3.2 LA GROSSESSE, UNE SOUFFRANCE PSYCHIQUE OU PHYSIQUE
ANCIENNE
Un certain nombre de dénis de grossesse serait
consécutif à une précédente grossesse traumatisante
(avortement, mort foetale ou interruption médicale de grossesse...) ou
à un accouchement difficile (accouchement prématuré,
extraction instrumentale traumatique, césarienne en urgence pour
sauvetage maternel ou foetal, réanimation néonatale lourde,
décès dans les premiers temps de vie...). La grossesse,
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 47/89
directement à l'origine de souffrance psychique
intense, de douleurs, de déception et d'angoisse, est
immédiatement refoulée dans l'inconscient pour éviter de
réactiver des souvenirs pénibles et insurmontables.
Dans le cas de fausses couches à
répétition ou de mort foetale inexpliquée, on pourrait
supposer une certaine volonté plus ou moins consciente de la patiente de
conserver une « intimité » autour de sa grossesse,
d'échapper à une médicalisation similaire à celles
des autres grossesses, médicalisation éprouvante et synonyme
d'échec. Le « On verra bien » semble être l'impression
générale émanant du discours de ces patientes, et sonne
comme une « crainte superstitieuse », se traduit par une
véritable prise de distance inconsciente et protectrice face à la
grossesse et le monde de la maternité.
3.3 LA GROSSESSE COMME REFLET D'UNE RELATION
SEXUELLE
Dans certaines familles très rigides, le plus
fréquemment religieuses et pratiquantes (protestante, catholique ou
musulmane), la question de la sexualité hors mariage est un tabou. Les
connaissances des jeunes filles quant à leur anatomie génitale
sont très sommaires voire inexistantes, et elles ont souvent leurs
premières relations sexuelles sans avoir d'idée précise
sur la contraception et les processus de reproduction. Par cette ignorance la
grossesse est reconnue souvent tardivement, parfois même seulement
à l'accouchement d'où le risque élevé de
complications. De même, si les relations sexuelles hors mariage sont
proscrites au sein de la famille, l'attente d'un enfant constitue une source
d'angoisse et de honte telle qu'elle fait le lit du déni et de la
dénégation. [13]
Dans le cas où la gestation pourrait être issue
d'une relation extraconjugale, le déni en masquant la grossesse
permettrait également de fuir la honte et la crainte d'être
rejetée par le conjoint, de repousser indéfiniment le conflit
qu'entraînerait la découverte de cette liaison.
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