5.4.3 Aspect médico-légal : le corps de
l'enfant
L'examen anatomopathologique semble être le nerf de
l'accusation de néonaticide, puisqu'il doit mettre ou non en
évidence le fait que la mère a mis
délibérément fin aux jours de son enfant à peine
né. En pratique l'examen et ses observations sont souvent
discutés.
Le décès par asphyxie est la cause la plus
souvent identifiée, la présence d'air retrouvé dans les
poumons du nouveau-né ayant souvent fait le lit de l'accusation lors
d'anciennes affaires : les mères étaient alors accusées
d'avoir étouffé l'enfant après son premier cri. Les
experts ont cependant admis qu'au cours de la naissance traumatique, alors que
la tête est déjà expulsée, le foetus peut sous la
stimulation de la douleur avoir des pseudo-mouvements inspiratoires même
si le thorax est encore dans la filière pelvienne. L'enfant après
cette naissance longue et traumatique est en état de mort apparente, et
s'enfonce peu à peu dans l'asphyxie.
Les blessures au visage voire même les fracas faciaux
parfois retrouvés sur le corps du nouveau-né, qui donnaient
accusation à des violences maternelles, seraient en
réalité dus aux efforts de traction de la mère, alors en
grande détresse psychique et physique, pour expulser l'enfant.
L'arrachement du cordon, cause éventuelle d'un
arrêt cardiaque réflexe immédiat ou à l'origine
d'une hémorragie, est également réfuté comme
argument d'accusation, car il peut résulter d'une volonté
désordonnée de se séparer du corps du nouveau-né,
le placenta n'étant jamais expulsé de suite après le
foetus.
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 65/89
Le décès par traumatisme crânien ou
noyade, est lui aussi expliqué par le fait que l'enfant une fois
expulsé fait fréquemment une chute dans les toilettes, et peut y
être laissé par sa mère qui sidérée ne songe
même pas à le récupérer.
D'autres marques de violence létale prêtant moins
à controverse - comme des coups de ciseaux ou des signes de noyade
délibérée - devraient selon les auteurs interpeller par
leurs deux causes éventuelles :
? Ces marques pouvant être la conséquence d'une
perte passagère de discernement, comme évoquée
précédemment, et posant donc la question d'une grossesse sous
déni total ;
? Ces marques pouvant être la conséquence d'une
décompensation psychotique grave, qui nécessite davantage encore
une expertise psycho-médicale afin d'identifier d'autres symptômes
voire une éventuelle psychopathologie.
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