La problématique de l'humanisme dans " qu'est ce qu'une vie réussie? " de Luc Ferry( Télécharger le fichier original )par Ericbert TAMBOU Université catholique d'Afrique Centrale Yaoundé - Licence en philosophie 2011 |
DÉDICACEA Pierre TATCHAGO, Roch & Sylvie TAKBISSI et Firmin YOMBI A TIATI, Dieu seul sait combien je vous suis redevable. REMERCIEMENTSQue parents, familiers, enseignants et amis dont les efforts conjugués ont permis la réalisation de cette oeuvre de l'esprit, trouvent ici l'expression de ma profonde et sincère gratitude. IN MEMORIAM P. Battista BARBENO, décédé le 07-04-2012 à Parme (Italie) INTRODUCTION GENERALES'il y a une idée sur laquelle s'entendent la plupart des grands philosophes antiques, c'est celle selon laquelle chaque homme peut ici et maintenant devenir maître de sa vie. Toute leur querelle portait sur le moyen d'y parvenir. Celle-ci résonne encore parmi nous. Depuis la naissance de la philosophie grecque, la question du bonheur se trouve au centre de toutes les interrogations humaines. Socrate, reconnu comme le père de la philosophie du sujet, se préoccupait déjà de rechercher les principes de la vie c'est-à-dire le style de vie qu'il convient de mener et comment réussir sa vie. Notre époque «désenchantée'' et sécularisée, ressasse cette question de la vie réussie depuis que les philosophes ont laissé aux marchands de sens et autres psychiatres, psychologues et psychanalystes le soin de guérir les bleus de l'âme. Les sociétés contemporaines nous incitent à penser la réussite sur le mode du rêve éveillé : rêves de possession (avoir gagné à la loterie), rêves de séduction (champion d'un sport qui commençait à nous décourager etc.). Malheureusement, on n'éclairera guère nos lanternes en demandant avec révérence aux icônes contemporaines (pouvoirs, honneurs, altruisme) ce qui pour elles, fait une vie réussie. S'inscrivant dans le mouvement contemporain qui reconsidère le rôle existentiel et pratique de la philosophie et laissant de côté une démarche théoricienne ancienne préoccupée seulement de connaître pour connaître, Luc Ferry, philosophe français, reprend et renouvelle l'interrogation ancienne «Qu'est-ce qu'une vie réussie ?'' chargée d'une longue histoire à peine estompée par les temps modernes. Il mène une réflexion sur la façon dont cette antique interrogation se pose aujourd'hui. Comment nous sommes-nous laissé entraîner dans cette tyrannie de la réussite, alors que presque tout, dans notre existence, ne dépend en rien de nous mais revient au hasard de la naissance, à la pure contingence des événements, à la fortune ou aux infortunes les plus aveugles ? Et surtout, est-ce à cela que se réduit une vie réussie ? A cette obsession de la performance ? N'y a-t-il plus d'autres valeurs que la réussite ? Autrement dit, la question du sens de la vie a t-elle purement et simplement disparu ? En menant sa réflexion sur ce que pourrait être la vie réussie dans nos sociétés désenchantées et sécularisées, Luc Ferry élabore un humanisme, l'humanisme de l'homme-dieu ou humanisme spiritualiste1(*), qui, pouvant être considéré comme une sorte de «religion'', conserverait le meilleur des grandes doctrines du passé essentiellement le stoïcisme, le christianisme et la pensée de Nietzsche tout en les dépassant par une sorte de laïcisation qui exclut à la fois les croyances religieuses et tout ce qui ressemble de près ou de loin à une métaphysique. L'humanisme de l'homme-dieu qu'élabore Luc Ferry se veut être donc un humanisme non métaphysique qui viendrait après la déconstruction de la métaphysique ouvrir la problématique du réenchantement du monde avec de nouvelles figures de la transcendance. Ecartant l'option du christianisme parce que selon lui son humanisme est théocentré, et d'autre part l'humanisme athée qu'il estime antihumaniste, Luc Ferry fonde un humanisme transcendantal c'est-à-dire un humanisme qui ne rejetant ni le sacré, ni la transcendance leurs donne une autre conception. Il va prédire une spiritualité laïque qui selon lui est l'espace le plus intéressant pour la réflexion philosophique aujourd'hui. Il s'agira pour nous, tout au long de ce travail, de présenter ce nouvel humanisme baptisé humanisme de l'homme-dieu ou humanisme spiritualiste. Pour y parvenir, nous commencerons par présenter le contexte dans lequel émerge l'humanisme de l'homme-dieu (Chapitre 1), et nous finirons par une évaluation critique de cet humanisme de Luc Ferry en proposant pour notre époque un humanisme de la finitude, lequel nous paraît convenir à notre temps (Chapitre 3). Mais avant celui-ci, nous aurons présenté au chapitre 2 l'humanisme de l'homme-dieu. * 1 Agnès ANTOINE, L' « humanisme spiritualiste » de Luc Ferry, in Esprit n°227, décembre 2006, p. 38. |
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