7 VERS UNE IDEE DE PREVENTION
7.1 FORMER LES PROFESSIONNELS
Les psychologues et psychiatres sont déjà
pleinement formés à l'accompagnement du déni de grossesse.
Dans le but de favoriser la reconnaissance et la prise en charge
multidisciplinaire du phénomène, il serait intéressant
d'élargir cette formation à tous les professionnels susceptibles
d'y avoir affaire dans l'exercice de leurs fonctions : sages-femmes titulaires
et étudiants, médecins généralistes et internistes,
spécialistes de l'imagerie, internes en médecine,
gynécologues obstétriciens mais aussi les métiers de
l'urgence : pompiers, ambulanciers, personnel des services d'urgence...
Sans avoir à être aussi complète que la
formation des psychothérapeutes, cette formation pourrait prendre
différentes formes : réunion d'informations, circulaires [5],
exposés suivis de discussion et/ou de présentation de cas
cliniques, articles dans la presse médicale [9] [19], formation continue
sur le déni de grossesse...
L'un des objectifs principaux de ces formations serait avant
tout la reconnaissance de l'existence et de la gravité potentielle du
déni par un maximum de professionnels, pour d'une part une prise en
charge plus efficace, et d'autre part une connaissance peu à peu plus
précise, moins médiatisée du déni par le grand
public.
7.2 IDENTIFIER LES SITUATIONS A RISQUE
Au vu des risques nombreux et pour certains dramatiques qu'il
entraîne, il est désormais important d'élaborer des mesures
de prévention face au déni de grossesse. Cependant,
prévoir un tel phénomène, si complexe et si polymorphe
d'une patiente à l'autre, tient peut-être de l'utopique, sans
oublier que se fier à des repères de signalement pourrait dans ce
contexte ouvrir la porte à des dérives non souhaitables ; un
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usage abusif du terme, lourd de sens d'une part, risquerait de
plus d'entraîner une banalisation du phénomène.
Néanmoins, d'après les études et les
observations précédentes, il est apparu trois signes
récurrents du déni de grossesse [25], qui pourrait permettre la
détection d'un contexte clinique susceptible de s'aggraver en l'absence
de mesures adéquates :
? La déclaration tardive de grossesse, qui est
la plus fréquemment retrouvée dans les antécédents
des femmes en déni et qui, d'une certaine manière, pourrait
déjà constituer une forme de déni partiel ; sa survenue
doit donc interpeller le professionnel et devrait donner lieu à une
prise en charge non plus uniquement sociale, mais aussi psychique avec la
proposition d'une discussion avec un psychologue ;
? La demande d'interruption volontaire de grossesse
tardive, soit entre 13 et 14 semaines d'aménorrhée, et plus
précisément lorsqu'elle est la conséquence d'une
découverte récente et tardive de cette grossesse ; cette
situation d'urgence ne doit pas empêcher les professionnels et la
patiente de s'interroger sur les raisons d'une prise de conscience aussi
tardive, jamais anodine selon les spécialistes, qui peut être la
conséquence d'un manque de perception de son état d'être et
donc l'amorce d'un déni partiel ;
? Un voire plusieurs antécédents de
déni, d'accouchements en urgence ou inopinés à
domicile, dans un contexte de suivi de grossesse difficile ou inexistant,
sans prise en charge psychologique proposée en post-partum.
Chacune de ces situations devrait interpeller le professionnel
et l'amener à se questionner avec la patiente sur les raisons profondes
de telles manifestations. Il en va de même pour les demandes
d'interruptions volontaires de grossesse à terme dépassé,
les accouchements sous X (pourquoi mener la grossesse à terme ? Une IVG
avait-elle été demandée ?). Dans cette optique de
recherche et de prévention, les entretiens prénataux
précoces, dans le cadre de la grossesse de découverte tardive,
pourraient constituer un élément de vigilance et de
dépistage intéressant, d'où l'intérêt
d'informer le professionnel sur le déni de grossesse.
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