INTRODUCTION GÉNÉRALE
A l'origine, la banane, fruit très populaire, est
retrouvée en des régions allant de l'Inde au sud de la Chine via
la Birmanie ; de Taïwan jusqu'au nord de l'Australie ; de la
Polynésie en passant par les Philippines ; de l'Indonésie
à de la Nouvelle-Guinée. Actuellement principal fruit à
faire l'objet d'échanges internationaux, la production mondiale de la
banane dessert est estimée à 89 9731(*) millions de tonnes pour un total de 47 producteurs
dont le Cameroun. Toujours d'après les estimations statistiques de la
FAO, les exportations totales de banane douce ont représenté 17,7
millions de tonnes dans le monde en 2007. Le Cameroun ne
représentant alors que 1,3 % de ce total et l'Afrique 3,2%2(*). Elle est un produit de
base très sensible tant du point de vue économique, social,
environnemental que politique et essentiel pour les pays en
développement. Ce fruit présente une très nette
dualité qui rend difficile toute analyse en ce sens qu'il est à
la fois à la base de l'alimentation humaine à l'instar du riz, du
blé et du maïs et un important produit d'exportation. Environ un
cinquième des bananes dessert produites à travers le monde est
exporté des pays en développement vers les pays
développés. A ce titre, elle est un bon exemple de commerce
sud/nord unidirectionnel. Le caractère dualiste de ce produit se
vérifie aussi au niveau des systèmes de production où les
plantations bananières de grande échelle, principalement
orientées vers les marchés d'exportation, coexistent
avec celles des petits planteurs. C'est enfin le premier fruit
exporté en termes de volume, bien qu'elle ne se place qu'en seconde
position derrière les agrumes en termes de valeur.
Le marché de la banane, comme celui du blé, du
coton ou du cacao, à l'international évolue en fonction de la
conjoncture et de l'influence des acteurs surtout internationaux (pays sud
américains) qui pèsent de tout leur poids sur l'orientation des
règles de commercialisation de ce fruit. Cet état de fait a
conduit, depuis décembre 2009 avec la fin du différend
légendaire qui opposait l'Union Européenne aux Etats-Unis,
à une détérioration progressive du niveau de
compétitivité des "bananes ACP". En effet, les producteurs ACP en
général et Camerounais en particulier deviennent de moins en
moins capables de compétir sur leur marché traditionnel
(marché européen) avec les rivaux latino-américains.
Ceux-ci jouant sur les tonnages produits et sur les surfaces cultivables et
donc sur l'effet taille ou économie d'échelle. En outre, depuis
le 15 décembre 2009, les préférences douanières
dont bénéficiaient les bananes camerounaises pour leur
entrée sur le marché européen sont tombées dans une
phase de forte réduction. Les droits de douane imposés aux «
bananes dollar » sur le marché traditionnel des "bananes ACP"
(marché européen) passeront progressivement de 176 €/tonne
en 2009 à 75 €/t en 2020. Cette décision rend les «
bananes dollar » moins chères que les "bananes ACP"3(*). L'une des conséquences
étant que le prix payé par les importateurs (mûrisseurs,
centrales d'achat, supermarchés, grossistes) aux producteurs africains
ces derniers mois est donc en forte baisse. Pour conserver le même niveau
de compétitivité, sans tenir compte des inévitables
baisses de prix liées à l'augmentation des volumes sur le
marché, les producteurs camerounais doivent, et ce depuis 2010, baisser
leurs coûts de production. Ces coûts de production4(*) intégrant entre autres le
coût de la main d'oeuvre de production, objet de notre étude.
La culture de la banane dessert suit un processus particulier
du planting à la commercialisation à l'international laquelle
impose des exigences en termes de normes de qualité et d'utilisation de
la force de travail pour ne citer que ces deux là. Une main- d'oeuvre
directe recrutée et formée, intervient de bout en bout de la
chaîne de production. Elle constitue la plaque tournante du succès
et de la compétitivité des entreprises qui pratiquent ce type
d'activité. Au Cameroun, cette activité est principalement
pratiquée dans les régions de l'Ouest (Moungo), du Sud-ouest
(Tiko, Mussaka, Poungo) et par les entreprises (PHP, CDC/TBP et SPM) qui y sont
installées. Ces entreprises emploient directement les populations
locales. Cette main- d'oeuvre est en majorité peu scolarisée, ce
qui ne constitue nullement un frein pour elles. La pratique culturale de la
banane ne nécessite pas tant un niveau assez élevé de
scolarisation ou de technicité, mais bien plus une grande force de
travail. Cet état de fait n'exclut pour autant pas la présence au
sein de cette population ouvrière de diplômés de
l'enseignement supérieur camerounais en quête d'emploi.
De manière spécifique, la filière
bananière camerounaise est caractérisée par un fort
degré d'industrialisation. La production destinée à
l'exportation est essentiellement générée dans des
plantations de moyenne et grande échelle (entre 500 et 3 000 ha par
plantation), avec un niveau très élevé de
technicité de la production et de la commercialisation. Les
progrès enregistrés au cours des années passées
dans la technique de production ont d'ailleurs contribué de
manière décisive à la réduction des coûts de
production. Cette filière, au Cameroun, contribue directement à
l'amélioration des conditions de vie dans le voisinage des zones de
production. Les ouvriers et leurs familles jouissent d'une couverture sanitaire
gratuite (ce qui n'est pas le cas du reste de la population), et des
investissements significatifs ont été faits dans les domaines
social (éducation, hygiène, santé et
sécurité) et environnemental (ramassage des ordures, reboisement,
diminution de l'utilisation des produits phytosanitaires, etc.).
De ce qui précède, nous sommes en droit de nous
poser la question de savoir, dans un contexte camerounais de production,
quelles pourraient être les actions réelles à entreprendre
au niveau du capital humain de production (la main- d'oeuvre directe) en termes
d'orientations stratégique et opérationnelle qui seraient de
nature à améliorer les rendements ouvriers tout en
améliorant la qualité et donc la compétitivité de
la banane dessert vendue aux mûrisseries européennes (principaux
marchés d'écoulement) ? En d'autres termes, quel lien
pourrait-on établir entre la gestion de la main- d'oeuvre directe,
banane et compétitivité ? De ces questions, nous
dégageons notre problématique " Comment améliorer
la gestion de la main- d'oeuvre directe en vue de contribuer à la
réalisation efficace de l'objectif de compétitivité
imposé par le marché international aux producteurs de banane
camerounais ?" Tout l'intérêt de ce mémoire
réside alors en un appui apporté à l'amélioration
de la qualité de gestion de cette main- d'oeuvre directe afin qu'elle
contribue avec efficience à la compétitivité et à
la rentabilité de la banane dessert camerounaise sur le marché
mondial. Cette contribution devant être réalisée dans le
strict respect des normes sociales et environnementales de production afin de
générer des emplois décents et de la valeur
ajoutée, tout en améliorant la balance commerciale du pays.
Nous n'avons pas la prétention de résoudre le
problème de compétitivité auquel se trouve confronter la
filière bananière du Cameroun. Néanmoins, au terme de
notre étude, chaque producteur aura une vue éclairée de ce
qu'il y a lieu d'entreprendre individuellement et collectivement pour
améliorer la gestion d'un des facteurs clés de
succès : la main- d'oeuvre directe et réussir par là
le pari de la compétitivité. Nous pensons que les
résultats de nos différentes réflexions devraient conduire
les producteurs vers des pistes de solutions envisageables. En utilisant une
approche inductive, nous avons subdivisé notre travail d'étude en
deux parties de deux chapitres chacune.
Le chapitre I traitera tour à tour de la configuration
actuelle de la filière bananière camerounaise, des exigences y
inhérentes et des faits qui justifient le choix du présent
thème : "Filière bananière d'exportation du
Cameroun et compétitivité : évaluation de la gestion
de la main- d'oeuvre directe de production." Le chapitre
deuxième s'arrêtera sur tous les
aspects fondamentaux en matière de traitement des salariés dans
les exploitations agricoles camerounaises ainsi que sur la revue
littéraire en matière d'évaluation de la GRH en même
temps qu'il abordera la démarche méthodologique que nous avons
utilisé aux fins de réaliser ce travail (Partie I). Ensuite au
chapitre troisième, nous ferons une description de l'existant RH pour le
cas spécifique de la main- d'oeuvre directe de production au sein des 3
plantations PHP, CDC/TBP et SPM ce à l'aide du modèle d'analyse
de la performance de la fonction RH de David Ulrich de laquelle sera
déduite le chapitre quatrième sur les perspectives
d'amélioration de ladite gestion (Partie II).
IÈRE PARTIE
EXIGENCES DE LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES DANS
LES SOCIETES DES PLANTATIONS
Nous verrons au chapitre premier de cette partie la
configuration actuelle de la filière bananière camerounaise en
termes de connaissance des acteurs directs et indirects travaillant en
étroite collaboration pour l'atteinte des objectifs qui lui sont
assignés. Toujours dans ce chapitre, nous évoquerons les faits
qui rendent pertinents le choix de notre thème d'étude. Au
chapitre deuxième, nous aborderons aussi bien la nature des textes
réglementaires qui régissent le traitement salarié dans
les exploitations agricoles que la revue littéraire en matière
d'évaluation de la GRH tout comme nous évoquerons la
démarche méthodologique appliquée.
CHAPITRE I : CONFIGURATION DE LA FILIERE
BANANIÈRE DU CAMEROUN
Tout au long de ce chapitre, nous ferons plus ample
connaissance des forces en présence au sein de la filière
bananière camerounaise. Les acteurs tant directs qu'indirects seront
présentés dans la section première. Quant à la
section deuxième, nous exposerons les exigences qui sous-tendent la
filière ainsi que les faits qui ont orienté le choix du
présent thème.
Section I : Présentation des acteurs de la
filière5(*) bananière du
Cameroun
Cette section abordera la présentation des
différents intervenants de la filière banane. Au Cameroun. Nous
avons pensé à une présentation à deux volets :
les acteurs directs et indirects. La présentation des acteurs directs
sera synthétisée dans un tableau ensuite nous procéderons
à une brève analyse de ceux-ci.
A. Acteurs directs
PHP, CDC/TBP et SPM sont les acteurs principaux autour
desquels s'organisent tant l'activité de production de la banane dessert
que les actions gouvernementales ou non de nature à promouvoir la
filière, pérenniser ladite activité et assurer des emplois
aux Camerounais des régions d'exploitations luttant ainsi contre le
chômage.
1. Présentation des 3 grandes plantations de la
filière banane au Cameroun
Au Cameroun se déploie dans le cadre de la
filière bananière d'exportation, 3 grandes exploitations
agricoles ayant pour coeur de métier la production et l'exportation de
la banane dessert sur leur marché traditionnel : le marché
européen. Dans un tableau synthétique élaboré ci-
après, nous en ferons une présentation succincte.
Tableau 1 : Présentation
des acteurs de la filière bananière camerounaise
Acteurs directs
Items
|
PHP
|
CDC/ TBP
|
SPM
|
Création
|
1986
|
1987
|
1998
|
Superficie
|
4 500 ha environ soit 2 900 ha pour la banane (Moungo et
Fako)
|
3 000 ha env.
|
850 ha env. 800 ha exploités à Penja, Mbanga,
Manjo
|
Activités
|
Culture banane dessert ;
Autres : ananas ; poivre.
|
Culture banane dessert
|
Culture banane dessert
|
Produits
|
Phare : banane dessert ;
Assainissement sol : ananas ;
Autre : poivre
|
Banane dessert
|
Banane dessert
Autre : poivre
|
Partenaires
|
- Compagnie Fruitière ;
- Africa Express Line (AEL)6(*) ;
- Groupe Dole
|
Del Monte
|
- SNI7(*)
-Compagnie Fruitière ; (commercialisation
fruits) ;
- MAERSK
- IFU8(*)
et BEI9(*)
|
Poids /marché de la banane
|
120 000t/an env. Leader avec 47,60% . 40-45t/ha en 2010
|
100 000 t/an env. 2ème producteur national
avec 38,82%. 30-35t/ha en 2010
|
37 000 t/an, 3ème producteur national avec
13,59%. 40-45t/ha en 2010.
|
Marché
|
Marché de l'Union Européenne
|
Marché de l'Union Européenne
|
Marché de l'Union Européenne
|
Emplois
|
6 000
|
4 400 dans le projet banane
|
1 660
|
Développement
|
2004 : Fusion/rachat de SPNP, SBM, PHP sous le nom PHP.
Extension de surfaces
Partenariat avec les petits producteurs
Diversification de cultures
|
Partenariat sur 10 ans (depuis le 1er Janvier
2009) avec SPM pour le développement de 1750 ha de bananeraies CDC
Banana Expansion
|
2010- 2012 : Projet d'extension de surface (+ 500
ha)
Contrat d'assistance technique de 36 mois (depuis janvier
2010) avec BOH Plantations pour le développement de 1000 ha de
bananeraies
|
Sources : Adapté du
Rapport semestriel n°17 Assistant Technique Banane et des documents
internes Assobacam, SPM et PHP
Entre 2015 et 2019, les sociétés de plantations
ont fait des prévisions de tonnages dans le but d'atteindre l'objectif
de la stratégie nationale : 500 tonnes de bananes exportées
sur le marché européen à l'horizon 2019. Ces objectifs
sont répertoriés dans le tableau ci- après pour chaque
société.
Tableau 2 : les objectifs
prévisionnels de tonnages des 3 sociétés de plantations
à l'horizon2019
Objectifs 2015-2019
|
Makossa + Del-Monte
|
SPM + BOH
|
PHP
|
Production annuelle
|
185 000 tonnes
|
120 000 tonnes
|
205 000 tonnes
|
Rendement
|
40 tonnes par hectare
|
45 tonnes par hectare
|
50 tonnes par hectare
|
Surface plantée
|
4 650 hectares
|
2 650 hectares
|
4 100 hectares
|
Marques
|
Makossa et Dole
|
Koumba et Bouba
|
Premium Bouba et Dole
|
Source : rapport d'activités semestriel
n°21, octobre 2010, Assistant Technique Banane ; données PHP
et SPM.
La PHP envisage d'étendre ses surfaces
de banane d'environ 1 100 ha, de poursuivre la culture des ananas sur les
jachères (meilleure occupation des sols, assainissement phytosanitaire,
répartition des risques commerciaux sur plusieurs marchés),
d'instaurer un partenariat avec des petits producteurs d'ananas, de continuer
sa diversification (poivre et cacao en culture biologique). Elle souffre
actuellement d'un manque d'accès à de nouvelles terres. Pour
réaliser son programme, la PHP s'appuie sur sa maison mère, la
Compagnie Fruitière exportant également la banane et l'ananas
depuis ses plantations de Côte d'Ivoire et du Ghana (60% des exportations
de banane africaine).
Le programme de la CDC porte principalement
sur un renouvellement des plantations existantes (exploitées en
partenariat avec Del Monte via le Tiko Banana Project), sur
l'amélioration du drainage et de l'irrigation. Ces actions devraient
aider à ramener progressivement les rendements vers un niveau de 40
tonnes par hectare, minimum à respecter dans un objectif de
compétitivité. Par ailleurs, un programme de plantations de
1 700 hectares supplémentaires est en cours, lié à la
mise en place de la marque Makossa. La CDC peut compter sur les recettes de
l'hévéa et de l'huile de palme, dont les cours sont, pour
l'instant, relativement bons, pour assurer le développement de son
programme banane. Elle manque pourtant d'expérience sur le plan
commercial, ce qui est dangereux sur un marché qui est difficile. Elle
souffre de plus du manque d'une main- d'oeuvre performante comparée aux
autres groupes.
La SPM envisage quant à elle,
d'augmenter sa surface de production de 500 hectares dans les années
à venir. Elle apporte également une assistance à la CDC
pour le développement de ses nouvelles plantations et a signé un
partenariat avec BOH Plantation Limited qui a commencé ses exportations
en 2010. Cet accord lui permet de répartir ses coûts
généraux sur deux structures (SPM et CDC/BOH Plantation). La SPM
est en effet handicapée par un endettement astronomique, lié
à diverses raisons dont l'achat de licences en 2005. Les charges de
cette dette pèsent très lourdement sur ses coûts de
production, obérant sa compétitivité.
2. Brève analyse comparative
En observant le tableau synthétique ci-dessus, fort est
de constater qu'avec des surfaces quasiment identiques PHP (2 900 ha) et
CDC/TBP (3000 ha) réalisent des tonnages à écart
considérable respectivement 120 000 et 100 000 tonnes par an soit
respectivement 41 et 33t/ha. L'origine d'un tel différentiel s'explique
aisément au regard des observations faites sur le terrain. La PHP est
une filiale d'une grosse multinationale. De ce fait, elle
bénéficie de l'expertise de cette dernière en
matière de gestion des espaces, des techniques culturales, de gestion de
toute la chaîne de production (production au champ, qualité,
conditionnement et suivi) et de gestion de la main- d'oeuvre directe.
Contrairement à la CDC/TBP qui, bien qu'elle soit un projet
entièrement géré par Del Monte ne bénéficie
que d'un appui technique (application des techniques culturales, service
qualité, conditionnement et suivi) apporté par ce dernier. Ces
paramètres sont déterminants quant aux tonnages produits au bout
de la chaîne de production. La stratégie de la filière
actualisée et arrêtée en 2010 par le Gouvernement, le
Cabinet FOCARFE Consult et la participation active des acteurs de la
filière, nous aide encore mieux dans la compréhension dudit
différentiel en sa page 14 lorsqu'elle évoque par exemple la
nécessité pour la force de travail de se former. Cette force de
travail fait l'objet d'un suivi méticuleux à PHP pendant qu'il
fait gravement défaut à CDC/TBP. En effet, après examen de
l'existant des plantations au moment de la rédaction du document de
Stratégie et en fonction des paramètres de
compétitivité10(*) pris en compte au sein de la filière, des 5
axes de stratégie retenus, nous avons pris en considération
relativement à l'objet de notre thème les points 1 et 4
inhérents à la gestion de la main- d'oeuvre directe : la
réduction des coûts et l'amélioration de la production
(rendements de 50 t/ha, exportation de 500.000 t/an, baisse des coûts de
production de 108 XAF/kg) et l'amélioration des conditions sociales des
travailleurs et des conditions environnementales de production.
Ces deux axes inhérents à la gestion de la main-
d'oeuvre directe trouvent leur origine dans le constat fait par les producteurs
au long du suivi de l'évolution de la filière et au regard des
manquements relevés à l'exécution de la Stratégie
élaborée en 1999 par le Cabinet JEXCO. Entre autres manquements
figurent un bas niveau de formation et de productivité. Ils s'accordent
donc quant à la nécessité de l'éradiquer par une
"politique à la fois dynamique et patiente de formation et la
nécessité de mettre en place des opérations qui
correspondent à l'amélioration des gestes au champ". Les
différents cas pratiques retenues nous permettront plus loin d'avoir une
idée assez précise de cette gestion ainsi que des mesures propres
à l'améliorer.
SPM par contre ne bénéficie pas des atouts
rattachés aux deux premières structures sus-mentionnées.
Exploitation agricole plus jeune, elle cherche encore ses voies. Pour autant,
elle ne démérite pas dans la mesure où même avec ses
800 hectares de surfaces plantées, elle a réussi à faire
45t/ha en 2010 un peu plus que CDC/TBP avec ses 3 000 ha environ. Cette
performance peut s'expliquer par exemple par la politique de revalorisation
salariale lancée par la DRH courant 2008 (mars). Nous y reviendrons plus
loin. Cependant, ce tonnage ne saurait voiler la réalité du
terrain qui indique une impérieuse nécessité de mettre en
place des politiques concrètes de gestion de la main- d'oeuvre en termes
de formation et d'organisation des équipes de travail.
Les acteurs directs présentent des
spécificités propres à leurs environnements respectifs,
lesquels ont un impact significatif sur la productivité de la main-
d'oeuvre directe et donc sur les tonnages produits. Par ailleurs ces
producteurs entretiennent des relations avec les autres acteurs (indirects)
conformément à la description de leurs rôles au sein de la
filière qui en sera faite. Quels sont- ils et quel est leur impact au
sein de la filière ?
B. Acteurs indirects
En termes d'acteurs indirects, il s'agit des intervenants qui
se posent en satellites autour de la bulle que forme les trois principaux
producteurs, acteurs directs. Quels peuvent être leurs domaines
d'intervention dans le cadre de la production de la banane dessert ? Telle
est la question à laquelle nous apporterons réponse au long de ce
point.
1. Etat Camerounais
L'Etat camerounais à travers ses ministères
techniques, a un droit de regard sur les activités de la filière
en ce sens qu'elle lui permet de résorber la question importante du
chômage qui sévit au sein de la population camerounaise. Son
intervention consiste donc essentiellement en la mise en place des conditions
favorables à même d'assurer la pérennité de la
filière. Bref, une sorte de partenariat gagnant - gagnant entre les
investisseurs dans cette activité agricole et l'Etat du Cameroun pour le
bien- être des populations bénéficiaires. Ces
ministères à proprement parlé jouent un rôle de
facilitateur en termes d'appuis administratif, financier, politique,
économique et stratégique nécessaires au bon
fonctionnement de la grosse machine de production de la banane dessert
camerounaise.
MINEPAT
Le Ministère de l'Economie, de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire (MINEPAT) cumule sa fonction de Ministre
avec celle d'Ordonnateur National du FED (O.N). Il est appuyé dans cette
deuxième fonction par un service détaché, la Cellule
d'Appui à l'Ordonnateur National (C.A.O.N).
L'ordonnateur national est un haut
responsable de l'Administration désigné par le gouvernement de
chaque Etat ACP et dont celui du Cameroun est son Ministre de l'Economie, de
la Planification et de l'Aménagement du Territoire. Ce dernier
reçoit délégation de pouvoir du Chef de l'Etat pour signer
avec l'UE le document de stratégie pays dans le cadre de la
coopération pour une période de cinq années. Il
représente également les autorités de son pays et est le
maître d'ouvrage pour toutes les activités financées par le
fonds de coopération et géré par la Commission
Européenne dont le programme ATF au Cameroun. Enfin, l'Ordonnateur
national assume au plan administratif, technique et financier les tâches
liées à la gestion des programmes du budget de l'Union
Européenne et des projets FED.
La Cellule d'Appui à l'Ordonnateur national
(C.A.O.N). Elle a un statut de projet et joue
le rôle d'interface et de facilitateur entre la Délégation
de l'Union Européenne, l'Ordonnateur National et les ministères
techniques. Elle aide l'Ordonnateur national dans l'ensemble de ses missions,
(promeut les bonnes pratiques tout au long du déroulement du cycle d'un
projet) en vue d'améliorer la qualité et l'efficacité de
l'aide européenne au Cameroun.
MINADER
Le Ministère de l'Agriculture et du
Développement Rural, Ministère de tutelle de la filière, a
pour rôle de garantir les meilleures conditions de production de ce fruit
en validant la qualité et la nature des pesticides, en contrôlant
leur entrée sur le territoire camerounais et enfin en opérant des
inspections phytosanitaires à l'exportation des fruits. Ce
Ministère participe également à la gestion de la
CDC en tant que Ministère de Tutelle à travers sa
présence au Conseil d'administration de ladite entreprise.
MINCOMMERCE
Le Ministère du Commerce a pour rôle la
défense des intérêts de la banane camerounaise
auprès des hautes Instances Internationales telles que la Commission
Européenne et l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). En outre, il
joue un rôle de conseil au niveau de la conduite des transactions
commerciales internationales (respect des Conventions avec les marchés
national et international) et intervient de manière active à
la gestion des Accords de Partenariat Economique (APE).
MINFINANCE
Nous ne saurons manquer de parler de l'action du
Ministère des Finances qui porte sur l'attribution de facilités
fiscales, d'appuis au financement et enfin sur l'élaboration des
Conventions de Financement.
En ce qui concerne les ministères techniques, ce qui
est intéressant de relever c'est le simple lien de collaboration qui
existe entre lesdits ministères. Ces dernières intervenant
chacune auprès des producteurs selon la limite définie au
préalable.
ASSISTANCE TECHNIQUE A LA FILIÈRE
BANANIÈRE
Dans le cadre de la filière bananière,
l'Assistant Technique à la Filière Bananière d'Exportation
(ATFBE) assure plusieurs missions distinctes mais qui poursuivent le même
objectif : aider les producteurs dans leurs efforts de
compétitivité.
D'abord, il y a une analyse
stratégique pour aider à identifier les problèmes
futurs et trouver les solutions d'anticipation par le biais des
comités de suivi organisés. Ensuite, une mission d'appui
à la promotion de la filière
bananière camerounaise (le choix des variétés ou
encore le choix du conditionnement).
A ces deux premières missions s'associent des missions
telles que l'appui à la programmation et à la
planification de l'utilisation des aides communautaires (identifier
les actions les plus pertinentes à conduire) ou encore l'appui
à la bonne gestion des fonds communautaires qui consiste
à faire respecter certains principes de gestion telles la passation des
marchés, l'engagement, le décaissement et la justification des
fonds (hors gestion de fonds privés). Enfin, l'Assistant Technique doit
faciliter les concertations entre les acteurs au
bénéfice de l'ensemble de la filière, la communication et
le partage de l'information (créer un bon climat de confiance et
permettre à chacun d'avoir les mêmes informations).
En somme, l'Assistant Technique Banane a un devoir
d'information et d'assistance technique permanentes auprès de l'Etat
à travers ses ministères techniques, de la
Délégation de l'Union Européenne et des producteurs avec
lesquels il travaille régulièrement. De même qu'en
collaboration avec le CARBAP, il réfléchit sur les projets
d'études à mener au sein de la filière dans le cadre de la
recherche des moyens de lutte contre les maladies qui s'attaquent aux
bananiers. Lesquelles peuvent sérieusement compromettre tant la
qualité du fruit que les tonnages à exporter quand nous savons
que selon les conclusions de la Stratégie actualisée de la
filière, la compétitivité pour être
réalisée, le Cameroun a besoin d'exporter 500 000 t/an au
minimum. En réduisant donc ces différentes infestations, le pays
se donne des chances d'atteindre ce tonnage minimum.
2. Acteurs non étatiques
Ces acteurs officient au sein de la filière mais
possèdent en eux- mêmes un statut particulier. Il s'agit de la
Délégation de l'Union Européenne (D.U.E), de l'Assobacam
et du Centre Africain pour la Recherche sur Banane et Plantain (CARBAP).
Délégation de l'Union
Européenne
Depuis 1958, la coopération entre l'Europe et le
Cameroun, se fait en parfaite symbiose avec les priorités de
développement du pays. La Délégation de l'Union
Européenne au Cameroun est dirigée par un Chef de
Délégation qui est le trait d'union local entre la
Commission Européenne et les autorités nationales. Ce dernier
coopère et travaille en étroite collaboration avec l'Ordonnateur
National. Il définit la stratégie des politiques sectorielles. Il
prépare, instruit et évalue les programmes, les projets du FED et
du Budget. En outre, le Chef de Délégation accompli toutes les
missions en rapport avec la gestion du cycle de financement du FED. Il est
assisté dans ses tâches dans le cadre exclusif de la
filière banane considérée ici, par des organes
spécifiques. D'une part, la Section Développement Rural et
Société Civile. Cette section soutient tous les projets
relatifs à la gestion des ressources en eau, à l'élevage,
aux micro- réalisations, à la coopération
décentralisée, aux PME, à la recherche dans les domaines
de l'agriculture, de l'élevage et de la pêche. D'autre part, la
Section Finances et Contrats. Cette dernière gère quant
à elle, le suivi des contrats de subvention signés avec les
différents bénéficiaires des fonds de la D.U.E et
particulièrement dans le cadre de notre thématique, le suivi des
contrats de subvention signés avec les producteurs de banane via les
conventions de financement qui lient le Gouvernement camerounais à
l'Union Européenne.
Association Bananière du Cameroun
L'Association Bananière du Cameroun (ASSOBACAM)
assure la représentation et la défense des
intérêts des producteurs de banane dessert vis-à-vis des
tiers et des pouvoirs publics nationaux ou étrangers.
Créée le 17 février 1988, après la
dissolution de l'ex Organisation Camerounaise de la Banane (OCB) et
régie par la loi n° 90/053 du 19 décembre 1990, l'ASSOBACAM
regroupe les producteurs industriels de banane du Cameroun. L'ASSOBACAM est
composée de CDC/Del Monte Cameroun, des Plantations du Haut Penja (PHP)
et de la Société des Plantations de Mbanga (SPM). BANACAM est le
nom de la représentation en Europe installée à Rungis
(France).
Les missions de l'Association sont multiples entre autres
l'étude, la mise en oeuvre et le suivi de toutes les opérations
propres à favoriser l'exportation et la compétitivité des
bananes du Cameroun. La recherche de financement et d'aides au
développement auprès de tout organisme national, étranger
ou international ou encore la compilation des informations statistiques
d'exportation.
Enfin, l'ASSOBACAM travaille conjointement avec la D.U.E avec
qui elle signe des contrats de subvention avec pour objet un appui au
fonctionnement, appelés "Devis Programmes".
CARBAP
Le Centre Africain de Recherches sur Bananiers et Plantains
(CARBAP) a été créé le 1er
février 2001 par un accord intergouvernemental (Cameroun, Centrafrique,
Gabon, Guinée Équatoriale, République Démocratique
du Congo) sous l'égide de la Conférence des Ministres de la
Recherche- Développement des pays de l'Afrique Occidentale et Centrale
(COMRED/AOC). La Direction du CARBAP est basée à Njombé
(75 km de Douala) avec une annexe administrative à Douala.
L'objectif poursuivi par le Centre est l'amélioration durable des
systèmes de production, de conservation et de transformation et
faciliter l'accès à l'information sur la commercialisation des
bananes et bananes plantains en Afrique Centrale et Occidentale. Il mène
aussi des actions de recherches, de formation et de communication-information.
Il bénéficie d'un appui financier de l'U.E et d'une assistance
technique, notamment avec le CIRAD.
Pour terminer, nous dirons que le CARBAP intervient depuis
quelques années sur la banane dessert pour laquelle il mène des
études de recherches en signant des contrats de services soit
directement avec la D.U.E (études inclues dans les Conventions de
Financement ATF 2000, 2001 et 2005), soit avec l'ASSOBACAM (inclues dans les
contrats de subvention de l'Assobacam, cas de l'ATF 2002) ou encore directement
avec l'un des producteurs en fonction de leurs besoins.
Pour une harmonisation d'idées et d'actions, un
Comité de suivi a été mis en place. Ce Comité de
suivi composé des membres sus- cités, à l'exclusion du
CARBAP, est une cellule de réflexion dont le rôle est d'assurer le
suivi des contrats de subvention, de traiter des questions telles que la
répartition des subventions entre les 3 producteurs, la
résolution des problèmes ponctuels auxquels la filière
(les 3 producteurs) fait face et enfin débattre de l'avenir de celle-ci.
En réunion autour d'une même table les ministères
techniques, la D.U.E, l'Assobacam, les représentants des
sociétés de plantations et l'Assistant Technique visent ainsi une
réactivité impérative dans le traitement des
imprévus qui surviennent. La schématisation de ce circuit
relationnel entre différents acteurs directs et indirects est faite
à la page suivante du présent mémoire.
Figure 1 : Schéma
relationnel au sein de la filière bananière camerounaise
L'ETAT
PRODUCTEURS
ASSOBACAM
Plantations du Haut Penja
Délégation de l'Union
Européenne
Société des Plantations de Mbanga
CARBAP
Ministère des Finances
Ministère de l'Economie, de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire
Ministère du Commerce
Ministère de l'Agriculture et du Développement
Rural
Assistance Technique à la Filière
Bananière d'Exportation
Cameroon Development Corporation
Ministère des Relations Extérieures
Les Ministères techniques
Source : Conception de l'étudiante.
De ce qui précède, la filière s'organise
autour d'une plate- forme au sein de laquelle chaque acteur se voit attribuer
un rôle précis. La finalité étant de desservir le
marché international et particulièrement européen de ce
fruit tant recherché. Cette organisation est facilitée par la
mise en place de textes d'orientation et de dispositions particulières
permettant de régir l'activité de la filière : la
Stratégie de la filière, les Conventions de financements entre
l'Etat et la D.U.E ou encore des contrats de subvention entre la D.U.E et les
producteurs. Sans oublier d'inclure l'organisation des comités de suivi
qui réunissent autour d'une même table tous les acteurs qui
discutent de l'évolution et de l'avenir de la filière ainsi que
des problèmes qu'elle rencontre avec à la clé des pistes
de solutions envisageables.
Section II : Exigences de la filière et
constats préliminaires
Nous développerons dans cette section, les exigences de
la filière bananière ainsi que les faits qui ont suscité
notre intérêt pour le thème choisi "Filière
bananière d'exportation du Cameroun et
compétitivité : évaluation de la gestion de la main-
d'oeuvre directe de production." lesquels rendent
pertinents notre travail d'étude.
A. Exigences liées à l'environnement des
plantations de banane
Il s'agit ici des faits qui résultent soit de la
conjoncture du marché international de la banane soit d'une politique
(stratégie actualisée de la filière bananière
camerounaise pour l'amélioration de sa compétitivité
2010-2019) lesquels viennent s'imposer aux sociétés conduisant
à un changement d'orientations au sein de leurs organisations
respectives.
1. Adaptation aux nouvelles conditions du
marché
Retraçons ici grâce à la "Documentation
Française en ligne", le conflit de la banane qui remonte au 1er juillet
1993, année de mise en place du marché intérieur de
l'Union Européenne. Ce marché qui entraîne la
création d'un nouveau système unique d'importation combinant des
quotas fixés pour les pays ACP, constitue alors un système
préservant les intérêts des producteurs communautaires et
des pays ACP au détriment des bananes dites "dollars"
commercialisées par les multinationales américaines et en
provenance d'Amérique latine. Ce conflit illustre la guerre commerciale
qui fait rage entre l'Europe et les Etats-Unis. Elle sonne par la même
occasion le glas d'une politique préférentielle européenne
à l'égard de certains pays en développement, mise en
oeuvre par la Convention de Lomé.
Ainsi, le 5 février 1996, les Etats-Unis11(*), associés à
l'Equateur, au Guatemala, au Honduras et au Mexique déposent une plainte
contre l'Union européenne devant l'Organe de Règlement des
Différends (ORD) de l'Organisation Mondiale du Commerce (O.M.C). Par
deux fois, le 25 septembre 1997 et le 9 avril 1999, l'ORD donne tort à
l'Union Européenne en autorisant les plaignants à imposer des
droits de douane sur certains produits européens équivalents au
préjudice subi par les entreprises américaines (estimé
à 191,4 millions de dollars par an). Le 11 avril 2001, à la
suite du règlement intervenu entre l'Union Européenne et les
Etats-Unis. L'Union Européenne se conforme aux exigences de l'OMC et
supprime à terme (en 2006) les quotas réservés aux pays
ACP. Le 1er juillet 2001, les Etats-Unis lèvent les sanctions
prononcées entre 1997 et 1999.
Le 1er août 2005, le conflit rebondit avec la
publication d'un rapport d'arbitrage de trois experts mandatés par l'OMC
qui avait été saisie en mars et avril 2005 sur la demande de neuf
pays latino- américains (Brésil, Costa Rica, Colombie, Equateur,
Honduras, Guatemala, Nicaragua, Panama, Venezuela). Ledit rapport condamne en
effet le nouveau système d'importations prévu par l'Union
Européenne pour le 1er janvier 2006. Ce même rapport
juge que le tarif de 230 euros (279 dollars) par tonne que l'U.E veut appliquer
sur les importations de bananes en provenance d'Amérique Latine est trop
élevé. Par conséquent, pour les pays du groupe ACP
n'étant pas soumis à ce droit de douane, le rapport énonce
à ce sujet la nécessité d'appliquer la Clause de la Nation
la plus Favorisée (NPF12(*)) qui impose l'égalité de traitement
pour les autres membres de l'OMC.
Le 26 novembre 2008, l'organe d'appel de l'OMC estimant que le
régime d'importation de bananes de l'Union Européenne
"contrevient" aux règles du Commerce International, confirme une
première décision prononcée en avril 2008 en faveur de
l'Equateur et en mai 2008 en faveur des Etats-Unis, et dont l'Union
Européenne avait fait appel le 28 août. Les Etats-Unis et
l'Equateur critiquent le régime d'importation européen de bananes
entré en vigueur en janvier 2006, qui impose un droit de douane par
tonne sur les bananes non originaires de la zone ACP. Le 15 décembre
2009, un accord à Genève met fin à la "guerre de la
banane". La négociation à laquelle ont participé tous les
pays latino-américains, fournisseurs de bananes à l'Union
européenne, aboutit à un accord sur la baisse progressive des
droits de douane imposés par Bruxelles sur la banane hors pays ACP
(Afrique, Caraïbes, Pacifique). Ils passeront ainsi de 176 euros la tonne
à cette date (31/12/2009) à 114 euros en 2017 avec une
première coupe à 148 euros à la signature de l'accord. En
contrepartie, les producteurs latino- américains et les Etats- Unis
acceptent d'abandonner leurs recours devant l'Organisation Mondiale du Commerce
(OMC). Dans le même temps, l'Union Européenne annonce le
déblocage d'une enveloppe allant jusqu'à 200 millions d'euros
pour aider les pays ACP à supporter la concurrence accrue de
l'Amérique Latine. L'accord, qui est paraphé à
Genève, doit être signé en 2010 par les 27 Etats membres de
l'Union Européenne.
Ces différentes baisses des droits à
l'entrée sur le marché européen de la banane se
feront selon le calendrier ci- après :
Tableau 3 : Dégression des
droits d'entrée sur le marché européen des pays hors
ACP
Périodes
|
Progression des chutes
|
Du 15 décembre 2009 au 31 décembre 2010
|
148 €/t
|
1 Janvier 2011
|
143 €/t
|
1 Janvier 2012
|
136 €/t
|
1 Janvier 2013
|
132 €/t
|
1 Janvier 2014
|
127 €/t
|
1 Janvier 2015
|
122 €/t
|
1 Janvier 2016
|
117 €/t
|
1 Janvier 2017
|
114 €/t
|
Source : Accord sur le commerce de la
Banane, Genève, 15 décembre 2009
En 2020, ces droits passeront de 114 €/t à 75
€/t pour le Pérou et la Colombie qui ont signé avec l'U.E un
accord de libre échange bilatéral. De quoi pousser les
producteurs ACP à de sérieuses réflexions qui soient de
nature à les conduire aux possibilités de survie et de maintien
sur le marché ou les préparer à une mort économique
certaine.
2. Actualisation de la stratégie de
développement de la filière bananière camerounaise et les
Mesures d'Accompagnement Banane (MAB)
En ce qui concerne les objectifs, ils se déclinent
sous les axes ci- après :
Axe 1 Réduction des coûts et
amélioration de la production qui prône
une augmentation de la productivité
agronomique et une consolidation des rendements à 50 t/ha. Une
réalisation d'économies d'échelle par une augmentation de
la production ; une diversification des productions en rotation culturale
avec la banane en vue d'une meilleure gestion des jachères et des
conditions sanitaires des sols. Une réduction des autres coûts,
des charges de gestion, des frais généraux et des charges non
productives ceci en sollicitant l'Etat camerounais pour la mise en place d'un
cadre propice à la compétitivité à
différents niveaux (renouvellement régulier de l'outil de
production, formations régulières et intégration du
sentiment d'appartenance, restructuration des entreprises) et enfin une
réduction des charges non productives.
Ce point s'intègre parfaitement dans l'objectif
poursuivi par notre thème en ce sens qu'il interpelle les producteurs
à une réorganisation et donc une professionnalisation de la
gestion de leur main- d'oeuvre directe de production pour une
amélioration des rendements en évoquant des points importants de
gestion de ressources humaines tels les "formations régulières"
ou encore la nécessité de développer chez les ouvriers au
champ et en stations ainsi qu'au petit encadrement dans le cadre de l'exercice
de leurs tâches et dans les habitudes sur le lieu de travail, la notion
de culture d'entreprise révélée à travers "le
sentiment d'appartenance". Cette notion intègre les thèmes de
conscience professionnelle, de responsabilités pour ne citer que ceux
là.
Axe 2 Amélioration des stratégies
d'approche des marchés qui prône pour sa part, une
recherche d'options logistiques plus économiques à mettre en
oeuvre ; un maintien du niveau de qualité des fruits
exportés et de sa régularité sur le marché. Une
pénétration de nouveaux marchés afin de limiter l'impact
d'une crise sur le marché de l'U.E ou encore la nécessité
de la mise en place d'un label « Banane Africaine » en partenariat
avec la Côte d'Ivoire et le Ghana.
Axe 3 Développement d'actions transversales
entre les opérateurs qui suggère
une meilleure organisation de l'interprofession au sein de l'Assobacam.
Un soutien à la recherche et à l'expérimentation au
CARBAP, l'encadrement scientifique au service de la
compétitivité et la mise en place de synergies et d'actions
communes entre les producteurs (actions transversales).
Axe 4 Amélioration des conditions
sociales des travailleurs et des conditions environnementales de la
production qui aborde des suggestions telles que l'obtention
et/ou le maintien des certifications éthiques et sociales (veiller au
respect scrupuleux des normes sociales de production afin de maintenir
ou obtenir des certifications éthiques et sociales exigées par
les clients). L'amélioration de la productivité de la
main- d'oeuvre directe de production par la formation continue et la
motivation. La pérennisation des emplois décents. L'obtention
et/ou le maintien des certifications environnementales (certification ISO
14001, Global Gap et Tesco NC). La diminution de l'empreinte carbone de la
production (gaz à effet de serre) et de son impact général
sur l'environnement. Et enfin, la diminution de l'utilisation des produits
phytosanitaires (herbicides, fongicides, insecticides, nématicides).
Ce point associé à l'axe n°1 constituent le
noeud qui sous- tend au niveau de la stratégie nationale et
actualisée, notre thème de mémoire. En effet, pour
réussir ce pari, les sociétés de plantations ont besoin de
mettre sur pied une fonction RH moderne et professionnelle (comme nous
l'évoquions déjà plus haut) à même de
procéder au suivi de la main- d'oeuvre directe, facteur
déterminant des tonnages produits quand nous savons que les
filières agricoles en générale et la filière banane
en particulier sont des secteurs d'activités à salaires
relativement bas. De ce fait, l'un des points de compensation est qu'il puisse
exister au sein des organisations une fonction RH efficace et dynamique qui se
poserait alors en organe de réflexion à dessein de manager cette
main- d'oeuvre de manière à ce qu'elle soit prête à
donner le meilleur d'elle-même sans avoir le sentiment d'être
exploitée.
Axe 5 Renforcement du dispositif inter-
ministériel de suivi de la Stratégie
La nécessité d'une meilleure synergie des
actions entre le MINEPAT, le MINCOMMERCE et le MINADER sur le dossier de la
banane.
Pour ce qui est des Mesures d'Accompagnement
Banane, selon l'Assistant Technique Banane au sein de son rapport
final de fin de projet n°22 d'avril 2011, en "mars 2010,
consécutivement à la signature de l'accord sur la banane de
décembre 2009, la Commission Européenne s'est engagée
à soutenir l'adaptation des fournisseurs de bananes ACP par ce qu'elle
appelle des Mesures d'Accompagnement pour la Banane (ou MAB). L'objectif de ce
programme est d'aider les pays à s'adapter aux nouvelles conditions du
marché résultant de la libéralisation des échanges.
Ces mesures sont un appui ponctuel au sein du cadre financier actuel de la
Communauté et seraient mises en oeuvre entre fin 2010 et 2013. Les
besoins des pays varient considérablement en fonction du volume de leurs
exportations vers la CE, de l'importance du secteur pour leur économie
et de la stratégie d'adaptation choisie. Certains pays peuvent devenir
compétitifs dans un environnement de marché moins
protégé, tandis que d'autres pourraient devoir cesser d'exporter
des bananes.
Les mesures doivent donc être spécifiques
à chaque pays et intégrées dans des réformes plus
larges de stratégies agricoles et de développement de chaque
pays. Les MAB seront ainsi centrées sur un ou une combinaison des trois
domaines suivants de coopération : compétitivité de la
filière, diversification économique et conséquences
sociales de l'ajustement. Les MAB aideront donc les producteurs de banane du
Cameroun à intensifier leurs efforts dans ces deux domaines. Les bananes
du Cameroun, du Ghana et de la Côte d'Ivoire représentent une part
de marché de 67,7 % sur le total des importations ACP. Les pays
africains n'ont reçu que 27,4 % de l'enveloppe de l'assistance technique
et financière allouée par l'U.E."
Nous avons passé en revue les points qui justifient
notre thème en termes de conditions du marché international de la
banane, de la Stratégie actualisée de la filière et enfin
des Mesures d'accompagnement Banane. Nous aborderons pour la suite, les
préoccupations des producteurs et les problèmes de GRH
recensés lors de nos différentes observations et descentes sur le
terrain.
B. Constats préliminaires :
préoccupations des producteurs et quelques problèmes de GRH
A la suite des observations sur sites, nous en sommes
arrivées aux résultats ci-dessus énumérés :
1. Inadéquation entre efforts
d'investissements13(*) et
tonnages14(*)
produits
Les remarques soulevées par les producteurs qui
estiment que leurs attentes ne sont pas satisfaites malgré les efforts
d'investissements réalisés en ce sens que les
répercussions positives en termes d'amélioration de la
productivité de la main- d'oeuvre directe et de tonnages produits ne se
font pas sentir en stations de conditionnement (lieu où se
réalise les tonnages à exporter) et donc sur
l'amélioration de la rentabilité de la banane camerounaise sur le
marché européen. Les annexes IV et V nous donnent d'en avoir une
idée très précise de cette inadéquation. En effet
sur 9 conventions de financement signés entre 1999 et 2007, d'importants
montants ont été alloués (pour des rendements variant en
33 et 45t/ha sur 2010) aux actions sociales qui inclus le traitement de la
main- d'oeuvre directe soit : 2 421 000 € pour la PHP ; 1 310
000 € pour la CDC/TBP de 1999 à 200515(*) et enfin 1 067 000 € pour
SPM entre 1999 et 2007.
Tous se posent alors la question de savoir ce qu'il faut
exactement entreprendre pour réussir à améliorer la
productivité - qui devrait être portée au maximum pour la
filière à 50t/ha - des ouvriers en dehors des salaires qui ont
été revus à la hausse dans le cadre de l'adoption de la
nouvelle Convention Collective de l'Agriculture et Activités Connexes en
mai 2009. Ceci grâce à l'application du système de
rémunération comportant désormais en sus de la part fixe,
une part variable ainsi que des primes de rendement et d'atteinte
d'objectifs de production pour améliorer la qualité du travail
des ouvriers à leur poste de travail.
2. Quelques problèmes de GRH
Nos descentes sur le terrain nous ont également permis
d'observer quelques dysfonctionnements quant à la gestion de la main-
d'oeuvre directe dans les plantations lesquels sont relevés ci-
dessous.
Absence d'une politique GRH au sein de 2 des 3
plantations.
Les actions de GRH si elles existent ne font pas l'objet d'une
formalisation. Pour CDC/TBP et SPM en effet, la gestion de la main- d'oeuvre
directe de production est consignée dans la Convention Collective de
l'Agriculture et Activités Connexes, le règlement
intérieur et l'Accord d'entreprise (SPM). Or, avec l'évolution de
l'environnement économique et les exigences inhérentes à
la mondialisation et à la compétitivité, ce type de
gestion est devenu obsolète et relève de la dimension informelle
de la gestion RH. Le capital humain étant aujourd'hui une ressource
importante pour la compétitivité des entreprises de ce secteur,
il est donc crucial de faire intervenir une véritable refonte de
celle-ci afin de l'adapter aux défis actuels de rentabilité. Les
conséquences immédiates étant une mauvaise maîtrise
de la main- d'oeuvre directe en termes de réelles politiques de gestion
de la productivité, de la qualité du travail, de la gestion des
carrières et des compétences, de la gestion des conflits (climat
social).
Formations insuffisantes.
L'importance accordée aux formations est insuffisante,
qui pourtant, devraient être régulières. Ces formations
constituent le "tendon d'Achille" de toute amélioration de la
productivité des ouvriers, de la qualité du travail et des fruits
produits et exportés. Des centres de formations professionnelles aux
métiers de la banane se comptent à peine. Si PHP et CDC/TBP ont
fait des efforts dans le sens de la mise en place de centres de formation aux
métiers, celle-ci est encore inexistante à SPM.
Techniques culturales : amélioration et
harmonisation du système de coordination.
En effet, une nécessité d'améliorer et
d'harmoniser rigoureusement le système de coordination entre les
plantations d'une même société en termes de pratiques
culturales à appliquer s'impose dans la mesure où les consignes
liées aux techniques culturales transmises aux ouvriers des
différentes plantations d'une même société sont
différemment perçues et donc appliquées avec des nuances
au niveau de la perception desdits messages. Dans le même temps, la
configuration géographique des plantations (assez distantes les unes des
autres) ne facilite pas cet impérieux travail d'harmonisation et de
coordination dans l'application des techniques culturales.
Difficultés communicationnelles.
Nous avons également pu relever un sérieux
problème de communication entre la hiérarchie et la base de la
pyramide des plantations objet de notre présente étude : la
perception des consignes reçues. En effet, la base pyramidale
étant très peu scolarisée, la communication devient
difficile lorsque l'un des responsables de production communique une consigne
aux ouvriers au champ ou en station sans passer par leurs chefs
hiérarchiques directs qui eux, maîtrisent le meilleur moyen de la
leur transmettre.
Absence de conscience professionnelle sur le lieu de
travail et conflits.
Un réel problème de conscience professionnelle
tant de la part des ouvriers que du petit encadrement. En effet, sont
observés de la part de certains membres véreux constituant le
petit encadrement, des nombreux abus d'autorité vis-à-vis des
ouvriers. Ces derniers sous -scolarisés ne peuvent se défendre
bien que certains réussissent à faire entendre leurs voix. Ces
abus qui débouchent sur de véritables conflits ouverts prennent
les formes de sanctions arbitraires ayant pour sources des questions de
disputes de femmes entre chefs et ouvriers, de refus de "collaborer" pour les
femmes ouvrières ou encore de constitution de réseaux
organisés pour racket16(*) d'ouvriers. Cet état de fait a un impact
certain sur la qualité de travail desdits ouvriers et donc sur leur
productivité dans la mesure où l'un des critères
d'amélioration de la productivité est l'instauration d'une
atmosphère de travail propice qui inclue l'assurance d'un état
psychologique des travailleurs acceptables. Si les entreprises font des
efforts considérables pour que les choses changent dans le bon sens,
nous pensons que beaucoup reste encore à faire.
Pour conclure ce premier chapitre, nous retiendrons d'une part
que la filière bananière camerounaise est constituée
d'acteurs directs, les producteurs (PHP, CDC/TBP et SPM). Ils sont au coeur de
l'activité de production de la banane dessert d'exportation. Autour
d'eux gravitent d'autres acteurs tout aussi importants dont le rôle
principal est d'assurer le développement mais aussi la
pérennité de cette activité dans la mesure où elle
contribue à lutter contre le chômage et la pauvreté d'un
côté et de répondre au besoin de consommation de ce fruit
à l'international de l'autre. Il s'agit donc de l'Etat Camerounais au
travers des ministères ci-dessus énumérés
(Délégation de l'Union Européenne, ASSOBACAM, CARBAP et
Assistance Technique Banane). Chacune de ces institutions jouant un rôle
spécifique dans l'atteinte des objectifs globaux fixés. Par
ailleurs, il convient de retenir les faits qui motivent le choix du
présent thème : "Filière bananière
d'exportation du Cameroun et compétitivité :
évaluation de la gestion de la main- d'oeuvre directe de production."
Ces faits sont pour les causes externes : la fin de la guerre de
la banane avec la signature de l'Accord du 15 décembre 2009.
L'actualisation de la stratégie nationale de la filière qui a
pour effet d'imposer de nouveaux axes d'amélioration pour
réaliser les objectifs de compétitivité de la
filière face aux nouveaux défis inhérents à la fin
des mesures protectionnistes qui leur avaient été
accordées par l'Union Européenne sur son marché face
à une concurrence latino- américaine de plus en plus rude. Et
enfin, les contraintes imposées par les MAB en ce sens que les
producteurs devront réaliser essentiellement des investissements sociaux
et environnementaux dans le cadre de l'amélioration de la
compétitivité de la filière.
Enfin, les raisons propres aux réalités de
chacune des sociétés qu'il nous a été donné
d'observer lors de nos différentes descentes sur le terrain à
savoir : les attentes insatisfaites des producteurs eux-mêmes pour
qui, en dépit des efforts consentis pour contenter la main- d'oeuvre
directe, les retombées tardent à se faire sentir au niveau de la
production en termes d'augmentation considérable de volumes à
exporter (passer de 35, 45t/ha à 50t/ha17(*)). Une politique GRH non
actualisée, des formations aux métiers de la banane insuffisantes
ou informelles et disparates, une absence de coordination des techniques
culturales à appliquer et un réel problème de
communication à gérer. Notre objectif au cours de cette
étude étant de proposer aux producteurs des pistes
d'amélioration de la gestion de la main- d'oeuvre directe de nature
à les mener résolument sur le chemin de la
compétitivité dans leur secteur d'activité et sur le
marché européen. Que pouvons- nous apprendre en matière de
gestion RH au sein des exploitations agricoles ? Telle la question
à laquelle le deuxième chapitre répondra.
CHAPITRE II : ASPECTS FONDAMENTAUX DE
L'EVALUATION DE LA GESTION DES RH DANS LES EXPLOITATIONS AGRICOLES
Tout au long de ce chapitre deuxième, nous allons
explorer tant les aspects théoriques en matière de GRH dans les
exploitations agricoles que la revue littéraire afférente
à l'évaluation de la gestion RH au sein desdites exploitations.
Section I : Démarches d'évaluation
de la GRH dans les exploitations agricoles
Nous aborderons ici les aspects théoriques de la GRH au
sein des plantations de banane. Quelles sont les prescriptions légales
qui sous- tendent la gestion du capital humain dans la filière
bananière camerounaise ? Nous répondrons à cette
question en évoquant les standards normatifs de l'Organisation
Internationale du Travail (OIT) ; les normes de certifications telles que
Global GAP, la Convention Collective de l'Agriculture et Activités
Connexes ; l'Accord d'entreprise et le règlement intérieur.
Nous visiterons enfin les modèles d'évaluation de la performance
de la fonction RH au sein des organisations et dont des exploitations
agricoles.
A. Données issues des textes
réglementant le traitement des salariés dans les plantations de
banane
Des textes réglementaires qui régissent la vie
des ouvriers au sein des plantations, nous parlerons ici des normes de l'O.I.T
et de celles du GLOBAL GAP.
1- Textes normatifs d'envergure
internationale
Il s'agit de la Convention C110 sur les plantations, 1958 et
de la Certification GLOBAL GAP. Pendant que la première ébauche
la nature de traitement à appliquer aux ouvriers de plantations, la
seconde relève les exigences en matière de certification quant
à la qualité. La qualité au niveau du fruit (banane
dessert) et au niveau des conditions de travail des ouvriers qui manipulent
lesdits fruits au champ et en stations.
La Convention C110 de normes de l'Organisation
Internationale du Travail (OIT)18(*)
Les normes en matière de travail dans les plantations
dont les plantations de bananes ont été adoptées le 24
juin 1958 lors de la quarante deuxième session du 04 juin 1958. Cette
session a été convoquée à Genève par le
Conseil d'administration du Bureau International du Travail. Les prescriptions
de cette quarante deuxième session ont été
consignées dans ce qui sera appelée la C110 Convention sur
les plantations, entrée en vigueur le 22 janvier 1960.
Cette Convention stipule les normes internationales en
matière de travail dans les entreprises agricoles et précise les
points qui devront scrupuleusement être respectées par les
entreprises qui emploient dans le cadre de l'exercice de leurs activités
de production, un type d'employés. Les prescriptions adoptées
régissent la vie en plantations et déterminent le comportement de
l'employeur vis-à-vis des employés dont il a la charge.
Nous ne retiendrons que quelques points clés relatifs
à notre thème :
q En sa troisième partie, elle aborde la question
"contrat de travail et sanctions pénales" en précisant par
exemple que le contrat de travail doit toujours porter le nombre d'heures
légales de travail en vigueur dans le pays ayant ratifié la
Convention 110 sur le travail des plantations de 1958. Tout comme elle
précise que face aux manquements au contrat de travail dont les
travailleurs auraient été coupables qu'aucune sanction
pénale ne soit prise à leur encontre. Il s'agit selon l'article
23 de la Convention : "a) tout refus ou omission, de la part du
travailleur, de commencer ou d'exécuter le travail stipulé au
contrat ; b) toute négligence ou tout manque de diligence de la part du
travailleur ; c) l'absence du travailleur, sans autorisation ou raison valable
; d) la désertion du travailleur."
q Les parties IV (salaires et conditions de traitement
salarial) , V (les congés annuels payés et les conditions de
leur octroi par les employeurs), VI (le repos hebdomadaire à accorder
systématiquement aux travailleurs) et VII (les obligations de
l'employeur vis-à-vis de la protection de la maternité) ;
q Les parties VIII (les obligations de l'employeur
inhérentes à la réparation des accidents de travail
survenus lors de l'exercice de leurs devoirs d'employés), IX (le droit
d'organisation et de négociation collective. A titre d'exemple,
l'article 55 qui recommande que toutes les procédures d'examen des
conflits entre employeurs et travailleurs soient aussi simples et aussi rapides
que possible.) et X (la liberté syndicale. L'article 62 précise
par exemple que les "travailleurs et les employeurs, sans distinction d'aucune
sorte, ont le droit, sans autorisation préalable, de constituer des
organisations de leur choix, ainsi que celui de s'affilier à ces
organisations, à la seule condition de se conformer aux statuts de ces
dernières." ;
q Les parties XI, XII XIII et XIV abordent respectivement les
questions liées à l'inspection du travail (XI) ; au logement
(XII) et celles liées aux services médicaux (XIII) et enfin les
dispositions finales (XIV laquelle stipule en son article 92 que les
ratifications formelles de la présente convention seront
communiquées au Directeur général du Bureau International
du Travail et par lui enregistrées.).
Il a été adjoint à la Convention 110
relatif au travail en plantations, un supplément appelé Protocole
P110. Ce Protocole qui vise à réviser la convention et la
recommandation sur les plantations, 1958, sera adopté lors de la
68ème session du Conseil d'Administration du Bureau
International du Travail le 02 juin 1982 et entrera en vigueur le 18 juin
1982. Il en est de même pour la Recommandation R110 sur les plantations
concernant les conditions d'emploi des travailleurs des plantations venant en
appui à la Convention C110 pour davantage garantir leurs droits.
En vue de se rassurer de l'effectivité de leur
application, les normes internationales du travail sont étayées
par un système de contrôle unique au niveau international qui
contribue à garantir que les États appliquent les conventions
qu'ils ratifient. L'O.I.T examine donc régulièrement comment
elles sont appliquées et signalent les domaines dans lesquels il y
aurait matière à amélioration. Si un problème se
pose concernant l'application des normes, l'O.I.T cherche à aider les
pays concernés par le biais du dialogue social et de l'assistance
technique. C'est à ce propos qu'il a mis au point divers
mécanismes de contrôle qui permettent de suivre au-delà du
moment de leur adoption par la Conférence Internationale du Travail et
de leur ratification par les États, l'effet donné aux conventions
et recommandations en droit et dans la pratique.
Une norme de certification : le GLOBAL
GAP
GLOBAL GAP19(*) est un organisme du secteur privé qui
établit des normes volontaires pour la certification des processus de
production des produits agricoles (y compris l'aquaculture) produits dans le
monde entier. Elle est principalement conçue pour rassurer les
consommateurs sur la qualité de production des aliments rendue
plantations en minimisant les impacts environnementaux néfastes sur les
exploitations agricoles, la réduction de l'utilisation d'intrants
chimiques et garantissant une approche responsable pour la santé et la
sécurité des travailleurs ainsi que la protection des animaux.
Cette norme sert également de manuel pratique pour les bonnes pratiques
agricoles (GAP20(*))
partout dans le monde avec à la base un partenariat égal et des
procédures efficaces.
Il faut souligner que la mise aux normes GLOBAL GAP ne sont
pas les seules certifications en vigueur dans le cadre de la pratique de ce
type d'activité. Il en existe d'autres à l'instar des normes
TESCO Nature, Choise, ISO 14001 et FIELD to FORK dont la fonction
première est d'assurer la qualité des bananes dessert
exportées sur le marché européen tout en assurant la
compétitivité des entreprises qui les commercialisent.
Nous venons de parcourir les référentiels
internationaux en matière de protection des ouvriers contre
d'éventuels abus sur leur lieu de travail ainsi que les normes de
certifications en usage au sein des exploitations agricoles. Parcourons
à présent les référentiels nationaux.
2. Textes normatifs d'envergure nationale
Les textes normatifs d'envergure nationale sont
composés du Code du Travail de la République du Cameroun et de la
Convention Collective Nationale de l'Agriculture et Activités Connexes.
Le Code de travail
La Loi n°92/007 du 14 août 1992 qui porte adoption
d'un nouveau Code de Travail a été validée. Ladite Loi,
selon qu'il est précisé en l'article 1er dudit Code
"régit les rapports entre les travailleurs et les employeurs [...]".
Structuré autour de 10 titres, il reprend les modalités de
traitement des travailleurs en général et des ouvriers de
plantations en particulier (pour le présent cas, la main- d'oeuvre
directe de production). Ce document spécifie avec les titres III
à IX, tous les aspects inhérents à l'administration des
travailleurs et dont des ouvriers des plantations à qui s'appliquent
tout aussi bien ces textes. La procédure de résolution des
différends qui pourraient survenir entre travailleurs et employeurs y
est également abordée.
La Convention Collective Nationale de l'Agriculture et
Activités Connexes
Signée le 13 mai de l'an 2009, elle est commune
à toutes les 3 entreprises et régit la conduite de l'employeur et
des ouvriers dans ce secteur d'activité (production de la banane)
et dont de la filière banane. Elle a été
élaborée et adoptée de commun accord par les employeurs,
propriétaires des sociétés de plantations
représentés au sein de l'Union des Syndicats Professionnels des
Entreprises Agricoles du Cameroun (USPAC) et les ouvriers constitués en
syndicats à l'instar de la Confédération Syndicale des
Travailleurs du Cameroun (CSTC), l'Union des Syndicats Libres du Cameroun
(USLC) et la Confédération des Syndicats Autonomes du Cameroun
(CSAC) en étroite collaboration avec un représentant du
Ministère du Travail et de la Prévoyance Sociale. Elle permet
ainsi de régir "les rapports professionnels entre les employeurs et les
travailleurs tels qu'ils sont stipulés à l'article
1er du Code du Travail dans les entreprises concernées
exerçant leur activité sur le territoire de la République
du Cameroun".
Rappelons les points abordés par la Convention
Collective Nationale de l'Agriculture et Activités Connexes, nous
retiendrons juste ceux inhérents à notre thème dans un
souci de synthèse.
q Au titre III, il est question de la formation et de
l'exécution du contrat de travail à l'intérieur duquel
sont abordés les points tels que : l'engagement, la période
d'essai, la classification professionnelle, le travail des femmes et des
jeunes, la commission paritaire de reclassement (règle les contestations
ouvrières face à leur classification professionnelle n'ayant pas
été réglées au sein de l'entreprise
indexée). La visite médicale d'embauche, la priorité
d'embauche, l'apprentissage et la formation professionnelle, la
"camerounisation des emplois", l'avancement d'échelon, l'intérim
et la période d'observation. La modification du contrat de travail pour
cause de force majeure, la clause de non concurrence. Il est enfin question ici
de la suspension du contrat de travail (accidents du travail et maladies
professionnelles ; maladies et accidents non professionnels), de rupture
du contrat de travail (préavis, indemnité de préavis,
indemnité de licenciement, prime de bonne séparation),
l'indemnité de décès et le départ à la
retraite.
q Le titre IV traite des points tels que la durée et
les conditions de travail ainsi que des salaires et accessoires avec des
arrêts sur la durée du temps de travail, la mutation du personnel,
les frais de déplacement. La protection du travailleur, les permissions
exceptionnelles d'absences payées, les absences injustifiées, les
congés payés, les congés de maternité et maladie.
En ce qui concerne les salaires et accessoires de salaires, il est
abordé la détermination du salaire, le mode de
rémunération, les retenues sur salaire, les heures
supplémentaires, la prime d'ancienneté, la prime
d'assiduité, la prime de panier et les primes et indemnités
diverses.
q Enfin le titre V qui lui, aborde la question d'assurance et
de protection sociale (assurance sociale ; logement et transport du
personnel ; hygiène, santé et sécurité ;
équipements de protection individuel, la couverture médicale et
les mutuelles), les clubs et associations sportives, l'aspect
disciplinaire21(*) et
enfin les récompenses diverses (gratification et médailles
d'honneur de travail).
Ces textes reprennent dans leur contenu, les exigences en
matière de droits de travail dévolus aux ouvriers de plantations
avec des renvois aux normes internationales en matière de traitement du
personnel. Ce mixage a conduit à la mise sur pied d'une sorte de "bible
miniaturisée du planteur", véritable outil d'aide à la
gestion des ressources humaines en général et celle de la main-
d'oeuvre de production en particulier qu'ils sont appelés à
gérer au long du cycle de vie de leurs sociétés de
plantations. Que pouvons- nous dire maintenant des textes propres au
fonctionnement des plantations en tant qu'organisations ?
L'Accord d'entreprise de SPM et les règlements
intérieurs
L'Accord d'entreprise, intervient
généralement - dans un contexte conjoncturel précis- entre
l'entreprise et ses ouvriers sur une base de négociation en vue
d'améliorer d'un côté comme de l'autre, les conditions
d'exécution des obligations imparties. Ce type d'entente entre
l'employeur et les employés de la filière banane n'a
été élaboré que par la SPM du temps de l'ancienne
Convention jugée alors insatisfaisante par les deux parties en
présence. Aussi, élaboré et adopté mars 2008 (un an
avant le renouvellement de la nouvelle Convention Nationale de l'Agriculture et
Activités Connexes), cet Accord visait : l'assurance de la bonne
santé financière de l'entreprise (pérennité et
expansion) . L'assurance d'une juste rémunération du travail
bien fait ; l'amélioration des conditions de vie et de travail du
personnel et enfin l'amélioration des rendements de l'entreprise
ainsi que de la productivité du travail accompli (redistribution de la
plus- value inhérente à l'augmentation de la
productivité).
Cet Accord tout en reprécisant les obligations
inhérentes à chacune des parties signataires met un point
d'honneur sur la conscience professionnelle, l'assiduité,
l'intégrité morale, la responsabilité et surtout sur
l'amélioration de la productivité avec l'appui de l'encadrement
pour les ouvriers. Pour l'employeur, de garantir un climat social (dialogue
social et concertations), la formation et un suivi de carrière des
employés. Il apporte dans le même temps des améliorations
(comparativement à l'ancienne Convention Collective22(*)).
Les règlements intérieurs quant
à eux et comme la dénomination l'indique sont
élaborés suivant les réalités internes propres
à l'organisation de chacune des 3 sociétés de plantations.
A la PHP, il règle le quotidien au sein des plantations en traitant des
questions telles : l'engagement (recrutement), l'organisation technique du
travail, les normes, procédures et sanctions disciplinaires, de
l'hygiène, santé et sécurité. A CDC/TBP, en sus des
points du règlement intérieur de PHP, sont abordées les
questions de transferts des employés d'une plantation à
l'autre ; le rassemblement obligatoire des ouvriers avant le début
de l'accomplissement de leurs tâches respectives ; la
définition de la période de pause, des détails sur les
conditions d'utilisation des logements CDC/TBP, la prévention des
incendies. Enfin, la SPM va plus loin dans la description des points inclus
dans son règlement intérieur. A titre d'exemple les points
traitant d'Hygiène, santé et sécurité ou encore
celui traitant des conditions générales de travail.
Les politiques GRH : l'importance du volet
administration du personnel
Les politiques GRH au sein des plantations de bananes à
l'observation, revêtent plus un volet administration du personnel en
général et de la main- d'oeuvre directe en particulier. Cette
observation est très présente à CDC/ TBP et à SPM
pour qui gérer la main- d'oeuvre directe en particulier consiste en un
respect des textes en vigueur sans plus. La différence ne
résidant alors que dans l'approche managériale d'un
côté comme de l'autre. Le volet administration chez PHP par
contre, est un des aspects de la fonction RH qu'assure la Direction des
ressources humaines de cette société de plantations. Cet
état de fait pourrait être lié à la présence
d'une forte couche d'ouvriers sous- scolarisés laquelle constituerait
l'une des raisons qui n'encouragent pas les administrations des plantations
à s'engager résolument sur le chemin de la modernisation et de la
professionnalisation de leurs fonctions RH.
Dès lors, les politiques GRH s'intègrent dans le
cadre des normes et standards de l'O.I.T en matière de traitement du
personnel ouvrier appartenant au secteur agricole. Lesquels avec le Code du
Travail, ont inspiré l'élaboration de la Convention Collective
Nationale de l'Agriculture et Activités Connexes sans omettre de
mentionner le règlement intérieur qui est un
élément de gestion des comportements et d'organisation au sein
des plantations.
Après avoir parcouru l'ensemble des textes
réglementaires qui traitent tous de l'aspect administratif de la gestion
RH des entreprises. Il ressort que tous ont un seul point commun : assurer
aux travailleurs en général et à la main- d'oeuvre directe
des plantations en particulier de meilleures conditions de travail. Ces textes
se posent dès lors en paravents contre d'éventuels abus. A
présent revisitons la revue littérature en matière
d'évaluation de la performance RH au sein des organisations par la
présentation des modèles d'évaluation.
B. Modèles d'évaluation de la
performance de la fonction RH dans les plantations de banane
De manière délibérée nous avons
retenu ici une définition assez large de la performance pour s'adapter
à la pluralité des réalités vécues par les
entreprises : "La performance désigne la réalisation des
objectifs organisationnels, quelles que soient la nature et la
variété de ces objectifs. La performance est multidimensionnelle
à l'image des buts organisationnels ; elle est subjective et
dépend des référents choisis." (Gilbert,
Charpentier, 2004 date). Cette définition
générique de la performance facilite son
opérationnalisation dans un processus d'évaluation.
Pour assurer une gestion efficace, il est important que
l'évaluation de la performance s'étende aussi à toutes les
autres formes de performances apportant une contribution significative à
la compétitivité globale. La valeur est créée
autant au sens du "shareholder" que du "stakeholder", dénommé par
la suite "partie prenante".
Au total, on considère 7 axes principaux de mesure,
caractérisant les principales formes de performance23(*)
§ l'Axe Clients : L'importance de la mesure de la
satisfaction client pour assurer une réussite durable de l'entreprise
n'est plus à démontrer. Mais, l'orientation client n'est pas un
vain mot. Il faut passer d'une logique "produit" : "On fait ce que l'on sait
faire" à une logique client : "On fait ce que les clients attendent" est
une véritable révolution en soi.
§ Axe Partenaires : Le concept d'entreprise
"éclatée" a singulièrement renforcé l'importance
des liens entre l'entreprise et ses partenaires, qu'ils soient sous- traitants
ou fournisseurs. Si, il y a peu encore, seules les activités à
faible valeur ajoutée étaient sous- traitées, ce n'est
plus le cas actuellement et l'entreprise se recentre sur son coeur de
métier de plus en plus étroit. Des activités d'importance
sont ainsi confiées à des partenaires. La performance globale de
l'entreprise est étroitement liée à la performance de la
chaîne globale de sous- traitance.
§ Axe Personnel : La viabilité de l'entreprise
réactive est directement dépendante de la participation de
l'ensemble de ses acteurs internes. La motivation, est ainsi devenue une
préoccupation de tous les instants pour le manager moderne. Il est aussi
important de juger à sa juste valeur la qualité de la
coopération interne.
§ Axe Développement Durable : le potentiel
"éthique", qui peut s'exprimer en terme de Développement Durable,
prend à juste titre une importance de premier plan.
§ Axe Actionnaires : Cet axe, bien trop
privilégié aujourd'hui, mérite d'être
relativisé en référence aux autres aspects de la
performance. Il ne faut pas pour autant perdre de vue que l'entreprise
commerciale a pour finalité la réalisation de profits.
L'investisseur, en retour de sa confiance, attend une
rémunération.
§ Axe Processus internes (et système
qualité) : l'approche processus "orientée client" a
sérieusement réformé la perception de l'entreprise. Le
passage de la conception verticale et hiérarchique à la
conception horizontale et responsable a ouvert le champ des possibilités
en matière d'amélioration continue. La mesure à la
portée de tous est désormais incontournable.
§ Axe Système d'information : le système
d'information est la clé de voûte de l'entreprise
intégrée. La pertinence et la qualité des informations
échangées depuis le client jusqu'au dernier fournisseur
conditionnent la viabilité de l'ensemble.
Plusieurs auteurs ont abordé la question de la
performance de la fonction RH24(*) au sein des entreprises. Nous en étudierons 2
par le biais de leurs modèles d'évaluation de la performance de
la fonction RH dans les organisations dont les sociétés de
plantations de banane.
1. Modèle d'Ulrich
Dave Ulrich (1996) expose le modèle d'évaluation
des performances de la fonction RH sous l'angle de ses missions ou
orientations.
Ce modèle se caractérise en effet par quatre
rôles : expert administratif, champion des salariés,
partenaire stratégique et agent du changement. Ils peuvent être
visualisés comme les quatre quadrants d'un diagramme à deux axes
(un axe horizontal pour l'orientation Processus vs Individus, et un axe
vertical pour l'orientation Quotidien/Opérationnel/Court terme vs
Futur/Stratégique/Long terme). Le modèle définit ainsi le
périmètre et donc les missions de la fonction RH. C'est ainsi que
la fonction RH :
§ En tant qu'expert administratif, est garante du
bon fonctionnement de l'administration du personnel (paie, contrats, tenue
dossier du personnel, respect réglementation juridique du travail,
administration de la Convention Collective et règlement
intérieur). Elle doit assurer un service de qualité à tous
ses clients internes pour un coût réduit. Ses objectifs
porteront donc sur une productivité exemplaire et une
satisfaction de ses clients internes pour les processus RH
administratifs dont elle a la charge.
§ En tant que champion des salariés,
recherche à maximiser leur niveau d'engagement, de motivation, de
compétences, de contribution. Ses objectifs pourront ainsi traiter du
recrutement, des conditions de travail (hygiène, santé et
sécurité), qualité du travail,
rémunération, formation, gestion des compétences,
climat social (gestion de conflits interpersonnels et collectifs).
§ En tant qu'agent du changement accompagne la
transformation de l'organisation. Ses objectifs seront relatifs, par exemple,
à la création d'une nouvelle organisation, à une
évolution culturelle, à une orientation massive en termes de
nouvelles compétences, aux opérations de communication interne ou
de formation des managers.
§ En tant que partenaire stratégique, recherche
l'alignement permanent des politiques RH avec la stratégie
générale et business de l'entreprise. Chaque objectif business
doit être traduit en objectif RH.
Nous retiendrons que le modèle d'Ulrich propose 4 axes
d'évaluation de la performance de la fonction RH au sein des
organisations : l'expertise administrative, le champion des
salariés, l'agent de changement et le partenaire stratégique.
Que nous propose le modèle Le Louarn et Wils ?
2. Modèle Le Louarn et Wils25(*)
Le modèle Le Louarn et Wils (2001) subdivise la GRH en
trois parties : gestion administrative, gestion opérationnelle et
gestion stratégique. Cette partition est représentée par
une pyramide figurant la gestion administrative comme le socle et la gestion
stratégique comme le sommet.
Gestion stratégique
Gestion opérationnelle
Gestion administrative
Figure 3 : Représentation du
modèle Le Louarn et Wils
Le modèle Le Louarn et Wils résume
l'évaluation de la performance de la fonction RH en trois grands axes de
performance : administratif, opérationnel et stratégique. De
façon spécifique, ces auteurs pensent l'évaluation de la
performance de la fonction en termes de :
§ performance administrative de la fonction RH, relative
aux activités de gestion administrative précisées par Le
Louarn et Wils, à savoir : la tenue des dossiers du personnel, le
respect de la réglementation juridique du travail, l'administration des
conventions collectives et la paie.
§ performance opérationnelle de la fonction RH
relative aux activités de gestion opérationnelle décrites
à savoir : la gestion des personnes, la gestion des compétences,
la gestion prévisionnelle, le recrutement, la formation, la
rémunération, l'évaluation, la gestion de la santé
et de la sécurité au travail et les conflits interpersonnels et
collectifs.
§ performance stratégique de la fonction RH
relative aux activités incluses par les deux auteurs à savoir :
l'analyse de l'environnement RH de l'entreprise, la formulation de la
stratégie de GRH, sa mise en oeuvre et l'évaluation de ses
résultats.
Les deux modèles se retrouvent car ces auteurs
s'accordent sur les grands axes d'évaluation en dépit des
spécificités propres à chacun des modèles. Pour
revenir au contexte de notre travail d'étude, la main- d'oeuvre directe
de production, nous avons choisi de travailler avec le modèle d'Ulrich
dans la mesure où il nous permet d'aborder en détail les aspects
de GRH qui sont appliqués de manière formelle (PHP) ou informelle
(CDC/TBP et SPM) dans les exploitations agricoles de bananes dessert au
Cameroun.
Nous venons d'ébaucher les modèles
d'évaluation de la performance de la fonction RH dans les organisations
dont les sociétés de plantations. A présent,
décrivons la démarche méthodologique qui a
été employée pour mener à bien notre
étude.
Section II : Démarche
méthodologique
Dans le cadre de tout travail de recherche ou d'étude,
la démarche méthodologique est importante. A ce propos,
Raymond-Alain THIETRART26(*) souligne que "tout travail de recherche repose sur
une vision du monde, utilise une méthodologie, propose les
résultats visant à prédire, prescrire, comprendre,
construire ou expliquer". Aussi, avons- nous l'obligation d'utiliser une
démarche méthodologique dans le cadre de la réalisation de
ce travail d'étude. A ce propos, nous aborderons d'une part, la
problématique et l'échantillonnage de la population
concernée par notre étude (A). D'autre part, nous reviendrons sur
les méthodes de collecte et d'analyse des informations recueillies sur
le terrain (B).
A. Démarche qualitative
Notre problématique " Comment
améliorer la gestion de la main-d'oeuvre directe en vue de contribuer
à la réalisation efficace de l'objectif de
compétitivité imposé par le marché international
aux producteurs de banane camerounais ?" nous impose d'adopter
une démarche qualitative. La démarche
qualitative généralise les situations à partir de
l'analyse des situations particulières. Elle permet en outre d'analyser
des données qui ne sont pas chiffrées mais qui sont disponibles
sous forme de textes. Il s'agit dès lors d'observer, de collecter ou
d'analyser les caractéristiques précises sur un ou plusieurs
individus (ou l'objet de l'étude) dans le but d'expliquer, de
démontrer la généralisation de celle-ci à
l'ensemble de classe concernée. Schématisons les étapes de
la démarche en empruntant au modèle proposé par AKTOUF
dans son ouvrage.
Figure 4 : Etapes de suivi de la
méthode inductive ou qualitative27(*)
Observations
Analyses
Interprétations
Généralisations
Source : Méthodologie des sciences sociales
et approches qualitatives des organisations : Introduction à la
démarche classique et critique, PUQ, 1992, p. 23.
Sur le terrain et à l'aide de nos guides d'entretiens
préalablement élaborés, nous avons procédé
à des observations, à la collecte et aux analyses des
informations concrètes recueillies et relatives à la gestion de
la main- d'oeuvre directe des sociétés de plantations (objet de
notre étude). De ces analyses, ont été déduites des
interprétations lesquelles ont conduit à des
généralisations pour les 3 sociétés de production
de banane dessert au Cameroun. Les lignes suivantes nous permettront de revenir
sur la problématique inhérente à notre thème ainsi
que sur le cadre d'échantillonnage choisi en vue de l'administration des
guides d'entretiens.
1. Problématique de l'étude
La GRH devient l'un des défis majeurs auxquels doivent
faire face les organisations quelles qu'elles soient. Une meilleure GRH
garantit à l'organisation qui l'a mise en place une meilleure
rentabilité du fait de l'amélioration de la productivité
des employés bénéficiaires ainsi qu'un meilleur
positionnement par rapport à ses concurrents sur son marché. Les
2/3 des sociétés de plantations étudiées dans le
cadre de ce mémoire fonctionnent jusqu'ici suivant les normes
réglementaires sous- tendues par les textes de la Convention Collective
Nationale de l'Agriculture et Activités Connexes (inspirée des
normes standards de l'OIT en matière d'emploi dans les entreprises
agricoles et du Code de Travail camerounais, lui aussi inspiré des
standards de l'OIT) de laquelle découlera les règlements
intérieurs. Le 1/3 restant allie et intègre dans sa gestion de la
main- d'oeuvre directe tant l'aspect normatif sus- mentionné que de la
mise en place par la DRH d'une politique de gestion du capital humain et dont
de la main- d'oeuvre directe, notre population d'étude. La
différence entre les 3 sociétés de plantations se situant
alors au niveau du suivi méticuleux et professionnel de la
productivité de la main- d'oeuvre en termes d'organisation des
tâches, de qualité du travail, de quantités produites, de
gestion des compétences et des carrières.
En dépit de toutes ces précautions, il n'en
demeure pas moins que des problèmes persistent. Les guides d'entretien
administrés et le contact avec les réalités du terrain
nous ont amenés à nous rendrent compte des dysfonctionnements en
matière de gestion de la main- d'oeuvre pourtant maillon essentiel de la
chaîne de production. Ces dysfonctionnements en internes sont liés
essentiellement à une faible importance accordée à la
fonction RH par les plantations. Ceux-ci, s'ils ne sont pas envisagés en
termes de démantèlement et de solutions à trouver propre
à les résoudre, conduiraient à une grave
dégradation de la compétitivité individuelle et donc
collective des sociétés. En relation avec la section 2 de notre
précédent chapitre nous avons choisi comme problématique
central, la question principale ci-après : " Comment
améliorer la gestion de la main-d'oeuvre directe en vue de contribuer
à la réalisation efficace de l'objectif de
compétitivité imposé par le marché international
aux producteurs de banane camerounais ?".
De cette question naît des questions secondaires
suivantes pour les trois sociétés : Comment identifier et
analyser l'existant en termes de politiques et pratiques de gestion de la main-
d'oeuvre directe au sein des plantations ? Quelle comparaison pouvons-
nous établir en la matière pour chacune des trois
plantations ? Quelles pourraient être les perspectives
d'amélioration de cette gestion à apporter ? De cette
problématique découle l'objectif principal de cette étude
à savoir l'amélioration de la gestion de la main- d'oeuvre
directe en aidant les trois sociétés d'un côté,
à mettre en place une politique de gestion performante de leurs mains-
d'oeuvre directes de production qui viendrait alors se greffer à
l'application des textes réglementaires auxquels elles s'en sont
jusqu'ici tenus (CDC/TBP et SPM) et d'un autre côté à
améliorer les pans de cette gestion RH chez celle qui la met
déjà en pratique (PHP). Les objectifs secondaires
rattachés à cet objectif principal sont :
q Identifier et analyser l'existant en termes de politiques et
pratiques de gestion de la main- d'oeuvre directe au sein des
plantations ;
q Etablir un comparatif de politiques et pratiques de gestion
de la main- d'oeuvre directe qui existe entre les 3 sociétés de
plantations ;
q Proposer des perspectives d'amélioration aptes
à contribuer à la réalisation des objectifs de
compétitivité de la filière bananière à
l'international.
2. Echantillonnage
La population choisie dans le cadre de notre étude est
l'ensemble des employés constituant la main- d'oeuvre directe et
travaillant dans la filière banane. Par main- d'oeuvre directe, nous
entendons les ouvriers au champ et en stations de conditionnement et/ou
d'emballage et le petit encadrement composé des chefs de cultures, des
chefs d'équipes et enfin des chefs de stations de conditionnement. Notre
choix a été porté sur cette frange des ressources humaines
des plantations dans la mesure où c'est d'elle que dépend
essentiellement la production et donc les tonnages exportés. De plus, le
document de Stratégie Nationale de la filière bananière
camerounaise la mentionne comme étant l'un des axes prioritaires sur
lequel doit s'exercer des améliorations pour l'atteinte des objectifs de
rentabilité ou de compétitivité sur le marché
européen. En outre, les MAB aux producteurs camerounais visent tout
aussi des améliorations au niveau de la main- d'oeuvre directe de
production. Enfin, au sein des plantations même, c'est à ce niveau
que toutes les décisions de production s'appliquent.
Au- dessus de cette première frange de la population
étudiée se trouve dans un rôle de supervision, une seconde
frange composée des cadres (les commis de plantations, chefs de
plantations, chefs de zones, Directeurs de production) et des administratifs
(toutes les directions fonctionnelles).
Tableau 4 : Présentation
des effectifs pour les cas étudiés par société de
plantations
Plantations
Effectifs
|
PHP
|
CDC/TBP
|
SPM
|
Unité de production BOUBOU
|
Unité de production POUNGO
|
Unité de production SIEGE
|
Hommes
|
197
|
228
|
105
|
Femmes
|
18
|
35
|
39
|
Total
|
215
|
263
|
144
|
Source : statistiques internes aux
sociétés de plantations
Dans le cadre de l'administration des guides d'entretiens sur
le terrain, un échantillon d'interrogés pour chacune des
plantations a été arrêté. Les plantations
étant étalées sur plusieurs unités de production
distantes les unes les autres, nous avons choisi à dessein de mener
notre étude, d'en circonscrire le champ d'analyse. A ce propos, trois
unités de production (une pour chacune des trois plantions) ont
été repérées pour conduire l'étude de la
gestion de la main-d'oeuvre directe au sein de la filière
bananière camerounaise. Les unités de production retenues et qui
feront l'objet d'analyse approfondie parce que représentatives de la GRH
au sein de toutes les plantations sont : Boubou pour PHP ; Poungo
pour CDC/TBP et Siège pour SPM. Les informations disponibles sur les
effectifs de ces trois unités considérées seront
respectivement pour les périodes de mai (PHP et SPM) et mars
201128(*) (CDC/TBP). Le
tableau ci- dessous donne une lecture claire de ladite population. L'objectif
poursuivi étant d'avoir une vue générale sur la gestion de
la main- d'oeuvre d'un côté (décideurs) comme de l'autre
(cibles des décisions) pour pouvoir évaluer l'impact de ces
décisions sur la cible en termes de niveau de compréhension et au
niveau d'application par la cible des décisions qu'ils sont tenus de
respecter (traitement).
Tableau 5 : Personnes
interviewées lors de l'administration des guides d'entretiens
|
Unités de production
|
Personnes interviewées
|
BOUBOU(PHP)
|
POUNGO (CDC/TBP29(*))
|
SIEGE (SPM)
|
Ouvriers
|
4
|
4
|
4
|
Chefs de stations
|
1
|
1
|
1
|
Chefs d'équipes
|
0
|
0
|
1
|
Chefs de plantations
|
1
|
1
|
1
|
Chefs de zone
|
0
|
0
|
1
|
Directeur de projet
|
0
|
1
|
0
|
Agents DRH
|
1
|
4
|
1
|
Directeurs RH
|
1
|
1
|
1
|
Total
|
8
|
12
|
10
|
Source : statistiques des personnes
interviewées par nos soins.
Nous retenons au terme de ce point que notre
problématique nous a orienté vers une démarche qualitative
dans la mesure où il s'agit d'évaluer la performance de la
gestion de la main - d'oeuvre directe au sein de la filière
bananière par le biais des sociétés de plantations qui la
compose. Nous avons également pu relever l'échantillonnage des
cas étudiés qui en fait sont des unités de production de
ces sociétés. Une présentation plus
détaillée de chacune des sociétés de plantations
sera faite lors de la description de l'existant de chacune d'elles à
travers les unités de productions choisies comme cas pratiques.
B. Collecte des informations et analyse des données
La collecte des informations est une tâche cruciale pour
toute personne qui souhaite mener une recherche ou une étude.
1. Outils de collecte
La population d'étude, la recherche documentaire, les
recherches exploratoires, les consultations de sites internet et enfin les
guides d'entretiens nous ont permis de collecter les informations dont nous
avions besoin. Le tableau ci- après récapitulera les
données recueillies par thèmes et leurs sources.
Informations
Thèmes
|
Disponibles
|
Sources
|
oui
|
non
|
Thème 1 : le système de gestion des
ressources humaines en plantations
|
|
ü -
|
Documents internes aux sociétés de plantations
(PHP, CDC/TBP et SPM)
|
Thème 2 : la cohérence entre normes de
travail et GRH en plantations
|
|
ü -
|
Convention Collective Nationale de l'Agriculture,
règlements intérieurs, Code du travail, normes de l'OIT,
questionnaires sur les MAB administrés auprès des producteurs
|
Thème 3 : Système de management de
plantations
|
-
|
|
ü Aucun document spécialisé
retrouvé. Mais, utilisation de manuels spécialisés en
Management avec application aux sociétés de plantations
|
Thème 4 : cas pratique
|
|
ü -
|
Résultats issus de l'administration du guide
d'entretien y afférent
|
Tableau 6 : Récapitulatif des
données recueillies
Source : sociétés de plantations,
documents internes et ouvrages
Recherches exploratoires
Ce sont des informations recueillies au moment présent
de la recherche dans le but de répondre aux questions spécifiques
de recherches. Elles permettent à l'utilisateur d'en avoir la
maîtrise totale à la fois de la méthodologie de leur
recueil et de leur présentation. Résultantes très souvent
d'une insuffisance de données secondaires, elles ont ici
été recueillies essentiellement par le biais des entretiens
menés auprès des personnes ressources exerçant au sein des
plantations, objets de notre étude.
A ce propos, par les moyens de l'observation et des guides
d'entretiens, nous avons pu parcourir avec les personnes ciblées et
susceptibles de disposer les informations recherchées, les aspects GRH
pratiquées au sein de leurs exploitations agricoles à l'instar du
système de gestion des ressources humaines, de l'organisation du
travail, du système de management en vigueur. Nous avons
également pu nous entretenir avec un échantillon d'ouvriers en
stations et au champ en vue de nous assurer s'ils comprennent ce pourquoi ils
travaillent ou encore s'ils savent ce que la notion de "conscience
professionnelle" implique pour eux vis-à-vis de leurs entreprises
respectives.
Entretiens
Pour la réalisation de ce mémoire, nous
avons choisi d'utiliser la méthode qualitative en recourant aux
entretiens individuels et semi- directifs. Alain BlANCHET et Anne GOTMAN
définissent dans leur ouvrage que «L'entretien est une technique
qui s'impose lorsqu'on veut aborder certaines questions. C'est une
démarche qui soumet le questionnement à la rencontre, au lieu
de le fixer d'avance.»30(*). L'entretien est donc une méthode de
production de discours permettant ainsi de recueillir des opinions et des faits
concrets. Les guides d'entretien élaborés dans ce cadre sont
ci-après énumérés :
q Un guide d'entretien sur "le système de gestion des
ressources humaines en plantations" adressé aux Directeurs des
ressources humaines qui nous renseignera sur les politiques et pratiques de GRH
actuellement en vigueur dans chacune des trois plantations (PHP, SPM et
CDC/TBP) ;
q Un guide d'entretien sur "la cohérence entre normes
de travail et GRH en plantations" et "Organisation du travail en plantations"
adressé au DRH et au Directeur de productions qui fera ressortir le
comparatif entre le standard normatif de l'O.I.T et les politiques et pratiques
(Droit de travail camerounais, convention agricole spécifique
complétée par une convention propre à la filière
bananière) ;
q Un guide d'entretien "Système de management de
plantations" adressé aux DRH et aux chefs de zone, de plantations, de
culture et d'équipes qui nous aidera à déterminer les
techniques de management et le niveau d'organisation des plantations
actuellement usitées par les producteurs ;
q Et enfin, un guide d'entretien (qui comportait tous les
thèmes ci- dessus) adressé aux chefs de zone et de plantations
qui nous aidera à ressortir des cas pratiques de GRH en prenant comme
base de travail une plantation de chacune des sociétés.
Les différents entretiens se sont
déroulés parallèlement dans les bureaux des
différents Directeurs des ressources humaines rencontrés d'une
part et au sein des unités de production qui ont été mises
à notre disposition dans le cadre de la réalisation des cas
pratiques où nous avons pu interviewer tant les chefs de plantations,
les chefs de culture, d'équipes que les ouvriers pris au hasard dans la
masse (au champ comme en station).
Observations
Le Petit Larousse31(*) illustré défini l'observation comme
étant "une attention donnée à certaines choses".
L'observation peut être soit directe (participante ou non participante)
soit indirecte (analyse documentaire ou analyse de conversation). Notre
étude, nous a conduit à une observation participative explicite
sur le terrain dans la mesure où nous avons été introduits
formellement auprès des interviewés avec précision du
cadre des entretiens devant être menés. Nos observations nous ont
permis de confronter les réponses aux questions posées lors des
interviews dans le bureaux aux réalités sur le terrain.
Recherches documentaires
Elles ont pour caractéristique essentielle de
préexister à l'étude considérée. Elles se
situent soit à l'intérieur de l'entreprise soit dans les
bibliothèques, banques de données ou toute organisation
professionnelle. Elles présentent l'avantage d'être obtenues
rapidement et d'être peu coûteuses même si leur ergonomie ne
correspond pas toujours aux objectifs de l'étude visée. Ainsi
rassemblées, il ne nous restera plus qu'à devoir les explorer et
exploiter à bon escient. Dans le cadre de notre travail de recherche,
nous avons pu avoir recours à des ouvrages d'auteurs
spécialisés en Management des Ressources Humaines, nous avons pu
parcourir les textes réglementaires (Convention Collective, Code de
travail, règlements intérieurs, Accord d'entreprise) sur la
gestion des travailleurs des grandes plantations agricoles ou encore des sites
internet d'organismes traitant de la banane et de la gestion des
travailleurs de plantations (site internet de l'O.I.T).
2. Analyse de données
A ce niveau, nous avons eu recours à la
méthode d'analyse de contenu en vue d'extirper des
guides d'entretien l'essentiel des informations qui nous aurait aidé
à rédiger notre mémoire. A ce propos, deux phases de
travail ont été nécessaires :
q La description de l'existant obtenu à travers
l'analyse de contenu des différents guides d'entretien ;
q L'analyse de cet existant pour ressortir les points
convergents et divergents de la gestion de la main- d'oeuvre directe en termes
de respect des normes et standards en la matière (analyse
brève) ; des aspects de GRH relevés (gestion de l'emploi,
politique de rémunération, politique de valorisation des
RH , gestion des conflits et la communication), management des ouvriers et
du personnel du petit encadrement (analyse plus étendue).
2.1 Analyse de contenu
Elle est une technique qui consiste en l'étude
détaillée des contenus de documents et pour notre cas
précis des guides d'entretiens administrés sur le terrain. Elle a
pour rôle de dégager les significations, associations non
perceptibles directement à la simple lecture des documents. S'il existe
principalement deux types d'analyse de contenu (l'analyse de contenu
quantitative et l'analyse de contenu qualitative), nous avons opté pour
l'analyse de contenu qualitative. Celle- ci s'intéresse à la
présence ou à l'absence des thèmes, des mots ou des
concepts dans un contenu en y décelant l'intérêt
particulier, la nouveauté qu'ils recèlent ou leur poids
sémantique par rapport au contexte. La prise de note est le moyen le
plus recommandé pour réaliser cette analyse (retenir les
idées clé contenues dans les textes à analyser selon les
principes de l'analyse thématique). Les thèmes sont donc
découpés en fonction des objectifs de l'étude.
Nous analyserons chaque cas de plantations pris
isolément ou analyse de l'intra- cas en décrivant l'existant en
matière de gestion de la main- d'oeuvre directe qui prévaut en
répondant aux questions : Qu'est ce qui se passe ? Comment
cela se passe- t- il ?
Tableau 7 : Grille d'analyse de contenu de la
gestion de la main- d'oeuvre directe des sociétés de
plantations
Guides d'entretiens
|
Interviewés
|
Outils d'analyse
|
Résultats
|
Thème 1: le système de gestion des
ressources humaines en plantations
|
DRH, chefs de zone, chefs de plantations
|
Analyse de contenu
|
Meilleure compréhension des pratiques de gestion de la
main- d'oeuvre directe
|
Thème 2 : la cohérence entre
normes de travail et GRH en plantations
|
DRH, chefs de zone, Directeur de projet et agent DRH
|
Analyse de contenu
|
Observer le niveau d'implication des sociétés de
plantations dans l'applications de ces réglementations lors de la
gestion de la main- d'oeuvre directe
|
Thème 3 : Système de
management de plantations
|
DRH, chefs de zone et chefs de plantations
|
Analyse de contenu
|
Comprendre le management de la main- d'oeuvre
|
Thème 4 : cas pratique
|
chefs de plantations, chefs de cultures chefs d'équipes et
ouvriers
|
Analyse de contenu
|
les entretiens menés auprès de l'administration
(DRH) des plantations ont été affinés
|
Source : résultats des guides d'entretiens en
annexes
2.2 Analyse croisée ou comparative
L'analyse croisée ou l'analyse des cas inter-sites
nous permettra dans le cadre de cette étude d'identifier les processus
et les résultats qui se retrouvent dans 3 cas d'unités de
production abordées et représentatives de la gestion de la main-
d'oeuvre dans toutes les plantations de ces sociétés de
production de la banane dessert et de comprendre comment ceux-ci
fonctionnent. Dans le cadre de cette analyse nous croiserons les pratiques de
gestion de la main- d'oeuvre directe à PHP, CDC/TBP et SPM et nous
dégagerons les éléments convergents et divergents.
Au regard de tout ce qui précède, nous
retiendrons que nous avons utilisé une démarche qualitative ou
inductive avec comme outils de collecte des informations : les recherches
exploratoires (guides d'entretiens, observations) et documentaires. L'analyse
des données s'est fait grâce à l'analyse de contenu. Celle-
ci nous a aidés à procéder à l'analyse de la
gestion de la main- d'oeuvre directe au sein des 3 plantations distinctes mais
également d'en effectuer une analyse croisée ou comparative entre
sociétés.
En guise de conclusion générale de cette
première partie, nous dirons qu'elle nous a permis de faire
connaissance avec la filière bananière camerounaise, les
différents enjeux et surtout les acteurs internes et externes qui
s'activent au bon fonctionnement de celle-ci. Nous avons pu relever les aspects
fondamentaux de la gestion des ressources humaines applicables dans les
plantations de banane. A ce propos, nous avons fait le tour des textes
réglementaires et des référentiels en matière de
gestion des ressources humaines et par ricochet de la main- d'oeuvre directe au
sein des plantations de banane dessert du Cameroun. En dernier ressort,
opportunité nous a été donnée de décrire la
démarche méthodologique qui a été la nôtre
tout au long de l'élaboration de ce travail d'étude. A
présent, nous allons entamé la deuxième partie de ce
mémoire. Tout au long de cette partie, nous revisiterons la description
de l'existant en gestion de la main- d'oeuvre directe en vigueur au sein des 3
sociétés de plantations. Cette description fera ensuite l'objet
d'analyses et de commentaires pour aboutir aux perspectives
d'amélioration de ladite gestion.
IIÈME PARTIE :
ANALYSE DE LA GESTION DE LA MAIN- D'OEUVRE DIRECTE DE
LA FILIERE BANANIERE ET PERSPECTIVES D'AMELIORATION
La section première du chapitre troisième nous
donnerons les détails de la gestion quotidienne de la main- d'oeuvre
directe par le canal des cas d'unités de production
considérées et représentatives de toutes les plantations
de PHP, CDC/TBP et SPM en vigueur au sein des exploitations agricoles de
banane. Le chapitre deuxième de cette partie, en nous inspirant des
problèmes à résoudre (faits justifiant cette
étude), nous y aborderons les perspectives qui soient de nature à
guider les plantations sur les pistes d'amélioration de la
qualité, des conditions de travail de la main- d'oeuvre directe avec des
impacts immédiats sur la qualité des fruits, de leur
productivité et dont de la compétitivité sur le
marché international.
CHAPITRE III : ANALYSE DE LA GESTION DE LA
MAIN-D'oeUVRE DIRECTE DE LA FILIERE BANANIERE
Ce chapitre nous donnera de revenir sur la description
détaillée des cas pratiques effectués dans les
unités de production représentative de la gestion de la main-
d'oeuvre directe appliquée à toutes les plantations qui forment
chacune des 3 sociétés de plantations de banane ceci en nous
appuyant sur le modèle d'Ulrich retenu dans le cadre de cette
étude.
Section I : Orientation stratégique de la
gestion de la main- d'oeuvre directe dans les Plantations
Cette section nous permet de décrire l'existant de la
gestion de la main- d'oeuvre directe de production tant chez PHP que chez
CDC/TBP ou encore chez SPM. Quelles sont les pratiques de GRH qui y
prévalent ? Telle est la question à laquelle nous allons
répondre au long de cette section grâce au modèle d'Ulrich
préalablement choisi.
A. Alignement stratégique aux besoins des
mûrisseries européennes
Nous tenterons grâce aux informations recueillies par le
canal des guides d'entretiens, d'exposer l'existant en matière de
stratégie de gestion de la main- d'oeuvre directe au sein des 3
sociétés de plantations. Nous tenons à souligner que les
cas pratiques sont là pour nous donner une vue générale de
cette stratégie dans toutes les plantations.
1. Existant chez PHP : cas de
Boubou
La PHP est une société de plantations
composée de 3 grands domaines ou regroupements. Les regroupements ici
s'assimileraient bien à la segmentation des plantations en zones chez
SPM et à CDC/TBP. Chaque domaine a à sa tête 1 chef de
domaine qui est secondé dans ses fonctions par 1 adjoint. Dans chaque
secteur se trouve 1 chef de plantations (ou chef de secteur) avec 2 contre-
maîtres (champ et station). La configuration des domaines est la
suivante :
- Domaine Est : PHP- 1 qui comporte 3 secteurs Koumbe,
Penja Est et Penja Ouest + PHP- 2 (secteurs de Bouba et Sir) avec 1 chef
plantation chacun ;
- Domaine Sud : PHP- 3 (secteurs Boubou et Njoungo) +
PHP- 4 (2 secteurs : Dia Dia et Njombe) ;
- Domaine Nord : PHP- 5 ( 1 secteur : Mbome), la
zone Penja ( 4 secteurs : PHP Bas, PHP Haut, Bonandam et Mpoula) ;
les plantations de Nassif (2 secteurs : Nassif Haut et Nassif Bas), les
plantations de Loum (2 secteurs Loum 1 et Loum 2) et les plantations de Mantem
(2 secteurs Matem1 et Mantem 2) ;
Et enfin isolé des autres plantations, le secteur de
Tiko dans la Fako avec 1 chef de secteur.
PHP- 3, troisième plantation est composée de 2
secteurs à savoir les unités de production de Boubou et de
Djoungo. Le secteur Boubou32(*) qui fait office de notre cas pratique, s'étale
sur 175,22 ha. Son effectif total au mois de mai 2011 est estimé
à 215 ouvriers33(*). Les ouvriers sont répartis par sexe,
âge, ancienneté et catégorie socio- professionnelle (annexe
VII34(*)).
Il faut dire que l'un des buts poursuivis par une telle
configuration des plantations est une meilleure gestion de la
productivité de la main- d'oeuvre directe, des surfaces ; un
meilleur suivi des activités de production et enfin une meilleure
répartition des ressources matérielles et techniques.
Après cette brève présentation de l'unité de
production, objet de notre cas pratique, procédons à la
description de l'existant en matière de stratégie de gestion de
la main- d'oeuvre directe.
En tant que partenaire stratégique, la Direction
RH35(*) dans cette
société de plantations joue un rôle clé en ce sens
qu'elle est un support de la stratégie de gestion de la main- d'oeuvre.
C'est elle qui pense les voies et moyens idoines pour développer les
compétences actuelles en plantations. En clair, elle étudie
préalablement avec les Directeurs d'exploitations, les chefs de Domaines
et chefs de production, les besoins en main- d'oeuvre en fonction des objectifs
généraux fixés par le top management de l'entreprise. Par
la suite, elle (DRH) étudie les moyens à mettre en oeuvre pour
réaliser ces objectifs en termes de réorganisation des
équipes, d'amélioration des activités en plantations, de
recrutements (fréquences, nombre, qualifications) ou de formations. Ces
différentes stratégies, une fois élaborées sont
soumises à réflexion par le top management qui décide
alors de la fiabilité et autorise le déblocage des fonds
nécessaires. Il convient de souligner que le mécanisme ci- dessus
décrit est fonction de la demande du marché européen de la
banane dessert transmise au producteur PHP par les mûrisseries
européennes qui se posent en intermédiaires entre les
consommateurs européens, les magasins et le fournisseur PHP. Nous
n'avons malheureusement pas de données chiffrées pour
étayer notre propos. Lors de nos entretiens, nous n'avons pu obtenir que
les explications ci- dessus énoncées.
2. Existant chez CDC/TBP : cas de Poungo
CDC/TBP est un ensemble constitué de 3 zones de
plantations (Tiko, Mondoni et Benoe) à la tête desquels se trouve
3 administrateurs de plantations (l'équivalent de chefs de plantations
à PHP et à SPM). La zone de Tiko comprend 3 plantations Mafunja
I, Mafunja II et Poungo. La zone de Mondoni a 2 plantations Mondoni I et
Moquo. Enfin, la zone de Benoe composée de 3 plantations Benoe, Esuke et
Bwinga. Le Tiko Banana Project a à sa tête un chef de projet. Ce
projet s'étend sur 3000 ha environs avec un effectif total de 4 458
ouvriers y compris le petit encadrement appartenant toutes à la CDC et
mis à disposition de Del Monte Cameroun (DMC) dans le but de produire de
la banane dessert d'exportation. Ce dernier naît en 1987 du partenariat
CDC/Del Monte Cameroun et porte sur une assistance technique en vue de la
production et la distribution de la banane dessert de CDC sur le marché
européen. Ce partenariat est arrivé à son terme en
décembre 2010 dernier. Il est prévu 3 ans de préavis avant
la passation définitive de service à la CDC par Del Monte. La
plantation Poungo36(*)
appartient à la zone de Tiko. Elle a 262,57 ha avec un effectif de
26337(*) ouvriers.
En tant que partenaire stratégique, le Responsable RH
n'a pas grand rôle à jouer. Il est tout juste une courroie de
transmission des besoins des chefs de production auprès de la DRH de
CDC. C'est cette Direction qui décide en accord avec le top management
du nombre d'ouvriers à recruter en fonction des commandes provenant des
mûrisseries européennes. L'organigramme de la fonction RH du
CDC/TBP ci- dessous nous aide à mieux comprendre cet état de
fait.
Direction Général CDC
Direction des ressources humaines CDC
Responsable RH Tiko Banana Project
Assistant administratif et du personnel
Agents de bureau
Figure 5 : schématisation de la
fonction RH à CDC/TBP
3. Existant chez SPM : cas de
Siège
La SPM est un ensemble de plantations avec 800 ha de surfaces
plantées. Elle est scindée en 02 zones. La première zone
est celle de Mbanga/Ndom avec 5 plantations (donc 05 chefs de
plantations), 5 chefs de cultures et 5 chefs de stations. La deuxième
zone est celle de Penja/Manjo qui comprend 4 plantations (donc 4 chefs de
plantations), 4 chefs de cultures et 4 chefs de stations. L'effectif ouvrier
sur toutes ces plantations est estimé à 1080 personnes.
`Siège'38(*) notre
cas pratique est une plantation d'environs 132 ha de superficie et 101 ha de
surface plantée appartient au découpage zonal de Penja/ Manjo.
Son effectif39(*) main-
d'oeuvre est de 144 ouvriers.
En termes de partenaire stratégique, le DRH joue un
grand rôle de part sa position sur l'organigramme et les
prérogatives qui lui sont dévolues dans le cadre de l'exercice de
ses fonctions . L'organigramme de cette fonction à la SPM est
présenté ci contre. En collaboration avec le Directeur de
production et les chefs de zones et en fonction de la demande issue des
mûrisseries européennes, il propose une prévision de
recrutement ou non de main- d'oeuvre directe à même de satisfaire
les objectifs de production connus. Cette proposition est soumise au top
management qui décide de la mise en place ou non des moyens financiers
et matériels devant permettre la réalisation des objectifs de
production.
Direction Générale
Direction des ressources humaines
Personnel (contrats et suivi)
Embauche et confirmation (avec comité DAF/DP/DT)
Médecine du travail (Médecin & infirmiers)
Transport personnel (avec DAF/DP/DT)
Relations locales (travail, CNPS, chefferies, Sous
préfets, Mairie)
Gestion des terres avec DAF
Procédures et ration (avec DAF et DP)
Figure 6 : schématisation organigramme
DRH de la SPM
Secrétariat RH
Nous venons de décrire l'aspect stratégique en
vigueur au sein des 3 sociétés de plantations. Nous retiendrons
que pour ces sociétés, seules les commandes en provenance des
mûrisseries européennes déclenchent la mise en place des
objectifs généraux déclinés en objectifs
spécifiques pour l'ensemble de plantations qui les constituent lesquels
déterminent la main- d'oeuvre directe nécessaire à
recruter pour les réaliser. A présent abordons l'aspect
changement organisationnel de la fonction RH.
B. Manifestations du changement organisationnel dans les
plantations
Il s'agit pour nous de déterminer le rôle de la
fonction RH des 3 sociétés de plantations dans tout processus de
changement qui interviendrait au sein desdites entreprises prises en tant
qu'organisations à part entière.
1. Existant chez PHP : cas de Boubou
Le changement organisationnel revêt quatre visages
à la PHP.
Le premier visage est celui de l'organisation du travail. Tout
comme les autres plantations, Boubou est sorti du système de bloc
généraliste et polyvalent pour adopter celui de la
spécialisation par tâche et de la polyvalence par métiers.
Aujourd'hui le travail de l'ouvrier s'organise autour d'un système de
spécialisation des tâches et une polyvalence par
métiers40(*). Il
s'agit de l'attribution et de l'évaluation des gestes avec
possibilité de détecter le maillon faible sur une année
entière. Par ailleurs, il devient plus facile d'établir les
responsabilités des uns et des autres en cas de faute ou de geste mal
exécuté. Ce système de gestion organisationnelle des
tâches est satisfaisant en termes d'efficacité. Il a permis
l'amélioration de l'efficacité des ouvriers pris collectivement
et individuellement. Les types d'organisation existants ici sont décrits
ci-dessous :
- une organisation individuelle : heure de début
et de fin ;
- une organisation temporelle : heure arrivée et
de départ ;
- une organisation volumétrique : définir
le volume de travail journalier ;
- une organisation spatiale : rotation sur les
unités de surfaces (oeilletonnage on revient sur le même pied
4j après ; pour les soins aux fruits 3j après ;
l'haubanage et le comptage (sur des pieds différents) pieds 1 fois tous
les 6j sur le même espace) ;
- une organisation chronologique : dans l'application
des gestes mise en oeuvre par le chef de plantation.
Le deuxième visage que revêt le changement
organisationnel à la PHP est celui de l'organisation des équipes
de travail. C'est ainsi qu'il est passé d'un système de travail
en équipes à un choix totalement différent et
présenté de la manière suivante :
- un système de travail individuel ou par monôme
(un ouvrier un espace) avec accomplissement d'un geste précis sur toute
l'année. Comme exemples les gestes d'oeilletonnage, de soins aux fruits
et d'haubanage.
- un système de travail en binôme (2 ouvriers un
geste). A titre d'exemples, le geste d'assainissement ou celui de recourrage
des pieds chutés.
- enfin, un système de travail d'équipe avec une
dilution des individus dans l'équipe et une gestion impersonnelle
(comptage fleur et pré-calibrage des régimes en stations
d'emballage) ou encore un travail d'équipe avec gestion
individuelle des ouvriers de l'équipe (coupe).
L'avantage -tout en n'excluant pas la surveillance et la
supervision- de ce type d'organisation du travail au champ étant que
l'ouvrier peut s'organiser librement. Le travail est mieux organisé et
effectué avec efficacité. Toutefois, étant dans un
système dynamique, il peut arriver que la donne change.
Le troisième visage revêtu par le changement
organisationnel à la PHP est le passage d'une agriculture intensive
à une agriculture raisonnée. En effet, PHP s'est inscrite dans
une logique d'agriculture raisonnée qui suppose la réduction
significative des consommations de produits chimiques, la sécurisation
de l'être humain et la préservation maximale de l'environnement
au-delà des contraintes naturelles de production.
Le quatrième et dernier visage du changement
organisationnel passe par l'intégration dans les habitudes des ouvriers
de la notion de "culture d'entreprise". L'objectif visé étant de
susciter en chaque ouvrier plus de responsabilités lors de
l'accomplissement de sa tâche et surtout afin qu'il fasse sienne
l'entreprise dans laquelle il travaille chaque jour. A cet effet, des
formations sont organisées au sein du centre de formations aux
métiers de la banane de la société (PHP) auxquelles se
greffent aussi bien des périodes de sensibilisation.
2. Existant chez CDC/TBP : cas de
Poungo
Le changement organisationnel se situe d'un côté
au niveau de l'approche managériale plus souple et flexible. CDC/TBP
passe peu à peu d'une approche Taylor à une approche de
l'école des relations humaines en ce sens que les ouvriers ne sont plus
traités en simples "instruments permettant de réaliser des
tonnages" mais bien comme des collaborateurs qui se mettent à
contribution pour maintenir l'entreprise en état de fonctionnement.
Cette transition passe aussi par l'approche de résolution de conflits
qui est celle du dialogue social venu rompre avec le dialogue des sourds qui
semblait planer (à l'origine des 2 graves crises sociales qui ont
secoué des plantations en 1999 et 2002). Ces expériences
justifient au niveau la fonction RH de cette structure l'application d'un
management de proximité vis- à- vis des ouvriers en allant
à leur rencontre pour discuter des problèmes auxquels ils sont
confrontés au quotidien ou résoudrent des crises sociales. En
effet, en 1999 et 2002, des mouvements d'humeur éclatent chez les
ouvriers au sein des plantations de CDC/TBP. Ils sont alors
liés à une absence criarde de communication entre les ouvriers et
leurs hiérarchies. Seuls le dialogue social et le management de
proximité ou rapprochement ont permis d'y mettre un terme. Depuis, ces
politiques sont de rigueur.
Le changement organisationnel passe aussi par la mise en place
des moyens concrets d'instauration et de maintien d'un climat social
harmonieux. A ce propos, nous pouvons évoquer par exemple un suivi
méticuleux de la procédure de choix d'un
délégué de personnel, le
reclassement systématique (le personnel a désormais ses
droits à temps et ceci à partir du moment où la
catégorie et les échelons changent) et enfin la promotion de la
communication et de l'échange. Nous citerons aussi la dotation des
stations d'emballage de postes radio et musicaux qui sont allumés
pendant les heures de travail et accompagnent les ouvriers durant le temps mis
au travail en agrémentant l'accomplissement de leurs tâches
3. Existant à SPM : cas de
Siège
Le changement organisationnel s'inscrit ici à 3 niveaux
dont l'approche managériale, la création d'un climat social
favorable et le traitement des ouvriers.
En termes d'approche managériale, SPM a assuré
avec son Directeur des RH actuel, sa transition du management ouvrier selon
Taylor au management ouvrier selon l'école des relations humaines. Cette
réussite est perceptible en ce moment où SPM transverse une grave
crise financière interne et se trouve en voie de restructuration. Les
ouvriers continuent de travailler malgré les conditions précaires
de travail. De manière concrète, cette transition se manifeste
par la prise en compte et l'amélioration des conditions de travail des
ouvriers avec par exemple la mise à disposition des EPI, la
créations des infirmeries ou encore de l'instauration des
activités syndicales.
En matière de création d'un climat social
favorable, les barrières virtuelles qui séparaient la haute
hiérarchie des ouvriers peu à peu ont été
brisées. Le contact par exemple entre les ouvriers et le DRH ne
souffrent plus d'aucune restriction. Cette observation se vérifie
également entre ces ouvriers et leurs chefs de plantations ou de zones.
Enfin, pour ce qui est du traitement ouvrier, l'un des
changements majeurs dans le service de la fonction RH à son client
"main- d'oeuvre directe" est la revalorisation de la grille salariale (Accord
d'entreprise, mars 2008) par rapport à la grille proposée par la
Convention Collective Nationale de l'Agriculture et Activités connexes
de mai 200941(*).
En guise de conclusion de cette section, nous allons rappeler
les principaux points sur lesquels porte le changement organisationnel au sein
des 3 sociétés de plantations. A PHP, nous en avons
répertorié 4 : l'organisation du travail, l'organisation des
équipes de travail, le passage d'une agriculture intensive à une
agriculture raisonnée et l'intégration dans les habitudes des
ouvriers de la notion de "culture d'entreprise". A CDC/TBP, nous en avons
retenu 2 aspects : l'approche managériale passée du rigide
au flexible et de proximité auquel s'ajoute la mise en place d'un climat
social harmonieux. Au niveau de SPM enfin, le changement organisationnel se
résume en l'approche managériale, la création d'un climat
social favorable et en le traitement des ouvriers. Qu'en est-il de
l'orientation opérationnelle de cette gestion ?
Section II : Orientation opérationnelle de
gestion de la main- d'oeuvre directe dans les plantations
Il s'agit de la gestion quotidienne de la main- d'oeuvre
directe dans les plantations de banane. Nous parlerons toujours selon le
modèle d'Ulrich, des aspects administratif et "champion des
salariés" de la fonction RH tels qu'ils se présentent pour
l'heure dans les plantations.
A. Importance de l'administration du personnel dans les
plantations
L'administration du personnel concerne les ouvriers et le
petit encadrement dans les plantations de bananes. Nous revisiterons l'existant
pour chacune des 3 plantations.
1. Existant chez PHP : cas de
BouBou
La DRH est structurée en services dotés de
rôles précis à dessein d'assurer la qualité de
service vers les "clients" ouvriers et petit encadrement de plantations.
L'organigramme de la fonction RH en annexe VIII nous en donne un aperçu
général sur les différents services et sur les cinquante
neufs personnes qui y sont affectées. Les agents administratifs
appartenant au service du personnel par exemple, ont un rôle très
important en ce sens qu'ils sont un relais entre les ouvriers et la DRH.
Considérés comme "l'oeil" de la Direction des RH dans les
plantations, ils font des descentes régulières sur le terrain
pour se rendre compte de la situation qui y prévaut au quotidien, notent
les manquements, résolvent des conflits si ils existent et font un
rapport fidèle au Directeur des RH. Ces services ont la charge de la
gestion administrative et du personnel à l'instar de la paie, du
recrutement, des départs à la retraite ou des mises en
congés à travers la tenue du dossier pour chaque ouvrier. Ces
services tiennent également des archives manuelles et informatiques.
Nous avons aussi observé que le système informatique est non
seulement centralisé mais encore réservé à
certains services.
2. Existant chez CDC/TBP : cas de
Poungo
De nos observations sur le terrain associées à
l'organigramme de la fonction RH à CDC/TBP ci- dessus, il ressort que
cette fonction comporte 6 personnes réparties ainsi qu'il suit : 1
Responsable RH, 1 assistant administratif et du personnel et 4 agents
administratifs. Ces agents ont la charge de la gestion administrative et du
personnel comme à la PHP en étroite collaboration avec le
Responsable RH qui lui rend compte au DRH de CDC. La tenue des dossiers du
personnel est encore manuelle ici.
3. Existant chez SPM : cas de
Siège
La structure de la fonction RH à SPM ci- dessus met en
exergue 9 postes principaux de travail assurés par 4 personnes
(Directeur RH et chefs de services) auxquels se greffent des agents pour se
mettre au service du client "main- d'oeuvre" en vue de lui assurer un service
de qualité. Chaque ouvrier a un dossier à la DRH. L'archivage ici
est aussi manuel les plantations où travaillent les commis42(*). Les autres objectifs de cet
aspect de la fonction RH - comme chez les 2 précédentes
sociétés - sont assurés.
B. Champion des salariés
Les principaux rôles de cet aspect de la fonction RH est
de rechercher la maximisation du niveau d'engagement, de motivation, de
compétences et de contribution de la main- d'oeuvre directe. Ses
objectifs pourront ainsi traiter du recrutement, des conditions de travail
(hygiène, santé & sécurité), de la
qualité du travail, de la rémunération, de la
formation, de la gestion des compétences et du climat social (gestion de
conflits interpersonnels et collectifs). Qu'en est-il de la
réalité au sein des 3 plantations ?
1. Existant chez PHP : cas de BouBou
Nous décrirons les pratiques de gestion de la main-
d'oeuvre directe en vigueur dans cette plantation prise pour unité
d'étude.
Gestion de l'emploi.
L'intervalle de recrutement du personnel est compris à
la PHP entre 17 et 30 ans. Les conditions de recrutement sont pour les
ouvriers, 1 photocopie de CNI43(*) en sus d'une visite médicale
systématique. Pour le petit encadrement, 1 demande d'emploi, 1
photocopie de CNI, 1 visite médicale systématique, 1 certificat
de travail, 1 copie de diplôme, 1 CV et 1 lettre de motivation. Les
nouveaux venus sont mis soit en couple avec un ancien pour apprendre les
gestes ou envoyés au centre de formation du métier de la
banane au sein de la PHP.
Les évaluations permettent de déterminer les
salaires divisés en part fixe (base) et en part variable44(*). Les évaluations
sont faites tant pour le travail en individuel, en binôme qu'en
équipe sur une journée de 8 heures. La détermination de la
part variable quant à elle se fait par les soins du service process-
qualité. Par ailleurs, il convient de relever que les
évaluations sont qualitatives (soins aux fruits, oeilletonnage et
effeuillage) et quantitatives (en stations d'emballage : force de travail
et qualité de fruit). Enfin, les évaluations qualitatives
concernent aussi les comportements, la présentation physique,
l'implication dans le travail et la discipline pour les ouvriers. A ces
éléments d'évaluation s'ajoutent pour le petit
encadrement, les aptitudes professionnelles ou encore les capacités
managériales.
Les promotions en interne sont très encouragées
lorsque les compétences existent, sinon les recrutements externes sont
lancés. En ce qui concerne la mobilité, nous avons pu relever
qu'elle se décline sous formes diverses à savoir la mutation
(mobilité géographique) ; les affectations45(*), la rétrogradation, la
mise en observation ou de licenciement/ départ. Enfin pour la mise en
retraite fixée à 60 ans, l'entreprise s'engage quant aux
formalités y afférentes. A ce propos, les ouvriers appelés
à faire valoir leurs droits à la retraite sont notifiés
tous les premiers (1er) janvier et juillet de l'année. Le
plan de carrière tant pour les ouvriers que pour le petit encadrement
s'effectue selon les figures 8 et 9 présentées en annexe XIII.
Politique de rémunération
La politique de rémunération est la même
aussi bien pour les ouvriers que le petit encadrement. Selon la prescription
des textes réglementaires, le système de
rémunération adjoint à la part fixe, une part variable.
Les types de rémunérations sont à la tâche pour le
personnel admis à la coupe et au traitement phytosanitaire ;
à la journée de 8 heures pour les autres ouvriers. Enfin, la
rémunération au temps mis indépendamment de la tâche
soit 12 heures46(*).
D'autres avantages sociaux tels que les prêts à taux 0, l'octroi
des quinzaines ou encore congés rémunérés.
Valorisation RH
A PHP, elle se décline sous plusieurs visages. Dans un
premier temps, les formations intra et extra- murales aux métiers de la
banane pour les ouvriers, au management opérationnel47(*) pour le petit encadrement et
aux normes pour les deux franges de la main- d'oeuvre directe. Dans un second
temps, l'employabilité des ouvriers qui passe par un système
d'organisation des tâches par spécialisation et de polyvalence par
métiers et le management opérationnel pour le petit encadrement.
Dans un troisième temps, les conditions de travail qui concernent aussi
bien l'hygiène avec des sensibilisations sur les
précautions d'hygiène et salubrité, des dispositifs
d'hygiène48(*) que la santé avec des
campagnes préventives, des participations aux programmes nationaux de
santé publique, la construction de 04 infirmeries et d'un centre
médico-social49(*),
la signature des conventions d'évacuation sanitaire50(*), la mise en place d'une
mutuelle51(*) santé
avec adhésion de fait et la gestion des accidents et des maladies
professionnelles avec la CNPS52(*) ou encore la
sécurité avec la mise à disposition des
EPI53(*) pour
prémunir les ouvriers de champs et de stations des risques liés
à leur travail. Enfin, l'organisation du transport ouvrier à
l'aller comme au retour.
Motivation
Elle s'inscrit sur deux aspects principaux. L'aspect
idéologique avec la démarche qualité qui joue sur la
part variable et l'aspect technique qui conduit à donner de la valeur
aux gestes qui ont un impact dépréciatif sur le fruit. Ce dernier
aspect de manière concrète dissèque les tâches en
gestes en fonction de l'impact de ces gestes sur la qualité du fruit et
son image à l'extérieur (dans le circuit de distribution et chez
le consommateur final) avec l'attribution de coefficients par gestes de 1
à 5.
Gestion de conflits
Les principales sources de conflits sont reliées aux
incompatibilités d'humeurs entre ouvriers qui travaillent soient en
binômes soit en équipes. Pour les assistants administratifs, les
délégués de personnel sous l'arbitrage de DRH, une
approche participative et de proximité, un choix communicationnel
basé sur l'ouverture ainsi que des qualités managériale et
sociale permettent de résoudre les différends.
Communication
Il existe essentiellement deux types de communication. La
communication orale qui se fait par le biais des campagnes de
sensibilisations ou des rassemblements (communication de masse). La
communication écrite qui se fait aux moyens des affichages, des
notes de services ou encore des rapports déposés par le
petit encadrement à la DRH dans le cadre des évaluations du
personnel ouvrier et à la hiérarchie des plantations pour les
informer de l'avancée des activités sans omettre les rapports
disciplinaires. Par ailleurs, la communication qui s'effectue entre
l'administration et les ouvriers champs et stations s'établi à
deux niveaux. D'une part entre l'administration et le petit encadrement
à travers un système de communication écrite (notes de
service, messages électroniques, correspondances) ou orale
(réunions, formations, séminaires) en vue de leur transmettre les
attentes de l'entreprise. D'autre part entre le petit encadrement et les
ouvriers en charge d'exécuter efficacement les attentes de
l'administration. Du fait de leur bas niveau de scolarisation, la communication
orale est le plus souvent utilisée pour communiquer les objectifs au
préalable repartis en objectifs individuels et/ou collectifs.
2. Existant chez CDC/TBP : cas de
Poungo
De même comme pour PHP, nous décrirons l'existant
en matière de gestion de la main- d'oeuvre dans la plantation de Poungo.
Gestion de l'emploi
Le recrutement et l'intégration se font sur le terrain.
Ce que nous appelons dans le cadre de cette étude, "formation
informelle". Le dossier de recrutement est composé selon le
règlement intérieur de la CDC/TBP, de pièces personnelles
du postulant auxquelles s'ajoutent une visite médicale par le
médecin de CDC/TBP.
En matière d'évaluations, celles- ci se limitent
à la réalisation complète des objectifs prévus pour
les 8h de travail selon le règlement intérieur de la CDC/TBP.
La gestion des carrières quant à elle ici tourne
autour de la mobilité de postes aux champs et en stations aussi
bien pour les ouvriers que le petit encadrement (mutation, affectation), les
promotions internes et la mise ou départ en retraite. La mise en
retraite est notifiée à l'ouvrier qui reçoit en retour une
indemnité équivalente à l'indemnité de licenciement
qui ne saurait être inférieur à un mois de salaire.
Politique de rémunération
Le système de rémunération est le salaire
à la tâche pour la part fixe. Des primes, qui constituent la part
variable étant prévues et reversées si les objectifs ont
été atteints en conformité avec les exigences de la
Convention Collective. D'autre part, les avantages telles des indemnités
de logements sont reversés (25% du salaire des ouvriers).
Valorisation des RH
Elle passe par des formations formelles c'est-à-dire
dans des centres spécialisés54(*) aux métiers de la banane ; des
séminaires internes et externes pour ceux qui manipulent les produits
phytosanitaires. Les "Formations informelles" sont celles qui s'effectuent
directement sur le terrain. Ces dernières sont pratiquées de
manière hebdomadaire (tous les lundis) et de manière mensuelle.
L'employabilité est essentiellement perceptible ici
à travers la rotation de postes au sein d'un même environnement de
travail (ouvriers en stations). Les conditions de travail impliquent
l'hygiène (sensibilisation sur les conditions d'hygiènes à
respecter) ; la santé avec des campagnes de
sensibilisation, des participations aux programmes nationaux de santé
publique, construction de 08 d'infirmeries et d'un centre
médico-social55(*).
Elles impliquent aussi la sécurité avec la mise
à disposition des EPI pour prémunir les ouvriers de champs et de
stations des risques liés à leur travail et enfin le
transport avec la mise à disposition de cars de transport
disponibles par plantations (Poungo, Mussaka). Nous ne saurons omettre de
mentionner l'ambiance au travail des ouvriers en stations qui ont vu
installer des postes de radio qui distille de la musique douce pour
créer un climat convivial ;
Motivation
Le reclassement des ouvriers en termes de catégories
socio- professionnelles et d'échelons supérieurs en fonction du
temps mis est devenu systématique.
Gestion des conflits
La politique de résolution des conflits à
CDC/TBP est celle du dialogue social et du rapprochement. Sur le terrain, l'une
des actions de gestion des conflits en plantations passe par le suivi
méticuleux de la procédure de choix d'un
délégué de personnel.
Communication
La communication orale s'effectue à travers des
campagnes de sensibilisation, des rassemblements, des réunions de
mises au point. La communication sociale par voie orale est utilisée
pour maintenir un climat social harmonieux. Enfin, nous avons la communication
écrite par le biais des affichages, notes de services et des
rapports (d'activités et disciplinaires).
3. Existant chez SPM : cas de
Siège
Décrite plus haut, la plantation de Siège nous
aidera à comprendre la gestion de la main- d'oeuvre directe telle que
pratiquée à la SPM.
Gestion de l'emploi
Le recrutement planifié par le Directeur de production
en collaboration avec les chefs de zones, les chefs d'équipes et
validé par le responsable RH en consultation avec la Direction
Générale. Le dossier est composé d'une demande
d'emploi, d'une CNI, d'un Curriculum vitae, d'un carnet de vaccination, une
lettre de motivation (cadres), préciser le domicile par lieu de
recrutement, des photos 4x4 (02), justifier sa situation matrimoniale et enfin
une visite médicale systématique avant embauche.
L'intégration s'effectue ici sur le terrain auprès des anciens
ouvriers qui mettent à profit leur expertise acquise au fil des
années et au sein des centres de formations pratique et
théorique.
Les évaluations sont faites à travers la
réalisation complète des objectifs prévus pour une
journée de 8 heures de travail. Elles sont fonction du tonnage
(quantité), de la qualité (service qualité) et rendement
(productivité) par ouvrier.
En matière de gestion des carrières, il n'existe
pas de mobilité dans la mesure où les recrutements se font
par zone de culture. La priorité est aux promotions en internes. En ce
qui concerne la mise ou départ en retraite, une notification est faite
3 mois à l'avance à l'employé avec appel à
constituer son dossier. Il est ensuite procédé au suivi dudit
dossier. Les candidats vont ainsi en retraite ayant déjà
été en règle avec la CNPS. La possibilité de
départ anticipée négociée avec la DRH n'est pas
à exclure.
Les promotions en interne sont possibles pour les ouvriers
suivant le schéma ci après :
Main- d'oeuvre (ouvriers)
Agents de maîtrise
- chefs de cultures
- chefs d'équipes
Cadres
- chefs de plantations
- chefs de zones
- directeur de production
Figure 9 : Schéma de la
promotion interne chez SPM
Source : conception à partir de l'analyse
de contenu de l'existant
Politique de rémunération
Salaires sur la base de la grille SPM (grille de la Convention
Collective Nationale améliorée56(*)) auxquels s'ajoutent les heures
supplémentaires payées. A ces salaires sont greffés
certains avantages sociaux tels les primes de salissure et de transport.
Valorisation des RH
Les formations sont faites sur le tas. L'inexistence
d'écoles de formation aux métiers de la banane et corollaires a
été constatée. L'employabilité à la SPM se
décline au niveau de l'organisation du travail dans un système de
polyvalence et de spécialisation. Pour ce qui est des conditions de
travail, elles concernent l'hygiène avec la mise en place d'un
comité d'hygiène et sécurité (04 réunions
par an) ; la sensibilisation sur les conditions d'hygiène à
respecter et qui sont définies au règlement
intérieur de la société et le respect de la politique
environnementale SPM inhérent à la norme EUREPGAP ou GLOBAL GAP.
Le deuxième volet des conditions de travail est la
santé avec l'existence d'une médecine du
travail ; 03 infirmeries et 1 centre médico- social57(*) ; la signature de la
convention avec les hôpitaux pour l'évacuation de cas graves ou
encore pour les accidents de travail et maladies professionnelles. Le
troisième volet est celui de la sécurité avec la
mise à disposition des EPI ou encore l'énonciation des consignes
de sécurité dans le règlement intérieur. Enfin, le
volet transport du personnel avec la mise à disposition des
cars de transport disponibles par plantations (Mbanga, Loum, Penja).
Motivation
Compte tenu de la situation financière précaire
de l'entreprise à l'heure actuelle, les facteurs de motivation se
résument aux gâteries exceptionnelles (distribution de sacs de
banane58(*) aux
employés ) et au maintien d'un climat social harmonieux par
l'organisation de matchs inter- plantations.
Gestion des conflits
En matière de gestion des conflits, la politique du
dialogue social et de rapprochement par le canal de sensibilisations par
équipes et de sensibilisations générales, des
communications constantes avec cette frange du personnel de la
société.
Communication
Les types de communication couramment utilisés sont
la communication orale qui se déclinent sous forme de
sensibilisations à l'hôpital, en plantations lorsqu'il faut
interpeller les ouvriers par exemple. La Communication écrite
quant à elle est perceptible dans l'utilisation des affichages, des
notes de services ou encore des rapports (d'activités,
disciplinaires).
Nous sommes parvenues au terme de la description des
réalités de la pratique de la gestion de la main- d'oeuvre
directe sur le terrain des plantations de banane qui constituent la
filière bananière. De cette description, nous pouvons retenir que
la filière bananière connaît deux réalités.
La première réalité est relative à la structuration
des sociétés de plantations en termes d'organisation structurelle
prise dans son ensemble : l'entreprise en tant que système. La
deuxième réalité est liée au fait qu'il coexiste
côte à côte une entreprise avant- gardiste (PHP) en termes
de performance de la fonction RH dans son rôle vis- à-vis de son
"client" clé qu'est la main- d'oeuvre directe et deux autres entreprises
qui sans négliger cette fonction ne lui accorde pour autant pas une
importance considérable ou mieux n'ont pas encore compris quel
rôle crucial cette fonction joue dans un type d'entreprise pour laquelle
la main- d'oeuvre est la clé de voûte en tant que
génératrice de performance et de motivation. Le chapitre
quatrième nous permettra de faire une analyse comparative entre les
trois sociétés de plantations en vue d'en ressortir en termes de
points de convergences et de divergences, de forces et de faiblesses des unes
et des autres pour mieux suggérer.
CHAPITRE IV : PERSPECTIVES D'AMÉLIORATION
DE LA GESTION DE LA MAIN- D'oeUVRE DIRECTE DANS LA FILIÈRE
BANANIÈRE
Notre objectif ici est d'apporter des suggestions qui soient
de nature à aider les sociétés de plantations dans leurs
réflexions d'amélioration et de promotion de la
compétitivité de la banane dessert camerounaise à travers
une meilleure gestion de la main- d'oeuvre directe. Nous aborderons à la
section première, l'analyse comparative de cette gestion
précédemment décrite à la suite de laquelle nous
dégagerons les forces et les faiblesses y inhérentes (Section I).
Les perspectives d'amélioration aux niveaux de la gestion
stratégique et du management opérationnel (Section II).
Section 1 : Analyse comparative de la gestion de
la main- d'oeuvre directe
Cette section nous permettra de procéder à une
analyse croisée des pratiques de gestion de la main d'oeuvre directe
dans les 3 sociétés de plantations répertoriées
dans la filière bananière camerounaise dont la description a
été effectuée au précédent chapitre.
Ensuite, nous décèlerons les forces et les faiblesses
relevées.
A. Analyse croisée en fonction du modèle
d'Ulrich
L'analyse comparative ou croisée nous donne l'occasion
de ressortir les points divergents et convergents qui pourraient exister entre
les cas représentatifs de l'ensemble des plantations qui constituent les
3 sociétés. Mais, avant nous allons procéder à la
schématisation du modèle d'analyse utilisé pour
décrire l'existant de la main- d'oeuvre directe de production.
1. Schématisation du modèle
appliqué
Il s'agit simplement ici de matérialiser ce que nous
avons décris au chapitre précédent pour une meilleure
lecture. A ce propos, nous schématiserons suivant le modèle
d'Ulrich la situation actuelle de la gestion de la main- d'oeuvre pour chacune
des 3 sociétés.
Figure 10 : La
situation de la gestion de la main- d'oeuvre directe à PHP : cas du
secteur de BouBou
Partenaire stratégique
Orientation future/ stratégique
Agent de changement
Directeur Général
Directeur des ressources
Directeur d'exploitation
Directeur de production
Chef de plantation
Contremaîtres champs et stations
Chefs d'équipes
Ouvriers -
spécialisation et polyvalence par métiers
- gestion de l'emploi ( recrutement + intégration,
évaluations (quantitatives et qualitative), promotions internes,
mobilité, affectations et rétrogradation.
- politique de rémunération et avantages
sociaux
- valorisation RH : formations inter et extra-
murales...
- motivation (démarches qualité et technique)
- gestion conflits interpersonnels et collectifs
- communications orale (rassemblement, réunions de mise
au point...) et écrite (affichages, notes...)
Directeur Général
Application aux ouvriers par le biais du petit encadrement
Besoins des mûrisseries européennes
Focalisation sur les processus
Focalisation
sur les individus
DRH
-Organisation du travail
- Organisation des équipes de travail
-Intégration agriculture raisonnée
- intégration culture d'entreprise
DRH
- Contrats
- tenue dossiers du personnel MOD*
- respect réglementation juridique du travail,
Convention Collective et règlement intérieur en plantations
- paie
Expert Administratif
Orientation vers le quotidien/opérationnel
Champion des salariés
Source : conception de l'étudiante
inspirée du modèle d'Ulrich
Légende :
* Main- d'oeil directe
Figure 11 : La situation de la
gestion de la main- d'oeuvre directe à CDC/TBP : cas de la
plantation de Poungo
Partenaire stratégique
Orientation future/ stratégique
Agent de changement
Directeur Général
- Hier Aujourd'hui
- instauration et maintien du climat social
- rotation de postes en stations et aux champs
- gestion de l'emploi (recrutement et intégration,
évaluations par journées de 8h, la gestion des
carrières)
- politique de rémunération et avantages sociaux
- valorisation des RH (formation formelles et informelles,
rotations...)
- motivation (reclassement systématique)
- gestion des conflits (dialogue social et politique de
rapprochement)
- communications orale (rassemblements) et écrite
(rapports activités et disciplinaires)
Management de proximité en cours
Management
Orienté vers la production
Mûrisseries européennes
Direction RH CDC
Responsable RH CDC/TBP
Del Monte Cameroun
Chefs de plantations
ouvriers
Focalisation sur les processus
Focalisation
sur les individus
- Contrats
- tenue dossiers du personnel MOD*
- respect réglementation juridique du travail,
- Convention Collective et règlement intérieur en
plantations
- paie
R. RH*
Expert Administratif
Orientation vers le quotidien/opérationnel
Champion des salariés
Expert Administratif Orientation
vers le quotidien/opérationnel
Champion des salariés
Source : conception de l'étudiante
inspirée du modèle d'Ulrich
Légende :
* Responsable des RH
Figure 12 : La situation de la
gestion de la main- d'oeuvre directe à SPM : cas de la plantation
Siège
Partenaire stratégique
Orientation future/ stratégique
Agent de changement
Focalisation
sur les individus
Focalisation sur les processus
Directeur
général
Directeur des ressources humaines
hier Aujourd'hui
Directeur ressources humaines
Directeur production
Chefs de zones
- harmonie du climat social
- meilleur traitement ouvrier (revalorisation
grille Chefs de plantations
salaire)
- polyvalence et spécialisation
chefs champs et stations
Ouvriers
- gestion de l'emploi (recrutement et intégration,
évaluations, gestion des carrières)
- politique de rémunération (salaire de base
revalorisée et avantages sociaux)
- valorisation des RH (formations, hygiène...)
- motivation (gâteries exceptionnelles et matches inter
plantations)
- gestion des conflits (sensibilisations et communications
constantes)
- communications orale (sensibilisations, mises au point)
écrite (affichages, notes de service ou rapports)
Mûrisseries européennes
Directeur Général
Management orienté production
Management de proximité
DRH
- Contrats
- tenue dossiers du personnel MOD*
- respect réglementation juridique du travail,
- Convention Collective et règlement intérieur en
plantations
- paie
Expert Administratif Orientation
vers le quotidien/opérationnel Champion
des salariés
Source : conception de l'étudiante
inspirée du modèle d'Ulrich
2. Gestion des RH à double vitesse
Comme Partenaire stratégique dans une
lecture synoptique, nous réalisons que les 3 DRH des plantations
travaillent en étroite collaboration avec leurs Directions
Générales respectives tant dans la fixation des objectifs et
sous- objectifs de production que dans la gestion des RH y inhérentes en
termes de recrutement, de formations ou encore en matière
d'implémentation de toute nouvelle orientation de changement. Toutes les
trois entreprises définissent certes les objectifs globaux et
spécifiques, cependant, au regard des applications sur le terrain, il
est dénoté de profondes disparités tant dans la
procédure que lors de l'observation des résultats sur le terrain.
A titre d'exemple la gestion de surfaces, l'organisation du processus de
production, les formations et les évaluations ou l'organisation du
travail des ouvriers à la PHP diffèrent totalement de celle des
2 autres plantations. La description de l'existant à laquelle s'ajoute
la schématisation du modèle dans lesdites plantations en
témoignent. En d'autres termes, si les objectifs sont fixés, les
moyens de réalisation de ces objectifs diffèrent et par voie de
conséquence les résultats aussi. A PHP, nous avons pu nous rendre
compte de l'existence d'un réel suivi- évaluation
stratégique au niveau de la gestion de la main-d'oeuvre directe au
travers des évaluations de performances et de productivité tant
des ouvriers que du petit encadrement. Pour les plantations CDC/TBP et SPM, si
les objectifs existent, leur suivi diffère en ce sens que les
procédures d'évaluations ne sont pas clairement définies
et matérialisées (concrets) ou bien organisées en termes
d'utilisation d'outils appropriés (informatisation du système,
définition de critères, d'application et de suivi des
évaluations). Les circuits communicationnels ascendant et descendant
prédominent entre la fonction RH et la Direction Générale
au sein de PHP et SPM pour ce qui est du traitement de la demande des
mûrisseries européennes en bananes dessert. Par contre chez
CDC/TBP, il existe un premier circuit communicationnel entre les
mûrisseries européennes, la Direction Générale de
CDC et Del Monte Cameroun. Le second circuit communicationnel concerne la
Direction Général de CDC, la Direction des ressources humaines de
CDC et le Responsable des RH du Tiko Banana Project. Ce dernier
n'exécutant que les directives en matière de GRH
arrêtées par la Direction des ressources humaines de CDC.
La fonction RH comme Agent du changement.
Nous avons pu nous rendre compte à la PHP que la DRH joue pleinement ce
rôle d'agent accompagnateur des changements. Elle pilote les recherches
sur les modules de formations aux métiers de la banane, les modules de
formation en informatique pour le petit encadrement, le perfectionnement ou
l'appréciation de la part variable et sur les méthodes nouvelles
d'évaluation dans le cadre de l'amélioration de la
productivité de la main- d'oeuvre directe en termes de
professionnalisation de la GRH, de formations et d'évaluations ou encore
d'introduction d'idées nouvelles sus-mentionnées auxquelles se
joint la notion de culture d'entreprise actuellement en phase
d'expérimentation qui, à terme, conduiraient à tirer le
maximum de ladite main- d'oeuvre directe de production.
Les plantations SPM et CDC/TBP, pour leur part, ne se sont pas
encore engagées sur le chemin du changement dans tout ce qu'il implique.
Ces deux organisations fonctionnent quelque peu en marge de leur environnement
externe qui impose l'adaptation de l'organisation aux changements structurels
imposés en termes de modernisation de la GRH entre autres d'une part.
D'autre part, les contraintes liées à leur environnement interne
qui impose une évolution systématique des mentalités au
niveau de la main-d'oeuvre directe en termes de développement de la
conscience professionnelle et de la culture d'entreprise. Elles en sont
restées pour l'essentiel à l'étape d'entreprise
égale production et vente des produits issus de la production. En
d'autres termes elles en sont encore à la conception classique de
l'homme dans l'activité de production au lieu de se rapprocher de la
conception prônée par l'école des relations humaines en
termes d'implication des employés à l'amélioration des
performances de l'ensemble des sous- systèmes du système
"entreprise". Cependant, il ne peut être nié que des efforts sont
fournis dans le but d'accorder une place de plus en plus
prépondérante au capital humain dans l'activité de
production de la banane dessert du moment où celui-ci en constitue la
pièce maîtresse. A titre d'exemple nous parlerons du nouveau style
managérial : le management de proximité en termes de
réduction des barrières hiérarchiques qui donnent à
l'ouvrier le sentiment de vivre en "famille". Cet état de fait
créé en sa conscience le sens du devoir moral vis-à-vis de
sa hiérarchie et par ricochet de l'entreprise qui l'emploie. Ces
efforts restent néanmoins insuffisants.
Enfin, si SPM et CDC/TBP procèdent de la même
façon pour intégrer le changement en utilisant les moyens de
communication interne (affichage, face à face, notes de service,
rassemblements), la PHP quant à elle adjoint à la communication
interne de nombreuses sessions de formations et de sensibilisations pour faire
passer le message auprès de leur cible : la main- d'oeuvre
directe.
Pour ce qui est de la fonction RH comme Expert
administratif, si la qualité de la gestion administrative
à la PHP est appréciable en termes de professionnalisme, il n'en
demeure pas moins qu'une modernisation dans le sens de l'installation d'un
réseau informatique intégré ou encore de l'informatisation
complète des bureaux s'avère nécessaire pour assurer un
meilleur traitement des données du personnel tant au niveau de la DRH
qu'au niveau des plantations pour davantage satisfaire en lieu, temps et
délais la livraison des informations à cette frange de ses
employés. Cette nécessité s'applique autant pour la
CDC/TBP et la SPM. Ces deux dernières sociétés cumulent
à ce manquement d'autres manquements plus criards même comme pour
une société comme SPM, de réels efforts
améliorations de la gestion administrative des RH (main- d'oeuvre
directe) sont entrepris. Il n'en demeure pas moins qu'une professionnalisation
de cette gestion au niveau des plantations s'avère importante. Nous
avons par exemple pu nous rendre compte de la difficulté qu'ont les
responsables à glaner les informations en temps réel
auprès par exemple des commis de plantations ou de la Direction
Générale pour leur propre compte ou pour les demandeurs
externes. Ce qui est un handicap à surmonter et notre avis, sa
remédiation ne doit pas attendre.
Nous venons d'analyser les trois premiers aspects du
modèle d'Ulrich appliqué aux cas des sociétés de
plantations étudiés dans le cadre de ce mémoire. Venons en
maintenant à analyser comparativement les pratiques de la fonction RH
dans les sociétés de plantations comme "Champion des
salariés".
En matière de mise en pratique de la fonction RH en
tant que "Champion des salariés", nous comparerons les pratiques des 3
sociétés.
Pour la PHP en termes de gestion de l'emploi,
du recrutement à l'intégration en passant par les
évaluations et la gestion des carrières, le processus est
"huilé" pour assurer l'adaptation non seulement du nouveau venu mais
aussi des anciens (promotions, formations) à l'environnement de
l'entreprise là où ils sont appelés à exercer (ici
les lieux de production). Cependant, il faut dire que comme toute oeuvre
humaine n'est parfaite, il existe des éléments qui viennent
entacher ce tableau : les conflits d'intérêts, les
incompatibilités d'humeurs liées aux différences
culturelles et aux éducations reçues. Ces facteurs de conflits
ont poussé la PHP à vouloir instaurer un esprit d'appartenance en
toute la population d'employés en général et en la main-
d'oeuvre directe en particulier. Cette volonté se traduit en acte
à travers l'intégration de la notion de culture d'entreprise. En
termes d'évaluations, le système est en constante
évolution dès le moment où il montre ses limites.
L'objectif poursuivi étant essentiellement d'améliorer la
productivité et la qualité de travail de l'ouvrier et du petit
encadrement. En relisant la description de l'existant, nous pensons à ce
niveau que le type d'organisation du système d'évaluation choisi
par la PHP permet à la main- d'oeuvre directe de s'auto- évaluer
et surtout de stimuler les efforts individuels et collectifs pour une
production plus croissante. Les ouvriers sont évalués au
quotidien directement par le petit encadrement sous la supervision du chef de
plantation par l'intermède des fiches d'évaluation conçues
à cette fin. L'évaluation du petit encadrement est faite tant par
les fiches d'évaluation inhérentes à sa fonction que par
des entretiens évaluatifs menés par la DRH assistée de
Directeur de domaine concerné et du Directeur d'exploitation. La
Direction générale venant en appui. La gestion du plan de
carrière découle alors tout naturellement de ces
différentes évaluations au terme desquelles l'employé/
ouvrier ou le chef d'équipe sait quel est le traitement qu'il recevra en
récompense de ses efforts.
Chez CDC/TBP, la gestion de l'emploi pour le cas des ouvriers
est réduite à sa plus simple expression (rotation de postes).
Cette situation pourrait s'expliquer par le fait qu'ici le management est
beaucoup plus orienté production. Une situation similaire s'observe
aussi à SPM.
La politique de rémunération
est relativement revue à la hausse de la 4ème
catégorie à la 12ème comparativement à
celle proposée par la Convention Collective) chez PHP. En effet, les
catégories 1 à 3 voient au niveau de la PHP, leur montant
inchangé. A titre d'exemple, pour la 1ère
catégorie le montant de la part fixe offert à l'ouvrier est de
FCFA 30 947 identique à la Convention. Or dès la catégorie
4, un différentiel compris entre FCFA 31 et FCFA 2000 environ est
nettement perceptible avec la Convention. A titre d'exemple, avec la
Convention, l'ouvrier en 4ème perçoit FCFA 37 803
alors qu'à la PHP le même ouvrier perçoit FCFA 37 834.
Pendant qu'un ouvrier en catégorie 7 de la Convention perçoit
FCFA 90 030, ce dernier percevra FCFA 92 554 à la PHP. Quant à la
part variable, PHP joue sur la qualité au champ et en station qui est
évaluée en même temps que la part fixe (cf. note de la page
56). Cette politique de rémunération dévoile la
volonté de la PHP de motiver son personnel affecté à la
production dans la mesure où en améliorant sa productivité
pour l'ouvrier et pour le chef d'équipe en mettant en appliquant les
principes de management des ouvriers, l'un comme l'autre est certain de
percevoir un salaire conséquent.
La tendance se retrouve aussi depuis mars 2008 chez SPM qui,
il faut le dire est celle qui a inspiré la revalorisation de la grille
salariale de la Convention actualisée de mai 2009. la différence
avec la PHP réside sur le fait que la revalorisation concerne toutes les
catégories socio- professionnelles. Pour illustrer notre propos à
ce sujet, nous prendrons deux exemples le 1er échelon
d'après la Convention perçoit FCFA 30 947 et d'après la
grille salariale de la SPM l'ouvrier au même échelon
perçoit FCFA 31 215. Il faut peut être préciser que ces
salaires sont harmonisés et s'appliquent à toutes les plantations
des sociétés concernées dans le cadre de cette
étude.
La revalorisation RH, pour les 3
sociétés se présente sous la forme de la même
façon (appellation) mais diffère dans le fond (contenu). Par
exemple chez PHP, elle est plus concrète et formalisée. Pendant
que chez les 2 autres sociétés, elle est au stade
embryonnaire.
La motivation, comme la revalorisation se
présente sous une forme identique mais se décline
différemment d'une société à une autre. A la PHP,
elle a un visage double : idéologique et technique. Ces deux points
convergeant à l'amélioration de la qualité fruits à
travers l'amélioration des techniques culturales. Cette approche
conduisant à une amélioration des conditions salariales. CDC/TBP,
s'en est tenu à un reclassement systématique. Pendant que SPM
s'appuie sur les retombées favorables de la rupture considérable
des barrières hiérarchiques, le reclassement systématique
et les gâteries.
La gestion de conflits. Le processus de
gestion des conflits actuellement appliqué et décrit plus haut
semble porter des résultats. Cet état de fait est lié
à notre avis non seulement à l'élaboration d'un
organigramme de la DRH qui incorpore des agents administratifs, au rôle
des délégués de personnel et enfin aux dispositions
prévues dans le règlement. La culture d'entreprise ne pouvant
encore être considérée ici en ce sens qu'elle y est
embryonnaire.
Enfin, en matière de communication,
nous dirons qu'elle est assez limitée en termes de types de
communication à utiliser pour communiquer et faire passer le message
auprès de cette catégorie d'employés.
Pour clore ce point, il ressort que les plantations sont
à niveau d'évolution différente selon certainement leur
historique et de la volonté des managers en général et de
la DRH en particulier. Le constat qui s'établit mentionne une gestion
des ressources humaines à double vitesse. A ce propos, d'un
côté nous avons une société telle que PHP qui
dégage une avancée indéniable au regard des techniques
d'évaluation de la productivité, des politiques d'organisation
des tâches ou encore de l'intégration au sein de la fonction RH de
la stratégie d'entreprise en termes de culture d'entreprise. De l'autre
côté, les sociétés CDC/TBP et SPM qui de
manière générale pratiquent encore un management
orienté vers la production bien qu'il soit observé des
soupçons d'une planification des ressources humaines. La deuxième
remarque que nous formulons et qui naît de l'analyse comparative est que
les 3 sociétés recèlent tant des forces que des faibles
et des forces que nous allons énoncer au point suivant.
B. Détermination des forces et faiblesses de la
gestion de la main- d'oeuvre directe dans les plantations
Nous allons à présent déterminer les
forces et les faiblesses à partir de l'analyse comparative faite
précédemment. Pour une meilleure lisibilité, nous
choisissons d'utiliser un tableau suivant le modèle d'Ulrich le
comparatif par société et par fonction.
1. Détermination des forces et faiblesses dans
la gestion de la main- d'oeuvre
Par le moyen d'un tableau récapitulatif ci- dessous
élaboré, nous procéderons à la mise en
évidence les faiblesses répertoriées quant à la
gestion de la main- d'oeuvre directe dans les 3 sociétés de
plantations.
Tableau 8 : les forces et
faiblesses des 3 sociétés de plantations dans la gestion de la
main- d'oeuvre
Sociétés
|
PHP
|
CDC/TBP
|
SPM
|
Items
|
forces
|
faiblesses
|
Forces
|
faiblesses
|
Forces
|
faiblesses
|
ORIENTATION STRATÉGIQUE
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|
|
|
|
|
|
Stratégie
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|
ü -
|
-
|
|
ü -
|
|
ü Évolution culturelle
|
-
|
|
ü -
|
|
ü -
|
|
ü Changement d'organisation
|
|
ü -
|
-
|
|
ü -
|
|
ü ORIENTATION OPÉRATIONNELLE
|
|
|
|
|
|
|
Paie
|
|
ü -
|
-
|
|
ü -
|
ü *
|
Contrats
|
|
ü -
|
-
|
|
|
ü ü -
|
Tenue dossier main- d'oeuvre directe
|
-
|
|
|
|
ü ü -
|
|
ü Respect réglementation juridique du travail
|
|
ü -
|
-
|
|
|
ü ü -
|
Respect Convention collective et règlement
intérieur en plantations
|
|
ü -
|
-
|
|
|
ü ü -
|
Gestion de l'emploi
|
|
ü -
|
-
|
|
ü -
|
-
|
Politique de rémunération
|
|
ü -
|
-
|
|
ü -
|
|
ü Revalorisation RH
|
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ü -
|
-
|
|
ü -
|
|
ü Motivation
|
-
|
|
ü -
|
|
ü -
|
|
ü Gestion des conflits
|
|
ü -
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|
ü -
|
|
ü -
|
Communication
|
-
|
|
|
ü ü -
|
|
ü -
|
Source : conception de l'étudiante
inspirée de l'analyse de contenu des guides d'entretien
administrés
Légende :
* la situation financière actuelle de la SPM fragilise
un peu cet aspect opérationnel de la fonction RH et par ricochet
l'activité de production de l'entreprise. En attendant qu'une solution
soit trouvée, nous avons jugé opportun de l'inscrire telle une
faiblesse.
2. Commentaires sur les forces et faiblesses dans la
gestion de la main- d'oeuvre
Au niveau de l'orientation
stratégique, nous pouvons dire si la stratégie et les
changements organisationnels sont bien gérés à la PHP, il
n'en demeure pas moins que l'évolution culturelle en termes
d'intégration complète de la notion de culture d'entreprise ait
encore du chemin à faire. Autrement dit, l'évolution culturelle
en ait encore à son stade embryonnaire au niveau des "clients" de la
fonction RH, étudiés ici. Or, cette faiblesse pourrait
très rapidement se transformer en force si une volonté manifeste
d'y consacrer des efforts conséquents venait à se faire sentir.
Pour la SPM et la CDC/TBP, les résultats de nos
observations sur le terrain et l'analyse de contenu des guides d'entretien
laissent entrevoir une faible importance accordée à ces trois
aspects (stratégie, évolution culturelle et changement
organisationnel) de l'orientation stratégique abordés dans la
tableau ci- contre. Par exemple, en matière d'évolution
culturelle, ces deux sociétés pratiques des rassemblements
d'ouvriers pour le contrôle ou pour des communications de masse
(consignes de travail aux champs). Ces préalables doivent être
renforcés et les réflexions à cet égard plus
poussées pour ressortir les points de la notion de culture d'entreprise
adaptés. Ces derniers appliqués, permettraient aux ouvriers et au
petit d'encadrement de s'identifier à l'entreprise et de travailler
à son épanouissement (de l'entreprise) et par ricochet au leur
(partage des fruits de la croissance).
Au niveau de l'orientation
opérationnelle, la faiblesse de la paie de CDC/TBP naît
de ce que nous n'avons aucune information interne qui nous permette de nous
prononcer sur la question. Cependant au regard du règlement
intérieur, nous pouvons dire que la rémunération est
calculée sur la base d'une journée de 8 heures de travail. Pour
les autres points de l'orientation opérationnelle chez CDC/TBP, nous
avons jugé opportun de les porter à la case "faiblesses" du
tableau pour signifier que cette société devrait mettre un accent
particulier sur ces points en termes d'amélioration, de modernisation et
de professionnalisation.
Les 3 sociétés partagent une faiblesse
commune : la tenue des dossiers de main- d'oeuvre. Les dossiers du
personnel affecté à la main- d'oeuvre sont tenus à 99% de
manière manuelle. L'informatisation de la gestion de ces dossiers
étant plus que jamais d'actualité.
En conclusion, ce tableau ci- dessus ressort clairement les
points faibles sur lesquels les 3 entreprises doivent pouvoir orienter leurs
planifications stratégique et opérationnelle de nature à y
remédier et en faire des forces devant les assurer à ce niveau
(main- d'oeuvre directe) un avantage compétitif non moins
négligeable. Les perspectives d'amélioration qui font l'objet de
la section deuxième de ce chapitre découleront aisément de
l'analyse comparative et de la mise en évidence de leurs forces et
faiblesses traitées ici.
Section 2 : Perspectives d'amélioration de
la gestion de la main- d'oeuvre directe
Il s'agit des pistes de solutions aux difficultés
rencontrées par les Directions des ressources humaines des
sociétés de plantations productrices de banane dessert
d'exportation, membres à part entière de la filière
bananière camerounaise. A ce propos, nous avons organisé la
rédaction desdites recommandations en deux points
génériques : au niveau de la gestion stratégique et
au niveau de l'orientation opérationnelle pour respecter la
cohérence méthodologique imposée par le modèle
d'Ulrich choisi.
A. Au niveau de l'orientation stratégique
Relativement aux dysfonctionnements relevés lors de
l'analyse de l'existant de gestion de la main- d'oeuvre dans les 3 plantations,
nous allons apporter des pistes d'amélioration de nature à
rétablir l'équilibre. A ce titre, nous aborderons les domaines de
la stratégie et du changement organisationnel.
1. Modernisation de la fonction RH dans les
plantations
Deux plantations (PHP et SPM) ont des stratégies
identiques c'est-à-dire que la fonction RH travaillent en étroite
collaboration avec leurs Directions Générales pour
définir les objectifs globaux et spécifiques. La dernière
(CDC/TBP) n'intervient aucunement dans le processus de décision mais se
pose en interface entre les besoins de l'opérationnel et les
décisions de la Direction. Nous recommandons donc pour :
CDC/TBP, déjà d'aller au- delà des textes
et réglementations en vigueur dans le secteur. Il s'agit de moderniser
la fonction RH . Cette modernisation passe d'abord par une révision de
l'organigramme de cette fonction et une décentralisation des
attributions du Responsable RH qui au regard de l'organigramme actuel n'a aucun
marge de manoeuvre quant à la prise de décision. Les efforts de
décentralisation de l'autorité fonctionnelle sont importants pour
permettre au Responsable RH d'assurer pleinement ses prérogatives afin
d'être plus efficace dans la quête de satisfaction de son "client",
la main- d'oeuvre directe. Bref, la fonction RH doit être une fonction
à part entière au sein de cette organisation. Nous proposons en
annexes deux organigrammes59(*) y afférents. Au niveau des ouvriers, que cette
fonction s'en rapproche autrement que par le dialogue social pour partager des
réalités quotidiennes auxquelles ils sont confrontés et
penser les solutions idoines à y remédier. Pour le petit
encadrement, briser le pouvoir absolu que cette hiérarchie exerce sur
les ouvriers en termes d'abus d'autorités divers. Le passage d'une
chaîne de commandement rigide à une chaîne de commandement
plus souple est très important. Le Responsable RH doit pouvoir faire
corps avec le personnel des plantations qu'il gère, comprendre ses
difficultés pour mieux apporter des solutions qui collent à leurs
attentes.
En ce qui concerne l'amélioration de la chaîne de
valeur pour les ouvriers et le petit encadrement. Nous proposons le cheminement
ci- dessous :
Tableau 9 : récapitulatif des
conditions de réussite et les obstacles à la mise en place de la
chaîne de valeur60(*)
Conditions de réussite de la chaîne de
valeur
|
Obstacles à la réussite de la
chaîne de valeur
|
Coordination et collaboration des
ouvriers
Les ouvriers au champ ou en station doivent pouvoir identifier
ce que le client valorisera (même si apparemment cela semble de moindre
importance pour eux) et le travailler dans l'esprit préconisé par
ce point.
|
1- résistances
organisationnelles
les plus difficiles à surmonter.
- refus ou réticence à partager les informations
et techniques ;
- défiance face aux changements ;
- problèmes de sécurité.
2- culture d'entreprise
- trop peu ou manque de confiance ;
- trop peu ou manque de contrôle ;
- l'attitude négative qui consiste à dire qu'une
entreprise qui collabore avec des partenaire internes et externes est
vulnérable.
3- Aptitudes requises
Difficultés à acquérir une :
- coordination et collaboration extrêmes ;
- faculté à configurer les produits de
manière à satisfaire clients et fournisseurs ;
- capacité à former les partenaires internes et
externes.
4- Ressources humaines
Absence d'implication et de volonté (refus ou mauvaise
acceptation de la flexibilité)
|
Investissement
technologique
Nécessité d'investir dans les technologies de
l'information (mise en place du progiciel de gestion intégré ou
ERP en anglais Enterprise Resource Planning ) pour améliorer la
qualité de service fourni aux mûrisseries en termes de fruits
livrés et de SAV.
|
Processus organisationnels
Examiner et analyser :
- les compétences ;
- les capacités et ressources
spécifiques de l'entreprise.
Pour déterminer où se crée la valeur tout
en supprimant les postes qui n'en produisent pas ou tout au moins les
enrichir.
|
Implication de
l'encadrement
Du haut au bas de l'échelle (main-d'oeuvre directe),
instaurer une atmosphère ou une culture qui soit sous-tendue par
l'orientation des efforts de tous dont l'unique but est d'offrir le maximum de
valeur au client (mûrisseries)
|
Ressources humaines
- définition flexible des postes ;
- processus d'embauche efficace ;
- formations continues
|
Culture d'entreprise
Culture d'entreprise positive et reposant sur :
- le partage et la collaboration;
- la flexibilité et l'ouverture ;
- respect mutuel et confiance.
|
Source : Management (L'essentiel des concepts et
des pratiques), Stephen Robbins - David DeCenzo et Philippe Gabilliet
2. Diffusion des bonnes pratiques
Au regard de nos analyses ci-dessus, nous suggérons
pour :
PHP, de poursuivre la phase de modernisation quant à la
gestion de la main- d'oeuvre directe en termes par exemple de renforcement de
l'évolution culturelle qui se traduit dans les faits par un processus
progressif d'insertion auprès de cette frange de la population
d'employés, d'une culture d'entreprise qui intègre les notions de
sentiment d'appartenance, de responsabilités dans l'exercice de sa
tâche à son poste de travail. Ce renforcement de
l'évolution culturelle doit aussi passer par un changement d'orientation
de la conception qu'ont les ouvriers de leur travail. A ce propos, nous
recommandons de cultiver en eux une vision de leur travail orientée
client (mûrisseries, centrales d'achat européennes) en termes de
satisfaction qualitative. Ils doivent en effet réaliser que c'est de la
satisfaction du client que dépend véritablement la
pérennité de l'entreprise et donc de leurs emplois. Pour se
faire, de nombreuses heures de formations, sensibilisations et communication
s'avèrent nécessaires lesquelles pourraient être
évaluées (intégrer dans les fiches d'évaluation).
En ce qui concerne le petit encadrement, ces recommandations s'appliquent
également mais en mettant un accent par exemple sur les points tels que
comment exercer l'autorité ? La chaîne de commandement
à ce niveau devant pour cela être assouplie. Il ne s'agit plus en
tant que chef d'intimider l'ouvrier mais bien d'en faire des collaborateurs qui
participent activement à la vie de la société à
travers la constitution des équipes de résolutions de
problèmes qui l'aideraient à recueillir les idées
nouvelles de nature à améliorer la qualité,
l'efficacité et leur environnement de travail et donc leur
productivité. Ces équipes seraient alors formées de 5
à 12 personnes maximum au champ ou en station et consacreraient quelques
heures par semaine pour se réunir en vue de partager des idées
nouvelles ou d'apporter des propositions sur le meilleur moyen
d'améliorer les processus et méthodes de travail ou encore de
traiter des problèmes de qualité des fruits en déterminant
les origines de dysfonctionnement et en proposant des mesures
correctives (facteur de motivation et de renforcement du sentiment
d'appartenance au système PHP pris globalement).
Un renforcement de l'intégration de la notion de
culture d'entreprise au niveau de la main-d'oeuvre directe (ouvriers et petit
encadrement) par une planification des formations de courte durée selon
le calendrier des activités de production par exemple ou encore une
programmation par vague d'ouvriers ou de petit d'encadrement selon leur
disponibilité.
CDC/TBP, en ce qui concerne la gestion de la main- d'oeuvre
directe ouvriers et petit encadrement compris, les recommandations faites pour
PHP sont valables ici. La nuance résidant sur le fait que CDC/TBP sera
en phase initiale de mise en oeuvre et donc un travail de fond doit être
fait pour parvenir à les implémenter.
SPM, les recommandations formulées pour CDC/TBP valent
ici même s'il faut dire que cette société a un avantage
considérable d'avoir déjà commencé à
intégrer l'esprit d'appartenance au sein de la main- d'oeuvre. Il faut
également dire que les barrières érigées par la
chaîne de commandement ont été brisées ici. Les
ouvriers échangent librement avec leur hiérarchie directe (petit
encadrement). La collaboration entre ces deux strates est plus concrète
sur le terrain. Seulement, il reste à travailler l'harmonisation de la
coordination des techniques culturales. En d'autres termes, les informations
relatives au changement inhérents aux techniques culturales doivent
être identiques pour toutes les plantations d'une même
société. A titre d'exemple s'il a été
décidé au niveau de la production que désormais les
ouvriers de champ élagueront pour un pied de bananier, toute feuille sur
laquelle il a été dépisté une
nécrose61(*)
à 25% de son stade évolutif, il faut que dans toutes les
plantations de SPM, cette décision s'applique systématiquement.
Pour cela des réunions d'informations, de sensibilisations et de
formations doivent être organisées et planifiées pour le
petit encadrement qui à son tour s'attèlera à expliquer,
à superviser et suivre l'application de la mesure par les ouvriers
à leur charge.
Une modernisation des mesures d'hygiène et
sécurité au travail. Par exemple, nous avons pu observer un
système de protection des ouvriers de CDC/TBP contre le liquide
fongicide qui pourrait s'éparpiller dans l'air et donc être
aspiré par les ouvriers travaillant à ce poste de traitement
fongicide en station de conditionnement. CDC/TBP a à ce propos mis en
place un système de bac transparent et couvert avec ouverture pour
l'entrée et la sortie du plateau de classification de la banane en
station de conditionnement. Ce bac est relié à un réseau
de fongicide qui s'active à la main pour pulvériser à
l'intérieur du bac le fongicide en des nuages très légers
sur les couronnes de bananes disposées sur le plateau de classification
sans risque d'inhalation pour les ouvriers travaillant à
proximité.
Un accent rigoureux doit être mis sur la qualité
du fruit en diffusant par exemple dans les stations de conditionnement et pour
la main-d'oeuvre directe un outil d'auto- évaluation de la
qualité et en veillant à leur stricte mise en oeuvre sur le
terrain par le biais des agents qualité ou du responsable qualité
qui procéderont aux évaluations. Ils pourront s'auto-
évaluer en corrigeant leurs erreurs. Nous pensons par exemple à
l'installation dans toutes les stations des baromètres de mesure de la
qualité. Il s'agit en fait d'une grande règle62(*) en bois graduée de 0
à 100%, visible de toute la station, avec des flèches orange et
verte indiquant si la qualité s'améliore, stagne ou baisse. La
manipulation d'un tel outil sera de l'apanage du responsable qualité des
sociétés de plantations ou de ses collaborateurs
disséminés dans toutes les stations de conditionnement.
Mettre en place des politiques et stratégies de GRH
concrètes et structurées (de l'organigramme de la DRH avec un
découpage en services avec des rôles bien spécifiés
aux politiques et stratégies clairement définies, mise en
application et suivi) qui vont au-delà des référentiels en
vigueur telles que nous l'avons relevé au chapitre troisième de
ce mémoire.
Mettre en place les guides de personnel. Cet outil permettra
aux salariés- ouvriers, et en particulier aux nouvelles recrus, de
connaître leurs droits et leurs devoirs de façon écrite et
de s'y référer pour une meilleure communication entre les
ouvriers et leur hiérarchie (petit encadrement). Ces guides, selon Jean-
Bernard Bruneteaux (2009), doivent par conséquent être connus du
petit encadrement. A titre d'exemples, nous citerons : un guide pour le
schéma hiérarchique à suivre en cas de demande à
adresser à l'administration ; un guide pour une meilleure mise en
oeuvre des consignes de production aux champs et en stations ; un guide
pour expliquer les modalités de fonctionnement de la mutuelle dans les
sociétés de plantations ; un guide pour détailler les
règles d'hygiène, de santé et de sécurité
à observer impérativement sur le lieu de travail par les
ouvriers ; un guide du personnel pour mieux informer les ouvriers sur les
régimes de retraite et leurs conditions d'obtention et enfin un guide
pour communiquer les critères de comportement général
commun à tous les ouvriers et le petit encadrement. Cette disposition
permettrait alors d'aérer la chaîne de commandement qui existe
entre les ouvriers de plantations et le petit encadrement dont ils
dépendent. Tout comme elle permettra d'aérer la
chaîne de communication qui existe entre ces deux catégories
d'employés avec un effet positif certain sur le rendement aux champs et
en stations.
Pour conclure ce point, nous dirons que les efforts actuels
des sociétés de plantations résident au niveau du modelage
des mentalités des ouvriers et de leur encadrement. En grandes lignes
nous retiendrons l'instauration d'une identité propre par laquelle
chacune d'elles pourra transmettre à leur main- d'oeuvre directe les
valeurs qu'elles souhaitent partager pour le bon fonctionnement de
l'activité de production pris isolément. A cet effet, la fonction
RH au sein de SPM et CDC/TBP doivent travailler de façon
professionnelle. Nous proposons en annexe XVI un aperçu.
B. Au niveau de l'orientation opérationnelle
Nous énoncerons ici les pistes de solutions qui ressortent
des précédentes analyses.
1. Généralisation de
l'information
La première recommandation serait l'automatisation de
la gestion quotidienne et l'archivage électronique des dossiers du
personnel et du système d'information pour le cas spécifique des
bureaux administratifs liés à l'activité de production
(commis de plantations). En effet, la mise en place d'un réseau
informatique qui couvrent tous les points d'attache de l'administration des
plantations avec conservation de la mainmise de la DRH ou des autres fonctions
de l'organisation des plantations. Avantage : Le travail des commis de
plantations par exemple en serait alors allégé et une meilleure
gestion des informations qui circulent dans l'entreprise en ses plantations
venant de la DRH, assurée. La DRH, par là même
améliorerait la qualité de son service à l'un de ses
grands "clients" : la main d'oeuvre directe de production. Le
suivi-évaluation administratif de cette population que nous
étudions ici en serait grandement facilité et par voie de
conséquence la satisfaction de cette frange d'employés en termes
de disponibilité des informations les concernant en lieu, temps et
délais de livraison assez courts.
La deuxième serait de poursuivre autant que faire se
peut le respect des textes et réglementations en vigueur dans la
filière. Cela aura des effets positifs sur la main- d'oeuvre directe
qui réalisera les efforts de leurs hiérarchies à leur
assurer un meilleur traitement.
Pour les cas de CDC/TBP et SPM, le fait de professionnaliser
leur fonction RH aura des impacts positifs sur cet aspect de ladite fonction en
termes d'organisation (administration du personnel).
2. Amélioration des processus RH
Nous recommandons de :
Faire participer les ouvriers à l'amélioration
des techniques culturales : équipes de travail de la main d'oeuvre
directe avec remontée vers la DRH, collecte, dépouillement, tri,
traitement, exploitation et des formations aux métiers de la banane.
C'est un travail de longue haleine certes mais qui s'avère cruciale.
Poursuivre les investissements d'amélioration des
conditions matérielles de travail des ouvriers, financer les efforts
d'intégration au quotidien et dans leurs gestes au travail des notions
de culture d'entreprise, de responsabilité de l'ouvrier dans son travail
tout en incitant la main- d'oeuvre directe à l'innovation et à la
performance. À titre d'exemple, constituer des équipes de
résolutions de problèmes qui l'aideraient à recueillir les
idées nouvelles de nature à améliorer la qualité,
l'efficacité et leur environnement de travail et donc leur
productivité. Ces équipes seraient alors formées de 5
à 12 personnes maximum au champ ou en station et consacreraient quelques
heures par semaine pour se réunir en vue de partager des idées
nouvelles ou d'apporter des propositions sur le meilleur moyen
d'améliorer les processus et méthodes de travail ou encore des
problèmes de qualité des fruits en déterminant les
origines de dysfonctionnement et en proposant des mesures
correctives (facteur de motivation et de renforcement du sentiment
d'appartenance).
Mettre en place un système ou un comité (au
choix) de gestion de conflits tant en préventif (détecter les
origines possibles de conflits et adopter les méthodes d'extinction de
ces origines) qu'en curatif (adjoindre au dialogue social et à la
politique de rapprochement d'autres solutions de sortie de crises
collectées à l'issue de simulation et de formation
d'équipes de réflexion à ce sujet). Cette mesure mise en
oeuvre permettrait aux sociétés de plantations de réaliser
des économies de coûts ou de temps.
Mettre en place les procédures à
caractère technique et précis. Elles aident à
répondre à la question : Comment procéder pour
réaliser un processus de motivation de la main- d'oeuvre directe ?
En effet, Jean-Bernard Bruneteaux (2009) souligne que les procédures
permettent de bien effectuer les opérations administratives en tenant en
compte les dispositions légales, la Convention Collective, l'Accord
d'entreprise (cas de SPM) et les politiques sociales des sociétés
de plantations.
Mettre sur pied un forum interactif de discussions des
problèmes de GRH regroupant les 3 sociétés de
plantations. Ce forum se constituera alors en un espace de partage de bonnes
astuces de gestion de la main- d'oeuvre et pourquoi pas d'échanger sur
les problèmes concrets dont font face les DRH dans la gestion de cette
frange de leurs "clients". Les membres de ce mini- forum d'échanges
seront alors les Directeurs des ressources humaines des 3
sociétés de plantations qui pourront inviter des
spécialistes externes de gestion des RH pour recueillir des avis de
nature à permettre à la filière de mieux organiser son
capital main- d'oeuvre afin que ceux- ci contribuent avec efficience à
l'objectif de compétitivité de la banane dessert sur son
marché traditionnel. Pourquoi pas penser à terme à la mise
en place d'un référentiel de gestion RH dans les plantations
industrielles de production de la banane dessert d'exportation du Cameroun.
Mettre un point d'honneur à stimuler la motivation de
la main- d'oeuvre directe selon les réalités propres à
chacune des sociétés. Dans cet ordre d'idée, tenir compte
du fait que les motivations chez les ouvriers diffèrent selon le sexe,
l'âge, le statut matrimoniale, les enfants ou pas en charge, les
ambitions professionnelles, la diversité culture.
Mettre en place en dehors du salaire, des programmes de
valorisation du travail des ouvriers et du petit encadrement et donc de
motivation de cette catégorie d'ouvriers à l'instar de la
désignation mensuelle au champ et en station pour toutes les
plantations, de l'ouvrier du mois. De manière trimestrielle, distinguer
l'ouvrier le plus performant (collaboration et qualité du travail par
exemple) ; l'équipier du mois ou encore saluer les efforts
consentis après l'atteinte des objectifs à temps et en
qualité en établissant des certificats de performances. Ces
distinctions et reconnaissances devant être faites en toute
impartialité et objectivité par un jury qui intègre les
ouvriers et l'administration des plantations. Pour garantir
l'impartialité, les membres (choix opéré suivant les
résultats d'évaluation du comportement pour s'assurer de leur
intégrité morale) doivent venir des plantations autres que celles
évaluées. A première vue anodine, elles ont pour effet de
jouer sur la psychologie de l'ouvrier et sur sa conscience professionnelle
quant à son rendement au travail.
Doter les stations d'emballage ou de conditionnement de postes
musicaux et radio aux fins d'agrémenter le travail des ouvriers en
stations. Nous avons pu observer cette pratique au niveau de la station de
conditionnement de Poungo à CDC/TBP.
Pour réussir ces différents challenges la
flexibilité managériale, l'autonomisation
contrôlée et l'adaptabilité des propositions aux
réalités locales (régions d'exploitations de la culture du
fruit) sont recommandées.
Nous avons pu parcourir de manière succincte les
recommandations que nous inspiraient les résultats d'entretiens conduits
auprès des différents responsables des sociétés
concernées par notre thème. De nombreuses pistes ont
été explorées, toutes n'ont cependant pas pu être
évoquées ici. Néanmoins de celles qui l'ont
été, nous en sommes venus à la conclusion qu'il faudrait
aux producteurs une véritable volonté de sortir du marasme
actuelle tant au niveau des ressources humaines (pour celles dont les
avancées à faire sont considérables) en termes de
management et d'organisation des équipes de travail qu'en termes
d'actions conjointes qui permettront au bloc de producteurs du Cameroun
d'affronter la forte concurrence latino-américaine sur le marché
international de la banane dessert d'exportation : le marché
européen.
Au terme de cette deuxième partie, nous proposons les
points importants à retenir. Dans un premier qu'au sein de la
filière bananière, la gestion de la main- d'oeuvre directe est
une gestion à double vitesse en ce sens qu'il y a d'un côté
un leader (PHP) qui a fait des progrès considérables dans la
modernisation de cette fonction et surtout qui lui a accordé une place
stratégique autant que les autres fonctions de l'entreprise. Cette place
permet à la fonction RH de jouer pleinement son rôle auprès
de ses divers "clients" entre lesquels nous citons en rapport avec notre
thème de mémoire, la Direction Générale et la main-
d'oeuvre directe. D'un autre côté, deux suiveurs qui ne
déméritent pour autant pas dans le cadre de la gestion de la
main- d'oeuvre mais qui doivent faire d'énormes efforts de modernisation
de leur fonction RH au sein de leurs structures respectives pour davantage
encourager les ouvriers et le petit encadrement à donner le meilleur
d'eux- mêmes dans le sens de participer à la
compétitivité de la filière à laquelle ils
appartiennent. Nous avons pu ressortir tant les points de convergence et de
divergence que les points forts et faibles quant à cette gestion
appliquée aux 3 sociétés. Cette précaution nous a
facilité la rédaction de la section deuxième portant
perspectives d'amélioration de la gestion de la main- d'oeuvre directe.
CONCLUSION GENERALE
Le présent travail n'aurait pas pu être
réalisé sans obstacles à surmonter. Les difficultés
auxquelles nous avons dû faire face ont été essentiellement
liées à l'éloignement des zones d'exploitations (zones
rurales) et à la complexité de l'adaptation des guides
d'entretiens par rapport aux réalités de GRH constatées
une fois sur le terrain. Ces réalités ont conduit à de
constantes refontes desdits guides à administrer.
Arrivées au terme, il est important pour nous de faire
le point. Il s'agissait pour nous de répondre à la question ayant
orientée toutes nos réflexions : " Comment une
meilleure gestion de la main-d'oeuvre directe pourrait contribuer à la
réalisation efficace de l'objectif de compétitivité
imposé par le marché international aux producteurs de banane
camerounais ? ". Partant de là, nous avons pu aborder
tout au long de la première partie la configuration de la
filière bananière camerounaise en termes d'acteurs et leur
implication dans la filière d'une part ; les éléments
justifiant le choix de notre thème d'étude entre autre la
situation actuelle du marché de la banane qui a conduit à
l'actualisation de la stratégie de la filière ou encore les
événements internes aux sociétés tels que l'absence
d'une fonction RH professionnelle pour certaines d'entre elles (SPM et CDC/TBP)
d'autre part. Nous avons également pu évoquer les
différentes démarches d'évaluation et
méthodologique importantes pour mener à bien ce travail
d'étude. La deuxième partie nous a permis d'un côté,
de décrire l'existant au sein des 3 plantations (objets de
l'étude), nous avons pu toucher du doigt les réalités du
terrain et déceler les failles qui ne permettaient pas une
avancée sensible vers la compétitivité face aux nouveaux
défis inhérents à la mondialisation et son cortège
de contraintes à l'instar de la suppression des barrières
à l'entrée et d'autres mesures qui hier ont été
à l'origine de la prospérité de ce fruit tant
apprécié en termes de source importante d'entrées de
devises étrangères à l'intérieur des pays
producteurs ACP : la banane dessert. De l'autre côté enfin, nous
avons pu ressortir les points de convergence et de divergence entre les
sociétés ou encore les forces et faiblesses de chacune d'elles.
Des failles qui en ont découlé, nous avons nourri une forte
réflexion, tout au long du chapitre quatrième, sur les
perspectives d'améliorations de nature à relancer les efforts de
compétitivité des producteurs camerounais sur le marché
européen, leur marché traditionnel qu'ils doivent
désormais bon gré mal gré partager avec les Latino-
américains au risque de disparaître de celui- ci si et seulement
si rien n'est entreprit dans le sens d'orientations stratégique et
opérationnelle aux fins d'aider la main- d'oeuvre directe de production
certes mais aussi d'orientations stratégiques générales
pour chacune des sociétés de plantations prises individuellement
et collectivement.
Pour répondre à notre problématique
portant sur la possibilité pour la main- d'oeuvre directe à
apporter sa contribution à la compétitivité de la banane
camerounaise, nous avons établi que celle- ci peut efficacement
contribuer à la compétitivité dans la mesure
où les améliorations suivantes sont apportées :
1. une modernisation de la fonction RH dans le but de lui
donner la possibilité de répondre aux exigences tant du
marché de la filière qu'aux exigences de ses "clients"
étudiés ici à savoir les ouvriers et le petit encadrement
qui constituent le noeud essentiel de toute l'activité de production de
la banane dessert ;
2. en matière d'organisation des équipes de
travail en constituant par exemple des équipes de réflexions
constitués d'ouvriers qui exploreront les possibilités
d'amélioration en termes de qualité ( travail des ouvriers et du
fruit) qu'il pourrait exister et de nature à réduire davantage
le temps mis par geste. Ces derniers ayant une parfaite maîtrise de leurs
tâches et des difficultés qui y sont inhérentes pourraient
être des personnes ressources dans l'élaboration de nouvelles
techniques culturales ;
3. la mise en place des actions de synergie en termes
d'alliances stratégiques (forum de réflexion pour les Directeurs
des ressources humaines).
Pour réussir cet objectif de
compétitivité au niveau de la filière, le chemin est long
et ardu et passe par une véritable volonté d'affronter les
changements qu'il implique et surtout d'avoir le courage d'entreprendre et de
se lancer sur ces pistes de modernisation et de professionnalisation de la
filière pour l'adapter aux exigences de la mondialisation. Aucune
fonction de l'organisation n'étant alors à écarter. Nous
n'avons pas la prétention de signifier que nos pistes ou recommandations
sont des panacées mais nous avons souhaité par-là amener
les plantations à penser sérieusement une réorganisation
voire une refonte (pour certaines d'entre elles) de leur système actuel
en vue de l'adapter aux réalités qui malgré tout, elles
sont les seuls à maîtriser. Une chose est à dire ici,
pour s'intégrer dans le nouveau contexte de marché de la banane
dessert d'exportation, le marché européen, la filière
bananière camerounaise doit consentir à d'énormes
sacrifices. Cependant, en étant astucieux, les acteurs de la
filière pourraient accomplir de grandes avancées en peu de
temps.
A ce propos, il est clair que les actions en matière de
gestion de la main- d'oeuvre directe prises isolément ne pourraient
avoir un impact considérable sur l'objectif de
compétitivité de la filière. Nous avons pensé qu'il
était opportun d'ouvrir le débat de réflexion en abordant
l'aspect actions de synergie. En fait d'actions de synergie, nous entendons
les actions qui, jointes à celles prises en matière de GRH,
permettront de converger vers le point de chute : la
compétitivité de la banane dessert d'origine camerounaise. Nous
ferons une description succincte pour chacune d'elle, lesquelles pourraient se
poser en base de travail pour les sociétés de plantations
concernées. Nous n'avons pas la prétention de traiter de
manière exhaustive les suggestions ci-après. Nous souhaitons
juste pouvoir déblayer un sentier de réflexions qui, à
notre humble avis, s'avérerait fructueux s'il est étudié
à sa juste valeur avec une volonté manifeste de vouloir changer
la donne actuelle du marché de la banane afin de partir de l'état
d'éternels plaignants à celui d'acteurs réactifs.
Dans un premier temps, nous avons choisi ici d'évoquer
l'étude de la concurrence locale et internationale qui prévaut
dans la filière selon Michaël Porter. D'après le
modèle Porter d'analyse de la concurrence, appliqué à la
filière bananière et schématisé en
annexe XVII, nous dirons que la première menace est celle des
producteurs potentiels dont l'existence ne peut être
niée même s'il faut reconnaître qu'ils sont
inexpérimentés pour la plupart. Propriétaires terriens,
ils sont prêts à investir dans ce secteur d'activités. Nous
recommandons leurs recensements et la négociation d'un type de
partenariat gagnant- gagnant. Les avantages de cette initiative par les
producteurs sont les suivants : gain en extension de surfaces ;
réalisation d'économies d'échelle permettant de jouer
facilement sur l'effet taille et ses avantages en termes d'augmentation de
tonnages, de réduction de coûts de production et d'utilisation
optimale des outils de production et de la main- d'oeuvre de production pendant
que lesdits partenaires profiteront du transfert de technologies et des
retombées d'activités.
Cependant il faut prévoir un autre type de menace
concurrentielle, celle de nouveaux entrants qui revêtiraient
alors le visage de multinationales attaquant le marché de la banane
camerounaise à la base (sur son sol). Ils récupéreraient
alors les terres disponibles en signant des accords de partenariat avec ces
producteurs potentiels pour exploitation aux fins de production de banane
dessert.
La menace des produits de substitution quant à
elle concerne le développement de la culture d'autres fruits (ananas)
qui demanderait moins d'attention que celle portée à la culture
de la banane dessert. Les producteurs verraient alors leur activité
mourir et privée de subventions. Nous recommandons une volonté
active de professionnaliser et moderniser la filière ; d'affiner la
qualité des fruits et du travail inhérent à sa
production.
La position de force des fournisseurs
quatrième du genre. Il s'agit alors d'analyser les
possibilités pouvant aider à contourner les pressions
négatives qu'exercent les fournisseurs du fait de leur pouvoir
écrasant de négociation au sein de la filière. Nous
pensons qu'il est possible de renverser ce pouvoir en augmentant par exemple
les quantités achetées ou commandées pour les
différents intrants, outils de production et équipements par les
producteurs pris individuellement dès lors que les recommandations
faites au niveau de la menace de nouveaux entrants sont prises en compte et
mises en application.
La position de force des clients, la dernière
de la liste permettra d'analyser les possibilités qui s'offrent aux
producteurs de contourner le pouvoir d'actions des mûrisseries et
indirectement du consommateur final de la banane dessert. En travaillant
conjointement sur l'harmonisation des critères qualité standard.
Les producteurs camerounais pourraient obtenir l'avantage de voir leurs fruits
recherchés sur le marché surtout si cette action s'arrime
à celles conseillées plus haut aux 3 sociétés de
plantations.
Dans un second temps, nous avons pensé
aux alliances stratégiques qui
désignent une coopération limitée à un nombre
réduit de partenaires à moyen/long terme impliquant une
importance stratégique pour les entreprises impliquées. Elles
sont conclues entre entreprises (partiellement ou non) concurrentes et
focalisées sur un objectif précis (les autres activités
des partenaires restant hors cadre de l'alliance). Mises en oeuvre dans une
coordination du suivi des compétences et ressources des partenaires pour
développer, produire et/ou commercialiser des produits et services et se
fondent sur le partage de décisions entre entreprises alliées.
Une clause d'exclusivité réciproque de non- concurrence sous-
tendra alors ces alliances. Elles sont importantes du fait des apports
avantageux en termes de synergies de coûts (économies
d'échelle) et de lien (complémentarités entre
partenaires). Dans cette optique, nous proposons aux producteurs de conclure
une alliance stratégique autour d'un projet de création d'un
centre touristique de la banane fondée sur les concepts
d'écologie et de banane durable). Ce projet de centre touristique mis
en oeuvre collectivement (idéal) aura le but de rapprocher le
consommateur européen du lieu de production (Cameroun). Cette alliance
aura pour avantages :
q De faire connaître le produit (banane dessert) par une
cible de consommateurs précis triés sur le volet et à
même de s'offrir des voyages de découvertes au coeur des zones de
production et de ce fait de constituer un relais de marketing une fois de
retour dans leurs pays d'origine. Dans une relation de cause à effet,
les producteurs profiteront des effets du marketing viral actionné par
ceux qui auront fait le déplacement. Lesquels deviendront les
`communicateurs' voire les `défenseurs' de ce fruit et donc des
sociétés de plantations auprès des instances
internationales.
q Il n'induira pas de main- d'oeuvre supplémentaire
dans la mesure où les ouvriers des champs ou de stations recevront la
formation minimum de guides en plantations et d'autres pourront être
formés aux métiers d'accueil et d'installation des
visiteurs ;
q Il sera un moteur d'enrichissement du travail des ouvriers,
de motivation et par voie de conséquence d'accroissement de leur
productivité ;
Toujours dans l'ordre d'idée de l'alliance
stratégique, nous proposons des contrats de partenariat avec les petits
producteurs environnants à dessein de réaliser des
économies d'échelles grâce à l'extension des
surfaces tout en faisant bénéficier de ses retombées aux
propriétaires terriens.
Dans un troisième temps, pour terminer, jouer sur les
aspects marketing et communication. Ici, notre objectif est de présenter
les pistes exploitables pour communiquer avec le consommateur final du fruit en
jouant la carte de l'adéquation entre les réalités de
production, le marketing et la communication qui en est faite. Le client final
étant basé en Europe. Nous insistons sur ce point dans la mesure
où ce manque d'adéquation est aujourd'hui reproché aux
producteurs guadeloupéens.
Comme pistes recommandables, nous suggérons
l'utilisation à bon escient des réseaux sociaux, e-commerce
(facebook, twitter) qui ont une audience planétaire très
interactive et connectée en temps réel. Ils se poseront
dès lors en interface entre les producteurs et le consommateur final en
vue de communiquer et d'échanger sur les possibilités d'adapter
le fruit à leurs attentes avec la possibilité d'en faire des
alliés qui se constitueront peut- être en force de pression face
au diktat des mûrisseries et centrales de distribution. Nous vous
fournissons ici le lien vers "Banane de Guadeloupe & Martinique :
respectez- la" sur facebook :
http://www.facebook.com/profile.php?id=1600851992#!/BananeGuadeloupeMartinique.
Il est encouragé ici une action conjointe (intervention
de l'ASSOBACAM et de BANACAM) qui se traduirait dans les faits par
l'ébauche d'un plan de communication commun aux trois
sociétés. En dernier lieu, nous suggérons
éventuellement la mise en place d'autres réseaux de distribution
qui viendraient briser le pouvoir acquis par des grosses centrales de
distribution. Les petits réseaux pouvant être plus efficaces en
termes de présence sur le marché que les grandes ou encore penser
en termes de développement transversale en créant ses
propres mûrisseries au siège des entreprises en Europe (alliance
stratégique avec de potentiels investisseurs dans ce domaine à
examiner). La bataille pour la compétitivité dans le contexte
actuelle est très rude et épuisante. Aussi, les 3
sociétés doivent impérativement unir leurs forces,
l'"ennemi à abattre à tout prix" n'étant pas à
l'intérieur mais bien à l'extérieur de l'"édifice"
filière bananière camerounaise.
BIBLIOGRAPHIE
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Gestion des ressources humaines et communication, 5ème
édition, revue et completée. Collection
« Apprendre » aux éditions PUCAC (Presse de
l'Université d'Afrique Centrale), 285 pages
2. Geneviève IACONO, (février
2008), Gestion des ressources humaines - cinq défis pour
l'avenir, 2ème édition, Collection business Gualino,
lextenso éditions
3. Jean- Marie PERETTI, Gestion des
ressources humaines, 10ème édition 2002-2003-
Vuibert Enterprise- collection dirigée par J.-P. Helfer & J. Orsoni,
285 pages
4. Stratégie actualisée de
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sa compétitivité (2010-2019), (2009-2010), 150 pages (non
publiée)
5. Convention Collective Nationale de
l'Agriculture Activités Connexes, (mars 2008) (publiée)
6. Règlements intérieurs des
plantations (non publiés)
7. Stephen Robbins - David DeCenzo et
Philippe Gabilliet, Management (L'essentiel des concepts et des
pratiques), 6ème édition, PEARSON Education, 2008,
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8. Nic Peeling, Manager est un jeu d'enfant, Edition
Marabout, 2009, 223 pages
9. Bernard Garrette Pierre DUSSAUGE et Rodolphe DURAND,
STRATEGOR, la stratégie d'entreprise, DUNOD
5ème édition entièrement refondue.
10. Alain BLANCHET, Anne GOTMAN, (2007) L'enquête
et ses méthodes : l'entretien, Edition Armand Colin
(2ème édition refondue).
11. Anne Trépé, Patrick Aubert, Franck Bermond,
Jean-Marie Carrère, Michel Delanoue, Benoît Gouzi, (octobre 2010),
Mémoire d'expertise "L'évaluation de la performance de la
fonction RH : De la théorie à la pratique des DG" MBA -
Management des Ressources Humaines, Promotion 7, Dauphine, Université
de Paris.
12. BANKOUE BANKOUE Emilie, Mémoire de fin de
formation (MPOM), 2008-2009, Conception et organisation de la gestion
prévisionnelle des emplois et des compétences dans les
entreprises de transit : une application à Marine International
Service (MIS), ESSEC Douala (non publié)
13. Paul JEANGILLE, Assistant Technique Banane à la
Filière Bananière d'Exportation du Cameroun, (2008-2010),
Rapports semestriels d'activités n°17, 21 et 22, (non
publiés)
14. Le LOUARN J-Y, WILS T. (2001) L'évaluation de la
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15. R. A. THIETRART et coll, 1999 "Méthode de
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16. Mémoire MPOM 2005- 2006, BIKOUO Albertine
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Secrétaires de Direction par la formation permanente : cas des
Secrétaires de Direction de la filière MPOM de l'ESSEC (non
publié).
17. Larousse, P., p. 381
WEBBOGRAPHIE
1-
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/omc/bananboeuf.shtml
2- http://www.wto.org/french/news_f/pres09_f/pr591_f.htm
3-
http://www.wto.org/french/thewto_f/whatis_f/tif_f/fact2_f.htm
4-
http://www.ilo.org/ilolex/cgi-lex/convdf.pl?C110
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http://www.ilo.org/global/standards/applying-and-promoting-international-labour-standards/lang--fr/index.htm
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http://eurlex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:31993R0404:FR:HTML
7-
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/omc/bananboeuf.shtml
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http://www.co-operative.coop/food/ethics/Ethical-trading/Fairtrade/Our-fairtrade-products/Bananas--fruit/Volta-River-Estates-Ltd/
9-
http://www.unctad.org/infocomm/francais/banane/plan.htm#links
10-
http://eeas.europa.eu/delegations/cameroon/eu_cameroon/index_fr.htm
11-
http://www.fao.org/docrep/007/y5102f/y5102f04.htm
12-
http://www.forumducommerce.org/news/fullstory.php/aid/494/Examen_des_lieux%3A_Les_alliances_commerciales_nationales.html
13-
http://www.capsurlesrh.be/extras/web-specials/les-rh-selon-ulrich#ppt_1924252
Constats préliminaires : préoccupations des
producteurs et quelques problèmes de GRH
TABLE DE MATIERE
|
Pages
|
DÉDICACE
..............................................................................................
|
i
|
REMERCIEMENTS
......................................................................................................
|
ii
|
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
..............................................................................
|
iii
|
AVANT-PROPOS
..........................................................................................................
|
iv
|
RESUME
....................................................................................................................
|
v
|
ABSTRACT
................................................................................................................
|
vi
|
LISTE DES ABRÉVIATIONS
.........................................................................................
|
vii-viii
|
SOMMAIRE
...............................................................................................................
|
ix
|
INTRODUCTION GÉNÉRALE
....................................................................................
|
1
|
Première Partie : Exigences de la gestion des
ressources humaines dans les sociétés des
plantations...................................................................
|
5
|
Chapitre I : Configuration de la filière
bananière du Cameroun...........................
|
6
|
Section I : Présentation des acteurs de la
filière bananière du Cameroun............
|
6
|
A. Aacteurs
directs...................................................................
|
6
|
1. Présentation des 3 grandes
plantations de la filière banane au Cameroun...
|
6
|
2. Brève analyse
comparative.........................................................
|
9
|
B. Acteurs
indirects...................................................................
|
10
|
1. Etat
Camerounais.................................................................
|
11
|
2. Acteurs non
étatiques...........................................................
|
13
|
Section II : Exigences de la filière et les
constats préliminaires.....................
|
17
|
A. Exigences liées à
l'environnement des plantations de banane..................
|
17
|
1. Adaptation aux nouvelles conditions du
marché................................
|
17
|
2. Actualisation de la stratégie de
développement de la filière bananière camerounaise et les
Mesures d'Accompagnement Banane (MAB)........
|
19
|
B. Constats préliminaires :
préoccupations des producteurs et quelques problèmes de
GRH.....................................................................
|
22
|
1. Inadéquation entre efforts
d'investissements et tonnages produits............
|
22
|
2. Quelques problèmes de
GRH.......................................................
|
23
|
Chapitre II : Aspects fondamentaux de
l'évaluation de la gestion des RH dans les exploitations
agricoles..................................................................
|
26
|
Section I : Démarches d'évaluation
de la GRH dans les exploitations agricoles......
|
26
|
A. Données issues des textes
réglementant le traitement des salariés dans les plantations de
banane..................................................................
|
26
|
1. Textes normatifs d'envergure
internationale................................
|
26
|
2. Textes normatifs d'envergure
nationale.....................................
|
29
|
B. Modèles d'évaluation de la
performance de la fonction RH dans les plantations de banane
dessert.........................................................
|
33
|
1. Modèle
d'Ulrich..................................................................
|
34
|
2. Modèle Le Louarn et
Wils......................................................
|
35
|
Section II : Démarche
méthodologique.................................................
|
37
|
A. Démarche
qualitative.................................................................
|
37
|
1. Problématique de
l'étude...........................................................
|
38
|
2.
Echantillonnage.....................................................................
|
39
|
B. Collecte des informations et analyse des
données..................................
|
41
|
1. Outils de
collecte.....................................................................
|
41
|
1.1 Recherches
exploratoires......................................................
|
42
|
1.2 Recherches
documentaires.....................................................
|
44
|
2 Analyse de
données............................................................
|
44
|
2.1 Analyse de
contenu.............................................................
|
45
|
2.2 Analyse croisée ou
comparative..............................................
|
46
|
Conclusion de la Première
Partie.....................................................................
|
46
|
Deuxième Partie : Analyse de la gestion de la main-
d'oeuvre et Perspectives
d'amélioration.....................................................................
|
47
|
Chapitre III : Analyse de la gestion de la
main-d'oeuvre directe de la filière bananière...
|
48
|
Section I : Orientation stratégique de la
gestion de la main- d'oeuvre directe dans les
plantations.....................................................................
|
48
|
A. Alignement stratégique aux besoins des
mûrisseries européennes...............
|
48
|
1. Existant chez PHP : cas de
Boubou.................................................
|
48
|
2. Existant chez CDC/TBP : cas de
Poungo..........................................
|
50
|
3. Existant chez SPM : cas de
Siège...................................................
|
51
|
B. Les manifestations du changement
organisationnel dans les plantations........
|
53
|
1. Existant chez PHP : cas de
Boubou.................................................
|
53
|
2. Existant chez CDC/TBP : cas de
Poungo..........................................
|
54
|
3. Existant chez SPM : cas de
Siège...................................................
|
55
|
Section II : Orientation opérationnelle
de gestion de la main- d'oeuvre directe dans les
plantations..................................................................
|
56
|
A. Importance de l'administration du personnel
dans les plantations...............
|
56
|
1. Existant chez PHP : cas de
Boubou.................................................
|
56
|
2. Existant chez CDC/TBP : cas de
Poungo..........................................
|
57
|
3. Existant chez SPM : cas de
Siège...................................................
|
57
|
B. Champion des
salariés..................................................................
|
57
|
1. Existant chez PHP : cas de
Boubou.................................................
|
58
|
2. Existant chez CDC/TBP : cas de
Poungo..........................................
|
60
|
3. Existant chez SPM : cas de
Siège...................................................
|
62
|
Chapitre IV : Perspectives d'amélioration de la
gestion de la main- d'oeuvre directe dans la filière
bananière..........................................................
|
65
|
Section I : Analyse comparative de la gestion
de la main- d'oeuvre directe............
|
65
|
A. Analyse croisée en fonction du
modèle d'Ulrich...................................
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65
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1. Schématisation du modèle
appliqué.................................................
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65
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2. Gestion des RH à double
vitesse.....................................................
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68
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B. Détermination des forces et faiblesses
de la gestion de la main- d'oeuvre directe dans les
plantations............................................................
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73
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1. Détermination des forces et
faiblesses dans la gestion de la main- d'oeuvre...
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74
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2. Commentaires sur les forces et faiblesses
dans la gestion de la main-
d'oeuvre.................................................................................
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74
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Section II : Perspectives
d'amélioration de la gestion de la main- d'oeuvre
directe...........................................................................
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76
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A. Au niveau de l'orientation
stratégique..............................................
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76
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1. Modernisation de la fonction RH dans les
plantations...........................
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76
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2. Diffusion des bonnes
pratiques......................................................
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78
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B. Au niveau de l'orientation
opérationnelle...........................................
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81
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1. Généralisation de
l'information.....................................................
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81
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2. Amélioration des
processus..........................................................
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81
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Conclusion de la Deuxième
Partie...................................................................
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84
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CONCLUSION
GENERALE...........................................................................................
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85
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BIBLIOGRAHIE
..........................................................................................................
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91
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WEBBOGRAPHIE........................................................................................................
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93
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TABLE DE
MATIERE...................................................................................................
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94
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TABLE DES ANNEXES
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* 1 FAO 2010 : recueil
statistique banane 2009 (cf. Annexe I).
* 2 Rapport semestriel Assistant
Technique Banane n°21, octobre 2010
* 3 Cf document en
annexe II
* 4 Cf document en
annexe II
* 5 Retrouver en annexe III la
description brève de la filière entre 1999 et 2009 (extrait du
Document de Stratégie actualisée de la filière
bananière camerounaise pour une amélioration de sa
compétitivité 2010-2019)
* 6 Compagnie de transport
reefer
* 7 Société
Nationale d'Investissements
* 8 Industrialization Funds for
Developing Countries
* 9 Banque Européenne
d'Investissements
* 10 P.14 du Document de
Stratégie actualisée de la filière bananière
camerounaise pour une amélioration de sa compétitivité
(2010-2019)
* 11 Pays d'implantation de
trois des plus grands producteurs présents en Amérique latine
(Chiquita, Del Monte et Dole)
* 12 Aux termes des Accords de
l'OMC, les pays ne peuvent pas, en principe, établir de discrimination
entre leurs partenaires commerciaux. Si vous accordez à quelqu'un une
faveur spéciale (en abaissant, par exemple, le droit de douane
perçu sur un de ses produits), vous devez le faire pour tous les autres
membres de l'OMC (source : www.wto.org).
* 13 Annexe IV
* 14 Annexe V
* 15 de 2005 à 2006, la
gestion des ATF est 100% CDC. Le partenariat avec Del Monte Cameroun
étant arrivé à son terme en décembre 2010.
* 16 Dépossession de
l'ouvrier d'une partie de son salaire sous la menace d'un licenciement en cas
de refus.
* 17 Standard de tonnage
à l'ha dans le secteur de la banane.
* 18 http:
//www.ilo.org/ilolex/cgi-lex/condf.pl ?C110
* 19
www.globalgap.org
* 20 Good Agriculture
Practices
* 21 cf. règlement
intérieur des sociétés de plantations (documents internes
aux entreprises non publiés)
* 22 antérieure à
celle du 13 mai 2009
* 23
http://www.nodesway.com/tableau_de_bord/axes_de_mesure.htm
* 24 Anne Trépé,
Patrick Aubert, Franck Bermond, Jean-Marie Carrère, Michel Delanoue,
Benoît Gouzi, (octobre 2010), Mémoire d'expertise
"L'évaluation de la performance de la fonction RH : De la théorie
à la pratique des DG" MBA - Management des Ressources Humaines,
Promotion 7, Dauphine, Université de Paris.
* 25 Le LOUARN J-Y, WILS T.
(2001) L'évaluation de la gestion des ressources humaines,
Paris, Éditions Liaisons.
* 26 R. A. THIETRART et coll,
"Méthode de Recherche en Management", 2e ed. Dunod,
1999.
* 27 Mémoire MPOM 2005-
2006, BIKOUO Albertine épse KAMKUMO : L'amélioration de
l'employabilité des Secrétaires de Direction par la formation
permanente : cas des Secrétaires de Direction de la filière
MPOM de l'ESSEC (non publié)
* 28 seules informations
disponibles.
* 29 Cameroon Development
Corporation/Tiko Banana Project
* 30 Alain BLANCHET, Anne
GOTMAN, L'enquête et ses méthodes : l'entretien, Edition
Armand Colin (2ème édition refondue), 2007
* 31 Larousse, P. p. 381
* 32 organigramme plantation en
annexe VI
* 33 Les effectifs dans ce
secteur sont assez changeant du fait de l'activité (période haute
et basse)
* 34 avec les tableaux 7, 7',
7'' et 7''' (annexe VII)
* 35 organigramme DRH en annexe
VIII
* 36 organigramme en
annexe IX
* 37 tableaux de
répartition 8 et 8' en annexe X
* 38 organigramme en annexe
XI
* 39 effectif en termes de
sexe, de catégorie socio-professionnelle et ancienneté (Annexe
XII)
* 40 Polyvalence pour les
ouvriers de stations et les ouvriers au champ pour les opérations de
soins aux fruits.
* 41 S'est inspirée de
la grille salariale issue de l'Accord d'entreprise signé entre SPM et
ses employés en mars 2008.
* 42 Agents administratifs
chargés de collecter les informations concernant les nouvelles recrues
(ouvriers)
* 43 Carte Nationale
d'Identité
* 44 La prime constituant la
part variable n'est octroyée que sur obtention d'une note de 14/20. Pour
les ouvriers simples 14/20 = 12 000 FCFA ; 18/20 = 24 000FCFA. Pour les
agents de maîtrise + coefficient correcteur de 2.5% de cette prime
(contre- maîtres).
* 45A la demande de l'ouvrier,
suppose le départ d'une plantation à l'autre (localisation
différente)
* 46Personnel d'irrigation,
transport et les gardiens (source : règlement intérieur).
* 47 Modules
enseignés : le rôle et la place de l'encadrement terrain, la
communication efficace, l'animation et la motivation d'une équipe
* 48 Magasins phytosanitaires
et stations d'emballage
* 49 situé à
Penja.
* 50 Hôpitaux
Général et Laquintinie de Douala.
* 51Contribution à 1/7
pour l'employé et à 6/7 pour l'employeur avec une garantie du
plafond familial annuel de 600 000 FCFA (salarié+familial+plus enfants
naturels reconnus par le travailleur)
* 52Caisse Nationale de
Prévoyance Sociale
* 53Equipement de protection
individuel
* 54 L'école
régionale de l'agriculture. En outre, CDC dispose d'un centre de
formation nommée Moliwe training CDC au sein duquel Tiko Banana Project
forme ses ouvriers et le personnel d'encadrement.
* 55 Situé à
Poungo.
* 56 Antérieure à
l'actualisation de la grille de la Convention Collective.
* 57 Situé à
Mideviv.
* 58 Rejets ou bananes hors
standard
* 59 annexes XIV
* 60 Management (L'essentiel
des concepts et des pratiques), Stephen Robbins - David DeCenzo et Philippe
Gabilliet, 6ème édition, PEARSON Education, 2008, 523
pages
* 61 maladie qui attaque les
feuilles de bananiers et les dessèchent empêchant ainsi le
phénomène de photosynthèse vital pur obtenir un
régime de calibre exportable.
* 62 Schématisation du
baromètre en annexe XV