6.3.2.2 Après le déni partiel : une
vision pratique de
l'accompagnement
Une fois le déni levé, l'urgence est de cadrer
cette grossesse physique jamais suivie et qui, souvent, est marquée de
facteurs de risque surajoutés, dus au comportement de la mère en
déni (prise de médicaments contrindiqués, pratique
intensive de sport ou comportements à risque, consommation d'alcool
voire de stupéfiants...). Dans cette optique de « rattraper le
temps perdu », la patiente rencontre dans les heures voire les jours qui
suivent une multitude de professionnels différents : sages-femmes,
médecins anesthésistes, gynécologues obstétriciens,
internes, pédiatres, échographistes, psychiatres, psychologues,
infirmières, assistantes sociales... Autant de personnes à qui
elle doit s'adapter, de gens qu'il faut à chaque fois informer - voire
parfois convaincre - de la situation, ce qui très certainement surajoute
au caractère déjà profondément déstabilisant
de sa condition.
En pratique, pour limiter l'impression
délétère de cette prise en charge nécessairement
pluridisciplinaire et multi-professionnelle, il serait intéressant de
prévoir dans le protocole d'urgence l'assignation d'un
référent, qui accompagnerait à temps plein la patiente
dans son parcours médical accéléré, au moins dans
les premiers temps du lever. Ce professionnel pourrait suivre cette patiente
d'un rendez-vous à un autre au sein de la structure hospitalière,
constituerait ainsi un appui par sa présence récurrente et
pourrait par ailleurs installer une relation de confiance complémentaire
à celle créée avec le psychologue/psychiatre. En faisant
le lien entre les différents intervenants, il épargnerait aussi
à la patiente la difficulté d'exposer son dossier à chacun
et permettrait ainsi une prise en charge moins brutale, plus adaptée,
peut-être même plus rapide et efficace.
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 78/89
Après réflexion, il nous est apparu qu'une
sage-femme serait le professionnel le mieux indiqué pour cette
tâche, cela en raison de ses compétences générales
et multiples en gynécologie-obstétrique,
anesthésie-réanimation et pédiatrie, mais aussi en regard
de ses connaissances en psychologie et d'une certaine empathie acquise avec
l'expérience. Il serait évidemment nécessaire d'avoir
préalablement formé cette sage-femme, même sommairement,
à l'approche et à l'accompagnement particulier que
nécessite un déni de grossesse. Elle travaillerait ainsi en
collaboration avec le psychothérapeute - psychologue ou psychiatre -
accompagnant la patiente, et constituerait également un lien
précieux avec l'équipe de PMI et les professionnels
extérieurs à la structure hospitalière.
|