III. Analyse de l'avènement de la dévaluation de
1994
Les pays de la zone franc, après les difficultés
des années 1980 couplées de l'échec des programmes
d'ajustements structurels, ont eu du mal à retrouver une meilleure
santé économique au début des années 1990. Ces
difficultés économiques ont été aggravées
par la surévaluation de leur monnaie. Cette surévaluation du
franc CFA fut dommageable à ces économies notamment à
cause de leur caractère extraverti par référence à
la structure des exportations, lesquelles exportations sont peu
diversifiées. Dans ces conditions, l'ajustement de la parité du
franc CFA par rapport à la monnaie d'ancrage est
considérée comme la solution la plus indiquée pouvant
permettre aux pays de la zone franc de recouvrer une meilleure performance
macroéconomique afin de mieux faire face aux différents
défis sociaux et économiques voire transversaux. Comment mesurer
alors le niveau d'ajustement de la parité ?
3.1. Mesure d'ajustement de la parité
La décision de dévaluation du franc CFA de 1994
a été précédée de longues et nombreuses
interrogations qui s'inscrivent dans la logique de la complexe opération
de dévaluation d'une monnaie. Cette complexité, dans la zone
franc est liée à l'existence d'une monnaie unique à
plusieurs pays.
La problématique de l'ajustement de la parité
dans les pays de la zone franc (ou en zone monétaire) réside dans
la pertinence des réponses à trois questionnement
régulièrement soulevés dont les problèmes
psychologiques, techniques et les ceux liés aux résultats
attendus de l'opération de dévaluation.
3.1.1. Problèmes psychologiques
La décision de dévaluation crée une
situation de psychose dans les pays concernés. Les manipulations
monétaires sont autrefois considérées comme un abus de
pouvoir et ont été mal perçues par le public. Le public
associe ces manipulations à une banqueroute de l'Etat. Dans les
sociétés anciennes, lorsque les signes monétaires
étaient autrefois constitués par des pièces d'or ou
d'argent d'un poids donné, les princes utilisaient la dévaluation
pour faire face aux difficultés d'ordre économique, notamment
pour renflouer leur trésor. Par quel mécanisme ? En effet,
ils réduisent le contenu des pièces en métal
précieux pour en faire plusieurs et pouvaient ainsi accroitre
artificiellement leurs ressources et se procurer les mêmes biens avec
moins d'or ou d'argent.
L'histoire économique montre comment en raison de son
coût social et de son impact psychologique, les gouvernements n'ont
souvent recours à la dévaluation que seulement lorsqu'aucune
alternative n'est possible.
Nonobstant, les problèmes psychologiques, le
problème de la dévaluation est d'autant plus grave lorsque la
monnaie en cause est commune à plusieurs pays comme c'est le cas des
pays de l'UMOA ou de la CEMAC. En effet, certes ces pays sont en union
économique ou en coopération monétaire mais ils ne forment
pas forcément une entité politique homogène et, ayant par
conséquent chacun ses propres préoccupations d'ordre
économique, social et politique. De surcroît, les pays de la zone
franc n'ont pas à connaitre avant janvier 1994 une dévaluation
proprement dite depuis 1946.
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