III.1.2 Créer un fonds d'investissement à long
terme
L'Etat pourra mettre sur pied un fonds d'investissement
à long terme similaire aux fonds souverains, qui serait
dédié aux investissements de grande taille et de long terme qui
ne sont pas des services publics et ne peuvent pas être assurés
par des organismes financiers du secteur privé. Un tel fonds pourra
combiner les ressources de nombreux organismes financiers qui détiennent
de larges réserves tels que les fonds de pension, les assurances et les
banques privées.
Dans les pays qui profitent du boom des prix des
matières premières, une partie de ces revenus exceptionnels
pourrait être déposée dans ce fonds d'investissement. Les
dépôts dans le fonds pourraient être garantis par l'Etat
pour autant que le fonds soit géré professionnellement, sans
ingérence politique, et est en mesure d'assurer la qualité des
projets d'investissement. Les gouvernements pourraient encourager le fonds
à fournir de capitaux aux projets d'infrastructure importants ayant un
grand impact social et économique en accordant des incitations fiscales
au financement des projets prioritaires.
III.1.3 Créer des banques de développement
L'Etat doit assurer le financement des activités
économiques qui jouent un rôle important dans le processus du
développement et de réduction de la pauvreté mais
éprouve des difficultés à attirer le financement
privé. Il peut s'agir des activités agricoles ou de
l'économie rurale non agricole qui sont importantes en termes d'effet
sur la création d'emploi et la réduction de la pauvreté.
Un tel financement peut être également bénéfique
à certaines activités industrielles nécessaires pour
lancer un secteur industriel prioritaire ou éliminer les contraintes
spécifiques à la production.
Ces activités peuvent malgré leur importance,
avoir des difficultés à attirer le financement privé
à cause de la longue maturité des investissements, de la
difficulté des institutions financières urbaines à assurer
le suivi dans les zones rurales, ou à l'importance des montants
nécessaires. Certaines de ces activités sont commercialement
viables mais manquent de financement privé, alors que d'autres ont des
taux de rendement sociaux élevés et/ou des effets multiplicateurs
énormes sur l'économie rurale.
Des banques de développement ont été
créées dans des nombreux pays pour répondre à ces
besoins. Leur performance a néanmoins été souvent
décevante pour de raisons de mauvaise gestion, de mauvaise
sélection des projets et d'insuffisance de suivi des projets
financés. En conséquence, nombre de ces banques ont
été soit démantelées, soit soustraites de leur
mission de développement lors des reformes opérées ces
dernières décennies afin de renforcer l'économie de
marché.
En Afrique, on peut identifier plusieurs exemples de banques
de développement qui jouent un rôle positif important dans le
processus du développement dans leurs pays. A l'île Maurice par
exemple, la banque de développement demeure très active et offre
de nombreux services financiers notamment la micro finance. De même, la
banque de développement du Burundi contribue énormément
à la mobilisation des ressources en faveur des secteurs prioritaires du
développement.
Les banques de développement ont donc clairement un
rôle à jouer pour le développement de l'Afrique. Les
erreurs de gestion passées ne peuvent en aucun cas justifier la remise
en cause de ce type de financement pour le processus du
développement ; les mêmes erreurs devant cependant servir
à souligner l'importance de la bonne gestion ainsi que le besoin de
s'assurer que le développement reste au coeur de leur action.
Un besoin s'exprime donc pour le gouvernement de
réhabiliter les banques de développement avec une mission
réellement développementiste ; leur création ou leur
réinstauration pouvant offrir à l'Etat un outil puissant pour la
mise en oeuvre de sa politique de développement. Les banques de
développement devraient donc agir comme canal de transmission de la
politique gouvernementale en faveur de l'économie rurale et d'autres
secteurs prioritaires. Ceci ne peut être une stratégie viable que
si la RDC s'inspire des expériences passées et s'assurer que ces
institutions sont gérées avec professionnalisme et qu'elles
possèdent la capacité de choisir et d'assurer le suivi des
projets qu'elles financent de manière rigoureuse.
Il existe plusieurs options que les pays pouvant être
prises par les pays pour financer les opérations des banques de
développement. Par le passé, une partie de l'aide publique au
développement était canalisée à travers ces
dernières ; elles doivent pour cela prouver leur efficacité
si elles doivent encore à l'avenir servir de canal à ces fonds.
De même, les banques de développement nationales peuvent servir
d'intermédiaires aux banques de développement régionales
et internationales pour les projets de ces dernières dans le pays.
Un tel arrangement allierait le financement et l'expertise des
grandes banques de développement nationales. Une telle
coopération est particulièrement intéressante dans le cas
où mes crédits des institutions financières de
développement régionales et internationales ne sont pas assez
grands pour réunir les capitaux destinés aux projets des banques
de développement pourvu que ces projets puissent offrir un retour sur
l'investissement dans les délais imposés par la maturité
des obligations.
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