III.3
Le rôle de la banque centrale
La banque centrale devrait également avoir un
rôle à jouer vis-à-vis de la promotion du
développement durable dans la République Démocratique du
Congo. Elle peut jouer un rôle plus important dans la promotion de la
croissance et du développement que celui qu'elle joue aujourd'hui.
Les banques centrales des pays développés et
des pays en développement en forte croissance recourent aux allocations
directes de crédits et à la gestion active des flux des capitaux
externes pour assurer un maximum d'effets bénéfiques sur
l'économie. Cependant, les banques centrales africaines se focalisent
sur la stabilisation de l'économie et utilisent le taux
d'intérêt à court terme pratiquement comme leur seul outil
d'intervention. Leur préoccupation majeure aujourd'hui est le maintien
d'un taux d'inflation bas. Ces banques agissent selon l'idée que des
taux d'inflation peu élevés sont essentiels pour la promotion de
l'épargne et de l'investissement car cela représente une garantie
que le capital financier ne perdra pas sa valeur au cours du temps à
cause des hausses des prix. Ce type de politique ainsi que la doctrine de
séparation des banques centrales du pouvoir politique, a
été promu de manière active par les bailleurs de fonds et
les institutions financières internationales et appliqué en
Afrique à travers des politiques de marché.
Il n'y a point de doute qu'une inflation élevée
est nuisible à la stabilité macroéconomique, un objectif
majeur qui doit être sauvegardé. Le problème se pose
lorsque les banques appliquent des politiques visant des taux d'inflation peu
élevés et négligent l'impact potentiellement
négatif de ces politiques sur les indicateurs de l'économie
réelle tels que le chômage, la pauvreté et la croissance.
En pratique, cette recherche d'une inflation basse mène souvent à
des politiques fortement conservatrices en matière de
disponibilité du crédit et restreint des opportunités de
compromis entre ces indicateurs et le niveau d'inflation. De nombreux pays, en
particulier d'Afrique centrale et occidentale, ont des niveaux d'inflation
très bas mais ne figurent pas pour autant parmi les économies
à la croissance la plus rapide.
Ceci ne signifie pas que l'inflation ne devrait pas figurer
parmi les préoccupations de la banque centrale. En effet, beaucoup de
pays africains ont éprouvé de première main les effets
dévastateurs d'une inflation élevée. On suggère
plutôt que les avantages du maintien des taux d'inflation bas devraient
être mesuré à l'aune des coûts qu'une
stratégie impose à l'économie.
C'est en particulier le cas où l'inflation n'est pas
provoquée par des dépenses excessives de l'Etat, mais due
à la montée des prix internationaux des produits importés
tel que constatés ces dernières décennies dans beaucoup de
pays d'Afrique.
L'application des mesures strictes de contrôle de
l'inflation dans un cas pareil peut avoir comme conséquence un
ralentissement de l'activité économique en des moments
déjà difficiles, et sans effets sur les causes même de
l'inflation. Essentiellement, la banque centrale devrait déterminer un
niveau optimum de l'inflation ne compromettant pas les objectifs de
développement national. Pour cela il faut une politique monétaire
basée sur les objectifs réels et l'utilisation des politiques
sectorielles de promotion du développement.
III.3.1 Une politique monétaire basée sur les
objectifs réels
Au lieu de limiter son action au maintien du faible tau
d'inflation, la, banque centrale devrait également se préoccuper
du mouvement d'indicateurs de l'économie réelle tels que le taux
de chômage, la croissance économique et la pauvreté. Une
telle approche présente des nombreux avantages. Elle met en avant des
variables qui ont une incidence claire et directe sur le bien être de la
population.
Ainsi, la poursuite de l'inflation comme politique ne devrait
pas être un acte isolé, mais une démarche s'inscrivant dans
un contexte beaucoup plus large de gestion macroéconomique, où il
serait possible de recourir à une sélection beaucoup plus grande
d'outils de politique économique. Dans des situations où
croissance économique est anémique et le taux de chômage en
hausse, par exemple, la banque centrale devrait recourir à des
politiques fiscales de relance pour stimuler l'économie. De plus, cette
approche de politique monétaire est beaucoup plus flexible ; le
choix des objectifs d'inflation peut être adapté aux besoins
spécifiques du pays et suivi quant à son influence sur les autres
indicateurs.
Cela représente une différence
considérable par rapport à la politique biaisée de basse
inflation selon laquelle le taux d'inflation est perçu comme
l'indicateur le plus important et les faibles taux toujours souhaitables, sans
considérer les effets de cette politique sur l'économie
globale.
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