1.2.6.2. Bipartisme contre
multipartisme
On cite souvent parmi les mérites du système
majoritaire à un tour le fait qu'il constitue un lourd handicap pour un
tiers parti, contribuant ainsi à l'instauration et au maintien du
bipartisme. En revanche, le système de la représentation
proportionnelle va généralement de pair avec le multipartisme.
Dans les démocraties anglophones, notamment, le bipartisme est hautement
apprécié et le multipartisme fait l'objet d'un constant
dénigrement. Des deux systèmes, quel est le meilleur ? C'est
là un immense débat. On peut dire que, d'une manière
générale, leurs avantages respectifs sont inséparables de
leurs inconvénients. C'est ainsi, par exemple, que l'un des
mérites du bipartisme est de simplifier la tache de l'électeur,
puisque son choix se réduit à deux options.
Mais du point de vue d'un partisan de la proportionnelle,
cette réduction s'oppose à la liberté de choix de
l'électeur. Pour lui, les élections sont peut-être libres,
mais elles ne sont certainement pas équitables, puisqu'elles refusent
toute représentation aux minorités.
1.2.6.3. Efficacité
gouvernementale
Les partisans du bipartisme trouvent encore un autre
mérite au scrutin majoritaire à un tour. En élargissant la
majorité législative du parti arrivé en tète, il
rend plus difficile au parti minoritaire de former une coalition qui
empêcherait le parti majoritaire de mener à bien son programme ou,
comme le disaient ses dirigeants, de remplir son « mandat
populaire ». Avec une majorité parlementaire élargie,
les dirigeants du parti au pouvoir bénéficient d'une marge de
manoeuvre confortable qui leur permet de faire face à la
défection éventuelle de quelques-uns de leurs sympathisants.
Ainsi, le SMUT contribuerait-il à faire respecter l'exigence
d'efficacité du gouvernement.
Dans certains pays, en revanche, la représentation
proportionnelle a favorisé l'émergence d'un si grand nombre de
partis, en perpétuel conflit et formant des alliances si instables,
qu'il est devenu extrêmement difficile de former une coalition de
gouvernement forte et stable. L'efficacité gouvernementale s'en trouve
fortement réduite. On cite souvent l'Italie comme exemple d'une telle
situation. Ce que les partisans du SMUT paraissent souvent ignorer, c'est
qu'un certain nombre de pays ou le système de la représentation
proportionnelle est en vigueur ont pu mener à bien d'important
programmes de réformes, en s'appuyant sur une majorité
parlementaire stable souvent constituée par la coalition de deux ou
trois partis. Plusieurs pays démocratiques fidèles au principe de
la représentation proportionnelle- tels les Pays-Bas et les pays
scandinaves- constituent de véritables modèles ou
réformisme pragmatique et stabilité vont de pair.
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