sources : MINEDUB
Le tableau 44 révèle qu'en 2006, plus de la
moitié des enseignants dans le primaire avaient un statut
précaire. Les maîtres des parents ont un effectif très
élevé soit 30% de l'effectif total.
Tableau 45 : plan de contractualisation des
titulaires du CAPIEMP.
Années
Enseignants
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
I.V.A.C
|
10300
|
|
|
|
|
Maîtres des parents
|
3000
|
2000
|
2000
|
2000
|
3000
|
Titulaires du CAPIEMP
|
|
3500
|
3500
|
3800
|
4100
|
Total contractualisés
|
13300
|
5500
|
5500*
|
5800*
|
7100
|
Sources : MINEDUB, CDMT
* Au lieu de 5500, l'Etat a contractualisé 5525 en
2009 ; en 2010, 6490 titulaires du CAPIEMP ont effectivement
été contractualisés au lieu de 5800 qui étaient
prévus. Cette opération devrait conduire au bout de cinq ans
à partir de 2007, à un recrutement global 38000 enseignants.
Cette opération devrait conduire à terme,
à un effectif total 55500enseignants permanents émargeant au
budget de l'Etat
En conclusion, la contractualisation des instituteurs a une
influence significative sur la qualité des apprentissages, dans ce sens
qu'elle permet d'augmenter le taux d'encadrement des élèves et de
couverture des programmes.
Cependant, il faut noter qu'il existe toujours des
dysfonctionnements liés à la gestion et à l'affectation
des instituteurs contractualisés. Certaines écoles manquent
toujours d'enseignants en quantité et en qualité. Par ailleurs,
des insuffisances sur la formation pédagogique restent observées
notamment en ce qui concerne l'appropriation de l'approche par
compétence. Cette situation justifierait le fort taux de redoublement
encore en vigueur dans le système éducatif camerounais.
En somme, toutes nos questions de recherche obtiennent des
résultats qui nécessitent l'amélioration positive des
indicateurs de la gratuité en vue de leur impact positif sur la
qualité des apprentissages.
IV.4. PRESENTATION DES DONNEES
ISSUES DE L'ENTREVUE
Nos données qualitatives ont été obtenues
à partir des informations recueillies au cours du protocole d'entretien
que nous avions confectionné pour la circonstance. Ce guide d'entretien
s'adressait aux responsables des services centraux et extérieurs du
Ministère de l'Education de Base.
Parmi les responsables des services centraux, nous avions
rencontré l'Inspecteur de pédagogie de l'enseignement maternel
primaire et normal, le chef de division des affaires juridiques, le chef de
division des projets, de la planification et de la coopération, le chef
de cellule de suivi de l'opération des contractualisation, le chef de
cellule de l'orientation scolaire, un Inspecteur national de
pédagogie.
Parmi les responsables des services
déconcentrés, nous avions rencontré les inspecteurs
d'arrondissement et les Directeurs d'école.
Le guide d'entretien comprenait cinq (05) questions ouvertes.
La possibilité était donnée à
l'intéressé de répondre par écrit ou alors en
entretien directif.
1ère question : En quoi
consiste la gratuité de l'école primaire au
Cameroun ?
Des avis recueillis, il ressort que la gratuité au
niveau du gouvernement s'inscrit dans le cadre de l'éducation pour tous
et suivant les objectifs à l'éducation primaire. Cette
gratuité est matérialisée au Cameroun par l'accès
libre de tous sans condition et sans distinction de genre à
l'école.
2ème question : Quels sont
les éléments qui rendent effective la gratuité de
l'école au Cameroun ?
A ce niveau, les avis sont partagés selon qu'on
travaille dans les services centraux ou dans les services extérieurs.
Les responsables des services centraux évoquent les
différentes mesures officielles qui ont été prises depuis
l'annonce du Chef de l'Etat de la suppression des frais exigibles à
l'école primaire publique. Il s'agit donc de la suppression de ces frais
exigibles, l'introduction du paquet minimum dans les écoles et les
crédits de fonctionnement. Par ailleurs, ces Responsables
évoquent également le recrutement des enseignants dans le cadre
de la contractualisation de ceux-ci, la construction et l'équipement des
salles de classe, l'achat des manuels scolaires dans certaines écoles
avec l'aide de l'UNICEF.
Pour les Responsables des services extérieurs, les
mesures prises pour accompagner la gratuité restent inopérantes
du moins insignifiantes. La suppression des frais exigibles a apporté
d'autres problèmes où l'on ne saurait véritablement parler
de l'école gratuite car l'apport des parents reste très utile au
fonctionnement de ces établissements, pensent-ils.
3ème question : Quels sont
les obstacles à la gratuité de l'enseignement primaire au
Cameroun ?
Parlant des obstacles, les responsables des services centraux
pointent un doigt accusateur aux Directeurs d'école qui ne respectent
pas les instructions présidentielles et ministérielles notamment
en ce qui concerne la suppression des frais exigibles. Certains Directeurs
continuent d'exiger sous d'autres formes des frais aux parents
d'élève. Les mêmes Responsables reconnaissent
également que les moyens financiers dont disposent l'Etat sont
limités pour pouvoir acheter les manuels scolaires nécessaires
à tous les élèves. Ils déplorent également
l'arrivée tardive du paquet minimum dans les écoles.
Les Responsables des services extérieurs quant à
eux, trouvent très insignifiant et inadéquat le paquet minimum.
Les Directeurs d'école déclarent qu'avec les retards qu'accuse le
paquet minimum et la caisse d'avance, ils sont obligés de solliciter les
parents à travers les A.P.E pour faire fonctionner les écoles.
Certains parents aussi ont tendance à se désengager totalement de
toute responsabilité vis-à-vis de l'école. Devant cet
état de chose, la gratuité devient un leurre. Parce que les
parents contribuent désormais plus qu'avant la suppression des frais
exigibles. A cela, s'ajoutent les effectifs pléthoriques surtout en zone
urbaine où la demande en éducation est très forte.
4ème question :
La gratuité en question prend-t-elle en compte l'aspect
qualité des apprentissages ?
Parlant de la qualité des apprentissages, les
différents responsables interrogés s'accordent à
énumérer les différentes actions qui sont initiées
par l'Etat pour améliorer la qualité des apprentissages. Il
s'agit entre autre, des journées pédagogiques qui sont
fréquemment organisées, du recrutement ou la contractualisation
massif des instituteurs formés dans les ENIEG, de la construction et de
l'équipement des infrastructures scolaires, des distributions des
fournitures et des manuels scolaires dans les Zones d'Education Prioritaire
(ZEP), des bourses scolaires offertes aux meilleurs élèves,
l'affectation des enseignants vers les zones reculées où les
besoins sont réels, la promotion collective remplace les redoublement
massifs.
5ème question : Les
suggestions pour la mise en oeuvre effective de la gratuité au
Cameroun.
Concernant les suggestions, les Responsables des services
centraux pensent que l'Etat fait beaucoup et va continuer à faire plus
pour la mise en oeuvre effective de la gratuité seulement, chacun doit
prendre ses responsabilités. Ils invitent les Directeurs d'école
à respecter les instructions présidentielles en matière
d'accès libre et gratuit des enfants en âge scolaire à
l'école. L'Etat continuera à respecter ses engagements
conformément aux dispositions constitutionnelles à savoir
s'occuper de la formation des camerounais en rendant l'école accessible
à tous, en fournissant des manuels scolaires et des matériels
didactiques aux élèves et aux enseignants. Tout cela se fera en
fonction, bien sûr, des disponibilités budgétaires.
Pour les Directeurs d'école, la gratuité de
l'école ne doit pas être un vain mot. Elle suppose que les parents
ne supportent aucune charge sur le plan financier. Pour y arriver, le contenu
du paquet minimum doit être revu pour cesser d'être minimum et
répondre aux besoins de l'école. Ils souhaitent que les caisses
d'avance soient directement gérées par les Chefs
d'établissement pour éviter la longue chaîne qui entrave le
processus d'acquisition de celles-ci. Ils pensent également que la
formation des enseignants du primaire aux NTIC doit être obligatoire et
gratuite pour tous. Enfin, la rémunération des enseignants doit
être revue à la hausse pour éviter la clochardisation et
les actes de corruption qui gangrènent le système éducatif
camerounais.
En somme, notre guide d'entretien nous a permis de constater
que les avis sont plus au moins partagés entre les Responsables des
services centraux et les services extérieurs en ce qui concerne la mise
en oeuvre de la gratuité de l'école primaire au Cameroun.
CHAPITRE V :
INTERPRETATION DES RESULTATS
Ce chapitre est consacré à
l'interprétation c'est-à-dire à l'explication et à
la compréhension des résultats issus de nos différentes
enquêtes qui se déclinent sur l'analyse de contenu, de
l'observation des faits, des entretiens et des questionnaires
standardisés dont nous nous sommes servis durant notre travail. Cette
partie de notre étude nous amène également à
formuler quelques recommandations dans le sens d'apporter notre modeste
contribution à la science.
V.1. DE LA SUPRESSION DES FRAIS
EXIGIBLES A LA QUALITE DES APPRENTISSAGES
Pour cerner la notion de qualité de l'éducation,
il convient d'appréhender celle-ci à partir des
éléments que nous avions sélectionnés à cet
effet. Ainsi, nous avions arrêté un certain nombre d'indicateurs
qui militent en faveur de la qualité de l'enseignement. Il s'agit
de :
- L'accès de tous les élèves à
l'école sans distinction de sexe. L'accent est mis ici sur
l'accès des filles ;
- L'équipement des élèves en manuels
scolaires ;
- La formation des enseignants et leur équipement en
matériels didactiques ;
- Le taux de réussite.
V. 1. 1. L'accès de tous a
l'école
L'un des objectifs poursuivis par la politique de la
gratuité est d'élargir l'accès de tous à
l'éducation en corrigeant les disparités entre les filles et les
garçons. D'après nos investigations, cet objectif souffre encore
de quelques problèmes pour qu'il soit réalisé. Car faut-il
le rappeler, il est prévu un taux d'accès de 100 % en 2010 au
Cameroun à l'école primaire. A quelques jours de cette
échéance, on peut dire que tous les enfants ne
bénéficient pas d'un accès gratuit et équitable
à l'école primaire.
Dans le cadre réglementaire, l'accès est libre
et gratuit à tous les élèves en âge scolaire. Dans
les faits, cela n'est pas toujours vérifié. D'après nos
observations lors de la rentrée scolaire 2009/2010, nous avons
constaté pour le déplorer que malgré les instructions de
la hiérarchie, les Directeurs d'école continuent d'exiger les
sommes d'argent aux parents qui sollicitent une première inscription de
leur progéniture dans une école publique. Cette pratique se fait
sous des formes plus ou moins voilées dans les grandes métropoles
où la demande en éducation est très forte.
En outre, les disparités existent encore entre les
régions en ce qui concerne l'accès des filles à
l'école. Les pesanteurs liées à la culture et aux moyens
économiques obligent certains parents à privilégier la
scolarisation des garçons au détriment des filles. Cette
situation est observée par l'indice de parité basé sur le
sexe (IPS). Il est très faible dans les régions du Nord Cameroun
par rapport aux autres régions du pays soit 0,77 en deçà
de la moyenne national qui se situe à 0,90.
V. 1. 2. L'équipement des
élèves en manuels scolaires
Les statistiques obtenues à l'issue de nos
enquêtes montrent que très peu d'élèves
détiennent les manuels scolaires à l'enseignement primaire public
au Cameroun. Cette situation est fortement préjudiciable à la
qualité des apprentissages qui s'opèrent dans ce secteur.
Une étude réalisée par le PASEC entre
2003 et 2005 au Cameroun montre à suffisance cette baisse importante et
significative de la qualité des apprentissages. En effet, leurs
études ont porté sur l'évolution des acquisitions entre
1996 et 2005 en français et en mathématiques
considérés comme matière fondamentales à la
réussite scolaire
Les résultats indiquent qu'il y a eu baisse de niveau
dans ces matières. En 1996, le niveau en français se situe
à 56. En mathématiques, il est à 59. en 2005, le niveau en
français est tombé à 46 alors qu'en mathématiques
il chute à 56.
Les conclusions de l'étude explique le
phénomène par le fait qu'il y a eu augmentation des effectifs
à cause de l'accès à un plus grand nombre de fils de
pauvres à l'école. Cette situation a contribué à
dégrader la qualité de l'éducation où en moyenne,
un élève sur cinq détient un livre de français et
de mathématiques. Les travaux du PASEC montrent que de façon
générale, les livres de français et de
mathématiques ont un effet positif sur la progression des
apprentissages.
Dans notre contexte, le problème des manuels scolaires
se pose en termes de leur disponibilité, leur utilisation effective en
classe et leur contenu.
On peut toutefois noter que l'UNICEF offre des manuels
scolaires à certaines écoles primaires publiques. Cependant, on
peut regretter que ces manuels ne soient toujours pas utilisés à
cause des contrôles interminables qui les condamnent dans les cantines et
armoires des écoles.
V.1.3. La formation des
enseignants et leur équipement en matériels didactiques
Un autre indicateur de qualité des apprentissages se
trouve dans la formation même des enseignants. Au Cameroun, l'Etat a
opté pour le recrutement à la fonction publique des enseignants
titulaires du Diplôme des Ecoles Normales d'Instituteurs de
l'Enseignement Général. Cette mesure salutaire peut être
à priori considérée comme une garantie de la
qualité des apprentissages à l'enseignement primaire public. Le
constat fait dans ce secteur de l'éducation est que, les enseignants ne
sont toujours pas suffisamment outillés, surtout en ce qui concerne
l'équipement en matériel didactique et la formation aux
méthodes pédagogiques adaptées telles que l'approche par
compétence (APC), ou l'approche curriculaire pratiquée dans les
systèmes éducatifs modernes. Très peu d'enseignants
surtout en zone rurale manque de guides pédagogiques nécessaires
aux activités pédagogiques.
En somme, la formation des enseignants doit tenir compte de
certains paramètres parmi lesquels la formation initiale et selon les
règles éthiques et déontologiques de l'éducation,
(TSAFAK : 1998) qui se déclinent en gros à la conscience
professionnelle sous-tendue elle-même par la motivation des
enseignants.
Malgré la formation dont bénéficient les
instituteurs, le problème de la formation continue se pose avec
acuité. La rémunération reste également un
élément motivant surtout avec le statut particulier des corps de
l'éducation nationale (2000) qui attend toujours les textes
d'application en termes de valorisation des primes près de dix ans
après la publication dudit statut.
V.1.4. Le taux de réussite
scolaire
Le taux de réussite apparaît comme la
conséquence immédiate de la qualité de l'éducation.
Autrement dit, la qualité d'un système éducatif se mesure
à partir du taux de réussite aux examens. Le taux de
réussite lui-même est également fonction d'un certain
nombre de paramètres. En rappel, le taux net de scolarisation (TNS) est
de 78,18 %, le taux brut d'admission est de 88,76, le taux d'achèvement
est de 75,28 % et le taux de redoublement est de 25%.
Comme on peut le constater, le taux de redoublement est encore
très élevé au Cameroun malgré les mesures prises
par le gouvernement de minimiser l'échec scolaire. Ainsi, le
redoublement fait l'objet de nombreuses réformes au Cameroun. Les
données de la recherche ne plaident pas en faveur de la pratique du
redoublement au niveau de la qualité des apprentissages qui a ses effets
sur la rétention des élèves.
Il apparaît que l'argent dépensé dans le
redoublement pourrait être investi ailleurs, notamment dans d'autres
politiques éducatives visant toujours à améliorer la
qualité et à scolariser le plus grand nombre d'enfants.
Au Cameroun, le redoublement est encore
considéré comme un moyen efficace pour la qualité de
l'éducation. Il n'est pas étonnant d'entendre certains
enseignants dire que la faiblesse de notre système éducatif tient
des mesures telle la promotion collective en vigueur depuis 2007 qui, pour
plusieurs, suppose le passage au niveau supérieur sans condition.
Dans le même sens, le redoublement apparaît pour
les enseignants et les parents comme un phénomène positif sur le
plan pédagogique dans ce sens qu'il permet au système
éducatif d'être plus sélectif et élitiste pour
réglementer l'accès au niveau supérieur.
Une étude du PASEC (2008) révèle
qua : « La perception du redoublement comme mesure efficace
où très efficace est largement répandue et partager par 70
% des enseignants au Cameroun ». Il ne s'agit donc pas de faire
réussir tous les élèves pour le simple plaisir, mais de
mettre en place un ensemble de pratiques pédagogiques qui sous-tendent
la réussite pour tous. L'ordre des choses a été
inversé au Cameroun. La décision sur les promotions collectives
(voir annexe) a été prise avant la formation des enseignants aux
méthodes pédagogiques adéquates à cette
pratique.
Il est donc question de mettre un accent au temps qui renferme
la couverture des programmes. Il nous semble que le temps
d'enseignement/apprentissage est à l'origine des différences
entre les élèves. Autrement dit, une école ou une classe
dont les enseignants et les élèves sont assidus sera probablement
plus performante qu'une autre où l'absentéisme des deux acteurs
est fréquent.
Au Cameroun, le temps des apprentissages à
l'école souffre des absences des enseignants qui peuvent être
justifiées par les jours ou des semaines de fête, des
journées ou semaines pédagogiques, l'éloignement du lieu
de service par rapport à la région d'origine de l'enseignant, les
périodes des récoltes qui ne permettent pas des rentrées
effectives, les déplacements pour les salaires et parfois les mouvements
de grève à répétition. A tout ceci, il faut ajouter
que la forte féminisation du corps enseignant dans les grandes villes
porte un lourd préjudice dans la couverture des programmes ne serait-ce
qu'à cause des congés de maternité des maîtresses
qui sont récurrents en milieu scolaire.
V.2. LES ELEMENTS DE LA GRATUITE
ET LEUR IMPACT SUR LA SCOLARISATION A L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
Il n'est point de doute que la suppression des frais exigibles
à l'école primaire publique a entraîné une
augmentation importante des effectifs scolaires, tout en diversifiant le public
accédant à l'école. Cette réalité des faits
nous fait constater que les élèves issus de familles pauvres sont
plus nombreux à accéder à l'école publique à
cause de l'idée qu'ils se font (les parents) de la gratuité
prônée par les pouvoirs publics.
Cette gratuité dans sa version officielle suppose un
accès libre et surtout sans condition financière. Pour y arriver,
l'Etat a mis un point d'honneur sur le paquet minimum, la contribution des
parents, la formation et le recrutement des enseignants.
V.2.1. Le paquet
minimum
Essentiellement constitué de fournitures scolaires, du
matériel didactique et de médicaments de première
nécessité, le paquet minimum est financé chaque
année à près de deux milliards de francs CFA (CDMT, 2009).
Il convient de souligner pour le déplorer que ce matériel
didactique ne soit toujours pas disponible dans les écoles primaires
publiques à temps. La principale explication étant le mode
d'acquisition du paquet et la complexité des procédures
réputées lourdes dans la passation des marchés publics
(voir annexe circulaire relative à l'acheminement du paquet minimum).
En dehors des retards observés dans le processus
d'acheminement du paquet minimum, il faut préciser que, au regard du
contenu de celui-ci, on pourrait dire que le paquet minimum est très
minimum pour subvenir aux besoins des écoles.
Le défi à relever ici consiste à revoir
dans toute sa globalité, l'opération paquet minimum dans le sens
de l'amélioration qualitative et quantitative de son contenu. Des
manquements sont relevés chaque année quant à ce qui
concerne « le processus ainsi que l'allongement injustifié des
délais de livraison qui perturbent le fonctionnement des écoles
et ruinent les efforts du gouvernement en matière de gratuité de
l'éducation de base » (CMDT, 2009/2013)
En complément au paquet minimum, les crédits
budgétaires devraient permettre aux écoles de faire face aux
autres postes de dépenses, qui jadis, étaient supportés
par les contributions des frais exigibles.
Il serait donc souhaitable qu'on responsabilise les Directeurs
d'école en leur affectant directement ces crédits qui se
volatilisent souvent dans le circuit de dépenses du fait des
intermédiaires multiples. Il convient de mentionner que l'Etat, dans sa
politique de la gratuité supporte les dépenses de chaque
élève du primaire à hauteur de 3 050 francs CFA par
année scolaire.
V. 2. 2. L'apport des parents dans
la gratuite de l'école
Des acteurs rencontrés, tous sont unanimes que l'apport
des parents à la gratuité et à la qualité de
l'école est nécessaire et même incontournable. On ne
saurait imaginer une réforme véritable du système
éducatif sans compter avec l'appui des parents d'élèves.
S'il est vrai que la gratuité de l'école visait entre autre la
réduction substantielle des charges financières des parents,
force est de constater aujourd'hui plus qu'avant, que les parents ont un
rôle déterminant à jouer dans l'accomplissement des
missions de l'école.
Parlant de la contribution financière des parents,
celle-ci disons le, est presque obligatoire à l'école primaire
publique. La gratuité prônée n'a pas eu d'effet
d'allègement des charges des parents. Au contraire, cette
gratuité crée des charges supplémentaires aux parents. Il
s'agit notamment de la construction des salles de classe et leur
équipement en tables bancs, de la prise en charge des maîtres dits
des parents, de l'achat des manuels et fournitures scolaires aux enfants.
Toutes ces charges étant supposées être supportées
par l'Etat dans le cadre de la charte de la gratuité. Malheureusement,
la gratuité de l'enseignement primaire signifie pour beaucoup,
même les acteurs les plus insoupçonnables, la suppression des
frais exigibles à l'école somme toute dérisoire au moment
de leur introduction
Par ailleurs, le rôle des parents à
l'école jusqu'ici a consisté aux différentes contributions
financières lorsque la nécessité se pose. Et pourtant, ils
devraient participer aussi à l'élaboration et au suivi des
projets d'école. Cette implication des parents devrait améliorer
la qualité des apprentissages tant il est aussi vrai que les
élèves qui reçoivent un meilleur encadrement familial
produisent des meilleurs résultats scolaires.
V.2.3. La contractualisation des
enseignants
Pour renforcer l'encadrement pédagogique et
améliorer la qualité de l'éducation, l'Etat camerounais a
entrepris une vaste opération de contractualisation des instituteurs
à l'éducation de base sur une période de cinq ans. Cette
opération devrait conduire à terme à un effectif global de
38000 dans les rangs des 13475 enseignants permanents (fonctionnaires) dans ce
secteur en 2006. Au bout de l'opération de contractualisation, le
Cameroun disposera de plus de 50 000 enseignants titulaires du CAPIEMP et
recrutés dans la fonction publique camerounaise.
Malgré ce chiffre important qui devrait en principe
permettre un ratio enseignant/élèves à 40 selon les
exigences de l'UNESCO, des disparités importantes existent encore quant
à la gestion et au mode d'affectation des enseignants à
l'enseignement primaire.
On constate toujours que les zones urbaines enregistrent une
très forte concentration d'effectifs d'enseignants au détriment
des zones rurales. L'opération de contractualisation avait mis un accent
sur le recrutement par poste de travail pour corriger le problème. A
cause d'un manque d'enseignants formés en qualité suffisante dans
certaines régions, les enseignants nouvellement contractualisés
se retrouvent parfois à des milieux ou des endroits où ils ne
supportent pas les conditions de vie ou manifestent simplement le désir
de rentrer travailler en ville du moins dans leur région d'origine. A
Yaoundé par exemple, une seule classe peut avoir 2 à 3
enseignants alors que dans les régions reculées un seul
enseignant s'occupe de toute l'école. Il va recourir au recrutement de
moniteurs qui parfois n'ont pas le niveau du CEP
Les régions du Nord et de l'Est sont
particulièrement victimes de cette situation où, à cause
de l'éloignement par rapport au Centre, ou l'enclavement, les
enseignants usent de tous les moyens pour solliciter à nouveau une
affectation dans le cadre soit du regroupement familial, soit pour raison de
santé. Bref, les enseignants quand ils ne veulent pas rester à un
poste qui ne leur plaît pas, usent de tous les moyens pour partir
ailleurs. Quand ils ne réussissent pas, on assiste aux absences
injustifiées voire l'abandon de poste.
Selon une étude du PASEC (2006), le nombre moyen de
jours d'absences par mois au Cameroun est de deux. Les raisons
évoquées sont le manque de motivation et de découragement
des enseignants. Certains enseignants sont prêts à choisir un
nouveau métier si l'occasion leur était donnée.
Au regard de ce qui précède, nous voulons
contribuer à notre manière à l'amélioration
qualitative du système éducatif camerounais en formulant quelques
recommandations et suggestions.
V. 3. RECOMMANDATIONS
Nous arrivons à l'étape charnière de
notre étude. Nos recommandations vont prioritairement aux pouvoirs
publics, aux enseignants et responsables d'écoles et en fin aux parents
d'élèves.
V.3.1. Aux pouvoirs publics
Chaque système éducatif est le fruit de ce que
les pouvoirs publics auront décidé d'en faire. Ainsi au Cameroun,
l'éducation étant du domaine de la loi, seul l'Etat doit prendre
des mesures appropriées pour faire de celle-ci ce qu'il veut. L'Etat
ayant donc décidé de rendre l'enseignement primaire gratuit, il
doit prendre également des dispositions pour que celle-ci soit
effective. Parmi les mesures que nous suggérons aux pouvoirs publics
nous avons :
La révision dans toute sa globalité,
l'opération paquet minimum dans le sens de l'amélioration
qualitative et quantitative de son contenu. Compte tenu des retards et des
détournements issus de la chaîne de distribution du paquet
minimum, il serait souhaitable de responsabiliser les Directeurs d'Ecole en
leur affectant directement ces crédits qui se volatilisent souvent dans
les circuits de dépenses du fait des intermédiaires multiples.
Dans le même sens, les crédits de fonctionnement
appelés ici caisse d'avance doivent également être
directement affectés aux directeurs d'école.
La formation des enseignants à l'approche par
compétence et curriculaire devrait aboutir à la suppression des
redoublements en cours des sous cycles conformément à
l'arrêté du 21 février 2006 (voir annexe)
La mise à la disposition des élèves et
des enseignants des manuels scolaires et matériels didactiques devrait
permettre d'améliorer les apprentissages.
L'Etat devrait encourager la formation continue des
enseignants et des directeurs d'école à la gestion
pédagogique car, un enseignant qui cesse d'apprendre doit cesser
d'enseigner.
Pour encourager la scolarisation des filles, l'Etat devrait
recruter une forte proportion de femmes à la fonction enseignante pour
développer des politiques incitatives en la matière. Cette
stratégie peut très bien fonctionnée dans les
régions du Nord.
La valorisation de la condition et de l'application du statut
des enseignants dans son entièreté doit être un
impératif.
L'Etat devrait instaurer une prime d'éloignement et de
risque pour des enseignants affectés dans les zones assez
reculées et suffisamment enclavées. En même temps, il
faudrait décongestionner le trop plein d'enseignants en zone urbaine
pour les campagnes suivant un plan de promotion bien défini.
L'Etat doit mettre en valeur les dispositions de l'article 31
de l'arrêté du 19 septembre 2001 (voir annexe) qui stipule que
« L'évaluation des performances de
l'école se fait par rapport aux dispositifs fixés en ce qui
concerne notamment les taux de scolarisation, les taux de promotion, les
résultats aux examens, les taux de fréquentation scolaire, les
taux de réalisation des investissements prévus ».
Cette nouvelle évaluation axée sur l'obligation
des résultats peut favoriser les performances du système.
V. 3. 2. Aux responsables
d'écoles et les enseignants
S'il est vrai que la plupart des difficultés que
rencontre la mise en oeuvre effective de la gratuité de l'école
incombe à l'Etat, il faut cependant souligner que certains responsables
d'école et les enseignants ne permettent pas toujours une bonne
visibilité et une lisibilité des efforts du gouvernement en
matière de gratuité de l'école primaire par le non respect
des instructions de la hiérarchie des uns, et le laxisme
avéré des autres. Ainsi, souhaitons nous que :
- Les directeurs d'école respectent rigoureusement et
scrupuleusement les principes de la gratuité notamment en ce qui
concerne la condition financière en matière d'accès
à l'école. Les Directeurs d'école doivent cesser d'exiger
le payement des frais sous toute se formes aux parents d'élèves
au moment des inscriptions de ces derniers.
- Les Directeurs d'écoles arrêtent de
détourner ou d'alourdir les frais d'examen et de concours ou d'autres
charges visant à escroquer les parents.
- Les enseignants de l'école primaire cessent d'adopter
des comportements aventuriers qui voudraient qu'on viennent dans la profession
enseignante dans le seul but de rechercher un matricule à la fonction
publique et une fois le matricule obtenu, ils se lancent dans d'autres
activités délaissant ainsi les enfants que la Nation leur
confie.
- Les enseignants acceptent de se former aux nouvelles
technologies de l'information et de la communication ainsi qu'aux nouvelles
méthodes pédagogiques qui contribuent à
l'amélioration de la qualité des enseignements. Car certains
enseignants par orgueil, affirment maîtriser ces méthodes alors
que la réalité des faits est différente.
- Les enseignants respectent et appliquent
l'arrêté ministériel fixant les modalités de
promotion des élèves du cycle de l'enseignement primaire.
- Les enseignants encadrent tous les élèves avec
la même attention et la même considération. Dans le
même sens, les activités de remédiations ne doivent pas
être une occasion pour les enseignants de ruiner les parents.
- Les enseignants acceptent et soient fiers de leur
métier qui est plus qu'une profession sinon, une vocation.
V. 3. 3. Aux parents
d'élèves
Les parents devraient d'abord comprendre qu'à
l'état actuel des choses, la gratuité est un piège pour
les pauvres.
La conception populaire de la notion de gratuité
assimile celle-ci à quelque chose qui n'est pas important. Lorsqu'une
chose devient gratuite, elle perd de sa substance et surtout de sa
qualité. Ainsi, doit-on se méfier des choses gratuites.
En effet, l'éducation a un prix. Ce prix est à
payer par les parents. Si l'Etat fait les efforts pour construire des
écoles et former les enseignants, il serait naïf de croire que la
gratuité de l'école même énoncée dans la
charte (voir annexe) puisse être une réalité. La
gratuité reste une exigence morale dans notre contexte.
Aussi, recommandons nous aux parents de s'impliquer davantage
à la gestion de l'école dans l'optique d'offrir une
éducation de qualité à leurs progénitures. Cette
implication des parents doit aboutir à la décentralisation dans
le cadre de la gestion participative.
V. 3. 4. Pour une
décentralisation de l'éducation
Le Cameroun gagnerait à adopter des nouvelles
stratégies visant à modifier les anciennes pratiques de gestion
de l'éducation. C'est dans ce sens que ce processus de
décentralisation administrative et de décentralisation des
fonctions de gestion vers les niveaux régionaux, départementaux
et locaux est d'actualité au Cameroun.
La décentralisation permet d'assurer une plus grande
efficiente dans l'utilisation des ressources et une meilleure adaptation aux
problèmes spécifiques, ce qui contribue par conséquent
à améliorer significativement la qualité de
l'éducation.
Cette forme de gestion peut avoir pour effet :
- Une meilleure gestion des manuels et fournitures
scolaires.
- Un appui considérable des parents
d'élèves aux Responsables des écoles et aux
Enseignants.
- Une mobilisation des ressources supplémentaires en
faveur de l'école.
Cette nouvelle vision peut favoriser l'autonomie de gestion
des écoles.
Il est indispensable que cette tendance qui accorde aux
écoles une plus grande autonomie de décision concernant les
programmes, les budgets, l'allocation des ressources et du personnel ainsi que
l'admission des élèves en termes de résultats scolaires,
est essentielle et nécessite la participation de tous les acteurs.
Les écoles pourront bénéficier ainsi
d'une plus grande autonomie et d'une flexibilité accrue pour adapter les
rythmes scolaires et les pratiques pédagogiques aux conditions locales
et, par la même, répondre mieux aux attentes des
communautés locales en matière des besoins éducatifs.
CONCLUSION GENERALE
Au moment où le Cameroun adopte un nouveau document de
stratégie de l'accroissance et de l'emploi en remplacement du document
de stratégie de réduction de la pauvreté, il était
important pour nous de faire le bilan de la réforme éducative
sous la bannière du slogan de la gratuité de l'école
primaire public au Cameroun.
En effet, la gratuité de l'enseignement primaire public
a été
« décrétée » au Cameroun au
moment où le pays était en pleine négociation avec les
Bailleurs de fonds dans le cadre de la stratégie de réduction ou
de l'annulation de la dette extérieure.
Les bailleurs de fonds avaient alors recommandé sous
forme de conditionnalité que l'argent issu de l'annulation de la dette
soit investi prioritairement dans les secteurs susceptibles de booster le
développement. C'est ainsi que l'éducation avait
été choisie comme secteur prioritaire et notamment
l'éducation de base ou primaire qui devait désormais
bénéficier de la masse d'argent issu de l'initiative pays pauvres
très endettés.
Lorsque que la gratuité est annoncée par le Chef
de l'Etat, elle apparaît comme une nouveauté pour plusieurs. Et
pourtant, elle est bien inscrite dans la loi. L'introduction des frais
exigibles à l'enseignement primaire est donc considérée
comme une violation flagrante de la loi relative à la gratuité de
l'enseignement primaire.
En bref, devant l'imbroglio juridique observé, il
était question dans cette recherche de voir comment la
« nouvelle gratuité »s'est
opérée près de dix ans après sa mise en application
effective. Nous voulions savoir si la gratuité dans sa mise en oeuvre a
amélioré ou diminué la qualité de
l'éducation à partir de l'opinion des enseignants et des parents
d'une part, et des études documentaires d'autre part.
Pour y parvenir, nous avons formulé une question
générale de recherche qui a été
éclatée en quatre questions spécifiques de recherche ou de
terrain plus concrètes et plus opérationnelles. C'est ainsi que
nous avions mis en relation d'une part, les éléments de la
gratuité qui sont la suppression des frais exigibles, le paquet minimum,
les contributions des parents et le recrutement des enseignants, et d'autre
part, la qualité des apprentissages.
Notre population d'étude était constituée
d'enseignants et des parents d'élèves, les Responsables des
services centraux et extérieurs du Ministère de l'Education de
base. Un questionnaire standardisé sur le modèle de
l'échelle de Likert a été soumis aux premiers, alors que
pour les seconds, on a eu recours à un guide d'entretien. Une
exploitation minutieuse des données documentaires dans la perspective de
l'analyse qualitative nous a permis d'avoir des éléments de
réponse à nos questions de recherche.
A la fin de toutes ces opérations, il ressort que la
suppression des frais exigibles a entraîné une augmentation
considérable des effectifs d'élèves à
l'enseignement primaire public. Cette situation a sérieusement compromis
la qualité des apprentissages à cause surtout de l'accès
d'un plus grand nombre de fils de parents pauvres à l'école.
Le paquet minimum supposé remplacé les frais
exigibles après leur suppression, ne satisfait pas toujours au besoins
de l'école. Le paquet minimum constitue plutôt un vaste
réseau de détournement d'importants fonds alloués à
cette opération au regard de la longue chaîne existante dans la
procédure d'acquisition de ce paquet. Ce faisant, l'insuffisance du
paquet minimum en quantité et en qualité et des retards
observés pour son acquisition compromettent considérablement la
qualité des apprentissages à l'enseignement public.
Aux insuffisances du paquet minimum, l'administration scolaire
est obligée de recourir aux contributions des parents dans le cadre des
APE qui restent malgré tout une nécessité pour
améliorer la qualité de l'éducation. Même si on peut
regretter que les frais d'APE sont parfois deux fois plus supérieurs aux
frais exigibles supprimés. Nous avions donc relevé que les
contributions des parents améliorent la qualité des
apprentissages et remettent fortement en question la gratuité
proclamée de l'école.
Enfin, un autre indicateur de la gratuité que nous
avons retenu est le recrutement des enseignants dans le cadre de la
contractualisation des instituteurs. Ici, la contractualisation des
instituteurs a une influence positive sur la qualité des apprentissages
dans ce sens qu'elle améliore l'encadrement pédagogique des
élèves. Cependant, l'impact positif de cette opération
n'est pas encore perceptible à cause du mode de gestion et d'affectation
de ces instituteurs. Il faut dire que ce mode n'obéit pas aux exigences
et normes de la gouvernance éducative.
A la suite de ce constat, nous avons formulé quelques
suggestions et recommandations dans l'optique d'améliorer
substantiellement l'offre d'éducation. On ne saurait parler de la
gratuité sans prendre en compte la dimension de la qualité. Aussi
pensons-nous que la disposition constitutionnelle sur l'obligation scolaire ne
peut être applicable que si et seulement si l'école primaire est
réellement gratuite pour favoriser l'égalité des chances
et assurer le droit à l'éducation de tous.
Nos recommandations sont allées à l'endroit des
pouvoirs publics, des Responsables d'écoles et des enseignants et enfin,
des parents d'élèves. Nous avons abouti à la
nécessité et l'urgence d'une décentralisation des
ressources éducatives pour permettre une gestion efficiente et efficace
impliquant la participation réelle de tous les acteurs de la
communauté éducative.
La décentralisation apparaît donc en
dernière analyse comme une exigence de modernité et
d'efficacité du système éducatif camerounais.
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Textes législatifs et réglementaires sur
l'éducation
1. Conventions internationales
Déclaration universelle des droits de
l'homme du 10 décembre 1948.
Convention des Nations Unies du 20 nov. 1989
relative aux droits de l'enfant.
Convention de l'UNESCO du 14 sept. 1960
concernant la lutte contre la discrimination dans le domaine de
l'enseignement.
La Déclaration de Jomtien sur
l'EPT.
Les Recommandations du forum mondial sur l'EPT de Dakar.
La Charte internationale de la gratuité.
2. Lois nationales
La loi n°2008/001 du 14 avril modifiant
et complétant certaines dispositions de la loi 96/06 du 18 janvier 1996
portant révision de la constitution du Cameroun.
La loi n°98/004 14 avril portant
orientation de l'éducation au Cameroun.
Loi n°63/cor/5 du 3 juillet 1963
portant organisation de l'enseignement élémentaire.
Décret n°200/359 du 5
décembre 2000 portant statut particulier des fonctionnaires du corps de
l'Education Nationale.
Décret n°2005/138 du 25 avril
2005 portant organisation di Ministère de l'éducation de base.
Arrêté
n°315/B1 /1464/MINEDUB du 21 fév. 2006 fixant les
modalités de promotion collective des élèves du cycle de
l'enseignement primaire.
Arrêté n°367/B1/1464/MINEDUC
064/cf./MINEFI du 19sep. 2001 portant application de certaines
dispositions du décret n°2001/041 du 19 fév. 2001 relatives
à l'organisation et au fonctionnement des établissements maternel
et primaire.
Arrêté
n°20/B1/1464/MINEFI /MINEDUC/CAB du 13 mai 1996
précisant certaines dispositions du décret n°96/C16/PM du 13
fév. 1996 les modalités d'application de l'article 11 de la loi
n°95/010 du 1er juillet1995 portant loi de finances de la
République du Cameroun pour l'exercice 1995/1996.
Circulaire n°11/B1464/MINEDUC du 24
juillet 2000 portant organisation des modalités pratiques
d'approvisionnement des écoles primaires publiques en matériels
didactiques et pédagogiques.
Note circulaire
n°23/B1/1464/MINEDUC/SG/DRFP/SDBF/SB portant modalités
d'exécution du budget de fonctionnement des écoles primaires
publiques pur l'exercice 2001-2002.
Rapport sur les états généraux
de l'éducation, 1995.
Rapport sur les états généraux
de la culture, 1992.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
ABREVIATIONS ET SIGLES
vi
LISTE DES TABLEAUX
viii
RESUME
x
ABSTRACT
xii
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE I :
PROBLEMATIQUE DE L'ETUDE
4
I.1. CONTEXTE DE L'ETUDE
6
I. 2. POSITION DU PROBLEME
15
I. 3. OBJECTIFS DE L'ETUDE
17
I. 4. QUESTIONS DE RECHERCHE
18
I.4.1. Question principale de recherche
18
I.4.2. Questions spécifiques de
recherche
19
I. 5. JUSTIFICATION DE L'ETUDE
19
I. 6. DELIMITATION DE L'ETUDE
20
CHAPITRE II :
INSERTION THEORIQUE DU SUJET
4
II. 1. DEFINITION DES CONCEPTS
23
II. 1. 1. Gratuité
23
II. 1. 2. Enseignement primaire
26
II. 1. 3. Qualité des apprentissages
27
II. 1. 4. Perception
29
II. 1. 5. Enseignant
30
II. 1. 6. Parent d'élève
31
II. 2. LA RECENSION DES ECRITS
32
II. 2. 1. Les travaux sur la gratuite de la
scolarisation
32
II.2.1.1. La thèse de Platon
32
II.2.1.2. Les lois de Jules Ferry
34
II.2.2. Les recherches actuelles sur la
qualité de l'enseignement
35
II.2.3. Les travaux connexes sur
l'éducation
36
II.2.4. La gratuite de l'enseignement primaire en
R.D.C
42
II. 3. LES THEORIES EXPLICATIVES DU SUJET
44
II. 3. 1. La théorie humaniste de la
l'éducation
44
II. 3. 2. Théorie de la reproduction
46
II. 3. 3. Approche par compétence
48
II. 3. 4. Modèle de maîtrise
49
CHAPITRE III :
CADRE METHODOLOGIQUE
4
III. 1. TYPE DE RECHERCHE
53
III. 2. POPULATION ET ECHANTILLON DE L'ETUDE
54
III.3. INSTRUMENTS DE MESURE ET COLLECTE DES
DONNEES
55
III. 4. MODELE D'ANALYSE DES DONNEES
58
III. 4. 1. L'analyse qualitative des
données
58
III. 4. 2. L'analyse quantitative des
données
59
CHAPITRE IV :
PRESENTATIION DES RESULTATS
4
IV. 1. RESULTATS DE L'ETUDE DOCUMENTAIRE
61
IV. 2. PRESENTATION DES DONNEES DESCRIPTIVES DE
L'ETUDE
66
IV.2. 1. Identification des enquêtes
67
IV. 3. PRESENTATION DES RESULTATS EN FONCTION DES
QUESTIONS DE RECHERCHE
74
IV.3.1. Question de recherche n° 1
74
IV.3.2. Question de recherche n° 2
79
IV.3.4. Question de recherche n°4
85
IV.4. PRESENTATION DES DONNEES ISSUES DE
L'ENTREVUE
92
CHAPITRE V :
INTERPRETATION DES RESULTATS
4
V.1. DE LA SUPRESSION DES FRAIS EXIGIBLES A LA
QUALITE DES APPRENTISSAGES
97
V.1.1. L'accès de tous a l'école
97
V.1.2. L'équipement des élèves
en manuels scolaires
98
V.1.3. La formation des enseignants et leur
équipement en matériels didactiques
99
V.1.4. Le taux de réussite scolaire
100
V.2. LES ELEMENTS DE LA GRATUITE ET LEUR IMPACT SUR
LA SCOLARISATION A L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
102
V.2.1. Le paquet minimum
102
V.2.2. L'apport des parents dans la gratuite de
l'école
103
V.2.3. La contractualisation des enseignants
104
V. 3. RECOMMANDATIONS
106
V.3.1. Aux pouvoirs publics
106
V. 3. 2. Aux responsables d'écoles et les
enseignants
108
V. 3. 3. Aux parents d'élèves
109
V. 3. 4. Pour une décentralisation de
l'éducation
109
CONCLUSION GENERALE
111
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
115
TABLE DES MATIERES
121
ANNEXE
4
ANNEXE
|