6.4 EN POST-PARTUM
6.4.1 Le séjour en maternité -
Propositions
Dans la même logique qu'en salle de naissance,
l'accompagnement en suites de couches se doit d'être un soutien et non
une surveillance. La patiente, qui souvent se sent déjà fortement
coupable de par le fait qu'elle a ignoré son état pendant des
mois, ne doit pas percevoir l'entourage professionnel comme envahissant ou
méfiant, mais au contraire sincère, honnête, davantage
à l'écoute et ouvert à la discussion.
Dans le souci d'établir une relation d'écoute et
de confiance plus que nécessaire dans ce contexte, il est apparu comme
intéressant de réserver une chambre seule à ces patientes,
pour favoriser leur intimité et éviter de les culpabiliser par la
présence d'une voisine qui elle, a su reconnaître sa grossesse. Si
plusieurs sages-femmes sont présentes dans le service, il paraît
sensé que la patiente n'ait affaire qu'à une seule d'entre elles
et toujours la même, dans le même objectif de favoriser le
dialogue. Cette sage-femme, disponible, attentive, sensibilisée à
sa situation et si possible formée à la prise en charge du
déni, constituerait là aussi le lien avec les autres
professionnels (pédiatre, médecin, PMI...).
Que la patiente ait choisi de garder son enfant ou soit dans
un projet d'abandon, un accompagnement par un psychologue devrait être
proposé dès le début du séjour, et permettrait
ainsi de commencer un travail d'analyse de ce qui a pu causer le déni de
grossesse. Dans l'idéal, afin de préparer au mieux le retour
à domicile et d'éviter que le déni ne se reproduise, le
thérapeute devrait également proposer ses services à
l'entourage, à l'éventuelle fratrie et en particulier au
conjoint, qu'il pourrait voir en consultation particulière et/ou avec sa
compagne.
Le séjour en maternité est d'une importance
prédominante, car il permet d'évaluer l'établissement du
lien mère-enfant, de conseiller et d'aider la patiente comme n'importe
quelle autre dans la réalisation des soins au nouveau-né ou dans
la mise au sein. Fréquemment on observe deux mouvements distincts dans
les interactions mère-enfant : une certaine « boulimie »
maternelle dans sa relation à l'enfant, comme dans l'espoir de «
rattraper le temps perdu », ou à l'inverse une forme de distance.
Dans un cas comme dans l'autre la patiente nécessite un soutien de
réassurance. [24]
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 82/89
C'est par l'observation objective et discutée entre
professionnels qu'il faudrait repérer d'éventuels signaux
d'alerte ou un comportement maternel potentiellement agressif envers l'enfant
[16], et déterminer si des actions doivent être mises en place au
sortir de la maternité (signalement, mesures judiciaires, aides
sociales...).
Par ailleurs, la question de la contraception doit être
abordée au plus tôt, et avec davantage d'attention si une
éventuelle erreur de contraception semble être à l'origine
du déni de grossesse : une adaptation du moyen de contraception ainsi
que des informations complémentaires sont à prodiguer.
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