Le déni de grossesse Mémoire 2012
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 45/89
Le déni de grossesse Mémoire 2012
Le déni de grossesse Mémoire 2012
3 HYPOTHESES ETIOLOGIQUES DU DENI DE GROSSESSE
Il a été dit précédemment que la
grossesse et par extension l'enfant se construisaient d'abord dans le psychisme
maternel. Le « devenir mère » est un processus complexe, qui
fait appel au vécu parental, à l'enfance et aux souvenirs
conscients ou non du sujet, réactivant ainsi des conflits
intrapsychiques jusque-là demeurés en attente. De même, la
future mère nécessite le regard des autres - le conjoint, la
famille, l'entourage - pour se structurer en tant que telle, signant ainsi le
triptyque fondamental de la grossesse qui ne se construit pas sur le seul
versant physique, mais également psychique et social.
Il apparaitrait donc logique que le déni de grossesse,
grossesse physique amputée de sa grossesse psychique et sociale, soit le
signe d'un dysfonctionnement qui prendrait sa source dans le désir
même de grossesse et d'enfant.
Du fait de son extrême polymorphisme, il s'avère
difficile même à la lumière des récentes
études d'identifier les causes d'un déni de grossesse. Pour de
nombreux spécialistes, il pourrait y avoir autant de dénis que de
patientes, toutes différentes dans leur culture et leur passif, dans
leurs situations socio-économiques, familiales, conjugales et
psychoaffectives.
Le déni de grossesse est rappelons-le un
symptôme non spécifique d'une pathologie, mais
caractéristique d'un ensemble de configurations ayant en commun
l'ambivalence du désir d'enfant. Pour J. Dayan [8], un tel
phénomène témoigne de l'incapacité du sujet
à gérer l'ambivalence que toute femme éprouve envers
l'idée de grossesse. Il serait l'expression d'une hostilité
refoulée, du caractère insoutenable de la représentation
de l'enfant à naître. Le déni serait en fin de compte le
signe d'un rapport dysfonctionnel à la sexualité et/ou à
la filiation.
A défaut de modèles théoriques
précis, la littérature de plus en plus fournie a permis
d'élaborer plusieurs hypothèses étiologiques, dont
quelques-unes parmi les plus récentes qui seront citées ici.
Université Nice Sophia Antipolis - École de
Sages-femmes de Nice page 46/89
3.1 LA GROSSESSE, UN FAIT MEDICALEMENT IMPOSSIBLE
3.1.1 Déni et contraception
Il a déjà été abordé
ci-avant le caractère trompeur d'une grossesse se développant
sous contraception, de manière idiopathique ou suite à une erreur
d'utilisation de ladite contraception (changement de pilule, mauvaise
observance, non-absorption d'un comprimé suite à des troubles
digestifs...). Parce que la patiente se pense protégée, la
grossesse lui semble inenvisageable, conviction renforcée si les
hémorragies de privation persistent malgré la grossesse.
|